MINISTERE DE LA JUSTICE, DES AFFAIRES PENITENTIAIRES
ET MUSULMANES, CHARGE DES DROITS DE L'HOMME
RAPPORT
DE SYNTHESE DU COMITE
D'ORGANISATION DES ETATS GENERAUX
DE LA JUSTICE
OCTOBRE - NOV
I-
INTRODUCTION
Le 19 Février
2000 sous le haut patronage du Président de la République
a eu lieu, au palais du Peuple, une journée de réflexion sur
la justice de la République. Lors de son allocation, le Président
de la République a expliqué " que la façon dont
la justice est rendue et la manière dont elle est vécue par
nos concitoyens ; à ces questions, une seule journée de réflexion
ne pouvait pas suffire. Aussi j'ai demandé l'ouverture des Etats
généraux de la justice car il n'y a pas d'Etat de droit sans
une bonne justice ".
Faisant suite aux recommandations
du Président de la République, le Ministre de la justice initie
une réflexion interne aboutissant à l'établissement
d'un rapport de synthèse qui a été transmis au Président
de la République.
Sur proposition du Ministre
de la Justice, par arrêté du 19 Septembre 2000, le président
de la République instituait le Comité d'organisation des Etats
Généraux de la justice prévu courant novembre 2000
(article 1 alinéa 2).
Le 8 Octobre 2000, s'est
tenue, au Palais du Peuple, la première réunion du comité
d'organisation des Etats Généraux de la justice, sous la houlette
du Ministère de la Justice, des affaires musulmanes et pénitentiaires,
chargé des droits de l'homme.
Le Ministre a insisté
sur la nécessité d'entreprendre une véritable réflexion
sur le système judiciaire djiboutien, afin d'analyser l'existant
et de formuler des propositions pour l'avenir.
Le Comité s'est
entendu sur le fait que l'ensemble de ses membres travaillera en un seul
groupe, " cette manière de procédé étant
la plus fonctionnelle en raison du calendrier et du nombre réduit
des participants ".
La Chambre Internationale
du Commerce et de l'Industrie de Djibouti a gracieusement mis à la
disposition du Comité la salle de réunion pour la suite des
travaux. Seules les réunions du 8 et 12 Octobre ont eu lieu au Palais
du Peuple. Le Comité s'est réuni tous les après-midi
du 14 jusqu'au 21 Octobre de 16 à 19 heures sauf pour la journée
du jeudi 19 Octobre ou il s'est réuni de 9 à 12 heures.
Le Ministère
de la justice a proposé le plan de travail qui ressort du document
qui a été distribué et qui est intitulé "
réflexions préliminaires aux états généraux
de la justice ", ce plan a été discuté et modifié
par les membres du Comité.
Il a été
finalement décidé de retenir un plan en trois parties ; l'organisation
de la justice djiboutienne, son fonctionnement et les recommandations pour
l'améliorer.
Un inventaire état
nécessaire. S'il a été attentif à l'évolution
de la société djiboutienne et à la dimension internationale,
notamment africaine (COMESA, OHADA
), le Comité n'a pas entendu
pour autant tourner le dos à notre histoire et à nos coutumes.
Dans le délai dont il disposait, le comité, s'il a débattu
de certaines institutions supranationales (sur l'OHADA par exemple ou les
avis étaient partagés) n'a toutefois pas approfondi sa réflexion
faute de temps.
Dans sa démarche,
le Comité a naturellement été confronté aux
obstacles traditionnels à toute réforme.
L'obstacle des tabous
d'abord ; que des réformes jugées bonnes en leur principe
ne voient pas le jour parce que l'opinion publique n'y serait pas prête
ou parce qu'il serait porté atteinte à une tradition respectable
!
De tels tabous sont
fréquents en matière de justice. Or, si une évolution
voire une rupture avec une tradition dépassée sont nécessaires,
elles doivent pouvoir être expliquées et comprises.
Le risque de l'impatience,
ensuite : vouloir apporter à des problèmes complexes une réponse
rapide peut conduire à demeurer à la surface des choses ;
donc seulement réagir. Agir, au contraire, suppose un plan dont l'exécution
peut demander plusieurs années. L'essentiel est alors de fixer les
perspectives et les étapes et surtout de s'y tenir.
Enfin et surtout, l'obstacle
des moyens. Toute réforme, a un coût. La tentation peut être
grande, en période de rigueur budgétaire, de limiter la réflexion
à une meilleure utilisation des moyens actuels.
Cette hypothèque
a été levée par le Président de la République
qui a promu le 19 Février 2000 : un effort budgétaire accru
pour la justice.
" La méthode
de travail, eu égard à la richesse de l'expérience
de ses membres, a privilégie les exposés écrits et
oraux de chacun, le débat et l'approfondissement des questions en
son sein en vue de parvenir dans toute la mesure du possible à des
orientations réalistes et consensuelles, gage de cohérence
et de force de ses propositions. Si les débats ont été
nourris jusqu'au dernier moment, un consensus de nature à favoriser
une réforme profonde de notre système judiciaire s'est progressivement
dessinés, ce dont le Comité se réjouit particulièrement
".
