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LA
LIBERTÉ N° 37
Journal
indépendant de tous les Djiboutiens de l'opposition.
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La résidence
personnelle de M. Guelleh à Djibouti.
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Toutes
les informations
que le régime dictatorial
de M. Ismaël Omar GUELLEH
cherche à vous cacher...
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COURRIER
DES LECTEURS
Nous reprenons de façon anonyme
en général (pour garantir la sécurité des
auteurs)
le contenu intégral des lettres qui nous sont adressées.
Pour éviter toute polémique nous avons volontairement choisi
de ne pas répondre aux critiques.
Nous publierons en revanche les messages des lecteurs qui souhaitent
répondre.
L'ARDHD n'assume aucune responsabilité quant au contenu des messages
de cette rubrique.
L'ARDHD rappelle qu'elle ne soutient aucune action politique, ni aucun
parti
et qu'elle milite exclusivement en faveur de la Paix et des Droits de
l'Homme.
Monsieur Schaal,
Le gouvernement
aux abois de Guelleh fait diversion face a la grogne des fonctionnaires
non payes depuis des lustres.Dans une entrevue publiee par le site de
l"homme aux deux bourses (d'etudes,
Samatar Miguil pour ne pas le nommer) et gendre du ministre de son etat,
le dictateur de Djibouti annonce tout simplement la presence de petrole,
de diamants dans le sol djiboutien.
Rien de moins
En attendant ni salaires, ni electricite, ni bourses d"etudes (sauf
pour les beaux freres)
M.A.
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Sommaire --------------------------------------------------------
08/06
: Les enfants de couples bi-nationaux nés à Djibouti,
n'ont pas les mêmes droits que les autres enfants ...
Merci M Schaal
pour vos campagnes courageuses et couronnees de succes. Je vous propose
si vous le permettez une nouvelle cause.
Si vous reussissiez a mettre en branle l'opinion mondiale comme dans
le cas des enfants ethiopiens, alors je vous garantis que beaucouip
de monde vous seront reconnaissants.
Voici de quoi
il s'agit :
Bien que nes
a Djibouti et y ayant vecu toute leur vie, les enfants des couples etrangers
ou dont l'un des parents n'est pas de nationalite djiboutienne est traité
comme un étranger.
Chaque annee
des nouveaux bacheliers ayant
vecu toute leur vie a Djibouti se voient dans l'impossibilite de se
porter candidat a une bourse d'etudes simplement parce que sa mere est
ethiopienne, somalienne.
Et ce, que bien
qu'ils soient ne a Djibouti, qu'ils y aient vecu toute leur vie.
Eclairez ma
lanterne M Schaal, des cas de personnes apatrides comme cela existe-il
dans le monde.Y a t-il une discrimination de
ce type dans le monde. Je croyais que les apatrides n'existaient pas
dans le monde.
Pendant ce temps,
des gens comme Samatar Miguil beneficient de
deux bourses parce que leur soeurs sont mariees a des ministres.
Je vous rappelle
que du temps de l'administartion coloniale, le droit du sol s'appliquait
bien evidemment
Merci
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REVUE
DE PRESSE ET NOUVELLES BRÈVES
06/05
APPEL URGENT de Association France-Erythrée
Le conflit frontalier
qui oppose l'Erythrée et l'Éthiopie depuis deux ans a
, au cours des deux dernières semaines, totalement changé
de nature. C'est à une véritable invasion de l'Erythrée
que nous assistons aujourd'hui.
Après
avoir envahi le sud-ouest érythréen, occupé la
capitale provinciale Barentu et les villages des plaines du Gash , l'armée
éthiopienne a envahi cette semaine les hauts plateaux du sud
erythréen sur plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur
et
tente maintenant de progresser vers Asmara.
Elle pousse
devant elle des centaines de milliers de civils qui fuient le retour,
neuf ans après l'accession à l'indépendance de
l'Erythrée, des troupes éthiopiennes. Après Tukumbia,
Barentu et Agordat , ce sont maintenant Tsorona, Senafe et Adi Caieh
et les
nombreux villages de ces régions que leurs habitants sont désormais
forcés d'abandonner.
Selon les autorités érythréennes, près d'un
million de déplacés ont été ainsi jetés
en deux semaines sur les routes, tandis que l'aviation éthiopienne
continue de bombarder des objectifs civils, comme aujourd'hui encore
la centrale électrique de Massawa.
Parmi ces déplacés, plus de 200 000 le sont pour la seconde
fois.
Lors de l' éclatement du conflit frontalier en 1998 , ces villageois
avaient été déplacés dans des camps, situés
en arrière de la frontière internationale, pour échapper
aux bombardements éthiopiens.
Ils sont aujourd'hui contraints à un second exode. Parmi ces
déplacés, plusieurs dizaines de milliers d'érythréens
ou d'éthiopiens d'origine érythréennes, victimes
d' un "nettoyage ethnique" en Éthiopie. Raflés
ces deux dernières années dans les rues d'Addis Abeba,
brutalement déportés malgré les protestations platoniques
de la communauté internationale, et littéralement jetés
aux frontières par les autorités éthiopiennes,
après qu'on leur ait volé tous leurs biens.
Plusieurs dizaines
de milliers d'érythréens ont pu trouver refuge au Soudan
ou se sont massés aux frontières du Soudan . La grande
majorité marche à pied vers les régions érythréennes
non occupées.
Leur détresse est immense, leur dénuement total. Ils n'ont
rien, ni eau , ni vivres, ni abris.
Cette catastrophe humanitaire est immense . Elle requiert une action
d'urgence .Qu'elle soit provoquée par les ambitions guerrières
de l'Éthiopie, qui préfère dépenser des
centaines de millions de dollars dans cette invasion meurtrière
plutôt que de nourrir la
population de ses propres ethnies minoritaires dans le sud de l'Éthiopie
- rend évidemment urgente une action politique décidée
de la Communauté internationale pour arrêter les envahisseurs
et défendre l'indépendance de l'Erythrée dans ses
frontières internationalement reconnues.
Mais elle requiert également notre solidarité immédiate
avec les populations déplacées. Elles ont besoin de nous
. L'Association France - Érythrée lance un appel pressant
à toutes les organisations humanitaires et associations de solidarité
internationales pour qu'elles apportent d'urgence - Elle appelle les
autorités
françaises à sortir de leur indifférence, à
envoyer des cette semaine des vivres et du matériel sanitaire
en Érythrée.
- Elle lance un appel angoissé à l'Union Européenne
pour qu' elle mobilise ses moyens au profit d'un petit peuple courageux,
victime d'une catastrophe qui dépasse hélas très
largement , par son ampleur en vies humaines anéanties ou brisées,
celles survenues ces dernières années au Koweit, au Kossovo
ou en Bosnie. Alors que l'Union Européenne ( et ses États
membres) participe pour des montants importants à aider les populations
éthiopiennes victimes de la disette, la non assistance aux populations
érythréennes en danger serait, pour la France et l'Europe,
un crime impardonnable.
28 mai 1999
Association France-Erythrée
5 rue Pierre Baudry
92140 Clamart .
Tel. : 02 43 92 23 52/
01 40 46 06 69/
01 46 45 55 72
______________________________________________________________
Jean-Christophe
Goux
e-mail: Jeangoux@yahoo.fr
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BRUITS
ET RUMEURS
Faites attention
si vous recevez un message envoyé par M Samatar MIGUIL : il
peut contenir un virus caché dans un fichier NAE7F.MME. En
effet, le 8/06, il a tenté, en vain, d'infecter nos systèmes
informatiques. Nous conseillons donc à tous les lecteurs la
plus grande vigilance face à ces pratiques qui relèvent
de la piraterie.
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03/06
TOUJOURS AUCUNE NOUVELLE DES ENFANTS MINEURS LIBERES APRES CINQ MOIS
DE DETENTION A GABODE.
La semaine dernière
nous avons appris la libération des 29 enfants mineurs qui avaient
été incarcérés à Gabode pendant 5
mois. Ces enfants d'origine somalienne et éthiopienne s'étaient
réfugiés à Djibouti pour fuir la guerre entre l'Ethiopie
et l'Eruthrée. Ils n'ont pas été pris en charge
par les autorités djiboutiennes qui les ont laissé à
l'abandon dans les rues de Djibouti.
En majorité,
ces garçon sont âgés de 10 à 15 ans (on compte
3 jeunes de 18 ans parmi eux). Tout laisse penser que nombre d'entre
eux sont des orphelins.
Incarcérés
à 10 ans pour avoir 'Sniffé de la Colle' !
La dictature
a décidé de les condamner fin 1999, pour avoir "Sniffé
de la colle" et d'autres broutilles ... Ils ont été
jugés illégalement, sans même l'assistance d'un
avocat et ils ont été condamnés à 6 mois
de prison ferme, sur réquisition du Procureur Général
Ali Mohamed ABDOU, avec la Bénédiction du Ministre de
la Justice : Ibrahim Idriss DJIBRIL.
Ne disposant
pas d'un centre spécialisé pour les accueillir le directeur
de la Prison de Gabode les a 'installé' dans le quartier des
adultes où ils ont subi les pires sévices, y compris des
sévices sexuels.
Ces enfants ont
été libérés le 24 ou le 25 mai, à
la suite d'un importante mobilisation internationale déclenchée
par LA LIBERTE à la suite des propos de M Kadamy sur leur situation
carcérale dramatique.
Une
indispensable prise en charge matérielle et psychologique
Mais ils ont
été conduits vers une destination inconnue (hors la frontière
de Djibouti ??). Ces enfants ont besoin d'un soutien matériel
et psychologique évident et nous avions proposé qu'ils
soient pris en charge par une ONG. Pour éviter un scandale, le
Gouvernement djiboutien, qui méprise la vie et les citoyens,
a préféré les abandonner nul ne sait où....
Nous ne pouvons
pas tolérer cela et nous lançons un appel pour qu'ils
soient retrouvés dans les meilleurs délais et pris en
charge par des professionnels. Plusieurs Associations, dont l'Organisation
Mondiale contre la Torture ont déjà relayé cet
appel et des hommes politiques français se joignent à
notre intervention.
MERCI
DE VOTRE AIDE POUR LES LOCALISER
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05/06
COMMUNIQUE DU PARTI NATIONAL DEMOCRATIQUE (P.N.D.)
-République de Djibouti-
Paris le 4 Juin
2000,
DEMANDE
D'INTERVENTION HUMANITAIRE
POUR AMIR ADAWE
que les autorités ETHIOPIENNES refusent de soigner ...
Suite au précedent
Communiqué du 1er Juin 2000, nous faisons un APPEL URGENT et
international concernant le Journaliste AMIR ADAWE: Son état
de santé est grave et nécéssite l'intervention
de services médicaux adaptés.
Rappel : M.AMIR
avait recu, pendant son incarcération dans un trou à HARRARE
(Ethiopie), une balle dans une jambe par la police ethiopienne.
Le service médical
de l'Hopital de Police voulait le transferer dans un hopital mieux équipé
d'ADDIS ABEBA(Ethiopie) pour une opération de la jambe. Malheureusement
les autorités éthiopiennes ont refusé ce transfert,
sans donner aucune raison.
Nous demandons
une intervention urgente et humanitaire pour que M. AMIR ADAWE soit
soigné le plus rapidement possible, afin que sa jambe et sa vie
soient sauvés.
Nous demandons
l'aide de toutes les associations, états et gouvernements.
Je vous remercie
de votre soutien à cet appel au secours et vous demande de me
contacter rapidement.
SAIDA BARREH FOURREH
Représentante
du Parti National Démocratique en France et en Europe - Paris
Telephone: +
33 (0)1 56 08 12 48
Courriel: flc1@club-internet.fr
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LE
RENOUVEAU
Organe du PRD - Parti pour le Renouveau Démocratique
-
A
compter du Numéro 37, LA LIBERTE diffusera les articles parus
dans LE RENOUVEAU.
La sélection, cette semaine, a été effectuée
par
son Directeur Daher Ahmed FARAH,
à partir des numéros publiés depuis le 15 mars 2000.
Cela
explique l'importance exceptionnelle de la rubrique.....
Ensuite, LA LIBERTE publiera chaque semaine
les nouveaux articles qui lui seront adressés par 'LE RENOUVEAU'.
A noter que l'ARDHD diffusera, dans les mêmes
conditions,
tous les articles et tous les communiqués
qui lui sont envoyés par les organisations et/ou les personnalités
se réclamant de la Défense des Droits de l'Homme et/ou de
l'Opposition à Djibouti.
(Voir conditions techniques)
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Sommaire 'LA
LIBERTE' ----------------------------------
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N°
351 DU MERCREDI 15 MARS 2000
- DE RETOUR, LE RENOUVEAU VOUS SOUHAITE BONNE FÊTE.
- Opposition Armée-Gouvernement : Un Accord inscrit dans l'ordre
des choses.
- AFFAIRE ABDOULFATAH MOUSSA AHMED : A travers le fils, atteindre
le père. |
N°
355 du Jeudi 13 Avril 2000
-
LE PRESIDENT DINI AU NORD DU PAYS
-
ABDOULFATAH MOUSSA AHMED LIBERE
- LES DIX PRISONNIERS DU FRUD DU SUD LIBERES
- Une mise à la retraite sélective |
N°
358 du Jeudi
4 Mai 2000
- NOUS L'AVONS ECHAPPE
BELLE
- MONSIEUR GUELLEH OUVRE " SA " CONFERENCE SOMALIENNE A
ARTA
- UN 1er MAI VOLE
- LA JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE PRESSE
- APPEL A VOUS QUI AIMEZ LA LIBERTE D'EXPRESSION
- LES AGENTS OBOCKOIS DE L'ETAT ATTENDENT ENCORE |
N°
352 DU JEUDI 23 MARS 2000
- retour au PAYS DU président DU FRUD AHMED Dini AHMED A LA
TETE D'UNE FORTE DELEGATION |
N°
356 du Jeudi
20 Avril 2000
- djibouti-SOMALILAND :Le pouvoir djiboutien Tel qu'en lui-même
- SOMALIE : LA CRISE COMPLEXE,CREDIBILITE ET CLAIRVOYANCE
- Les
élèves de 3ème en grève
- Les suppléants subissent des retenues de solde
- Les
agents Obockois de l'Etat se plaignent
- Les
média gouvernementaux égaux
à eux-mêmes
- Ce pédophile expatrié qui sévissait sous nos
cieux.
- Soutien à l'opposant guinéen Alpha Condé
- Soutien au peuple tchetchène |
N°
359 du Jeudi 18 Mai 2000
- LETTRE OUVERTE AUX SOMALIENS
par Daher Ahmed Farah
- LA QUESTION VITALE DE L'EAU par
N. S
- Comment se présente-t-elle la problématique de l'eau
à Djibouti-ville ?
- LA POPULATION DU PK 12 SE PLAINT
- LE PORT PASSE AUX MAINS DU PRIVE
- DDP CONTRE ETS SOUGUEH
- DAALO AIRLINES INTERDITE DE VOL
- PLACE
HARBI DEVENUE UNE DECHARGE A CIEL OUVERT
- DE FAUX BILLETS A DJIBOUTI
- L'UNION EUROPEENNE FETE SES 50 ANS |
N°
353 DU DIMANCHE 02 AVRIL 2000
- LE PEUPLE DJIBOUTIEN RESERVE UN ACCUEIL CHALEUREUX
ET MASSIF AU PRESIDENT DINI
-
ZOOM SUR L'ADMINISTRATION DJIBOUTIENNE A TRAVERS LE SORT RESERVE AU
PERSONNEL DE L'ONAC |
N°
357 du Jeudi 27 Avril
2000
- CES EAUX DE LA MORT
- LES BOULANGERIES FRAPPEES PAR LA CRISE
- LA PEUR HANTE LES QUARTIERS 1 ET 2 |
N°
360 du Jeudi
25 Mai 2000
- ISMAEL OMAR GUELLEH : " L'Etat,
c'est moi !
- "LE
PRIX DU CARBURANT MONTE
- DEBUT DE PANIQUE SUR LA VILLE
- LA SOMALIE
- REPRISE DE LA GUERRE ETHIO-ERYTHREENNE
- LE YEMEN FETE LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DE SA REUNIFICATION
- LA QUESTION VITALE DE L'EAU par N. S (suite et fin)
- ISRAEL SE RETIRE DU SUD-LIBAN |
N°
354 DU DIMANCHE 09 AVRIL - 2000
-
Si le ridicule tuait...
- LA CONTREBANDE S'AMPLIFIE A NOS FRONTIERES
-
SOMMET AFRIQUE-EUROPE: LA DEMOCRATIE ET LES DROITS DE L'HOMME AU CUR
DES TRAVAUX
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L'eau potable inégalement repartie |
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LE
RENOUVEAU
N°
351 DU MERCREDI 15 MARS 2000
EDITORIAL
DE RETOUR, LE RENOUVEAU VOUS SOUHAITE BONNE FÊTE
Ca y est, le Renouveau, votre fidèle hebdomadaire, qui depuis
sa création au début d'octobre 1992 (sa première
édition date du 7 octobre 1992 ) a été toujours
présent au rendez-vous du jeudi matin avec ses aimables lecteurs
et lectrices que vous êtes, votre journal préféré
donc vous revient. Il sort de longs mois de silence forcé, suspendu
d'abord pour douze mois puis pour six mois par la justice du régime
en place dans ce pays.
Souvenez-vous,
c'était le 28 août, par une après-midi caniculaire,
le directeur de publication du Renouveau et président du Parti
Renouveau Démocratique (PRD), Monsieur Daher Ahmed Farah, était
arrêté par la gendarmerie, placé en garde à
vue dans les locaux poussiéreux et pesants de chaleur de la fameuse
Section de Recherches et de Documentation (SRD). En même temps
que le Général à la retraite Ali Mehidal Waiss,
co-directeur de publication du mensuel le Temps. Dès le lendemain,
il s'entendait signifier le tarif : 12 mois d'emprisonnement ferme,
un million de nos francs d'amende pour DAF et 12 mois de suspension
pour le Renouveau. Ali Mehidal Waiss, lui, écope de huit mois
d'emprisonnement ferme, un million de nos francs d'amende et huit mois
de suspension du mensuel le Temps.
Mêmes chefs
d'accusation contre les deux directeurs de publication et les deux publications
: diffusion de fausses nouvelles et atteinte au moral des forces armées.
Directement en cause : des articles parus dans les dernières
éditions des deux journaux qui rendaient compte des derniers
combats au nord entre le Front pour la Restauration de l'Unité
et de la Démocratie (FRUD) dirigé par le président
Ahmed Dini Ahmed et les troupes gouvernementales. Ils évoquaient
surtout la destruction d'un hélicoptère militaire et la
mort de ses équipage et passagers, publiant la version du FRUD
qui affirmait avoir abattu l'appareil et celle du gouvernement qui concluait
à l'accident technique avant même les résultats
de l'enquête par lui diligentée.
Le jugement rendu
par la chambre correctionnelle du tribunal de première instance
restera comme un chef d'uvre du genre dans les annales judiciaires.
Il condamnera sans convaincre. Il mordra en mugissant, sans motiver
le moins du monde. Un coup de maître, comme on l'aime bien dans
les venelles enkhatées du pouvoir .
Le très
fort Maître Djammen Nzepa du barreau de Toulouse (il est d'origine
camerounaise) , venu défendre le Renouveau et le Temps au titre
d'Avocats Sans Frontières, ne se privera point , en audience
d'appel, de dire sa stupeur. Au cours de sa brillante plaidoirie, il
démontrera qu'aucun des deux chefs d'accusation n'est établi
du point de vue du droit et demandera la relaxe. Il ne sera pas pour
autant suivi : le silence forcé du Renouveau et du Temps ne sera
écourté que de quelques mois pour se fixer à six
mois. Triste jour pour le droit et la liberté. Autres cieux,
autres pratiques.
Au terme de trois
mois et demi de triste détention dans la sinistre prison de Gabode,
les directeurs de publication du Renouveau et du Temps " bénéficieront
" d'une remise de peines et recouvreront la liberté. Pas
les journaux, qui eux savoureront jusqu'à la dernière
seconde le séjour au sanctuaire du silence forcé si apprécié
d'un système suceur qui n'a rien à envier à la
plus avide des sangsues.
Vous l'avez deviné,
le régime, sous des prétextes éloquemment grossiers,
cherchait seulement à museler, à bâillonner la presse
d'opposition. Il n'aime point la plume, surtout si elle est libre. Pas
plus qu'il n'apprécie la cloche qui ne s'avise pas d'émettre
le bon son. A l'aune de ses standards, s'entend. Hors du culte du prince,
point de salut.
Aura-t-il la
réussi ? Rien n'est moins sûr. Car, d'abord, la période
de silence aura brui de mille sons, grâce notamment à Internet
dont la magie aura enfanté notre confrère le bien nommé
Liberté. Un empêcheur que cet Internet ! Qui trouble tant
nos tyranneaux, et fait enrager nos roitelets. C'est, transposé
dans l'ordre de la liberté d'expression, l 'arme nucléaire
qui brutalement relègue dans la nuit des temps l'arsenal conventionnel
des tyranneaux de tout poil.
En outre, le
Renouveau ne se laisse pas impressionner par les agissements moyenâgeux
du régime. Il reprend le flambeau de la lutte et vous promet
de faire honneur à votre confiance. Dans la mesure de ses maigres
moyens et au rythme de sa pastorale persévérance.
De nouveau, bonne
fête de l'Aïd-El-Adha donc, et bienvenus à bord...
POLITIQUE
Opposition Armée-Gouvernement :
Un Accord inscrit
dans l'ordre des choses
Un accord de paix est intervenu entre le Front pour Restauration de
l'Unité et de la Démocratie (FRUD) dirigé par le
président Ahmed Dini Ahmed et le gouvernement de Monsieur Ismaël
Omar Guelleh. C'était le 7 février dernier que le texte
de cet "accord cadre de reforme et de concorde civile " était
signé entre les deux parties à Paris en France.
Cet accord, qui
a peut-être surpris tous ceux et toutes celles que la rhétorique
moyenâgeuse du régime avait habitués à des
prises de position radicales au sujet de la guerre civile au nord et
au sud ouest du pays, où le pouvoir claironnait avoir rétabli
la paix depuis les accords d'Ab'a du 26 décembre 1994, cet accord
donc ne pouvait aucunement étonner l'observeur averti de la situation
nationale. Il s'inscrit en réalité dans l'ordre des choses.
La situation
de notre pays, n'en déplaise aux thuriféraires du régime
et autres courtisans de bas étage, ne fait qu'empirer à
tous points de vue. Politiquement, avec la logique du tout verrouillage
et du tout répressif qui a trouvé ses limites. L'on ne
peut en effet continuer, sans dommages majeurs, à bâillonner
indéfiniment tout un peuple, entretenir la discorde nationale
et cultiver le langage des armes au détriment du nécessaire
dialogue. A la guerre civile, le régime a opposé quelques
arrangements avec une faction alimentaire du FRUD, ce qui a donné
lieu aux prétendus accords d'Ab'a ; il a éliminé
les partis politiques d'opposition (Parti du Renouveau Démocratique
et Parti National Démocratique) et a fait de même avec
les syndicats de base et les deux centrales syndicales (l'Union Démocratique
du travail et l'Union Générale des Travailleurs Djiboutiens),
il a mis au pas la justice et les avocats, éliminé les
défenseurs des droits de l'homme ; il a pratiqué à
outrance l'emprisonnement et l'arbitraire, réprimé dans
le sang (pas plus tard qu'au mois dernier un jeune homme tombait sous
les balles des sbires du régime à Ali-Sabieh )... Economiquement,
sa mal-gestion n'a abouti qu'à aggraver la situation. Les finances
publiques asséchées pas la prédation, condamnent
à la faillite des pans entiers de l'économie. Les entreprises
travaillant pour l'administration disparaissent ; les salariés
de l'Etat, de loin les plus nombreux, deviennent insolvables du fait
des retards de solde atteignant les sept mois ; les investisseurs sont
découragés par l'incertitude politique et le non-droit.
Le paysage économique du pays s'en trouve défiguré.
Quant à la situation sociale, elle se présente sous le
signe éloquent de la misère : dans un pays qui vit du
salariat et où l'Etat est le premier employeur et le premier
agent économique, cela n'est d'ailleurs guère étonnant.
Les relations extérieures, enfin, ne sont guère mieux
loties: la fuite en avant exaspère les voisins et chaque jour
qu'Allah fait apporte son pesant de doute quant à ce que le fils
de Omar Guelleh appelle son plan de paix pour la Somalie.
Vous le constatez,
le pouvoir autocratique aura tout essayé, tout expérimenté,
pour durer et perdurer. Sans parvenir à ses fins Il ne pouvait
d'ailleurs en être autrement à l'ère de l'Internet
et du village planétaire où aucun pays ne peut vivre en
marge du monde : la résistance nationale est grande, portée
par la détermination populaire et le soutien international qu'elle
suscite.
Les atteintes
aux droits de l'homme, le lourd déficit démocratique,
la mal-gestion des deniers publics et la mal gouvernance, une guerre
civile aux lourdes conséquences qu'entretient l'intransigeance
d'un pouvoir qui rejette le dialogue, tout a été désigné
du doigt, péremptoirement dénoncé, preuves à
l'appui. Condamnations et mises en garde se sont mises à pleuvoir.
Le plan d'ajustement structurel s'est violemment heurté à
la logique alimentariste qui préside au système gouvernemental.
A L'ère où se traquent anciens dictateurs et autres tyrans
en place, du " Pinochisme " décrié et d'affaires
en tout genre, l'avenir se parait de sombres habits.
La politique
de la facilité et du pouvoir confisqué s'est révélée
sans issue. L'impasse s'installait.
Il fallait se
rendre à l'évidence : le mode de gouvernement anachronique
en cours depuis l'Indépendance avait vécu.
Il fallait donc
réagir, cesser de faire les choses à contre-courant. Il
fallait se résoudre au dialogue. D'où cet " accord-cadre
" qui, comme son nom l'indique, se contente de jeter les bases
du nécessaire dialogue national sans lequel, le régime
le sait maintenant assez, il ne peut y avoir de salut. D'où également
la reprise des relations rompues par le gouvernement djiboutien avec
l'Erythrée, car là aussi la logique de la tension avait
échoué qui devait faire place à l'apaisement...
Cet accord résulte
donc de l'évolution des choses qui fait que le régime
s'est affaibli et l'opposition renforcée par son unité
et sa combativité.
Pour notre part,
nous prenons bonne note de cette évolution, saluons l'accord
de Paris, sans pour autant nous départir de notre vigilance...
JUSTICE
AFFAIRE ABDOULFATAH
MOUSSA AHMED :
A travers le
fils, atteindre le père.
Après
neuf mois de détention préventive (il a été
arrêté le 21 juin 1999 et la durée légale
maximale de dépôt est de quatre mois en l'espèce)
sous le chef d'accusation fallacieux de détournements de fonds,
après maintes demandes de mise en liberté restées
lettres mortes, après deux ou trois auditions seulement par le
juge d'instruction, Monsieur Abdoulfatah Moussa Ahmed, fils aîné
de Moussa Ahmed Idriss, a été condamné le 6 mars
2000 par la chambre correctionnelle du tribunal de première instance
à trois ans d'emprisonnement ferme et à une somme de vingt
trois millions de nos francs à payer à l'Etat de Djibouti.
Il lui était
accusé d'avoir, dans la gestion du projet d'habitat social dit
Barwaqo de Balbala ( 1000 parcelles de terrain à bâtir),gestion
à laquelle il a été associé en sa qualité
de chef de service des Domaines, détourné la somme de
trente sept millions cinq cent trente sept mille deux cent quarante
huit francs (37 537 248FD). Or, il parvenait sans peine, en grande partie
dès sa garde à vue, à justifier ces fonds, preuves
à l'appui. En clair, il démontrait qu' en ce qui le concerne
ces deniers publics avaient servi, non à des fins personnelles
comme il le lui était reproché, mais bien à la
réalisation du projet. Il devenait donc rapidement clair qu'il
n'y avait pas eu de détournements de fonds dans cette affaire.
Fort de cette
évidence, son avocat, Maître Alain Martinet du barreau
de Djibouti, adressait le 28 novembre 1999 une lettre démonstrative
au juge d'instruction en charge du dossier, Madame Leila. Lettre que
nous publions en fin de journal pour l'information de nos lectrices
et lecteurs. Nous faisons de même, et dans le même souci,
pour une note d'information de Monsieur Abdoulfatah Moussa Ahmed lui
même ainsi que pour le communiqué de presse que l'Opposition
Djiboutienne l'Unifiée (ODU) a publié après le
verdict du 6 mars dernier.
Il va de soi,
pour qui s'intéresse un tant soit peu à cette affaire,
qu'au delà de ce prétexte au demeurant mal choisi puisqu'il
ne tient pas, d'autres considérations sous-tendent l'acharnement
du pouvoir contre ce jeune fonctionnaire diplômé en économie
de l'université de Grenoble et inspecteur du trésor formé
en France. A travers sa personne, c'est, lâchons-le, son père
que le régime vise. Un père coupable d'être une
figure indépendantiste et, surtout, de sa candidature à
l'élection présidentielle du 9 avril 1999 dernier où
toute l'opposition (armée comme civile) l'a soutenu. Un père
coupable d'avoir remporté haut la main cette élection
(qu'il ait été spolié de sa victoire n'enlève
rien à son mérite) et de présider l'Opposition
Djiboutienne Unifiée (ODU). Ce forum très populaire qui
regroupe partis (PRD, PND), mouvements (FUOD, GDR) et personnalités
politiques, donne des sueurs froides à un régime en mal
de légitimité.
Telle est la
vérité dans ce procès.
Mais que le pouvoir
autocratique en place le sache :ses manoeuvres de pression à
l'encontre du président de l'ODU et de sa famille sont vouées
à l'échec. Comme elles le sont à l'encontre des
autres leaders de l'opposition. Car, comme toujours, à l'agitation
paniquée du fauve, nous opposons la force de nos convictions.
Le PRD condamne
donc ce verdict politicard et exige la libération immédiate
et sans condition de Monsieur Abdoulfatah Moussa Ahmed Idriss et de
tous les autres prisonniers politiques encore détenus à
la sinistre prison de Gabode.
Le président du parti, Monsieur Daher Ahmed Farah, et le Bureau
National souhaitent une bonne fête de l'Aïd-El-Adha aux militants
et sympathisants du PRD et de l'opposition ainsi qu'à l'ensemble
des Djiboutiens et Djiboutiennes et des membres et de la communauté
musulmane étrangère résidant à Djibouti.
Puisse la prochaine
Aïd-El-Adha nous trouver en paix et réconciliés.
Amin.
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LE
RENOUVEAU
N°
352 DU JEUDI 23 MARS 2000
POLITIQUE
retour au PAYS DU président DU FRUD AHMED Dini AHMED A LA TETE
D'UNE FORTE DELEGATION
ui, chose encore
impensable voilà quelques mois, le président du FRUD Ahmed
Dini Ahmed rentre au pays mardi prochain 28 mars 2000 dans la matinée,
après une longue absence de neuf ans pour cause de résistance
armée au régime en place et à son système
de verrouillage musclé de la vie publique et de confiscation
de l'Etat. Ce retour, très attendu par l'ensemble de la famille
de l'opposition djiboutienne comme par le peuple qui, ce n'est un secret
pour personne, se reconnaît massivement en elle, s'inscrit dans
le cadre de " l'accord-cadre de Reforme et de Concorde civile "
signé le 7 février 2000 dernier à Paris entre le
Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie
(FRUD) et le gouvernement de Monsieur Ismaël Omar Guelleh. Accord
dont nous avons publié le texte dans notre dernière édition
et qui, comme son nom l'indique, fixe le cadre du nécessaire
règlement politique de la situation nationale, de manière
à rétablir la paix civile et la concorde nationale dans
le renouveau démocratique. Accord aussi, faut-il le rappeler,
que le PRD, tout comme l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU)
dont il est membre, a salué comme une heureuse initiative.
Le président
Ahmed Dini Ahmed rentre donc à la tête d'une forte délégation
composée de hauts dirigeants du FRUD dont notamment le vice-président
du mouvement d'opposition armée, Chehem Daoud Chehem.
Il va de soi
que ces fils du pays seront accueillis comme il se doit par leurs compatriotes
qui communient dans le même désir ardent de changement.
Changement de mode de gestion des affaires publiques mais aussi de la
manière de penser la chose publique. Car c'est la perception
qu'ont les acteurs publics de la chose publique qui sous-tend leur action
publique.
Le Parti du Renouveau
Démocratique (PRD), son président, Monsieur Daher Ahmed
Farah, son Bureau National ainsi que ses militants et sympathisants
et son journal le Renouveau souhaitent donc la bienvenue au président
Ahmed Dini Ahmed et à sa délégation. Le PRD invite
ses militants et sympathisants à se mobiliser pour réserver
aux dirigeants du FRUD l'accueil populaire, chaleureux et massif qu'ils
méritent.
Il en est de
même pour l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU) qui,
par la voix de son président Monsieur Moussa Ahmed Idriss et
son Haut Conseil National, adresse son souhait de bienvenue au président
Ahmed Dini Ahmed et à sa délégation, qu'elle entend
accueillir comme il se doit.
Lire ci-après
le texte du communiqué de l'ODU :
" Le Haut
Conseil National de l'ODU souhaite bon retour au pays au président
du FRUD Ahmed Dini Ahmed et à la forte délégation
qui l'accompagne dont l'arrivée est prévue pour le mardi
28 mars 2000 dans la matinée. Retour qui s'inscrit dans le cadre
de l'accord signé le 7 février dernier entre le FRUD et
le gouvernement et que l'ODU a salué comme une initiative heureuse.
Le Haut Conseil
invite ses militants et sympathisants et appelle l'ensemble du peuple
djiboutien à réserver un accueil chaleureux et massif
au président Ahmed Dini Ahmed et à sa délégation
".
Profitons, pour
finir cet article, de l'occasion pour rappeler que, contrairement à
une certaine rumeur, le FRUD était bien présent au Sud
du pays où il a mené des opérations contre les
troupes du gouvernement. Le président du FRUD a d'ailleurs toujours
revendiqué les actions du FRUD comme en temoigne le communiqué
que nous publions en fin de journal. De même, les 11 prisonniers
du FRUD encore détenus à Gabode, capturés en 1998
au Sud du pays, appartiennent bien au FRUD commandement Sud.
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LE
RENOUVEAU
N°
353 DU DIMANCHE 02 AVRIL 2000
POLITIQUE
LE PEUPLE DJIBOUTIEN RESERVE UN ACCUEIL CHALEUREUX
ET MASSIF AU PRESIDENT DINI
Début
février 2000. La situation nationale est à tous égards
préoccupante. La guerre civile se révèle bien difficile
à éradiquer : les combattants du FRUD malmènent
les troupes gouvernementales auxquelles ils infligent régulièrement
pertes humaines et dégâts matériels.
Le pays est politiquement
verrouillé comme au plus fort de la guerre froide : les droits
de l'Homme, les libertés publiques et les règles démocratiques
sont foulés au pied, l'opposition civile (regroupée au
sein de l'Opposition Djiboutienne Unifiée : ODU) muselée
et systématiquement réprimée à coups d'exactions
et d'emprisonnements. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas cette opposition
d'être au fait de sa popularité.