Nous aurons l'occasion
d'évoquer à plusieurs reprises ce problème : l'évoquer,
et non l'invoquer comme un obstacle à toute réforme en profondeur.
Ce n'est qu'en s'efforçant
d'éviter ces écueils que le comité estime avoir rempli
la mission que lui a confiée le Président de la République
" engager le débat au sein de la communauté nationale
sur la justice du troisième millénaire qui lui convient ".
1ERE PARTIE
L'ORGANISATION
JUDICIAIRE
Il a été
exposé par les différents membres du Comité des sérieuses
critiques quant à l'état du système juridique djiboutien
tel qu'il existe aujourd'hui.
La justice djiboutienne
est actuellement caractérisée par une dualité des juridictions
qui est représentée par la justice coutumière, qui
regroupe les juridictions de droit " dit coutumier " et les juridictions
de la Char'ia et les juridictions de fond de droit commun.
A-LA
JUSTICE COUTUMIERE
a) les juridictions de droit " dit coutumier ".
Ces juridictions localisées
dans les arrondissements et les districts, qui bien que leur champ d'application
soit limité aux affaires civiles et commerciales, dont jugent tous
les litiges. Ces juridictions sont officiées par des fonctionnaires
dépendant du Ministère de l'Intérieur. Ces juridictions
ne fonctionnent avec aucune source de droit écrit ou orale et n'ont
rien à voir avec le vrai droit coutumier.
Elles sont soumises
au principe du double degré de juridiction.
b) les juridictions
de la Char'ia
les juridictions char'iennes
utilisent le droit musulman comme sources de droit et sont compétentes
dans les domaines du mariage, ses effets et sa dissolution, de la gardes
des enfants, des successions
elles comprennent :
· En première
instance :
· Les "
annexes " du char'ia par arrondissement dans la capitale,
· Les cadis des districts de l'intérieur.
* En appel
le Cadi central de Djibouti,
qui est en outre juge conciliateur des affaires coutumières des tribunaux
du premier degré.
B- LES JURIDICTONS DE FOND DE DROIT COMMUN
Les juridictions de fond de droit commun comprennent les juridictions de
l'ordre judiciaire, la juridiction l'ordre administratif et la cour suprême.
a- Les juridictions
d'ordre judiciaire
· La cour
d'appel
Elle
comprend quatre chambres :
· Civile et commerciale
· Correctionnelle et de simple police
· D'accusation
· Et sociale.
Chaque chambre est composée
de trois magistrats désignés par le premier président.
Le ministère public y est représenté par le Procureur
général assisté de substituts généraux.
· La cour
criminelle.
Elle
est composée du premier président de la cour d'appel ou d'un
conseillers, de deux conseillers à la cour d'appels et de quatre
jurés tirés au sort sur une liste préétablie,
arrêtée annuellement sur proposition du commissaire de la République,
chef du district de Djibouti.
· Le tribunal de première instance
Il
comprend quatre chambres :
· Civile et commerciale
· Correctionnelle et de simple police
· Sociale
· Et juridictions d'instructions.
Ces chambres siègent
à juge unique, et le ministère public est représenté
par le procureur de la République assisté de substituts.
II- c-Juridiction
d'ordre administratif
Il s'agit du conseil
du contentieux administratif, c'est une juridiction administrative de première
instance de droit commun, elle est compétente en toutes matières
du contentieux administratif de plein contentieux ou d'excès de pouvoir.
III d-La cour
suprême
Plus haute juridiction
de la République de Djibouti, la Cour Suprême symbolise la
complexité du droit djiboutien : elle est tantôt juridiction
de premier degré, tantôt juridiction d'appel, tantôt
juridiction de cassation mais de type assez particulier.
Ces nombreuses attributions
sont les suivantes :
· La Cour Suprême,
conseil de gouvernement de La République (article 5). Elle alerte
le Ministre de la justice et le gouvernement de la République par
un arrêt préalable au fond lorsqu'elle constate qu'un texte
antérieur au 27 juin 1977 paraît contraire à la souveraineté
nationale.
· La Cour Suprême,
tribunal de conflits des juridictions
(article 6) . Elle est compétente pour désigner la juridiction
compétente qui ne peut refuser de juger.
· La Cour Suprême,
chambre des comptes publics de la
nation (article 8).
· La Cour Suprême,
juge d'appel du conseil du
contentieux administratif (article 7).
· La Cour Suprême,
juge de cassation.
Elle est donc juge de
la légalité des décisions rendues en dernier ressort
par les juridictions de toutes nature de la République.
Elle ne peut examiner
la cause au fond que si elle estime que l'application des règles
juridiques n'a pas été satisfaisante ; dans le cas contraire,
elle rejette le pourvoi.
2éme PARTIE
FONCTIONNEMENT ET DYSFONCTIONNEMENT
La deuxième partie des travaux du comité d'Organisation des
Etats Généraux de la Justice fut consacrée aux fonctionnements
et dysfonctionnement du système judiciaire. Sur les huit séances
des travaux, ce thème a pris de part son importance quatre séances.
Les débats furent intéressants et sincères.