L'économie
djiboutienne se trouve aux prises avec une crise qui n'en finit point
dont les racines résident dans la mal-gestion des affaires publiques
et la défiance que manifestent les investisseurs crédibles
face à un environnement national d'incertitude politique et de
non-droit. Les graves difficultés financières de l'Etat,
dont l'impact sur la vie économique nationale est à la
mesure de son poids de premier agent économique et de plus gros
employeur du pays, affectent des pans entiers de l'activité économique
sous nos cieux. L'Etat insolvable ne contamine pas que ses agents, envers
lesquels il accumule les arriérés de solde, mais aussi
ses fournisseurs locaux et autres entrepreneurs travaillant pour le
compte de l'administration. Le circuit économique propage les
difficultés étatiques et les amplifie même par son
effet multiplicateur. Le paysage économique s'en trouve singulièrement
atrophié.
Or, les conséquences
sociales d'un tel mal économique ne peuvent qu'être lourdes.
Aux agents de l'Etat en situation de survie difficile du fait d'une
solde à la fois drastiquement diminuée et en retard chronique
de plusieurs mois (sept mois actuellement), s'ajoutent des cohortes
de nouveaux chômeurs et autres entrepreneurs en faillite. Ce qui
est des plus graves dans un pays où le chômage sévit
à l'état endémique et où la solidarité
(chaque salaire fait vivre du monde) n'est pas un vain mot.
En ce début
du mois de février 2000, le pays vit donc une situation peu réjouissante.
Une situation si préoccupante que le régime, ainsi pris
au piège de sa propre logique fossoyeuse, s'attire la réprobation
générale au niveau international. Les signaux rouges s'allument
en effet dans tous les domaines : violations des droits de l'Homme,
absence de démocratie, prisons emplies de détenus d'opinion,
opacité de la gestion des deniers publics, tensions aux frontières,
un plan de paix controversé pour la Somalie (lire notre article
sur le sujet dans notre dernière édition)... bref la confiscation
de l'Etat est clairement dénoncée et condamnée
comme telle par la plupart de nos partenaires au développement.
Tous expriment leur indignation à l'égard d'un régime
dont l'anachronisme, à l'ère du village planétaire,
d'Internet et d'une opinion publique mondiale sans cesse plus vigilante,
ne peut que heurter les consciences. D'autant que le système
sécrété par le régime djiboutien produit
ses effets jusqu'à l'extérieur des frontières nationales
où il ajoute à l'instabilité régionale.
Voilà,
brossé à grands traits, dans quel contexte national survient
l'accord-cadre du 7 février 2000 (salué par l'ODU comme
une heureuse initiative) signé à Paris entre le gouvernement
en place et le Front pour la Restauration de l'Unité et de la
Démocratie (FRUD) dirigé par Ahmed Dini Ahmed, grande
figure indépendantiste et ancien Premier Ministre de la République.
Un homme d'Etat qui a une haute idée de la politique.
Surprise au pays
où le commun des mortels n'a enregistré que durcissement
dans le discours comme dans l'action du régime depuis que Monsieur
Ismaël Omar Guelleh a succédé à Monsieur Hassan
Gouled Aptidon. Soulagement surtout tant il est vrai que les Djiboutiens
et Djiboutiennes sont plus que las de la guerre civile et des difficultés
généralisées. Une lueur d'espoir s'allume à
l'horizon, pense-t-on, avec cet accord-cadre qui correspond dans ses
grandes lignes aux aspirations populaires. Cessation des hostilités,
libération des prisonniers politiques, réhabilitations-indemnisations
des victimes, réformes, démocratiques, décentralisation,
création d'une cour de compte, sont autant de points majeurs
pour le règlement de la situation de crise que traverse le pays.
D'où également l'enthousiasme national qui se manifeste
à l'annonce du retour du président Ahmed Dini Ahmed au
pays.
A l'appel de
l'ODU, dont le FRUD fait d'ailleurs partie à travers le FUOD,
la capitale est donc en effervescence les jours précédant
le retour, finalement fixé au mercredi 29 mars 2000, du président
Ahmed Dini Ahmed. Les Djiboutiens se mobilisent sur l'ensemble du territoire
national et convergent vers la capitale où les habitants vibrent
à l'idée de pouvoir enfin s'exprimer sans avoir à
subir, pensent-ils, les réflexes répressifs des forces
de l'ordre. Mobilisation que le régime, l'on s'en doute, ne voit
guère d'un bon il. La perspective d'une expression nationale
massive fait monter en lui l'adrénaline. Laisser déferler
une marrée humaine sur les grandes artères de la capitale,
laisser le peuple manifester dans la rue son ardent désir de
changement, laisser accueillir aussi massivement que chaleureusement
le leader de l'opposition armée (par ailleurs fort de l'unité
de l'opposition), voilà qui ne peut que hérisser les poils
chez les tenants du pouvoir autocratique.
La machine de
propagande se met alors en branle. Tandis que la Radio Télévision
de Djibouti (RTD), si prompte à chanter les vertus de la paix
(pourvu qu'elle relève de la mise en scène) brille par
son silence assourdissant, les agents de propagande distillent les mises
en garde. " Le président Dini sera accueilli par le seul
RPP, parti au pouvoir ", " L'on ne vous laissera pas sortir
mercredi pour accueillir Dini", " Les forces de l'ordre sont
en état d'alerte pour vous barrer le chemin "... les petites
phrases intimidantes abondent. Elles vont crescendo à mesure
que le retour tant attendu approche. De sorte que, joignant les actes
aux paroles, le régime place ses forces de répression
en état d'alerte dès mardi soir. " Nous avons ordre
d'agir demain ", s'empresse de prévenir tel officier manieur
de matraque, voyant les opposants parachever sereinement les préparatifs
d'accueil.
Mais les opposants
n'en ont cure. Ils ne se soucient pas outre mesure de l'attitude du
régime. Ils sont sûrs de leur bon droit et foncent. Après
tout, ils connaissent bien les agissements moyenâgeux du pouvoir
pour les avoir subis tant et tant de fois.
C'est ainsi que,
dès les premières lueurs du jour, les Djiboutiens jaillissent
en masse de leurs habitations pour se jeter sur les axes menant à
l'itinéraire routier emprunté par le président
du FRUD et sa délégation : Route de l'Aéroport
- Boulevard de Gaulle- Boulevard de la République- Avenue Maréchal
Luyautey. Une véritable marée humaine se met en marche,
slogans tout de maturité politique à la bouche et sur
les banderoles : " Bienvenue au président Dini, un grand
homme d'Etat " ; " Dini, l'homme de la paix et de l'unité,
tu portes l'espoir de tout un peuple ", " Nous attendons des
réformes démocratiques " ; " Sans paix civile,
point de concorde ni développement " ; " Pour un Etat
de droit et une société juste et fraternelle, démocratique
et prospère ", etc. C'est toute la capitale qui s'anime
d'un mouvement dont la majesté ramène l'auteur de ces
lignes en arrière, en ces années 1975 et 1976 où,
alors jeune homme, il ne manquait aucune manifestation pour une Indépendance
qu'il ne pouvait se représenter autrement que porteuse de lendemains
radieux. Un grand jour que ce mercredi.
Panique du côté
du pouvoir. La propagande intimidante, en action à longueur de
semaines et de jours, n'a pas produit ses effets. La dissuasion puérilement
escomptée ne s'est pas réalisée. Que faire ? L'imagination
étant ce qu'elle est en ces venelles poussiéreuses du
pouvoir, l'on s'en remet à l'appareil répressif. Les forces
de l'ordre entrent alors en action. " Chassez le naturel, il revient
au galop ", n'est-ce pas ce que dit joliment le proverbe ?
Les voies de
communication empruntées par la masse d'accueillants sont alors
fermées. Le siège du PRD à l'Avenue Nasser, un
des hauts lieux de la résistance civile, d'où le président
Daher Ahmed Farah (DAF) n'a cessé de mobiliser pour l'accueil
populaire, est assiégé, les accès des domiciles
des président du FUOD Mahdi Ibrahim A. God et de l'ODU, Moussa
Ahmed Idriss, interdits.
Déterminée,
la marée populaire parvient quand même à ruser et
passe à travers les mailles du filet gendarmo-policier. Se retrouvant
massivement sur le lieu de rendez-vous. L'entrée de l'aéroport
est noire de monde et la Route de l'Aéroport s'emplit progressivement
en dépit de l'hostilité policière. Les accueillants
vont jusqu'à feinter les forces de l'ordre en se transportant
massivement sur la route de la Siesta aux lieu et place des Boulevards
de Gaulle et de la République jugés par trop exposés
aux coups de matraque et autres grenades lacrymogènes des détachements
gendarmo-policiers. La jonction se fait ainsi avec les accueillants
de l'Avenue Luyautey.
La mobilisation
populaire est telle que gendarmes et policiers prennent à partie
les accueillants à l'entrée de l'aéroport, les
dispersant à coups de grenades lacrymogènes. Une ménagère
du coin, au retour du marché, se retrouve à terre, son
panier volatilisé, des mères de familles blessées
dont les mères du président DAF, Amina Iyeh Doubad, et
de Mohamed Houssein Ali, membre de la délégation du président
Dini. Plusieurs accueillants sont interpellés par les gendarmes
commandés par le jeune chef d'escadron Zakaria (récemment
promu) dont l'ascension donne la mesure de sa fidélité
au pouvoir. Ils ne seront relâchés que plusieurs heures
plus tard pour certains, le lendemain pour d'autres.
Il n'empêche
que les rangs des accueillants se reforment aussitôt, preuve de
leur pugnacité. Si bien que le président Ahmed Dini Ahmed,
que le Haut Conseil de l'ODU n'a pu accueillir à sa descente
d'avion pour cause d'interdiction à l'aéroport, peut aisément
noter la très grande mobilisation populaire et la chaleur de
l'accueil réservé par un peuple assoiffé de paix,
de concorde et de renouveau démocratique. Il salue de sa voiture
cette marée humaine massée jusqu'à son domicile
de la Siesta. Qui est littéralement inondé par une foule
en liesse. A l'intérieur de sa demeure, il prend juste le temps
de saluer membres de sa famille, du Haut Conseil de l'ODU et autres
amis djiboutiens. Car il est très attendu dehors où a
été installée une estrade. Il ressort et prend
alors la parole pour remercier toutes et tous de leur accueil. Parlant
de son retour au pays, après neuf ans d'absence, il déclare
qu'il est venu pour l'application des termes de l'accord-cadre de Paris.
Ce qui suppose la poursuite des négociations avec le pouvoir,
le respect des premières dispositions de l'accord telles que
la libération des prisonniers politiques encore détenus
à la sinistre prison de Gabode et la levée de toutes entraves
à la libre circulation des biens et des personnes au nord du
pays. Ce qui implique également un dialogue politique national
auquel doit participer l'opposition civile. Afin qu'enfin, pour reprendre
la jolie formule du président Dini, la politique s'exerce de
manière citoyenne dans ce pays.
Cette journée
d'accueil s'achève par un déjeuner de retrouvailles à
la ferme pionnière du premier vice-président du PRD, Mohamed
Ahmed Kassim dit Haïssama, dont la générosité
et la disponibilité ont été particulièrement
utiles pour restaurer un nombre de Djiboutiens et Djiboutiennes bien
plus grand que prévu. Car beaucoup, sans être invités,
se sont laissés aller à la joie du jour, gonflant plus
que de raison les rangs des convives. C'est en fait l'atmosphère
de liesse populaire de la rue qui s'est transportée dans l'espace
privé (et abondamment fleuri) du premier chef de corps et artisan
de la gendarmerie nationale.
Grand jour donc
que ce mercredi 29 mars 2000. Grand jour pour la paix, la concorde,
la démocratie et le développement. Grand jour pour le
pays. Il s'agit maintenant de ne pas manquer ce rendez-vous avec l'histoire
: un pays, un peuple, un projet.
Le monde comme
la nation regardent les décideurs. Et les jugeront. Sans complaisance.
ADMINISTRATION
ZOOM SUR L'ADMINISTRATION DJIBOUTIENNE A TRAVERS LE
SORT RESERVE AU PERSONNEL DE L'ONAC
La liquidation, prononcée par décret présidentiel
en date du 14 août 1999, de l'Office National d'Approvisionnement
et de Commercialisation (ONAC), établissement public dont la
mission était pourtant vitale dans un pays comme le nôtre
qui importe la quasi-totalité des produits nécessaires
à ses besoins, y compris les besoins élémentaires,
cette disparition officialisée donc de l'ONAC plongeait son personnel
(de plus de trente personnes) dans la détresse. Outre que cette
mise en liquidation créait un grand vide, livrant les consommateurs
que nous sommes à la merci des commerçants locaux dont
la propension aux marges bénéficiaires excessives n'est
que trop connue (situation facilitée par l'état quasiment
monopolistique des marchés des produits de consommation courante
où quelques importateurs se partagent les principales marchandises),
elle s'abattait comme une épée de Démoclès
sur le personnel. L'espoir caressé durant toutes ces années
où l'ONAC agonisait par suite d'un mal appelé mauvaise
gestion, s'est soudain brisé sous le choc de la terrible nouvelle.
D'un instant à l'autre, des hommes et des femmes, de toutes catégories
socio-professionnelles, pour la plupart en service depuis longtemps,
se sont retrouvés sans ressources.
Par réflexe
de survie, ils se sont adressés aux membres du gouvernement par
un courrier en date du 8 septembre 1999 aux Ministre des Finances et
de l'Economie nationale, chargé de la Privatisation, avec copie
aux Premier Ministre, Ministre de Affaires présidentielles, Ministre
de l'Emploi, Ministre du Commerce.
Ils exposaient
leur situation et sollicitaient de l'attention. Ils pensaient que le
gouvernement devait assumer ses responsabilités et trouver une
solution. Dans le même mouvement, ils ont demandé de l'aide
alimentaire au Ministre de l'Intérieur sous l'autorité
duquel est placé " l'Office National d'Assistance aux Réfugiés
et Sinistrés (ONARS) ". En vain. Aucune de ces démarches
n'a pu aboutir :seule réponse, le liquidateur de l'ONAC, Monsieur
Mohamed Sikieh Kayad, directeur des Affaires économiques au Ministère
des Finances et de l'Economie, les informe de l'impossibilité
du règlement de leurs indemnités, subordonné à
la vente des actifs de l'ONAC qui, écrit-il, est en cours : au
moment où nous publions cet article, la vente des actifs de l'ONAC
est toujours en cours, les entrepôts sont utilisés par
l'UNFD et certains de ses véhicules toujours en circulation.
Les agents de
l'ONAC saisissent alors la Présidence de la République
en écrivant directement à Monsieur Ismaël Omar Guelleh
par courrier daté du 8 novembre 1999. Devant le silence, ils
le relancent par une autre lettre, rappelant leur sort peu enviable.
C'est alors que, le 27 janvier 2000, leur répond le Ministre
des Affaires présidentielles, qui leur apprend que " le
chef de l'Etat a expressément chargé le Ministre des Finances
du règlement de la question ".
Fort de ces assurances,
les employés de l'ONAC prennent de nouveau la direction du Ministère
des Finances et de l'Economie, chargé de la Privatisation. Ils
se heurtent à l'attitude qu'ils jugent peu apaisante du Ministre
qui ne cache pas son agacement. Osent-ils insister qu'il s'en prend
à leur représentant. Celui-ci y laisse d'ailleurs ses
lunettes de vue, brisées au cours de l'empoignade ministérielle.
Ne comprenant plus rien, ils se retournent vers le Chef de l'Etat, Ismaël
Omar Guelleh, en lui écrivant de nouveau une lettre datée
du 10 février 2000 où ils font état de leur déception,
liée notamment à l'attitude du Ministre des Finances et
de l'Economie nationale. Mention est même faite dans ce courrier
du bris des lunettes du délégué du personnel de
l'ONAC Monsieur Ali Hassan Aïnan. Cette correspondance est restée
sans effet.
Devant cette
situation, le personnel, désespéré, n'a pu s'empêcher
de saisir à nouveau le Chef de l'Etat dans un courrier en date
du 18 mars 2000 (lire en fin de journal). Dans cette énième
lettre, il lui rappelle son sort déplorable. " Tous nos
efforts et démarches, écrivent les employés de
l'ONAC, pour faire valoir nos droits sont restés vains. Par conséquent,
nos familles sombrent et vivent dans une misère et un dénuement
indescriptibles ; nous sommes dans l'impossibilité de leur procurer
jusqu'à la nourriture. Nos enfants connaissent une scolarité
perturbée car affamés et en haillons ". Ils espèrent
encore, sans trop d'illusions, une suite.
Voilà
où en sont les agents de l'ONAC près d'un an après
la mise en liquidation de l'établissement public qui les employait.
Les difficultés rencontrées et le sort où ils ont
été précipités témoignent de l'état
de délabrement avancé de notre administration. Une administration
et des décideurs devenus si prédateurs, si avides, que
les malheurs des administrés leur indiffèrent. Tout le
pays peut périr, cela leur importe peu. L'essentiel, c'est leur
ventre. Se servir, non servir, voilà le mobile, visiblement le
seul, qui les anime.
Les résultats
n'en sont que catastrophiques. Comme nous les voyons au quotidien. Comme
nous les subissons tous les jours. Comme l'illustre jusqu'à l'absurde
la situation peu enviable du personnel de l'ONAC. Tel un arrêt
sur image.
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Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------
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LE
RENOUVEAU
N° 354 DU DIMANCHE 09 AVRIL 2000
Information
Si le ridicule
tuait...
Fin mars 2000.
Le pays entre en effervescence à l'annonce du retour du président
du Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie
(FRUD), signataire de " l'accord-cadre de réforme et de
concorde " du 7 février à Paris.
Le président
Dini et sa délégation reviennent donc au pays, après
une longue absence de neuf ans pour cause de résistance armée
à l'autocratie régnante. Ils rentrent en parfait accord
avec les autorités en place.
Le journaliste
Ali Barkad Siradj, qui assure alors par intérim les fonctions
de rédacteur en chef du journal gouvernemental la Nation, juge
tout à fait de son devoir d'annoncer cet événement
national. Il passe à l'acte et rédige un entrefilet, pour
l'édition du lundi 27 mars 2000, où il informe lecteurs
et lectrices du retour du président Ahmed Dini Ahmed et de sa
délégation.
L'article, très
bref, est intitulé " La paix des braves ".Objectif,
il se borne à inscrire cet événement dans l'accord-cadre
du 7 février 2000 à Paris et à rappeler fort sommairement
quelques éléments d'information sur le parcours politique
du président Ahmed Dini Ahmed et de son vice-président
Chehem Daoud Chehem. Rien de tendancieux ni même de laudatif donc.
Pourtant, cela
déplaît instantanément au Secrétaire Général
à l'Information, par ailleurs directeur de publication du journal
la Nation, qui sort de ses gonds. Prévenu en pleine nuit (par
quelque âme fidèle, semble-t-il), il débarque sur
les lieux de travail en deux temps, trois mouvements, et vide sa colère
sur la journaliste en chef auteur de l'article. Que le journaliste ait
pris l'initiative (des plus professionnelles) d'annoncer cet événement
imminent dans une édition à paraître la veille (en
réalité l'avant-veille en raison d'un changement de dernière
minute), sans lui en référer et en soumettre ensuite (en
cas de feu vert, s'entend) chaque phrase ainsi que chaque mot à
sa censure, voilà qui est grave, très grave même,
à ses yeux. Cela dénote, c'est clair pour le chef hiérarchique,
un parti-pris pour l'opposition de la part du journaliste. Ce que, selon
nos informations, il ne se prive point de le crier sur le champ. Avant
de faire retirer l'entrefilet de l'édition à paraître,
ne soufflant ainsi mot sur le retour du président Ahmed Dini
Ahmed et de sa délégation. Heureusement qu'il y à
Le Renouveau et les communiqués de l'ODU pour s'en charger.
Stupéfait,
le journaliste, l'un des meilleurs de la maison, s'est donc exécuté
et a ôté du journal l'article en question. Mais il n'est
pas, pour autant, au bout de ses surprises. Dès le 29 mars 2000,
c'est-à-dire dès le jour du retour de la délégation
du FRUD, il se voit remettre une " demande d'explication "
du Rédacteur en chef en titre de la Nation qui lui demande de
s'expliquer sur " son acte"
Il lui demande
de lui expliquer " les raisons pour lesquelles il a tenté
de publier un article tendancieux de nature à nuire aux accords
de paix auxquels le gouvernement est parvenu. De plus, écrit-il,
votre acte est aggravé par la terminologie utilisée dans
votre article, lequel ne comportait pas votre signature, était
sensé semer le doute dans l'esprit de nos lecteurs et ainsi jeter
les discrédit sur le journal "
Devant de telles
affirmations, l'on ne peut que rester coi de stupéfaction. A
moins d'être anormalement constitué, l'on ne voit pas en
effet en quoi ce bref article pourrait nuire aux " accords de paix
auxquels le gouvernement est parvenu ". Lisez-le plutôt dans
son intégralité et jugez-en:
" Le président
et le vice-président du FRUD M .Ahmed Dini et M. Chehem Daoud
sont attendus à Djibouti le 28 mars 2000, c'est-à-dire
demain. Ce retour au pays des dirigeants du mouvement armé fait
suite à l'accord-cadre de cessation des hostilités signé
à Paris avec le Gouvernement le 7 février 2000.
Monsieur Ahmed
Dini, qui fut dans les années 70 l'un des principaux acteurs
de la lutte pour l'indépendance, a occupé en 1977 le poste
de premier ministre dont il a démissionné avec panache
six mois seulement après sa nomination. Il est à la tête
du FRUD depuis 1992.
Quant à
M. Chehem Daoud ancien ministre de la Santé du gouvernement Aref,
il est numéro deux du FRUD depuis 1994.
Cet accord de
paix ouvre donc la voie à un règlement définitif
du conflit interne déclenché en 1991 ".
L'on a beau lire
et relire cet article, rien n'apparaît qui soit susceptible de
" nuire aux accords de paix ", ni de" semer le doute
dans l'esprit des lecteurs ", encore moins de " jeter le discrédit
sur le journal ". Tout ce qui y est écrit est vrai, y compris
la date du retour qui, au moment où l'article est écrit,
n'a pas encore changé pour se fixer au mercredi 29 mars 2000.
Monsieur Dini
et son vice-président n'étaient-ils pas attendus à
Djibouti ? Leur retour n'était-il pas officiel, annoncé
notamment par l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU) et par
le journal le Renouveau ? Ce retour au pays ne fait-il pas suite à
l'accord-cadre de concorde et de réforme signé à
Paris le 7 février 2000 entre le gouvernement et le FRUD représenté
par ces mêmes Ahmed Dini et Chehem Daoud ? M. Dini n'a-t-il pas
été dans les années 1970 l'un des principaux acteurs
de la lutte pour l'indépendance, aux côtés de M.
Hassan Gouled Aptidon ? N'était-il pas en première ligne
en ces temps-là dans le combat pour l'indépendance ? N'était-il
pas avec Gouled à la tête de la LPAI ? N'était-ce
pas lui que nous applaudissions abondamment dans les manifestations
et autres meetigs de la LPAI ? Ne criions-nous pas :" Waa Dini
iyo Dinta : c'est Dini et Dinta (la réligion en somali) "
? Avec tout ce que cela comporte de connotation positive. N'a-t-il pas
été en 1977 et pendant six mois, le premier Premier Ministre
de la République ? N'a-t-il pas, avec courage, démissionné
de ce poste dès qu'il perçu les prémices de la
future confiscation autocratique de l'Etat ?
Quant à
Chehem Daoud, n'a-t-il pas été membre du gouvernement
Aref avec le portefeuille de la Santé ? N'est-il pas vice-président
du FRUD depuis plusieurs années maintenant ?
Et cet accord-cadre,
n'a-t-il pas pour raison d'être même de mettre fin au conflit
armé en restaurant la paix civile, la concorde nationale et la
démocratie sans lesquelles il ne peut y avoir de développement
? Ne sont-ce pas là ses objectif clairement affirmés ?
Décidément,
l'auteur de la " demande d'explication " est à mille
lieues de convaincre du bien fondé de sa réaction. Il
donne l'impression de se gargariser de mots sans prise aucune sur la
réalité ?
Mais au fait,
qui est derrière cette sortie contre l'accord-cadre de Paris,
car ce n'est point le journaliste culpabilisé, qui n'a fait que
son travail, mais ceux qui le lui reprochent qui nuisent aux "
accords de paix auxquels le gouvernement est parvenu " ? S'agit-il
là de la simple exécution d'une instruction venue du sommet
de l'Etat ou de l'initiative de quelque chefaillon craignant pour ses
petits privilèges ?
Ce sont là
des questions qui méritent réponses de la part de qui
droit.
A suivre.
ECONOMIE
LA CONTREBANDE S'AMPLIFIE A NOS FRONTIERES
La contrebande apparaît où l'économie va mal. C'est
l'un des symptômes d'un Etat malade où les agents économiques
trouvent plus avantageux de tourner la loi pour toutes sortes de raisons.
Symptôme, elle est aussi alerte et doit comme telle interpeller
les décideurs.
Dans notre pays,
la contrebande a toujours été un phénomène
insignifiant. Elle s'opérait plutôt, quand elle apparaissait,
depuis le territoire national vers les pays limitrophes. Signe que nos
produits et nos prix étaient jugés intéressants
par les ressortissants voisins qui leur faisaient franchir les frontières
en contrebande pour éviter la taxation.
Depuis quelques
temps maintenant, précisément depuis que notre économie
est en crise et nos produits chers du fait de l'inflation fiscale, le
phénomène s'est inversé. C'est vers nous que viennent
les marchandises de contrebande. Du Somaliland voisin mais aussi d'Ethiopie.
La contrebande
a pris une telle ampleur que le gouvernement a fini par en reconnaître
l'existence, allant jusqu'à mettre en place un dispositif de
lutte contre cette pratique. Dispositif regroupant les ministères
de l'Economie et des Finances, de la Défense, de l'Intérieur
et de la Justice. Le ministre de l'Intéreur s'est même
transporté récemment à la frontière avec
le Somaliland, où la contrebande s'est très développée
ces temps-ci. Toutes sortes de marchandises nous proviennent de l'Etat
auto-proclamé, depuis les cigarettes jusqu'au carburant en passant
par les produits de beauté. Et l'on ne compte plus les accrochages
violents (à l'arme à feu) entre les contrebandiers et
les forces de police chargées de la réprimer. Pas plus
tard qu'il y a quelques jours, un véritable combat a opposé
policiers et contrebandiers armés du côté de Chabelley.
Face au problème,
le ministre de l'Intérieur, nous apprend la Nation du 5 avril
2000, a exhorté la population de la région frontalière
côtière du Sud (Doudah-Damerjog-Atar-Loyada) à faire
preuve de vigilance et de civisme. Il s'est contenté de cette
exhortation, aurait dû écrire la Nation, car le problème
est trop grave pour être traité par le seul verbe. Si le
ministre s'imagine qu'il suffit d'aller prêcher la bonne parole,
au volant de sa rutilante grosse cylindrée et dans une mise luxueuse,
à une population à bout de souffle à force de misère,
il se fourvoie lourdement.
Interrogé
par Le Renouveau, un habitant de la région a eu ces mots : "
Ils viennent, puant l'argent public, oser nous donner des leçons
de civisme, à nous autres que leur mauvaise gestion accable de
misère. Comme le dit le proverbe djiboutien, ce n'est pas par
hasard si la marmite vient à ébullition ".
La contrebande
n'est pas tombée du ciel ni sortie de terre, elle a des causes
objectives qu'il faut avoir le courage d'admettre et de traiter. Il
y a contrebande parce qu'il y a demande. Le corps social -paupérisé
à force de chômage, de baisses et de retards de salaires
(surtout dans le secteur public)- n'arrive plus à acquérir
sur le marché local des produits sans cesse plus chers du fait
de la hausse des taxes. Il cherche alors d'autres sources, accessibles
à ses maigres ressources, d'où la contrebande. La contrebande
vient du Somaliland parce que dans cet Etat auto-proclamé, la
pression fiscale est faible et les marchandises d'autant moins chères.
Comme aux Emirats Arabes Unis où nombre de nos commerçants
vont s'approvisionner.
Elle vient également
d'Ethiopie, avec ou sans la complicité des routiers éthiopiens
en provenance des Hauts Plateaux. Des produits tels que le carburant,
l'alcool populaire éthiopien, le café ou le têf
(servant à préparer la célèbre galette éthiopienne
" anjero " franchissent clandestinement la frontière
éthio-djiboutienne et s'écoulent à bon prix sur
le marché national, quand ils ne repartent pas pour d'autres
destinations.
La contrebande
offre ce que n'offre plus l'économie officielle à un pouvoir
d'achat social fortement réduit : un bon rapport qualité-prix.
Voilà
pourquoi il devient tentant, pour des particuliers mûs par l'appât
du gain, de se lancer dans le commerce illicite. Et que cela marche...
Mais il n'y pas
que les contrebandiers individuels qui opèrent, mais aussi et
surtout les gros importateurs qui trouvent dans la contrebande une nouvelle
source d'approvisionnement. Selon nos informations, moyennant bakchich
à qui convient, des tonnes de marchandises de toutes natures
franchissent de nuit la frontière pour garnir les rayons et autres
stocks de la place. Il faut dire que lorsque ceux-là mêmes
(civils ou en uniforme) censés combattre la contrebande, ne sont
pas payés depuis sept mois, l'argument sonnant et trébuchant
peut permettre des prouesses pour les inconditionnels du profit substantiel.
Comment alors
soigner ce symptôme ? En soignant la maladie, c'est-à-dire
en l'attaquant aux racines. Et l'attaquer aux racines, c'est mettre
fin à la crise économique et à l'inflation fiscale.
Or, une crise économique telle que la nôtre puise ses causes
dans le système de gouvernement créé et entretenu
par le régime en place. Elle est liée à la logique
de prédation, de pouvoir personnel et de dépenses injustifiées.
Elle est liée à l'environnement d'incertitude politique,
de non-droit et de guerre civile.
Le redressement
économique ne peut donc s'opérer sans paix civile et sans
concorde nationale, sans démocratie et sans droits de l'Homme,
ni sans bonne gouvernance. Toutes conditions élémentaires
nécessaires au renouveau démocratique et à la reconquête
de la crédibilité internationale.
Loin d'être
un phénomène superficiel, la contrebande galopante dont
nous gratifient nos frontières est un symptôme sérieux
du mal profond qui secoue notre pays. Et pas seulement un symptôme
de plus...
MONDE
SOMMET AFRIQUE-EUROPE:
LA DEMOCRATIE ET LES DROITS DE L'HOMME AU CUR DES TRAVAUX
Au cur des travaux du premier sommet Afrique-Europe qui s'est
tenu au Caire en Egypte lundi 27 et mardi 28 mars 2000 derniers, la
démocratie et les droits de l'Homme ont été au
centre des discussions. Encore une fois, les débats ont fait
ressortir le caractère vital de l'enracinement démocratique
et du respect des droits de l'Homme ainsi que de la bonne gouvernance
pour les peuples. Il ne peut en effet y avoir véritable développement
sans liberté, c'est-à-dire sans protection des droits
sacrés de la personne humaine. Le développement étant,
faut-il le rappeler, pour et par la personne humaine.
Dans un pays
démocratique, où la liberté est garantie sous toutes
ses formes (pensée, conscience, opinion, expression, réunion,
association, etc.), l'exercice du pouvoir d'Etat ne peut se faire comme
le veut celui ou celle qui le détient à un moment donné.
Il est soumis à la vigilance nationale et au contrôle démocratique.
Qu'il s'éloigne du droit chemin, du programme pour lequel il
a été élu, et la sanction populaire tombera. L'opposition
démocratique, la presse libre, la société civile...
sont autant de forces, ne l'oublions pas, qui participent à l'exercice
démocratique. D'où découle l'exercice citoyen de
la politique.
La bonne gouvernance
elle-même, qui commande que l'on mette l'homme qu'il faut à
la place qu'il faut et que l'on respecte les règles et critères
républicains, cette bonne gouvernance n'est réellement
possible que grâce au contrôlé démocratique.
L'homme est ainsi fait qu'il a besoin d'être encadré et
contrôlé pour agir positivement. C'est pourquoi la démocratie
a été inventée par l'homme et que la séparation
des pouvoirs y a été organisée. Le pouvoir doit
arrêter le pouvoir, écrivait Montesquieu, grand philosophe
français du XVIII ème siècle.
Voilà
pourquoi, au grand dam des derniers autocrates encore au pouvoir en
Afrique, d'ailleurs tous en difficultés, la démocratie
et les droits de l'Homme et leur corollaire la bonne gouvernance ont
encore ravi la vedette aux autres sujets.
Bien sûr,
la question de la dette a également été évoquée
et son allégement promis, mais non sans que le lien étroit
entre le niveau de l'endettement et le déficit de démocratie
et de bonne gouvernance ait été clairement établi.
En effet, et ce n'est un secret pour personne, le fardeau de la dette
tant mis en avant par les autocrates africains, est la conséquence
de la mal-gouvernance et du déficit démocratique. S'il
y avait eu un véritable contrôle démocratique, l'avenir
des peuples d'Afrique (et d'ailleurs dans le reste du monde en développement)
n'aurait pas été hypothéqué par un endettement
douteux qui a trop souvent servi à entretenir le train de vie
scandaleux des régimes autocratiques et à enrichir leurs
dignitaires. Que d'" éléphants blancs " coûteux
gisent à travers la terre d'Afrique ! Que des milliards se sont
volatilisés aux dépens des peuples en survie difficile
!
L'on comprend,
dès lors, que devant l'échec cinglant de la pensée
unique et du parti unique, le monde développé, qui sait
de quoi il parle pour avoir su tirer le plus grand profit de la démocratie
et des droits de l'Homme, nous rappelle à l'évidence.
Alors vive la
démocratie, protectrice des droits de l'Homme et garante de la
bonne gouvernance et du développement.
HYDRAULIQUE
L'eau potable
inégalement repartie
L'eau est une
ressource renouvelable (via le cycle de l'eau, soit 1 385 985 km³)
mais ses réserves ne sont pas pour autant illimitées.
Les experts prédisent que toutes les eaux de surface seront consommées
d'ici 2100 et que toute l'eau disponible dans le cycle de l'eau de la
terre sera entièrement épuisée d'ici 2230"
L'eau est un
problème posé à l'échelle du globe et dont
la résolution commande le devenir des sociétés
: sans elle, pas de vie ni développement.
Sans céder
au catastrophisme, il faut pourtant constater que les ressources se
raréfient en maintes régions, que le niveaux des réserves
baisse, que la population est largement répandue et que la désertification
avance.
Si la population
du globe a été multipliée par trois au cours de
ce siècle, la demande en eau, elle, a été multipliée
par sept et la surface des terres irriguée par six.
Au cours des
cinquante dernières années, la pollution des nappes aquifères
a réduit les réserves.
L'eau est une
source finie, inégalement répartie dans le temps et l'espace.
Un habitant des Etats-Unis utilise 700 litres d'eau par jour, un Africain
doit se contenter de 30 litres, contre 200 litres par jour pour un Européen
et 20 litres pour un Haïtien.