Des discussions, il
ressort que dans le système judiciaire djiboutien :
· La dualité des juridictions (modernes, charienne, et coutumière)
n'offrent pas de garanties suffisantes au justiciables. Les juridictions
dites " modernes " et char'iennes relèvent du ministère
de la justice alors que les juridictions dites " coutumières
" sont pour une large partie sous la tutelle du ministère de
l'intérieure (et donc dirigées par des fonctionnaires souvent
non juristes).
· La manque d'un
statut des magistrat gage d'indépendance du pouvoir judiciaire "incite
à la plus grande prudence et décourage les éventuels
candidats ".
· Le système
judiciaire djiboutien souffre d'un grave déficit de crédibilité
lié à paupérisation croissante de l'institution et
à un certain relâchement de la rigueur et la discipline requises
dans la profession.
A)
La Coexistence des trois ordre de juridiction
a) la justice dite de droit coutumier
Les membres du Comité
ont mis l'accent sur le fait que :
Les textes organisant
cette juridiction datent de 1938 et qu'ils ne sont plus adaptés à
la réalité et aux exigences de notre société
d'aujourd'hui. Les juridictions coutumières n'appliquent qu'un "
droit qui n'a de coutumier que le nom ".
Les jugements sont
rendus par des fonctionnaires et le ministère publique n'est nullement
représenté, ce qui est " une garantie en moins pour les
justiciables ".
L'absence de textes
de base et de garantie de procédures rend cette justice contestable
et décrié.
b) la justice
char'ienne
· Le Comité
a mis l'accent sur l'absence d'une réglementation en matière
d'organisation du tribunal char'ien.
· En outre il
a souligné le manque de formation et l'exigence d'un diplôme
en droit char'ien.
· Le Comité
a constaté l'absence d'un code de la famille qui servirait de base
à la justice char'ienne.
· D'autre part
le Comité a estimé qu'il est préjudiciable que le Ministère
public ne soit nullement représenté et que sa possibilité
de se faire assister par un avocat ne soit pas ouverte aux justiciables.
B) La juridiction de droit commun
ou dit de " droit moderne ".
Le Tribunal de
première Instance
A la lumière des textes, douze magistrats plus le président
sont nécessaires pour le bon fonctionnement de cette juridiction.
Or actuellement, cette juridiction ne compte que six magistrats et le Président.
Le manque de formation et de méthodologie sont identifiés
comme étant une source de dysfonctionnement.
La Cour d'appel
Il est mis en évidence,
l'insuffisance des conseillers (neuf prévue par le texte et quatre
en exercice), alors que la collégialité est de mise pour composer
la Cour. La moindre absence ou défaillance d'un conseiller peut paralyser
l'institution.
La recours abusif des
magistrats de premières instance pour pallier à l'absence
d'un conseiller fut soulevée lors des discutions.
La Cour Suprême
L'exigence d'un écrit
et la rigueur des motivations constituent pour les justiciables de base
des difficultés insurmontables et leurs recours sont souvent déclarés
irrecevables. Seuls ceux qui ont un avocat peuvent surmonter ces difficultés.
La reforme de cette
juridiction envisagée ne donnerait pas le résultat escompté.
Après cassation
la Cour Suprême devant renvoyé l'affaire auprès d'une
Cour d'Appel autrement composée (trois magistrats différents
des précédents) ce qui en l'état actuelle des choses
(avec quatre conseillers à la Cour) est impossible.
B. LE MANQUE D'UN STATUT DE LA MAGISTRATURE.
Le Comité d'organisation
a constaté que le manque d'un statut de magistrat gage d'indépendance
du pouvoir judiciaire " incite à la plus grande prudence et
décourage les éventuels candidats ".
Ce Statut devant être
libéral et protecteur reprendrait les dispositions de l'article 72
de la constitution où il est bien spécifié le caractère
indépendant et inamovible des magistrats du siège.
C. LE SYSTEME JUDICIAIRE SOUFFRE D'UN
GRAVE DEFICIT DE
CREDIBILITE LIE A LA PAUPERISATION DE L'INSTITUTION ET
UN RELACHEMENT DANS LA RIGUEUR ET LA DISCIPLINE
REQUISES DANS LA PROFESSION.
Le Comité s'est entendu sur le fait que le budget alloué (moins
de 1% du budget national) à la justice est insignifiant eu égard
au diverses missions qui lui sont dévolues.
Une plus grande considération
de la justice (en augmentant de façon substantielle le budget de
la justice) de la part des pouvoirs publiques est souhaité par le
Comité.
Il est constaté
que le regroupement dans la Capitale, dans le même bâtiment,
le Palais de Justice ; Ministère de la Justice, Cour Suprême,
Cour d'Appel et Tribunal de Première instance est de nature à
compromettre effectivement l'indépendance des magistrats mais également
le principe de séparation de pouvoir.
Par ailleurs, les magistrats
eux-mêmes doivent faire leur propre autocritique.
Le Comité a relevé
un retard considérable dans la rédaction des décisions
de justice.
Pus de magistrat, plus
de rigueur, de volonté et d'investissement personnel permettraient
de résorber ces défaillances.