En moyenne, un Israélien consomme quatre fois plus qu'un Palestinien,
conformément aux accords de Taba (dit Oslo II) signé à
Washington le 28 septembre 1995 entre l'Autorité Palestinienne
et l'Etat hébreu. Cet accord officialise le partage léonin
des aquifères de Cisjordanie : 82% aux Israéliens et 18%
seulement aux Palestiniens, soit 260 litres pour un Israélien
et 70 litres pour un Palestinien. Lors des négociations, Israël
refusa d'attribuer plus d'eau aux Palestiniens, arguant qu'ils pouvaient
être alimentés par le Nil.
Cette suggestion
a été considérée comme une provocation belliqueuse
par les Egyptiens.
Le gouvernement
de l'Afrique du Sud s'est fixé comme première priorité
la fourniture d'au moins 25 litres d'eau par jour (pour les besoins
de l'hygiène) à chacun de ces citoyens en abordant la
question sous l'angle de la dignité et de l'équité.
L'agriculture
absorbe les deux tiers de la consommation mondiale d'eau, mais elle
doit compter avec l'intense concurrence des activités des villes,
plus particulièrement dans les pays émergents.
Les problèmes
de l'eau ne sauraient être traités isolément : ils
doivent être intégrés dans les schémas de
développement économiques et sociaux, afin d'assurer les
besoins humains fondamentaux et de préserver les écosystèmes.
Ce qui est en
jeu, c'est la sécurité alimentaire, la santé des
populations, la paix et la stabilité du monde. L'ONU recense
environ 300 zones potentielles de conflits.
Pour ne prendre
que des exemples des sphères régionales, tels que le conflit
Israëlo-Arabe, vieux d'une cinquantaine d'années, la question
s'éclaire d'elle-même.
L'argument de
début du mouvement sioniste était de reconquérir
la terre promise (Galilée, Judée et Samarie). A partir
de 1967, est apparu l'argument de la sécurité (contrôler
le terrain pour empêcher les attaques.). Et à l'aube du
3éme millénaire, vient l'argument de l'eau. Shimon Perès
le résumais ainsi : " Nous avons deux mers : l'une est morte
( Mer Morte), et si nous abandonnons l'autre ( Mer de Galilée),
c'est du suicide ". Dans une de ses dernières déclarations,
Yitzahak Rabin avait affirmé, à propos du Golan, qu'Israël
avait besoin de garanties les plus solides " car pour le peuple
israëlien, l'eau est beaucoup plus importante que la paix".
L'autre guerre
majeure de l'eau dans la région, mais cette fois en Afrique,
est celui du Sud-Soudan qui oppose les rebelles sudistes au pouvoir
de Khartoum. La toile de fond de cette guerre est le conflit entre l'Ethiopie
et l'Egypte à propos du partage des eaux du Nil. L'Ethiopie apporte
son soutien aux rebelles du Sud-Soudan et singulièrement dans
l'attaque du chantier du Canal de Jonglai, un projet egypto-soudanais,
qui consiste en la constitution d'un canal sur le Nil près de
la frontière soudano-éthiopienne.
L'interaction
entre conflits de l'eau et conflits géostratégiques accroît
le risque d'affrontement armé dans la mesure où les intérêts
vitaux des pays sont en jeu. Mais à terme, elle peut aussi contribuer
à démilitariser les conflits par le biais de solutions
techniques. Des solutions techniques qui du reste s'avèrent limitées
dans un avenir proche :
- faible quantité
d'eau récupérée par le traitement des eaux usagées.
Un litre d'eau d'une rivière française est recyclé
jusqu'à six fois. Dans les pays du Sud, il sert une fois ;
- coût
prohibitif du dessalement de l'eau de mer.
Cette dernière
entreprise suppose évidemment qu'on invente un système
économiquement compétitif de dessalement de l'eau.
Pour le moment,
il n'y a que l'Arabie Saoudite et le Koweït qui sont partis le
plus loin dans l'expérimentation du dessalement vu que l'énergie
est très bon marché. Certes, séparer le sel de
l'eau ne pose pas de problème. Ce qui est difficile, c'est, après
les avoir séparés, de retenir l'eau et non le sel. Il
semble ridicule que nous soyons encore incapables de séparer
à bas prix le sel de l'eau de la mer. Mais, nous diriez-vous,
pour diminuer le coût actuel de telles opérations, pourquoi
ne pas essayer la solution écologique : il s'agirait d'utiliser
l'énergie solaire puisque la région Mer Rouge se prête
idéalement au captage de l'énergie solaire. L'utilisation
de l'énergie solaire reste pour l'heure limitée et dépend
de découvertes scientifiques encore aléatoires.
Force est de
constater qu'aussi bien la Turquie et le Golan syrien pour le Proche
Orient que l'Ethiopie pour les pays du Nord-Est Africain, représentent
de véritables châteaux d'eau .Alors pourquoi se concentrer
sur le dessalement de l'eau de mer plutôt que sur la redistribution
des eaux disponibles à l'échelle des pays de la région
?
Ce qui est particulièrement
inquiétant, c'est que dans cette région, l'interaction
entre questions hydropolitiques et les facteurs géopolitiques
(impératif politique de l'autosuffisance agricole, absence de
marché commun et d'approche commune du développement)
empêche la recherche de nouvelles sources d'eau potable.
L'adoption d'une
coopération régionale pour exploiter les ressources existantes,
nous évitera le pire des scénarios, qui peut se produire
si l'on considère l'équation croissance démographique-tarissement
des sources. La population de la région aura doublé d'ici
vingt ans, les sources aquifères ne sont pas renouvelables, le
niveau pluviométrique diminue et l'évaporation s'intensifie,
alors que l'agriculture, qui consomme entre 75 et 90% de l'eau disponible,
est soit trop archaïque et dispendieuse, soit trop ambitieuse,
soit d'une préservation défectueuse (pollution, mauvais
entretien des infrastructures, etc.).
Les solutions
sont donc autant politiques que développementales. La communauté
internationale ayant un grand rôle à jouer dans la sauvegarde
et la préservation des ressources hydrauliques.
Dès lors,
il semble que l'implication des acteurs internationaux : O.N.U., Union
Européenne, Etats-Unis, Banque mondiale, devient nécessaire
à l'instauration de dynamiques régionales de paix et de
coopération. Sans pour autant renoncer à rêver d'un
organisme qui régulerait la gestion mondiale de l'Eau.
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Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------
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LE
RENOUVEAU
N°
355 du Jeudi 13 Avril 2000
POLITIQUE
LE PRESIDENT DINI AU NORD DU PAYS
Le président
du FRUD, Ahmed Dini Ahmed, s'est rendu au nord du pays la semaine dernière
à la tête d'une forte délégation de son mouvement.
Parti de la capitale mercredi 5 avril 2000, par voie maritime, il a
d'abord gagné Obock, chef-lieu de son district natal , dévasté
par la guerre et vidé de sa population qui revient progressivement.
Là, l'accueil a été franc, massif et chaleureux.
Les Obockois, n'en déplaise aux sbires du régime, se sont
massés, y compris les chefs coutumiers, au port de la ville pour
accueillir le fils du pays. Une vingtaine d'embarcations de pêche,
soit l'ensemble de la flottille de pêche locale, sont même
venues à sa rencontre en pleine mer. C'était la liesse
populaire.
S'adressant aux
Obockois, le président Dini les a remerciés de l'accueil
et salué leur courage dans la résistance pour la liberté
et la dignité. Il leur a rappelé que son retour au pays
s'inscrivait dans le cadre et pour l'application de l'accord de paix
signé le 7 février 2000 à Paris entre le FRUD et
le gouvernement.
D'Obock, il a
pu s'enfoncer à l'intérieur des terres, se rendre compte
de l'atmosphère y régnant et de l'état de la circulation
des biens et des personnes. Il a revu, à cette occasion, ses
combattants du maquis qui l'ont accueilli par une grandiose prise d'armes.
Il a ainsi pu passer en revue la troupe et discuté avec le commandement
militaire. C'était un moment fort.
C'est samedi
8 avril 2000 que le président Dini et sa délégation
se sont transportés à Tadjourah. Où, là
aussi, l'accueil a été populaire, massif et chaleureux.
De quoi faire bleuir de jalousie les dignitaires grassouillets du régime
qui peinent à rassembler quelques dizaines de personnes lors
de leurs déplacements. Remerciant la population comme les chefs
coutumiers, vêtus de leur tenue d'apparat, il a exprimé
sa joie de retrouver Tadjourah la Blanche, où l'attendait pour
l'occasion son vice-président Chehem Daoud Chehem. Comme à
Obock, il a rappelé les objectifs de son retour et la teneur
de l'accord du 7 février 2000 à Paris. Objectifs qui ont
pour noms : paix, reconstruction-réparation, concorde nationale,
démocratie, décentralisation et développement.
Comme à Obock, il aura pris un grand bain de foule et partagé
avec les Tadjourains la joie des retrouvailles.
Notons également
que l'assemblée générale des khourouj (religieux
en sortie de sensibilisation) l'aura à son tour accueilli, trouvant
en lui un homme averti de la chose spirituelle.
Retour à
Djibouti ville lundi matin.
JUSTICE
ABDOULFATAH MOUSSA AHMED LIBERE
Le fils du président Moussa Ahmed Idriss de l'Opposition Djiboutienne
Unifiée (ODU), qui croupissait à la sinistre prison de
Gabode depuis le 21 juin 1999 sous le chef d'accusation fallacieux de
détournements de fonds, a été libéré
hier mercredi 12 avril 2000 par la Cour d'appel du Tribunal de Djibouti.
Initialement
condamné à trois ans d'emprisonnement ferme et au paiement
d'une somme de vingt trois millions de nos francs, Abdoulfath Moussa
a interjeté appel auprès de la cour d'appel du jugement
de première instance. Appel auquel il a été finalement
fait droit, puisque de trois ans fermes, la peine privative de liberté
est passée à deux ans avec sursis. Ce qui lui a permis
de recouvrer la liberté.
Cette décision
confirme, si besoin est, que le chef d'accusation retenu contre Abdoulfath,
n'en était pas un , comme le démontrait d'ailleurs clairement
le dossier (lire le Renouveau n°351), et que sa détention
obéissait à d'autres considérations, politicardes
celles-là, visant à faire pression sur le père
du haut fonctionnaire.
Ce verdict, c'est
clair, se veut apaisant, en rapport avec le récent accord de
paix de Paris qui doit ouvrir la voie à la concorde nationale
et au renouveau démocratique.
Bon retour à
la liberté à Abdoulfath
Rappelons qu'il
reste encore quelques prisonniers de type politique à Gabode
comme l'écrit le communiqué de la LDDH (rendu public avant
la libération de Abdoulfatah Moussa) que nous publions en fin
de journal.
LES DIX PRISONNIERS
DU FRUD DU SUD LIBERES
Les dix prisonniers
du FRUD Commandement Sud, arrêtés en 1998 à une
cinquantaine de kilométrés de Djibouti, au sud du pays,
ont été relâchés samedi 8 avril 2000 dans
la matinée. Il leur était reproché les mêmes
faits de résistance que leurs camarades du nord, libérés
peu après l'accord de paix signé à Paris le 7 février
entre le Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie
(FRUD) et le gouvernement, et salué comme une initiative heureuse
par l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU).
Cette libération
s'inscrit donc dans le cadre de cet accord et intervient en son application.
Que le régime ait tergiversé, avant de se résoudre
à cette relaxe, ne change rien à la réalité
têtue et à l'ordre des choses.
L'Opposition
Djiboutienne se réjouit donc de ce geste qui va dans le bon sens
et souhaite aux camarades combattants libérés, hier (29)
au titre du FRUD Commandement Nord et aujourd'hui (10) au titre du FRUD
Commandement Sud, bon retour à la liberté.
Administration
Une mise
à la retraite sélective
Par décision
n° 2000-0250/MESN du 17 mars, le Gouvernement a mis à la
retraite une cinquantaine de fonctionnaires de toutes catégories.
" Les fonctionnaires
dont les noms suivent, écrit le premier article de la décision
, ayant remplis les conditions pour limite d'âge ou atteint les
maximums d'annuités de service, sont admis à faire valoir
ses droits à une pension de retraite selon les dates et les modalités
ci-après indiquées. "
Quant au second
et dernier article, il dispose que " la présente décision,
sera enregistrée, communiquée et exécutée
partout où besoin sera ".
Cette décision
appelle observation de notre part . A la fois sur la forme et sur le
fond.
Il faut d'abord
dire que cette décision ne brille pas par la qualité de
sa rédaction qui laisse à désirer. Le premier article
que nous venons de reproduire tel quel est truffé de fautes si
grossières que nous ne pouvons résister à l'envie
de conseiller à son rédacteur de revoir ses règles
de base de cette langue de travail et de culture qu'est pour nous le
français.
Mais plus grave
est le fond. En effet, les critères qui ont présidé
à la sélection de ces cinquante personnes admises à
la retraite ne sont pas si objectifs qu'ils en ont l'air. Ils nous semblent
même à cent lieues d'une décision administrative
de type républicain.
Ce qui nous paraît
avoir présidé à la confection de la liste des retraitables,
ce ne sont point les textes républicains en matière de
retraite des fonctionnaires. Lesquels sont généraux et
impersonnels et s'imposent à tous. Au nom du principe de l'égalité
devant la loi.
Il nous semble
au contraire que, au-delà des textes, ce sont des considérations
d'ordre politicard qui ont joué, admettant certains à
la retraite et non d'autres. En d'autres termes, à situation
professionnelle similaire (nombre d'annuités maximum réuni,
limite d'âge atteinte), le sort réservé paraît
bien différent. Certains, bien jugés parce que proches
du régime ou soutenus où il faut, sont maintenus en activité,
quand d'autres sont définitivement désignés pour
le départ en retraite.
D'où le
bruit que soulève cette décision un peu partout. Sévèrement
jugée par l'opinion publique qui la considère sélective
et s'indigne à l'idée que beaucoup aient pu, encore une
fois, passer à travers les mailles de la loi, cette décision
n'honore pas le régime. Partielle et partiale eu égard
à la réalité, elle présente les carences
habituelles des mauvaises décisions du pouvoir. Qui instrumentalise
la loi pour s'en servir lorsqu'elle l'arrange et la fouler au pied dans
le cas inverse. " La loi, ce n'est pas le Coran " a-t-on coutume
de répéter à l'envi dans les venelles vénales
du pouvoir où la culture républicaine fait cruellement
défaut. Le parallèle a d'ailleurs de quoi faire sourire.
D'abord parce que ceux et celles qui l'avancent ne sont pas les plus
respectueux du Saint Coran, loin s'en faut. Ensuite parce qu'il est
stupide en ce qu'il tente de justifier une violation de la loi et des
principes républicains.
" Et ces
nombreux autres rétraitables ? ", s'insurge un futur retraité
figurant sur la liste, pointant du doigt nombre de courtisans et autres
petits dignitaires du régime toujours accrochés, telles
des sangsues, à des situations prises pour définitivement
acquises. Sa question reflète le sentiment général
au sujet de cette décision.
Loin donc d'appliquer
objectivement et sereinement la loi, le régime n'a fait, à
travers cette décision de mise à la retraite ( qui, semble-t-il,
sera suivie d'autres, notamment pour les militaires et policiers), que
remuer encore une fois le coutelas dans la grande plaie béante
de l'injustice sociale...
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Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------
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LE
RENOUVEAU
N°
356 du
Jeudi 20 Avril 2000
politique
exterieure
djibouti-SOMALILAND :Le pouvoir djiboutien Tel qu'en
lui-même
Comme nous en
avons rendu compte dans notre dernière édition, une affaire
curieuse a éclaté entre le Somaliland voisin et le régime
djiboutien au sujet du " plan de paix de Monsieur Ismaël Omar
Guelleh pour la Somalie ". L'Etat auto-proclamé du Somaliland,
peuple et autorités confondus, s'est invariablement montré
hostile à l'initiative du régime djiboutien. En dehors
de quelques rares voix isolées, qui semblent liées au
pouvoir djiboutien (du moins selon les dirigeants somalilandais), l'ancienne
colonie britannique en Somalie ne s'est pas reconnue dans le plan de
Monsieur Ismael Omar Guelleh. Il faut croire que les Somalilandais restent
très majoritairement attachés à ce qu'ils considèrent
comme la liberté retrouvée : en 1960, ils se sont massivement,
pour ne pas dire unanimement, enthousiasmés pour l'unification
avec le nord-est et le sud somaliens colonisés eux par l'Italie,
fondant la République de Somalie où la dictature du général
Mohamed Siad Barreh les a gravement saignés.
Le pouvoir djiboutien,
qui n'a pas brillé par sa cohérence dans la question somalienne,
les a d'ailleurs confortés dans leur position indépendantiste
en adoptant une politique ambiguë à leur égard. Que
ce soit au niveau protocolaire ou dans le contenu des rapports politiques,
Djibouti a suivi une attitude hypocrite qui relevait de la séduction-encouragement,
tranchant avec le discours officiel réunificateur tenu à
l'occasion sur la scène internationale. Comme le rappelait à
la télévision gouvernementale vendredi le vice-président
de l'Assemblée Nationale, Monsieur Idriss Harbi Farah, les officiels
somalilandais (ministres et autres hauts administrateurs) étaient
reçus comme tels par leurs homologues djiboutiens avec lesquels
ils évoquaient d'égal à égal les relations
entre les deux pays et les questions d'intérêt commun.
Un Bureau de représentation était même ouvert au
nom du Somaliland et le représentant dûment mandaté
par les autorités de Hargueissa était traité avec
des égards dignes d'un responsable diplomatique d'un pays reconnu.
Par exemple, le véhicule de service du représentant somalilandais,
qui n'était certes pas immatriculé CD (Corps Diplomatique),
n'en bénéficiait pas moins du régime d'exonération
fiscale grâce à une immatriculation TT.
Ainsi, même
si le jeu de séduction-encouragement du pouvoir djiboutien a
connu parfois quelques ratés comme la mémorable colère
du Monsieur Mohamed Hadji Ibrahim Egal, président de l'Etat auto-proclamé,
refusé au sommet de l'IGAD de 1998 à Djibouti-ville où
il était spécialement venu y assister en qualité
d'observateur (fort, semble-t-il, des assurances de certains milieux
politiques djiboutiens influents), les relations entre les deux parties
s'entretenaient sous de bonnes auspices. De sorte que les Somalilandais
y ont vu un soutien dans leur recherche éperdue de reconnaissance
internationale. Ils y ont tellement cru qu'ils ont pris fait et cause
pour Monsieur Ismaël Omar Guelleh dans la succession à la
tête de l'Etat djiboutien. Le Rassemblement Populaire pour le
Progrès (RPP), parti au pouvoir en République de Djibouti
depuis l'Indépendance de 1977, a ainsi pu ouvrir avec une facilité
déconcertante des antennes dans les villes somalilandaises (Hargueissa,
Borama, Gabiley, Barbara, etc.), sous la houlette d'un certain Said
Abdillahi Ahmed dit Nalatour, ressortissant djiboutien patron de Hôtel
de Djibouti dans la capitale djiboutienne. Inutile de dire que la campagne
en faveur du neveu du président sortant, Monsieur Ismaël
Omar Guelleh, faisait rage dans l'Etat auto-proclamé la veille
du scrutin du 9 avril 2000 qui allait tourner au hold up électoral
au profit de Monsieur Ismael Omar. C'est par un véritable pont
aérien entre Hargueissa et Djibouti-ville que les Somalilandais
sont d'ailleurs venus à la rescousse du " candidat officiel
".Tout l'Etat auto-proclamé s'est mobilisé en faveur
de Monsieur Ismaël Omar , et le représentant spécial
de ce dernier n'a pas hésité à remercier officiellement,
par voie de presse (communiqué publié dans le journal
somalilandais Al Jamhurya), les principaux dirigeants locaux qui n'avaient
ménagé ni leur temps ni leur énergie pour "
faire passer " le neveu de Monsieur Hassan Gouled Aptidon : les
ministres de l'Intérieur, de la Justice, des Transports, les
directeurs de l'Aéroport de Hargueissa et de la Compagnie aérienne
Air Djibouti, la Présidence, etc.
Il va de soi
qu'une telle mobilisation locale en faveur du " candidat officiel
" et une telle sollicitude à l'endroit du pouvoir djiboutien
n'étaient pas sans mobile et visaient à obtenir quelque
geste en retour. En réalité, tout cela n'aurait pu s'envisager
sans assurances de la part de Djibouti.. " Un service de ce type
et de ce niveau, nous confiait à l'époque un observateur
averti des relations entre les deux pays, suppose récompense
".
La suite, nous
la connaissons. Aussitôt le pouvoir usurpé, Monsieur Israël
Omar, loin de se soucier de ses alliés de circonstance, opère
un revirement de 180 degrés. Il tire de son keffieh, comme d'autres
de leur chapeau, ce qu'il appelle son " plan de paix pour la Somalie
". Fini les yeux doux au Somaliland. Oublié le jeu de la
séduction à l'Etat auto-proclamé. Le Somaliland
n'est plus, pour celui qui se découvre une vocation de pacificateur
réunificateur de la Somalie, qu'une portion somalienne certes
en paix mais comme une autre. Donc à intégrer dans le
puzzle de sa reconstitution, qu'il croit avoir savamment imaginée.
Incrédules,
les Somalilandais s'informent et s'entendent confirmer les nouvelles
intentions de Monsieur Guelleh :la réunification somalienne.
Les considérations
de politique intérieure qui sous-tendaient hier les ambiguïtés
du régime djiboutien (et particulièrement d'un certain
chef de cabinet du nom de Ismaël Omar Guelleh), semblent encore
motiver aujourd'hui l'initiative de l'occupant de l'ancien Béit-El-Wali,
nom local du palais du gouverneur du temps colonial. Il s'agissait hier
de réussir son hold up électoral et, de par ses pseudo-bonnes
relations avec le Somaliland, de sécuriser les frontières
sud : l'opposition armée avait démontré qu'elle
pouvait frapper au sud comme au nord et qu'Ali-Addé (au sud)
n'était pas plus à l'abri de ses attaques que Médého
au nord Il s'agit aujourd'hui pour Ismaël Omar de tenter une grande
opération de politique extérieure dans l'espoir puéril
de trouver à l'extérieur des frontières une légitimité
qu'il n'a pu obtenir à l'intérieur.
Les Somalilandais
n'ont plus alors qu'à se rendre à l'évidence :
Ismaël Omar Guelleh et son régime les ont floués.
Le ressentiment s'installe, alimentant la réaction dont l'on
devine la virulence.
Mais Ismaël
Omar Guelleh n'en a cure. Il fonce comme si de rien n'était.
Fidèle à lui-même, il continue à ignorer,
officiellement du moins, l'hostilité du Somaliland à son
" plan de paix ".
Voilà
dans quel contexte surviennent les derniers rebondissements auxquels
nous assistons depuis samedi 8 avril 2000.
A cette date,
le pouvoir djiboutien invente de toutes pièces (il est plutôt
coutumier du fait) une invitation du Sénat somalilandais et dépêche
à Hargueissa une délégation conduite par un certain
Idriss Harbi Farah, vice-président de l'Assemblée Nationale,
tiré de son hibernation pour la circonstance. La réaction
somalilandaise est immédiate qui bloque la délégation
de Monsieur Ismaël Omar à l'aéroport de Djibouti.
Déballage sur les ondes de la BBC par les autorités somalilandaises
qui oblige le régime Guelleh à avouer n'avoir jamais reçu
d'invitation. Non sans ajouter qu'il n'abandonnera pas son projet de
délégation au Somaliland.
Aussitôt
dit, aussitôt fait : la délégation de Monsieur Ismaël
Omar retourne à la charge, parvenant cette fois jusqu'à
la l'aéroport de Hargueissa. Il semble que l'avion de Daalo Airlines
ait pratiquement été réquisitionné, ce qui
donne une idée de l'acharnement djiboutien. Qui n'en échoue
pas moins : la délégation (plutôt forte puisqu'elle
compte plusieurs dignitaires, petits et grands) est invitée à
ne pas fouler le sol somalilandais ; elle reste donc à bord de
l'avion la transportant avant de devoir rebrousser chemin, visiblement
sous le choc. A croire qu'elle s'imaginait pouvoir passer en force !
Le sieur Idriss
Farah, de retour à Djibouti, doit dare-dare donner le change
au Somaliland qui, dans l'intervalle, a tout révélé
sur la BBC. Le régime djiboutien n'a pas fière allure.
Ismaël Omar Guelleh, formé à l'école de la
facilité, doit enrager dans sa résidence cossue de Haramous.
Du moins, la nouvelle sortie du pouvoir djiboutien n'indique-t-elle
pas le contraire : le représentant du Somaliland à Djibouti,
hier encore " amicalement traité ", est déclaré
persona non gratta et expulsé aussitôt. Sans bagages, il
est conduit à la frontière terrestre de Loyada aussitôt
que lui est notifiée la décision d'expulsion. Il n'a donc
même pas le temps de faire ses valises. Ni en son bureau ni à
son domicile. Et il ne se gêne pas pour le dire sur la BBC Service
Somali qui ces jours-ci trouve là un feuilleton d'un genre nouveau
à diffuser. Et pour boucler la boucle, l'on apprend que les frontières
(Terre, Air, Mer) sont menacées d'être fermées avec
le Somaliland, et que les moyens de communication en phonie restent
suspendus. La rumeur parle même de mesures économiques
contre des commerçants djiboutiens opérant au Somaliliand.
Bref c'est la totale...
Belle tournure
pour le " plan de paix " du régime. D'autant plus belle
que le Puntland, Etat régional du Nord-Est somalien, bruit de
mêmes sons hostiles. Et cela à quelques jours seulement
du début de la conférence de réconciliation dont
les préparatifs se poursuivent péniblement à Arta
à quarante kilomètres de la capitale. Petite localité
sans infrastructure d'accueil où tout doit être mis en
place. Les participants à la réunion doivent d'ailleurs
palabrer sous une tente...
Tournure lamentable
confirmée par le report sine die (hier mercredi 19 avril) de
la conférence de réconciliation prévue pour le
20 avril. Officiellement : à la demande du peuple somalien. En
réalité, pour des raisons profondes liées au déficit
de crédibilité de l'initiative et du régime djiboutien,
à la représentativité insuffisante des participants,
à l'impréparation, à la gestion autoritaire du
" plan de paix " par le pouvoir djiboutien, etc.
Ne voila-t-il
pas qui confirme nos doutes contenus dans un articule publié
en mars 2000 ? Relisez-le plutôt.
SOMALIE : A
CRISE COMPLEXE,CREDIBILITE ET CLAIRVOYANCE
La Somalie traverse
depuis bientôt dix ans une tragédie sans précédent
dans son histoire contemporaine. Avec la chute du régime sanguinaire
du dictateur Mohamed Siad Barreh, l'Etat somalien s'est effondré.
Le spectacle de la mort et de la destruction s'est installé,
plongeant les Somaliens dans une guerre civile d'un autre âge.
Les effets cumulés de vingt ans de siadisme fossoyeur se sont
effroyablement manifestés au détriment de la paix civile,
de la concorde nationale et de l'Etat. Le monde assistait, incrédule,
à l'implosion de l'un des pays phares de l'Afrique post-coloniale,
l'un des tout premiers où l'alternance démocratique avait
pu fonctionner à plein, avec le départ du président
Aden Abdullah Hassan des affaires à la suite des élections
de 1967 qu'il perdait. Ce pays fascinant et fort de son homogénéité
ethnique, culturelle et historique, s'écroulait avec une incroyable
brutalité.
C'est un gigantesque
feu, dont les tisons étaient d'autant plus ardents qu'ils étaient
allumés de longue date, qui se déclarait. La bombe laissée
par un régime dictatorial, corrompu, diviseur au possible, qui
avait exploité, pour perdurer, la moindre contradiction d'une
société qu'il connaissait mieux que quiconque pour en
être issu, cette bombe infernale explosait donc dès la
chute du vieux pyromane galonné.
Le Nord-Ouest
faisait sécession et s'auto-proclamait Etat indépendant,
sous la direction du Mouvement National Somalien (MNS), tandis que le
reste s'embrasait sans que les mouvements d'opposition armée
tels que le United Somali Congress (USC) du Général Mohamed
Farah Aïdid, père de Houssein Mohamed Aïdid, le Somali
Patriotic Mouvement (SPM) du Colonel Omar Ges ou le Somali Salvation
démocratique Front (SSDF) du général Abdillahi
Youssouf ne pussent contrôler la situation.
La première
tentative de réconciliation viendra de la petite République
de Djibouti, pays frère dont la Somalie avait beaucoup uvré
pour l'Indépendance. Mais en vain. Le Général Mohamed
Aïdid aura boudé Djibouti où son rival civil Ali
Mahdi Mohamed, issu de ce que l'on appelait alors le Groupe Manifesto,
jouait les vedettes ; le MNS aura manqué à l'appel qui
contrôlait déjà le Somaliland (appellation coloniale
du Nord-Ouest somalien durant son occupation par la Grande Bretagne).
Les résultats de la conférence dite de réconciliation
somalienne de juillet 1991 à Djibouti (mise en place d'un président,
d'un gouvernement ainsi que d'une assemblée de transition) étaient
voués à l'échec.
Il en ira de
même pour toutes les autres tentatives de réconciliation
d'où qu'elles viennent : du Kenya, d'Ethiopie, du Yémen,
d'Egypte, etc.
C'est dans ce
contexte d'impasse que Monsieur Ismaël Omar Guelleh, dont le pouvoir
est issu du hold up électoral du 9 avril 1999, lance ce qu'il
a appelé son plan de paix pour la Somalie. Il annonce son initiative
de la tribune des Nations Unies à New York par un jeudi 23 septembre
1999 au moment même où ses forces de l'ordre arrêtent
à son domicile djiboutois et à coups de balles réelles
(qui font un mort et plusieurs blessés) le président de
l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU), son unique adversaire
(victorieux mais spolié) à l'élection présidentielle
du 9 avril 1999, Monsieur Moussa Ahmed Idriss, incroyablement accusé
d'un délit de presse. Délit qui n'existe que dans l'imagination
du régime et pour lequel le général Ali Mehidal
Waïss , co-directeur de publication du mensuel Le Temps (en raison
de l'immunité parlementaire du directeur de publication Moussa
Ahmed Idriss), est, de toute façon, déjà emprisonné
à la sinistre prison de Gabode, aux côtés du président
du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et directeur de publication
de l'hebdomadaire le Renouveau Daher Ahmed Farah (DAF) accusé
lui aussi " d'atteinte au moral des forces armées et de
diffusion de fausses nouvelles ".
Promu à
grand renfort d'opérations publicitaires, où prédomine
le culte de la personnalité de son initiateur, gérée
de manière à masquer une situation intérieure djiboutienne
explosive, à laquelle l'ancien chef de cabinet ne répond
que par le tout répressif, le " plan de paix " de Monsieur
Guelleh obéit en réalité à des considérations
politicardes de politique intérieure : perdurer au pouvoir grâce
à l'extérieur. Il ne fait pas l'unanimité parmi
les Somaliens. Il rencontre même au fil des semaines et des mois
de fortes oppositions. De sorte que les interrogations ne tardent pas
à se faire entendre sur son issue. Le choix des participants
à la conférence, l'établissement du calendrier,
la conduite des concertations et autres consultations, les implications
sous-régionales, et jusqu'à la crédibilité
de l'initiateur et principal acteur du plan de paix, nombreux sont les
points où cristallise la critique. Qu'elle soit publique, ou
faite en privé.
L'Etat auto-proclamé
du Somaliland a déjà fait connaître son rejet de
l'initiative du fils de Omar Guelleh et l'on a pu observer ici ou là
des manifestations populaires hostiles au " plan de paix ",
Messieurs Abdillahi Youssouf et Houssein Aïdid, respectivement
président de l'Etat régional auto-baptisé Puntland
et chef de la principale faction armée du Sud de la Somalie,
martèlent leur hostilité et annoncent même la tenue
d'une conférence parallèle de réconciliation à
Tripoli en Libye, sans être aussitôt démentis par
la Jamahirya. Tripoli dont Monsieur Ismaël Omar Guelleh ne cesse
pourtant de s'enorgueillir du soutien dans ses " efforts de réconciliation
somalienne ". D'autres voix hostiles s'élèvent un
peu partout, comme par exemple dans les régions du Sud où
l'on signale même des affrontements entre " opposants au
plan de paix et partisans. " De sorte qu'une personnalité
de ce Sud s'indigne voilà peu sur les ondes de la BBC : "
Monsieur Ismaël Omar Guelleh, avec son plan de paix, ne contribue
pas à la paix sur le terrain ".
Il va de soi
que le dossier somalien n'est pas une mince affaire. C'est une situation
complexe où s'enchevêtrent les contradictions, interagissent
les intérêts (parfois extérieurs au peuple somalien
lui-même ) et sont à l'oeuvre les passions. Et s'il est
vrai qu'après plus de neuf ans de guerre civile dramatique, de
morts, de destructions, de famines, de maladies, bref de régressions
en tout genre, les Somaliens, dans leur immense majorité, aspirent
à la paix et à revivre normalement, cela n'autorise aucun
aventurisme prétendument pacificateur, aucuns calculs politicards,
aucune solution extérieure avec ou sans visage somali ou somalien.
Cela exclut la précipitation, le placage de réponses toutes
faites sur des réalités concrètes promptes à
réagir à tout ce qui lui semble douteux. La situation
somalienne requiert beaucoup de sagesse pastorale, de luicidité,
d'humilité, de crédibilité. Pour espérer
agir positivement, il faut inspirer confiance : " Ninkaad kabo
ka tolani kabihiissa ayaa la eega " - avant de se faire chausser
chez quelqu'un, il faut regarder l'état de ses chaussures - dit
le dicton somali. " Ninka tiisa daryeela ayaa takalana ku dara
- avant de vouloir arranger les affaires d'autrui, il faut régler
ses propres problèmes ", précise un autre dicton.
Mais si inspirer
confiance est une condition nécessaire, tant le pasteur nomade
est méfiant et jaloux de sa liberté, elle n'est pas suffisante.
Il faut aussi savoir observer le terrain, parler aux hommes et aux femmes,
les écouter, bien cerner les racines du mal avant d'esquisser
le moindre début de solution.
Parallèlement,
et afin de renforcer la dynamique d'apaisement général,
il faut pouvoir rappeler à ces pasteurs nomades, perturbés
par l'intrusion de la ville coloniale, la douceur inégalable
du lait de la paix (comme le dit si bien le diction somali), en obtenant
de la communauté internationale que soient aidées économiquement
et socialement les régions ayant su rétablir la paix localement.
Le pasteur nomade
aime bien voir les bienfaits d'une chose avant de l'adopter : ne dit-il
pas " Dhamaan gartaa "- littéralement : " je saurai
après l'avoir bu "- en réponse à la question
de savoir ce qu'il pense du lait qu'on lui offre ? D'où la nécessité
de prêcher par le concret et le pertinent.
Enfin, et c'est
capital, il faut toujours garder à l'esprit qu'il n'y aura solution
qui vaille que celle des Somaliens eux-mêmes. C'est à eux
qu'il appartient de savoir ce qui est bon pour eux et ce qui ne l'est
pas. On peut les aider à s'aider, les soutenir dans la direction
où ils s'engagent pour se réconcilier. Jamais se substituer
à eux , chercher à leur imposer quoi que soit, à
les soumettre à ses intérêts. Ils savent repousser
l'ennemi avec cette même fureur -décuplée par la
technologie moderne, il est vrai- avec laquelle ils s'entre-déchirent.