Certains membres du
Comité ont souligné le manque du crédibilité
du système judiciaire à qui il est reproché des maux
tels que : la corruption, l'incompétence, la négligence et
la partialité.
Enfin le Comité
d'organisation a déploré le cadre de travail des magistrats
: un bâtiment vétuste qui devrait faire l'objet d'un arrêté
de péril ; le manque de bureau et des moyens de traitement des dossiers.
Le renforcement de l'Etat
de droit passe principalement par le renforcement substantiel en moyen humain
et matériel de la justice de notre pays. Tel était le principe
sur lequel le Comité à trouver un consensus.
3ème Partie
RECOMMANDATIONS
Après avoir exposé
les problèmes tels qu'ils se posent au vu des textes et de la pratique,
le comité a fait des propositions s'inscrivant dans une conception
d'ensemble et qui, aux yeux de ces membres, forment un tout.
I - Un système juridique
et judiciaire unique
Le Comité a estimé
à l'unanimité que le système judiciaire actuel écartelé
entre justice dite moderne, charienne et justice dite coutumière
ne correspond plus ni à l'unicité de l'état ni à
une conception moderne de l'Etat de droit.
Il n'est donc pas normal
que les justiciables d'un même Etat soient destinataires de trois
formes de juridictions selon des critères fortuits. Il a été
proposé que le système actuel soit remplacé par un
seul et même système judiciaire, dans lequel la justice sera
rendue par un seul et même corps judiciaire.
Le Comité, par
contre, s'est prononcé pour le maintien des différents sources
de droit (droit dit " moderne ", droit coutumier, droit musulmans).
A) INSTAURATION D'UN
VERITABLE DROIT DJIBOUTIEN
Les justiciables de
ce pays, qu'ils résident au Nord ou au Sud, à l'Est ou à
l'ouest sont en droit d'attendre de l'état djiboutien l'application
des mêmes textes juridiques. L'unité et l'harmonisation des
textes applicables impliquent alors une véritable politique de codification.
Il est d'abord nécessaire
de prendre les décrets d'application qui découlent de tous
les textes législatifs en vigueur (par exemple décrets d'application
du code pénal et code de procédure pénal).
Il y a lieu ensuite
d'entreprendre une véritable politique de codification : (Code du
travail, Code civil, Code de Procédure Civile, Code de la santé
publique, Code maritime).
L'élaboration
du code de la famille devient une urgence (mariage, divorce, garde des enfants,
succession).
En effet un code de
la famille basé sur la charia et respectant les exigences nouvelles
de l'Etat de droit (Conventions internationales sur la femme et l'enfant
par exemple) permettrait une protection de la famille, ce code permettrait
également d'intégrer la justice charienne dans la justice
de droit commun en créant des chambres spécialisées
au sein de chaque juridiction (où siégeraient des magistrats
de droit commun).
Dans cette nouvelle
architecture où la justice charienne ne serait plus rendue dans les
annexes des arrondissements, un procès en matière de divorce,
un litige sur le garde des enfants ou en matière successorale se
dérouleraient dans les mêmes conditions qu'un procès
civil classique (sauf règles dérogatoires) avec constitution
possible d'un ministère d'avocat.
L'élaboration
du code de la famille avec des règles procédurales claires
devant les juridictions de droit commun permettra par ailleurs une meilleure
compréhension de la situation juridique et patrimoniale des époux
Djiboutiens notamment pour les investisseurs étrangers.
Tout aussi capital est
la réforme du code de la nationalité djiboutienne en prenant
en considération les problèmes cruciaux des enfants et des
conjoints étrangers.
Le comité estime
que la nationalité est le premier élément de la citoyenneté
et que les textes qui régissent actuellement la matière aboutissent
à des injustes intolérables dans un Etat de droit qui respectent
la dignité de la personne humaine.
Le comité propose
également des règles juridiques précises et des procédures
claires en matière d'adoption avec la mise en place d'organisme socio-éducatif
qui gèrent les dossiers d'adoption.
Mais l'instauration
de ce véritable droit djiboutien pour bénéficier à
tous les citoyens doit être applicable sur l'ensemble du territoire
national pour ce faire il est indispensable de prévoir la création
des certaines juridictions dans les districts de l'intérieur.
B. REORGANISATION
GEOGRAPHIQUE DE LA JUSTICE
Le système judiciaire
est pratiquement absent à l'intérieur du pays.
Le Comité estime
nécessaire la création d'un tribunal de première instance
(T.P.I) dans chacun de quatre districts de l'intérieur : TADJOURAH,
OBOCK, DIKHIL, ALI-SABIEH.
Relevant la volonté
des pouvoirs publics de décentraliser l'administration en procédant
récemment à l'installation des quatre conseils régionaux
dans les districts précités, le comité pense que la
carte judiciaire doit suivre la nouvelle organisation administrative du
pays.
Conscient du contexte
budgétaire actuel et le coût que la création des nouveaux
T.P.I entraînerait pour les finances publiques, le comité pense
que le mouvement pourrait être étalé dans le temps.
Mais de toutes les façons,
le comité estime inéluctable la mise en place de cette nouvelle
carte judiciaire du fait d'une double évolution.