Il faut donc
y aller humblement ; avec la démarche éprouvée
du sage somali connu et reconnu. A petits pas, en donnant bien pastoralement
du temps au temps.
A bon entendeur...
Education
Les élèves
de 3ème en
grève
Depuis lundi
dernier, les élèves de 3ème des collèges
manifestent leur mécontentement, descendant même dans la
rue. Parti du collège d'enseignement secondaire le plus récent,
que le ministère de l'Education a installé dans certains
des locaux du camp militaire Omar Aline de Boulaos, dont l'autre partie
abrite le Bataillon Artillerie de l'Armée Nationale, le mouvement
de grève tend à se généraliser. Nombreux
sont les collégiens qui bravent la chape de plomb du pouvoir
en place et crient leur colère dans les grandes artères
de la capitale : Boulevard de Gaulle, Boulevard de la République...
Bien sûr,
les forces de l'ordre chargent les manifestants, usant comme d'ordinaire
de gaz lacrymogène et de coups de matraque, mais cela n'affecte
en rien la détermination des collégiens. Ils savent ce
qu'ils font et persévèrent.
Motif : protester
contre une mesure ministérielle de fraîche date qui durcit
les critères d'admission de la 3ème à la classe
de Seconde déjà réputée être un terrible
goulot d'étranglement. En effet, loin de démocratiser
ce passage du premier cycle secondaire au deuxième, le ministère
subordonne désormais l'admission en Seconde à l'obtention
du Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC) : suivant cette mesure, les
notes du BEPC compteront pour 60%, contre seulement 40% pour le contrôle
continu, dans l'évaluation de la moyenne finale sur laquelle
reposera la sélection pour l'admission en Seconde.
Les élèves
jugent injuste que les résultats du BEPC, c'est-à-dire
ponctuels et pas toujours probants, soient prépondérants
par rapport au travail de toute l'année scolaire de l'élève.
" D'autant que, ajoutent-ils, la crédibilité des
examens nationaux tels que le BEPC ou l'entrée en 6ème,
a été entachée de fuites d'épreuves ces
dernières années au profit des enfants des dignitaires
du pouvoir ".
Il y a là,
on le voit, un sérieux problème dont les élèves
ne se trompent pas sur la portée.
A suivre.
Les suppléants
subissent des
retenues de solde
Les instituteurs suppléants en service dans les écoles
primaires publiques se sont vu opérer des retenues sur leur solde
au titre des jours de grève observés depuis le début
de l'année scolaire. Des retenues parfois si importantes qu'il
n'est pratiquement rien resté d'une solde déjà
réduite à la portion trop congrue par les coupes salariales
successives décidées au fil des ans par le régime
prédateur en place.
Ces retenues
ne concernent pour l'heure que les suppléants, la catégorie
statutairement la plus fragile du corps enseignant qui ne bénéficie
pas de la sécurité de l'emploi que garantit (sur le papier)
le fonctionnariat.
Pourquoi donc
ces retenues sélectives ? Certainement, cette mesure vise à
briser la cohésion du mouvement enseignant en s'attaquant d'abord
aux plus vulnérables, pour ensuite jeter son poison sur l'ensemble
de la profession.
Il appartient
donc aux enseignants d'en tirer les conséquences en rappelant
comme un seul homme que les jours de grève résultent de
la non-observation par l'Etat de ses engagements en matière de
solde : le travail régulier des agents de l'Etat suppose le règlement
régulier de la solde à la fin du mois pour assurer à
l'employé les moyens de sa subsistance. Et que de ce fait, si
faute il y a (jours de grève), elle est imputable à l'Etat
et non aux grévistes qui n'ont fait que réclamer leur
dû à un régime peu enclin au dialogue civilisé.
Ce qui fonde les victimes à exiger le remboursement des sommes
retenues.
A suivre.
Administration
Les agents
Obockois de l'Etat se
plaignent
Les agents de l'Etat au district d'Obock se plaignent de retards par
trop prolongés dans le paiement de leur solde par l'administration
du district. Une situation qui, selon eux, dure depuis 1993.
Dans une lettre
adressée au Commissaire de la République Chef du district
le 5 février 2000 dernier sur le sujet, les délégués
des agents du district écrivent que leur district est toujours
payé le dernier et que, de plus, la période de règlement
de la solde n'excède pas quelques jours, ce qui ne permet pas
aux salariés éloignés de venir percevoir leurs
émoluments. Dans le même courrier, ils font également
état de ce qu'ils appellent " la confusion totale "
concernant les prestations familiales : certains agents les percevraient,
d'autres non, et le montant varierait parfois d'un mois à l'autre.
Les agents de
l'Etat au district d'Obock, région sinistrée par la guerre
s'il en est, lancent maintenant par voie de presse un appel à
qui de droit pour voir cette situation pénible cesser.
Ils profitent
d'ailleurs de l'occasion, pour rappeler que copie a été
adressée (de leur correspondance du 5 février 2000 au
chef du district d'Obock) aux ministres des Finances, de l'Intérieur,
de l'Emploi, de la Justice et de la Jeunesse-Sports-Loisirs.
A suivre.
Information
Les média
gouvernementaux égaux
à eux-mêmes
Décidément,
il est des plus difficiles aux média gouvernementaux de revenir
à la mission fondamentale qui est la leur, à savoir informer
en toute objectivité et en toute sérénité.
Depuis longtemps habitués à danser pour le prince dont
ils ont appris à traduire jusqu'aux moindres désirs, au
point que d'aucuns les traitent d'albums officiels, les médias
publics, qui ne sont devenus gouvernementaux que dans les faits, peinent
à se normaliser. Déconsidérés du fait de
leur flagrante inféodation, ils ont du mal à reconquérir
un minimum de crédibilité auprès du lectorat.
Difficile de
se défaire de réflexes vieux de décennies entières.
Difficile de faire de l'information quand on a toujours été
la voix du maître. Difficile de songer à la liberté
lorsque l'on a toujours vécu dans la servilité. Difficile
de se relever pour qui a toujours été couché.
Ces jours-ci
ne sont donc pas aisés pour le petit monde de la presse officielle.
Il est livré aux affres de l'interrogation, du doute même,
sans pouvoir y voir clair, se frayer une ligne. Tandis que le pays s'achemine
inexorablement vers le changement, entraîné par l'air libérateur
du temps et la volonté profonde d'un peuple qui a sacrifié
jusqu'à son sang (ce qu'il a de plus précieux au monde),
les média officiels jouent encore sur le mode désuet du
plaire, s'abîmant dans une partition odieusement rétrograde.
C'est ainsi que
la couverture du retour du président du FRUD, Ahmed Dini Ahmed,
et de sa délégation, ceux-là mêmes qui ont
signé " l'accord cadre de reforme et de concorde "
du 7 février à Paris, a été escamotée.
Que le seul journaliste, Ali Barkat Siradj de la Nation, qui a tenté
de faire droit à la dignité professionnelle, a subi les
foudres de la hiérarchie.
C'est ainsi également
que le compte rendu de la visite de condoléances, au Palais présidentiel
le 12 avril 2000, de l'opposition djiboutienne, civilisée et
responsable, à Monsieur Ismaël Omar Guelleh dont le père
venait de disparaître, laisse à désirer. La RTD
a avalé des images et la Nation des noms. Comme ils ont toujours
avalé leur dignité professionnelle. Outre les vues générales
de la rencontre, la télévision a avalé les images
de M Mahdi Ibrahim Ahmed God, président du FUOD, et de Kamil
Mohamed Ahmed dit Kebir, membre dirigeant du FRUD, récemment
sorti de Gabode. Quant au journal la Nation (édition du jeudi
13 avril 2000) et à la radio, ils ont ingurgité trop de
noms et de choses.
Rappelons donc,
pour rétablir la vérité pour les lecteurs et lectrices
ainsi que pour les auditeurs et auditrices et autres téléspectateurs
et téléspectatrices, que nous autres savons respecter,
la composition de la délégation de l'opposition :
FRUD
-Ahmed
Dini Ahmed, président
-Chehem
Daoud Chehem, vice-président
-Dabale
Ahmed Kassim, membre dirigeant
-Hassan
Moukbel, membre dirigeant
-Kamil
Mohamed Ahmed dit Kebir,membre dirigeant
Haut Conseil
National de l'ODU
Au
titre des partis et mouvements :
-Mahdi
Ibrahim Ahmed God, président du FUOD
-Daher
Ahmed Farah, président du PRD
-Aden
Robleh Awaleh, président du PND
-Moumin
Bahdon Farah et Ahmed Boulaleh Barreh, GDR
Au titre des
personnalités :
-Ali
Mehidal Waîss
-Farah
Ali Waberi
-Ahmed
Walieh Samatar
Société
Ce pédophile
expatrié qui
sévissait sous nos cieux.
Un pédophile
de plus de cinquante ans qui sévissait dans la capitale où
il travaillait et résidait, a été arrêté
et écroué à la prison centrale de Gabode voilà
plusieurs semaines, au courant du mois de mars 2000.
Répondant
au nom de Jules Marciles, cet expatrié canadien était
en poste à l'autorité Intergouvernementale pour le Développement
(IGAD) à Djibouti, organisme auquel le liait un contrat de six
mois renouvelé peu avant son arrestation. Spécialiste
de la documentation, il avait été engagé pour la
restructuration du centre de documentation de l'organisation.
Bien que marié
et père de deux enfants, cet individu vivait en célibataire
dans une belle villa de la cité de l'aviation où il se
livrait à ses déviations sexuelles. Appâtant les
jeunes garçons (certains avaient à peine quelques années)
à coups de bakchich et autres petits cadeaux, il les prenait
dans ses rets pour assouvir ses désirs de pervers sexuel. La
police, alertée par des voisins, aurait d'ailleurs mis la main,
au moment de son arrestation, sur des cassettes vidéo fort compromettantes
dont certaines auraient été tournées au Kenya.
En effet, ce
quinquagénaire avait été en poste au Kenya où
il avait passé quatre ans avant de regagner le Canada d'où
il était venu à Djibouti.
Il s'agissait
donc d'agissements anciens et avérés, faisant peser de
véritables dangers sur la société.
Selon nos informations,
sous nos cieux, ses petites victimes sont nombreuses. Beaucoup vivant
à Ambouli et dans les environs du lieu de résidence du
pédophile.
Concernant son
sort judiciaire, le coupable semble pour l'heure sous le coup d'un mandat
de dépôt à la prison de Gabode et son procès
suivrait son cours.
Espérons
qu'il sera puni dans toutes les rigueurs de la loi et que ses innocentes
victimes ne seront pas oubliées.
A suivre.
Droits
de l'Homme
Soutien à
l'opposant guinéen
Alpha Condé
Le président
du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), Daher Ahmed Farah,
le Bureau National du Parti ainsi que son journal le Renouveau, seul
organe de presse libre à encore paraître en terre djiboutienne,
expriment leur total soutien à l'opposant guinéen Alpha
Condé, principal adversaire politique du président-général
Lanzana Conté. Jeté en prison en décembre 1998,
au lendemain d'une élection présidentielle très
controversée où le chef l'Etat sortant, le général
Lanzana Conté, avait visiblement recouru à la fraude,
Monsieur Condé comparaît ces jours-ci devant la Cour de
Sûreté de l'Etat, juridiction d'exception dont l'anachronisme
en ce XXIème siècle naissant n'est que patent.
Universitaire
de renom (il a notamment enseigné le droit international dans
les universités parisiennes), et brillant intellectuel, Alpha
Condé appartient à la génération de politiciens
dont l'Afrique a tant besoin pour relever les défis du millénaire.
Son emprisonnement arbitraire par l'autocratie galonnée qui mal-gouverne
son pays s'inscrit dans les derniers soubresauts de l'alimentarisme
politique dans un continent qui n'en a que trop souffert. Son combat
est aussi le nôtre car c'est un combat contre l'obscurantisme
fossoyeur et pour la démocratie libératrice.
Aussi demandons-nous
la fin de la parodie de procès mise en scène à
son encontre et sa libération immédiate.
Soutien au
peuple tchetchène
Le Haut Conseil
National de l'Opposition Djiboutienne (ODU) et son président
Moussa Ahmed Idriss ainsi que le président du Parti du Renouveau
Démocratique, Daher Ahmed Farah, et le Bureau National du PRD
expriment leur solidarité avec le peuple tchetchène soumis
à une violence féroce, et à des fins de politique
politicarde intérieure, par le régime russe.
Ils exigent la
fin de l'enfer que subit ce peuple martyr et lancent un appel à
la communauté internationale pour intensifier les pressions sur
le pouvoir russe afin de sauver les enfants, les femmes, les vieillards...
tchetchènes du déluge de malheurs que leur impose Moscou.
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'Le Renouveau' ----------------------
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LE
RENOUVEAU
N°
357 du
Jeudi 27 Avril 2000
ENVIRONNEMENT - SANTE
CES EAUX DE
LA MORT
Elles sont là immobiles, stagnantes, nauséabondes et de
couleur indescriptible à force de dégradation. Elles serpentent
à travers les artères de la capitale ou, plutôt,
des quartiers populaires et populeux. Il y en a tout au long de l'Avenue
Nasser, de l'Avenue Guelleh Betel, de la route longeant le cimetière
pour relier Guelleh Betel à la Route d'Arta. Elles traversent
le boulevard de Gaulle et la route de la Siesta pour approcher la mer
sans y jeter. En de nombreux endroits, elles sont bien visibles parce
qu'à ciel ouvert et sont encore plus chargées qu'ailleurs.
Chargées de toutes sortes de matières et de liquides.
Elles, vous les
avez certainement devinées tant elles meublent vos mauvais rêves,
ce sont les eaux dites pluviales. Elles infectent l'environnement urbain
et populaire depuis déjà quelques années. Exactement
depuis qu'une certaine société du nom de SADE a couché
des canalisations (dont la qualité est d'ailleurs controversée)
un peu partout dans la basse ville dans le cadre de ce que l'on appelle
le Projet de Développement Urbain de Djibouti (PDUD). Moyennant
des centaines de millions de nos francs, bien sûr.
" Il s'agit,
nous expliquait-on l'époque, de mettre en place le réseau
d'évacuation des eaux pluviales qui fait cruellement défaut
à la capitale ", non sans une forte dose de fierté
dans la parole comme dans le geste. Et sincèrement, nous en éprouvions
un immense soulagement à l'idée de ne plus avoir à
patauger dans la boue et l'eau trouble à chaque saison des pluies.
" Enfin, nous réjouissions-nous, nous ne subirons plus le
spectacle insoutenable de cloaque immense auquel nous a habitués
la capitale aux lendemains des précipitations ".
C'était
crier victoire trop tôt. C'était oublier l'incurie de nos
gouvernants. C'était prendre nos rêves pour la réalité.
En effet, les
travaux se sont un jour arrêtés. Comme cela, brutalement.
L'entreprise a attendu quelques temps, puis plié bagages. Pourquoi
? Nous apprenons que c'est pour une sordide histoire de contrepartie
budgétaire (20% du projet) que le gouvernement n'a pu ou voulu
honorer pour que le projet aille à son terme. Les bailleurs de
fonds ont alors suspendu leurs décaissements (versements de fonds)
par mesure de rétorsion à l'Etat de Djibouti qui n'a pas
honoré ses engagements (la fameuse contrepartie) dans ce projet.
La joie populaire
aura été de courte durée, car ce qui devait soulager
les habitants des quartiers populaires et populeux, ce qui devait les
sauver des inondations boueuses et nauséeuses, a vite tourné
au cauchemar, puis à l'enfer.
Au cauchemar
d'abord, du fait de ces conduites qui captent les eaux pluviales et
les conservent indéfiniment en leur sein. Recevant en sus partout
où elles n'ont pas été refermées, eaux usées
et autres rebuts urbains. De sorte qu'elles finissent par former un
véritable réservoir d'agents pathogènes en tous
genres qui ne se privent pas du plaisir de partir à l'assaut
de la Cité-Etat.
Mais, comme un
malheur n'arrive pas seul, par une perversion rppienne (du RPP, parti
au pouvoir) des choses, la période des pluies, où le réseau
en question devait initialement jouer son rôle évacuateur
et ainsi soulager la ville de ces eaux du ciel tombées, est devenue
synonyme de massacre et d'enfer. Surtout pour les enfants que la mort
happe. En se mouvant dans les flaques d'eau, les petits tombent dans
les conduites à ciel ouvert où ils ne se noient à
mort. Chaque saison des pluies emporte ainsi, à jamais, plusieurs
êtres innocents. Tragique...
Voilà
comment les eaux du salut sont devenues les eaux de la mort. Par la
magie morbide de la mal-gouvernance. Sans que, dans l'état actuel
des choses, l'espoir d'y échapper ne se profile à l'horizon...
ECONOMIE SOCIALE
LES
BOULANGERIES FRAPPEES PAR LA CRISE
Les boulangeries
du pays subissent de plein fouet la crise de mal-gestion qui affecte
le pays. Activité sociale par excellence, puisque le pain est
une denrée de première nécessité dont le
prix (20 FD la baguette) doit être à l'abri de la spéculation
et de l'inflation, la boulangerie est pourtant censée bénéficier
de l'attention des pouvoirs publics. Elle doit, en effet, être
subventionnée, dans une certaine mesure, pour l'aider à
maîtriser ses coûts de revient et à respecter la
sacro-sainte stabilité du prix de la baguette dont les Djiboutiens,
saignés par la situation, ne sauraient supporter la moindre hausse.