La croissance démographique
tout d'abord (aussi bien, à Djibouti-ville que dans les districts
de l'intérieur) rendra de plus en plus difficile aux juridictions
de la capitale de traiter convenablement toutes les demandes. Créer
des T.P.I dans les districts de l'intérieur serait donc un moyen
de désengorger les juridictions de la capitale.
Ensuite la nouvelle
politique économique du pays nécessitera à terme une
décentralisation de la justice (comme d'autres services de l'Etat).
L'inauguration récente du Port de Tadjourah et l'augmentation du
trafic routier entre Djibouti et l'Ethiopie sont des exemples qui démontrent
la nécessaire redéfinition de la carte judiciaire.
Le Comité estime
par ailleurs que la création de ces tribunaux ne doit pas faire disparaître
certaines règles coutumières appliquées jusqu'à
aujourd'hui dans certaines régions de manière informelle.
Le comité estime que le droit djiboutien " dit coutumier "
n'existe pas réellement en tant que tel. Il reste régis par
le décret du 4 Février 1904.Les juridictions dites "
coutumières " ne fonctionnent plus ou peu aussi bien dans la
capitale que dans les districts de l'intérieur. Le Comité
propose la mise en place d'un véritable droit coutumier par une politique
de codification des coutures.
Le Comité fait
remarquer que les procédés actuels de règlements de
conflits ont montré leur limite et qu'il est nécessaire aujourd'hui
de réintroduire des techniques traditionnelles : la conciliation,
la médiation
. Pour instaurer un véritable droit coutumier
applicable par les juridictions de droit commun, le comité estime
indispensable que soit effectué un véritable travail de recensement
des coutumes.
Le Comité propose
également la mise en place d'un magistrat conciliateur dans tous
les tribunaux qui appliqueraient la norme coutumière.
II UNE MAGISTRATURE DIGNE ET RESPONSABLE
Pour restaurer la crédibilité de la justice de notre pays,
il faut d'une part garantir l'indépendance des magistrats par un
statut protecteur, réhabiliter les auxiliaires de justice, humaniser
la vie carcérale et créer de conditions de travail dignes
qui restaure le prestige de la justice.
A) UNE MAGISTRATURE DIGNE
Le fondement de l'autorité
légitime des juges résulte en premier lieu de leur mission
essentielle qui est d'appliquer la loi. IL repose, également sur
leur nomination par le Président de la République, sur leur
compétence professionnelle, enfin le serment prêté lors
de l'entrée en fonction, qui donne la mesure exigeante des devoirs
à leur charge.
Le comité constate à l'unanimité que sans magistrats
compétents et dignes, il ne peut y avoir de bonne justice. Il estime
que la formation est l'élément essentiel du magistrat et que
la situation actuelle n'est pas du toute satisfaisante en la matière.
Le comité estime indispensable une politique de formation aussi bien
à l'entrée dans la profession que tout au long de la carrière
du magistrat.
Par ailleurs, l'indépendance
du juge est la garantie fondamentale et pour être effective il est
urgent de promulguer le statut de la magistrature. Le comité rappelle
que la constitution du 4/09/92 dispose en son article 72 que les magistrats
du siège sont indépendants et inamovibles. Le comité
estime inadmissible dans un Etat de droit, la situation actuelle des magistrats
qui sont considérés comme des simples fonctionnaires, régis
par les textes de la fonction publique. Le comité estime que pour
mettre les juges à l'abri de toute pression, il est nécessaire
de leur garantir un statut protecteur. Ce statut doit également prévoir
des obligations pour les magistrats.
Le comité pense
urgente et nécessaire la décolonisation prévue des
bureaux du ministère. IL demande également l'installation
de la Cour Suprême dans les locaux séparés.
Le comité demande
par ailleurs une augmentation significative du budget de l'état (-1%
du budget national).
Le Comité demande
notamment une revalorisation de la profession et la réhabilitation
du palais de justice.
Le Comité recommande
une plus grande concertation entre les magistrats et les auxiliaires de
justice notamment les membres du barreau. Il estime indispensable pour rendre
la justice plus accessible une réforme des textes sur l'assistance
judiciaire qui date du décret du 6/11/35 !
Le comité propose
également la création d'une chambre notariale chargée
de défendre la profession, de même que des textes prévoyant
les matières dans lesquels les actes notariés sont obligatoires.
Le comité note
que la défaillance des huissiers ont des conséquences très
importantes sur la justice (retards dans les citations, assignations irrégulières).Le
comité propose la création d'une chambre des huissiers censée
organiser la profession. Le Comité estime indispensable d'assainir
la profession d'huissier et de rendre l'accès conditionné
par la compétence professionnelle.
Par ailleurs le comité
note que la dignité de la personne humaine qui est la première
obligation de tout Etat de droit doit conduire à l'harmonisation
de la vie carcérale.
Le Comité se
réjouit du recrutement de 15 gardiens de prison mais pense que le
mouvement doit s'accélérer. Il importe pour désengorger
la prison Gabode de transférer les condamnés à des
longues peines à la prison d'Obock (en réglant d'abord les
problèmes de transport et d'escorte).
Le Comité recommande
également la rénovation des prisons de Dikhil et de Tadjourah
(d'autant plus qu'il propose la création des tribunaux dans ces districts).
Le comité estime
enfin urgent de faire aboutir la Convention de transfèrent des détendus
qui permettrait aux ressortissants éthiopiens de purger leur peine
dans leur pays d'origine.
Le Comité propose
également la mise en place des structures socio-éducatives
pour permettre la réinsertion des mineurs incarcérés.
Il estime également
nécessaire une plus grande transparence de l'institution pénitentiaire
et la mise en place des structures qui réconfortent moralement les
détenus comme par exemple " les visiteurs de prisons ".
Le Comité recommande
enfin que la protection des Droits de l'homme soit confiée à
un observatoire indépendant, distinct du Ministère de la justice,
des affaires pénitentiaires et musulmanes.
B) MAGISTRATURE RESPONSABLE
L'efficacité
de l'institution judiciaire suppose aussi une magistrature responsable et
respectée.
Le pouvoir judiciaire,
comme dans toute démocratie entretient divers liens fonctionnels
avec le parlement et le gouvernement. Le parlement vote la loi que le juge
est tenu d'appliquer.
Quant au pouvoir exécutif,
le Président de la République détermine et conduit
la politique de la nation notamment la politique judiciaire.
Mais la magistrature
entretient surtout des rapports étroits avec la police judiciaire
qui est un partenaire indispensable de la justice.
Les magistrats et surtout
ceux du parquet disposent, de policiers et gendarmes qui relèvent
d'autres ministères et sont généralement chargés
d'autres tâches en plus l'activité de police judiciaire. Ils
ne dépendent pas de la justice pour leur recrutement, leur rémunération,
leur carrière, les moyens mis à leur disposition.
Cependant le Procureur
de la République dirige l'activité de tous les officiers et
agent de police judiciaire (art 38 CPP) et ces derniers sont placés
sous la surveillance du Procureur Général (art C.P.P)
Il s'agit là
d'un système pouvant paraître cohérent, mais qui révèle
des failles dans la mesure où, s'il a de libre choix d'un service,
le magistrat ne maîtrise pas les conditions d'emploi des personnels.
Le juge d'instruction peut certes fixer une date limite d'exécution
de ses commissions rogatoires, mais il ne peut être assuré
qu'elles seront intégralement exécutées. Il s'agit
certes, là d'un problème difficile, car la multitude des saisines
d'un service entraîne inévitablement un choix de priorités.
Or, ce choix n'est pas actuellement de la compétence des magistrats.
Cette maîtrise
des moyens par d'autres que les magistrats alimente le soupçon de
dépendance de la justice à l'égard du politique.
A côté
des garanties déjà existantes le comité estime que
l'inspection des activités de police judiciaire en cas d'incident
dans l'exécution du service, si elle doit associer policiers et gendarmes
détachés, doit, être aussi composée de magistrats
et dirigée par l'un d'eux.
De même que la
notation des officiers de police judiciaires est, communiquée aux
ministères dont ils relèvent, les appréciations données
dans leurs corps respectifs doivent être transmises aux procureurs
et un avis sollicité en cas de nomination de responsables des servies.
Le Comité demande
par ailleurs, que le pouvoir disciplinaire en cas de faute dans l'exécution
d'une mission de police judiciaire soit réservé à la
seule autorité judiciaire et non pas concurremment de celui du ministère
auquel appartient l'intéressé. Dans cette perpective, la liste
des sensactions devrait être revue pour être harmonisée
avec celles en vigueur dans la fonction publique, afin qu'elles soient effectives
et ne donnent pas lieu à un simple changement d'affectation interne.
Enfin le comité
recommande un dialogue et un échange des points de vus réguliers
entre la magistrature et la police judiciaire.
III
INSTAURATION D'UNE VERITABLE POLITIQUE JUDICIAIRE
Le comité estime que la politique judiciaire de la nation devrait
en démocratie relever de la responsabilité du gouvernement
en la personne du Ministre de la justice.
Toute affaire est singulière
pour le juge comme pour les parties, limiter l'intervention de la justice
à l'addition de ces cas particuliers est erroné.
N'est-ce pas d'ailleurs
à l'occasion du traitement d'affaires individuelles qu'est né
le soupçon d'une justice dépendante en ce qu'elles s'écarterait
d'une règle s'imposent à tous ?
Or la notion d'égale
application de la loi dans l'acte de poursuite et de juger implique la nécessité
d'une " politique judiciaire ". Le comité estime qu'il
n'y a jamais eu dans notre pays de politique judiciaire cohérente
et ferme mais des retouches successives.
Il recommande l'élaboration
d'une véritable politique d'action publique qui impliquera en amont
une plus grande transparente de l'institution judiciaire.
A- L'EXIGENCE DE TRANSPARANCE DE L'INSTITUTION JUDICIAIRE
Le comité souhaite que se développe une politique de communication
des juridictions.
En démocratie,
les citoyens, pour adopter leur conduite et leurs choix, ont le droit de
connaître les risques courus en ce qui concerne leur personne, leur
santé, leurs biens, leurs emplois ainsi que les perspectives d'évolution.
Ces domaines donnant
lieu souvent à des interventions judiciaires pénales, civiles
ou administratives, ils ont également le droit de connaître
les réponses apportées par la justice aux problèmes
de société.
Ainsi, la politique
de communications de la juridiction ne vise pas les quelques affaires pénales
à sensation, mais l'ensemble de l'activité judiciaire. Celle-ci
a des multiples aspects et se trouvera assurée par les magistrats
de toutes fonctions.
Le comité estime
indispensable l'ouverture de l'institution judiciaire vers le monde qui
l'entoure et un effort d'explication de sa part nécessaire (organisation
des forums, colloques, séminaires, articles de presse, émissions
radios et télés).
Enfin, le comité
souhaite que cette politique de communication (publications, statistiques,
rapports) fournisse au gouvernement par le biais du Ministre de la justice
les éléments nécessaires à la définition
des politiques d'action publique.
Le comité préconise
l'élaboration d'un rapport annuel sur l'évolution de la délinquance,
de la situation économique et sociale et des phénomènes
de société vus à travers les procédures judiciaires,
sur les réponses apportées et les limites à l'action.
Ce document, nourri des contributions de chefs de juridictions dans le cadre
d'une politique d'action publique doit être présentée
au parlement par le Ministre de la justice en vue d'ouvrir un débat
sur la politique judiciaire de la nation.
B) LA POLITIQUE D'ACTION PUBLIQUE
La politique d'action
publique peut se définir comme étant la recherche et la définition
des conditions dans lesquelles l'application de la loi doit être engagée
de manière coordonnée entre plusieurs autorités, compte
tenu des circonstances et dans le respect de l'égalité entre
citoyens.
Un des axes de réflexions
majeurs du comité est l'introduction dans notre droit de la notion
de " politique d'action publique ".
Ce terme a été
préféré à " politique pénale "
qui est trop réducteur car il laisse de côté toute l'activité
civile, commerciale, sociale qui, par le retentissement qu'elle a parfois
sur les équilibres d'une société, peut être d'une
importance au moins égale à l'activité répressive.
Le Comité recommande
que cette notion doit être introduite dans la loi d'organisation judiciaire,
quitte à prévoir des renvois et des compléments dans
le code de procédure pénale.
Le comité estime
donc qu'il est du devoir du gouvernement d'intervenir en ce domaine auprès
du Ministre de la justice pour fixer les orientations et de s'en expliquer
devant le parlement appelé à en débattre. Le comité
pense que ce débat peut intervenir au moment du vote du budget de
la justice.
Le comité estime
que ceci suppose tout d'abord un travail interministériel, réalisé
sous l'autorité du Président de la République et coordonné
par le Ministre de la Justice afin que les différents ministères
apportent leur contribution à cette politique d'action publique et
y intègrent dans les meilleures conditions leurs propres politiques,
qui sont aujourd'hui menées de façon trop autonome.
C'est alors au Ministre
de la Justice, au nom du gouvernement, qu'il appartient de traduire dans
des circulaires publiées les priorités nationales qui s'imposent
compte tenu de l'évolution de la délinquance, des conditions
économiques et sociales afin que la loi soit appliquée également
à tous.
Plus précisément,
le Ministre de la justice peut et doit agir auprès des magistrats
du parquet chargés d'appliquer la loi dans les juridictions, dans
les directions suivantes :
- le sens de la loi
: les commentaires des lois nouvelles indiquent les buts recherchés
par le parlement et les moyens à mettre en uvre pour parvenir
à une application égale de la loi dans tous les ressorts.
- La priorité
donnée à l'application de certaines lois en vue d'exercer
des choix de politique d'action publique en présence d'infractions
pénales ou de situations civiles, commerciales ou sociales, mettent
plus particulièrement en danger la paix civile ou les intérêts
économiques de la nation.
- l'unification du droit
recenser les applications divergents d'une même législation
en vue de provoquer rapidement une jurisprudence de la cour suprême.
- L'harmonisation des
pratiques par diffusion des procédures innovantes concernant une
meilleure application de la loi.
Le comité insiste
sur le caractère novateur que peut avoir l'introduction dans les
textes de la notion de politique d'action publique.
Considérer chaque
affaire individuellement est légitime procéduralement, en
ce que cela constitue une garantie pour le citoyen.
Mais la justice n'est
pas que procédure ; il faut éviter un risque d'arbitraire
qui serait loin de disparaître si, en l'absence de politique coordonnée,
l'individualisme de chaque décideur pouvait se donner libre cours.
Renoncer à une
coordination nationale représenterait un réel danger : créer
dans chaque juridiction une politique autonome à la merci des influences
et des convictions de chaque juge et procureur !
Institutionnaliser la
politique d'action publique, c'est nécessairement se prémunir
contre ce risque en fixant sa définition, ses conditions d'élaboration
et de mise en uvre, ses limites, les recours. C'est garantir la transparence.
CONCLUSION
Dans l'élaboration
des réflexions et propositions exposées dans les pages qui
précédent, le comité mis en place par le président
de la République, garant de l'indépendance de l'autorité
judiciaire, a été constamment animée par l'espoir de
contribuer utilement à une réforme profonde de la justice
de notre pays.
C'est en effet la première
fois qu'une initiative présidentielle s'assigne en la matière
une telle ambition, et l'attente que cette initiative a d'emblée
suscitée dans l'option, sans se démentir depuis lors, en a
confirmé la nécessité et la pertinence en l'état
actuel de notre vie publique.
La réflexion
menée par le Comité ne prétend pas à l'exhaustivité.
Elle a voulu exposer les problèmes tels qu'ils se posent au vu des
textes et de la pratique, puis faire des propositions s'inscrivant dans
une conception d'ensemble et qui, aux yeux de ses membres, forment un tout.
Aucune de ces propositions n'est hors de notre portée : la plupart
sont même dictées par le simple bon sens. Prise dans leur ensemble,
elles n'en dessinent pas moins une réforme très significative
de notre système judiciaire.
Le comité regrette
l'absence durant ses séances de travail d'un nombre important des
représentants des différents ministères (comme les
Finances et la Défense) qui figuraient pourtant dans l'arrêté
présidentiel.
A travers ces recommandations,
le comité a souhaité uvrer en faveur d'une justice unifiée,
plus efficace, plus équilibrée et plus respectée, apte
à assurer le règlement des conflits par le droit, toutes les
fois que la société lui en fait la demande.
En proposant tout d'abord
un système judiciaire unique composant d'un seul corps de magistrat
revalorisé, doté de plus de moyens humains et matériels
mais aussi d'un statut protecteur (qui impose aussi des obligations).
En recommandant ensuite,
le rapprochement de la justice avec les populations des régions de
l'intérieur par la création des tribunaux dans les districts,
en facilitant son accès par la réforme de l'assistance judiciaire
et par l'apprentissage du droit dès l'école primaire.
En modernisant par ailleurs,
notre droit par une politique de codification notamment la codification
des coutumes pour favoriser la médiation et la conciliation et par
l'informatisation des juridictions.
En réconciliant
en outre, modernité et traditions par l'élaboration d'un code
de la famille basée sur la charia mais prenant en compte les exigences
des temps modernes.
En humanisant les conditions
de vie carcérales par l'augmentations du budget des prisons et par
la mise en place d'une véritable politique pénitentiaire.
En imposent enfin, une
double exigence de transparence et de responsabilision de l'institution
judiciaire par l'instauration d'une politique d'action publique et par l'élaboration
d'une politique de communication dans les juridictions.
Le débat public
doit maintenant s'ouvrir, sans perdre de vue trois facteurs essentiels.
Le temps, d'abord, tout
ne se réalisera pas en un jour, la réforme doit d'inscrire
dans la durée. Les évolutions proposées, dont certaines
supposent des réformes en profondeur, requiert l'établissement
d'un calendrier pour passer d'une architecture à une autre, sans
déséquilibre ou rupture brutale.
La pédagogie
ensuite. La justice reste un univers trop ignoré de la majorité
des citoyens alors qu'elle est au fondement même de la démocratie.
Une éducation de la justice dès l'école paraît
indispensable pour mieux inscrire es enjeux essentiels dans notre culture
politique. Dans l'immédiat, la réconciliation des djiboutiens
avec leur justice ne saurait faire l'économie d'un effort de transparence
et d'explication.
Les moyens enfin, le
comité s'était fixé comme règle de ne pas tenir
compte des ressources budgétaires à engager pour mettre en
uvre une véritable réforme. Mais il est évident
que les orientations définies dans le présent rapport ont
un coût non négligeable. Elles supposent notamment une augmentation
importante du nombre des magistrats et des fonctionnaires de justice afin
d'instaurer un véritable Etat de droit. La réforme d'envergure
ici proposée peut contribuer à rendre plus attractive la profession
de magistrat. Des rémunérations plus élevées
aideront également à rendre plus intéressant le métier.
Cette revalorisation de l'institution judiciaire est rendue plus nécessaire
encore du fait d'une double évolution qui, pour se situer en marge
de la réflexion du comité, n'en contribue pas moins aux difficultés
actuelles
D'un côté,
une société en mutation rapide, ayant perdu ses repères
et ses médiations traditionnelles, tend à demander à
l'institution judiciaire plus qu'elle ne peut donner, à savoir la
régularisation quotidienne des comportements sociaux, professionnels
et parfois moraux.
De l'autre, et sans
lien nécessaire avec ce qui précède, les magistrats
sont de plus en plus sollicités pour accomplir des tâches administratives
et sociales, au détriment parfois de leurs missions traditionnelles.
Sans porter de jugement sur ces évolutions, le comité note
qu'elle conjugue leurs effets pour imposer une réorganisation et
une augmentation très sensibles des moyens de la justice.
Notre pays n'aura jamais
que la justice dont il veut bien payer le prix.
Le vu que forment
les membres du comité qui ont effectivement participé aux
travaux est que s'ouvre dormais, le temps du débats et des décisions,
porteur des nécessaires changement des mentalités.
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