C'était
d'ailleurs le cas jusqu'il y a quelques années avec la vente
d'une farine subventionnée aux boulangers du pays par l'Office
National d'Approvisionnement et de Commercialisation (ONAC). Organisme
dont la mission et la raison d'être étaient de réguler
le marché des denrées de première nécessité
dans la jeune République. Ce faisant, rappelons-le, l'ONAC reprenait
et adaptait aux besoins d'un pays à édifier le rôle
dévolu aux magasins témoins de la période coloniale.
Cette farine
subventionnée, en maintenant le prix d'achat de la farine à
45 FD le kg, permettait donc à nos boulangers de nous offrir
la bonne vieille baguette à nos non moins bons vieux vingt francs.
Ce soutien des pouvoirs publics rendait au demeurant l'activité
viable et contribuait à une meilleure implantation des boulangeries
dans la capitale et dans les districts de l'intérieur.
Jusqu'à
ce que, à son tour, avec la dégradation de la situation
nationale, le secteur de la boulangerie se détériorât.
L'ONAC, confronté à des difficultés de mauvaise
gestion et à la prédation des dignitaires de tout poil
qui se substituaient à lui, notamment dans la commercialisation
de l'aide alimentaire, n'a pu continuer à approvisionner les
boulangers en farine subventionnée. D'où l'augmentation
du prix de revient chez ces artisans. Tenus de respecter le prix homologué
de 20 FD la baguette, mais sans plus bénéficier d'une
farine subventionnée puisqu'il leur fallait acheter le produit
au prix du marché (parfois à 60 FD le kg, soit 3000 FD
le sac de 50 kg), les boulangers ont vu surgir les difficultés.
Beaucoup n'ont pu tenir et fermé boutique. Ainsi des boulangeries
Mahdi à Einguela, Ananoug à la Rue de Zeila, de Farah
Had à Balbala, de Garned à la cité Progrès
,Abdillahi Q 7 Sud, du 8 mai à Ambouli, du Double coin au Quartier
7, de Saleh au quartier 1-2, etc. Ce sont des affaires anciennes qui
ont ainsi disparu du paysage économique, apportant son lot de
chômeurs et de misère sociale.
Et si certaines
boulangeries, appartenant à des proches du régime et qui
ont donc d'autres possibilités, ont vu le jour sur les ruines
des défuntes, le secteur n'en demeure pas moins moribond.
Les professionnels
n'en finissent pas de se lamenter, sans la moindre réaction du
régime qui vient de prononcer la liquidation de l'ONAC comme
pour signifier la fin de l'approvisionnement social.
D'où ce
mot amer d'un boulanger de longue date :" C'en est fait de notre
activité ".
Triste sort.
Un de plus, qui nous frappe au plus vulnérable.
SECURITE URBAINE
LA PEUR HANTE
LES QUARTIERS 1 ET 2
L'insécurité
urbaine est un problème réel dans la capitale djiboutienne.
Celle-ci ploie sous le poids des réfugiés économiques
de la sous-région et est en proie à la délinquance
juvénile nationale, ce qui accroît d'autant les risques
sur la tranquillité publique.
Cependant, le
phénomène n'affecte pas de la même manière
les différentes zones de la ville. Certains quartiers sont plus
touchés que d'autres. Ainsi des quartiers 1 et 2, qui sont situés
à la lisière de la basse ville. Ce sont en fait des quartiers
à grande activité où une tradition commerciale
ancienne (elle remonte aux débuts de la ville, du temps où
ces premiers quartiers de la basse ville s'appelaient Bender Djedid),
rythme la vie. Cette particularité produit ses effets secondaires
et attire des groupes de clandestins, de marginaux et autres asociaux
qui sévissent aux dépens de la population locale. Ils
font régner la peur et sèment la mort. Régulièrement,
les délinquants (jeunes Djiboutiens et clandestins de la sous-région)
s'illustrent par des actes de violence : blessures à l'arme blanche,
crimes crapuleux, vols à main armée, cambriolages, etc.
Les habitants,
apeurés, terrifiés même, se réfugient dans
le silence. Un silence de peur et de désespoir. " C'est
une chape infernale qui s'abat sur nous ", murmure d'indignation
un épicier local, établi là depuis plusieurs générations.
" Les autorités ne font rien pour nous ", renchérit
un autre habitant.
Les victimes,
c'est-à-dire les habitants des quartiers en question, se plaignent
de l'absence de police. Il n'existe pas en effet de poste de police
qui assure une présence de proximité et atténue
d'autant l'insécurité. Compte tenu de l'importance démographique
(forte densité) et de la particularité économique
(forte tradition commerciale), un effort de maintien de la tranquillité
publique ne serait vraiment pas de trop.
" Il y avait
une légère présence policière sous la forme
d'un poste temporaire de police durant quelques temps ", nous rappelle-t-on.
Mais elle a été supprimée sans que l'on sache pourquoi
: Ce n'était pas d'une grande efficacité, semble-t-il,
en raison de son faible effectif et de la mobilité réduite
des agents. Il n'empêche qu'elle exerçait une dissuasion,
surtout dans le périmètre de son implantation.
Depuis lors,
inexplicablement, ces deux vieux quartiers de la basse ville sont plongés
dans la peur. Entièrement livrés à la loi des bandes
et autres gangs.
Tristes sort...
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LE RENOUVEAU
N° 358 du
Jeudi 4 Mai 2000
ENVIRONNEMENT- SANTE
NOUS L'AVONS ECHAPPE BELLE
Mardi 2 mai 2000.
En ce début du mois humide de mai, les Djiboutiens s'attendent
à une journée lourde comme une autre. Ils s'attendent,
sans gaieté de cur, à étouffer et à
transpirer dans leurs habits pourtant légers d'été.
Il s'attendent à supporter encore une fois un singulier silence
céleste. Autant dire que, le mois de mai se mêlant à
la morosité ambiante, rien d'excitant ne se profile à
l'horizon...
Erreur, car le
ciel, d'ordinaire serein et si avare de surprise, nous en réserve
une. Comme pour nous convaincre de son vouloir, il nous donne d'ailleurs
un avant-goût de son don à travers quelques gouttes qu'il
précipite sur la terre torturée et nos têtes troublées.
La poussière, si prompte à se soulever au moindre courant
d'air, commence à se tasser sous ces fines boulettes d'eau pure.
Elle ne doit pas être enchantée d'être ainsi contrariée
dans ses assauts incessants contre nous autres nomades sédentarisés
sans vent à la semelle. D'avoir à subir, pour quelque
temps du moins, nos souliers lourds n'a rien pour réjouir une
poussière qui sait si bien prospérer de nos pesanteurs
pastorales.
Erreur donc que
de songer qu'il s'agit de ces gouttes sans suite par lesquelles notre
ciel nous rappelle de temps à autre qu'il recèle encore
des ressources régénérantes.
En effet, comme
pour moquer nos impressions, le ciel s'assombrit soudain, semant un
supplément de fraîcheur. Dès 9 heures, dans une
atmosphère digne de décembre, de grosses gouttes s'écrasent
sur le sol assoiffé. Elles se succèdent à une cadence
accélérée. Il pleut bel et bien. Il pleut abondamment.
C'est une pluie
de Dirac (" début de saison chaude " en parler pastoral
somali) qui arrose la capitale. L'accueil populaire est favorable, chaleureux
même. La douceur qui en découle nous dompte.
Pas pour longtemps
car l'eau, qui ruisselle et monte sans cesse dans son mouvement majestueux,
commence à nous inquiéter. Devant nos masures, dans nos
venelles défoncées, sur nos voies victimes de la vénalité
officielle, le précieux liquide limpide cesse d'être sympathique.
Il se trouble, menaçant de se mouvoir où il ne faut pas.
Le voilà
qui maintenant nous envahit, véloce dans sa vigueur. Il pénètre
partout. Nos abris s'en inondent. Nos ruelles s'en recouvrent rageusement.
Les bas quartiers, sans réseau évacuateur, sont tout en
eau.
Les égouts
des eaux usées, bouchés au possible, rendent gorge, les
vraies fausses conduites pluviales connaissent leur crue précoce,
les détritus de toutes sortes (qui traînent ça et
là faute de système efficient d'enlèvement des
ordures ménagères) déteignent et déterrent
leur hache d'hostilité... Nos dignes quartiers se parent de tous
les dangers...
Déjà,
l'affolement s'empare de nous. Les travailleurs rentrent en catastrophe
et les enfants sont récupérés d'urgence de l'école.
Les entrées de nos masures s'ouvrent, des chaînes humaines
se forment de nos pièces inondées jusqu'aux portes. Seaux
et autres boîtes entrent en action pour évacuer un liquide
devenu loup. Dans la panique, nous peinons pour bouter l'envahisseur
hors de nos frontières. Toutes les maisonnées se mobilisent
pour des résultats peu réjouissants. Le combat est inégal...
Pendant ce temps,
Radio Djibouti grésille de nouvelles officielles. Le régime
se rengorge à Arta devant quelques dizaines de Somaliens précipitamment
rassemblés et auxquels, de remontrances en recommandations impératives,
l'on exige des exploits. Avec célérité, il faut
à ces Somaliens majoritairement vêtus de neuf pour l'occasion
aux frais du contribuable djiboutien, arrêter des solutions sans
appel. Non sans être aidés en cela par la science infuse
de nos grands gouvernants...
Ismaël Omar
est intarissable de leçons, la voix tonitruante, le geste injonctif,
dans le style qui est le sien. Non sans ajouter de temps à autre,
comme pour la forme, que les participants sont libres de réfléchir
et de décider.
Puisque, selon
Monsieur Ismaël Omar, la conférence de réconciliation
somalienne d'Arta est libre d'entendre qui elle veut sur la crise complexe
qu'elle " doit "régler, je, moi Daher Ahmed Farah,
ressortissant et responsable djiboutien, souhaiterais y prendre la parole
pour m'adresser quelques instants aux participants somaliens sur le
sujet grave qui les préoccupe.
Je compte sur
l'esprit de fraternité et de coopération des uns et des
autres pour obtenir cette prise de parole.
C'est par souci
de transparence que je formule ma demande par voie de presse. Par avance,
merci.
Ahmed Nadji,
l'artiste somalien si habile à arpenter les ruelles du régime
djiboutien, n'est pas en reste. Il ne se lasse pas d'encenser le petit-fils
de Guelleh Betel, de chanter à sa gloire. Nous l'entendons encore
enfourchant sa luth pour entonner : " Guellow Ismaël (Ismaël
le Chamelier)... ". Cela n'est pas sans nous rappeler d'autres
sonorités entendues en d'autres temps du type : " Goul wadé
Siad (Siad le Victorieux)... ".
Rien donc à
attendre de nos " réconciliateurs " d'Arta. Il nous
faut négocier comme nous pouvons avec ces eaux subitement inamicales.
Fort heureusement,
les précipitations, soudain attendries, s'arrêtent en début
d'après-midi. Notre soulagement est immense. Nous remercions
Allah d'avoir ainsi modéré les ardeurs célestes.
Nous l'avons échappé belle.
Aussi lâchons-nous,
unanimes et les pieds dans l'eau : " Djibouti aussi a besoin d'une
Arta nationale avant qu'il ne soit trop tard... "
POLITIQUE REGIONALE
MONSIEUR GUELLEH
OUVRE " SA " CONFERENCE SOMALIENNE A ARTA
Après
son report in extremis voilà près de deux semaines, la
fameuse conférence de réconciliation somalienne, la 13ème
du genre, convoquée par Monsieur Ismaël Omar Guelleh dans
le cadre de ce qu'il a appelé son " plan de paix pour la
Somalie ", s'est enfin ouverte à Arta mardi 2 mai au matin
sous un chapiteau installé à cet effet sur un terrain
de football de la ville d'Arta.
C'est Monsieur
Ismaël Omar qui, sous bonne escorte armée comme d'ordinaire,
a inauguré la réunion où, il faut le dire , il
n'y avait pas foule. L'on ne se bousculait pas au portillon, en effet,
et les balayages de la caméra de la télévision
gouvernementale, faisaient apparaître presque autant de Djiboutiens
que de Somaliens en cette séance inaugurale. Les visages potelés
des dignitaires du régime, petits et grands confondus, et l'éclat
à l'éclaircissant d'une certaine gent féminine
étaient omniprésents.
Monsieur Ali
Abdi Farah, Ministre des Affaires Etrangères et président
du comité d'organisation, avouait d'ailleurs dans la journée
au micro de Ghislaine Dupond de Radio France Internationale (RFI) que
le nombre des participants approchait les 250 personnes. Loin donc des
1500 à 3000 participants attendus avant le report in extremis
(mercredi 19 avril dernier) de la réunion. Loin aussi des 450
participants annoncés dans les journaux d'une RTD décidément
fâchée avec les chiffres. Le journaliste Mohamed Daher
(de la RTD), dans l'édition spéciale qu'il devait consacrer
à l'ouverture de la réunion , édition retransmise
par satellite vers la diaspora somalienne au prix fort (cette conférence
est aussi une opération de marketing pour son initiateur), rectifiait
d'ailleurs de lui-même, retenant le chiffre de 250 participants
fourni par le ministre responsable de l'organisation.
Ce sont essentiellement,
pour reprendre la formule gouvernementale, des membres de la société
civile qui étaient présents à la réunion,
à l'exclusion des chefs de guerre et autres personnalités
politiques en vue. Et de fait, de nombreux visages marqués du
sceau de l'âge étaient visibles, que le pouvoir présentait
comme des chefs coutumiers, chose que nous ne pouvons vérifier,
ce qui n'exclut point pour autant la question de la représentativité
effective qui ne se confond pas avec le titre porté (réel
ou usurpé).
Contrairement
aux allégations fracassantes du pouvoir djiboutien, la communauté
internationale n'a pas brillé par sa présence. Seuls ont
fait le déplacement un représentant du Secrétaire
Général de la Ligue des Etats Arabes et l'envoyé
spécial du Secrétaire Général Kofi Annan
des Nations Unies pour les affaires somaliennes. Aucune présence
de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), ni de son président
en exercice, de la Conférence Islamique, de l'Union Européenne.
Pas même les pays de l'IGAD n'ont daigné honorer de leur
présence la conférence. Seuls l'Ethiopie, représentée
non par son ministre des Affaires étrangères comme annoncé
initialement par la RTD, mais par celui de la Coopération internationale,
et le Soudan, qui a dépêché son ministre des Affaires
Etrangères, étaient là. Le Kenya (pourtant annoncé
par la RTD), l'Ouganda, l'Erythrée étaient absents. Même
constat pour l'Egypte, pourtant vivement intéressé par
les affaires somaliennes comme chacun le sait, et pour la Libye, deux
pays dont le régime se prévaut régulièrement
du soutien. La RTD n'avait-elle pas annoncé voilà peu
que l'Egypte serait représentée à la conférence
par un envoyé officiel ?
Au plan de l'atmosphère
inaugurale, remarquons que l'air débonnaire et souriant perceptible
du côté djiboutien de la tribune officielle tranchait avec
la gravité affichée par les rares représentants
étrangers (non somaliens) présents, comme avec la solennité
relative des participants et autres invités. Le ridicule surgira
lorsque, un artiste somalien du surnom de Yam Yam, invité à
la conférence par le gouvernement djiboutien, aura cru bien faire
en traitant de " dromadaires à dompter par le chamelier
Guelleh " les participants somaliens à la conférence.
Ajoutant que le grand-père de Monsieur Ismaël Omar était
une grande figure régionale très respectée du gouverneur
colonial français qui, selon lui, se précipitait à
sa rencontre dès qu'il descendait de Diré-Dawa. Ce que
l'initiateur du " plan de paix pour la somalie " n'a pas jugé
utile de démentir...
Il faut dire
que nous en avons vu d'autres sous ce régime... N'avons-nous
pas lu, par exemple, voilà quelques années, dans un manuel
d'histoire pour élèves de l'enseignement primaire, un
stupéfiant passage présentant Monsieur Guelleh Betel comme
un Ougas ? Ce qui naturellement est rigoureusement faux...
Côté
discours, se sont succédé au micro les rares représentants
étrangers qui ont exhorté les participants à réussir
leurs travaux. Parmi eux, un imam (en poste à Djibouti) de l'Université
Al Azhar d'Egypte qui, pour y avoir séjourné, aime la
Somalie, a su bien jouer sur le registre de l'émotion sincère.
Prenant à
son tour la parole, Monsieur Ismaël Omar, dans son allocution inaugurale,
s'est montré directif à l'adresse des participants. Répétant
notamment que " sa " conférence était celle
de la dernière chance pour la Somalie et qu'il était mandaté
par l'ensemble de la communauté internationale : son appel pour
la création d'un fond pour la reconstruction de la Somalie ne
s'adresse pourtant qu'au monde arabe. Démagogue, il n'omet pas
de rappeler les critères auxquels doit satisfaire un bon gouvernant
: son régime répond-il à ces critères ?
C'est vers treize
heures que la séance s'est achevée.
Les participants
se seraient ensuite organisés en cinq groupes de travail pour
la suite de la conférence. Les chefs traditionnels se réunissant
entre eux les deux premiers jours dans la résidence secondaire
de l'ancien chef de l'Etat djiboutien, Hassan Gouled, ce que ne semblent
pas apprécier les participants " politiques " qui jugent
trop forte la préférence du pouvoir djiboutien pour ces
" sages ".
A suivre.
MONDE DU TRAVAIL
UN 1er MAI
VOLE
La fête
du 1er mai 2000 est tombée sur un lundi cette année. C'était
donc lundi dernier que l'événement était célébré.
A Djibouti comme ailleurs dans le monde.
Seulement à
Djibouti, les véritables travailleurs n'ont pas été
de la fête. Ils l'ont boudée, restant tranquillement chez
eux.
C'est que les
locaux, le matériel et les titres de la représentation
syndicale sont encore détenus par des gens dont la seule légitimité
est d'avoir été désignés par le régime.
Ces individus, triés en raison de leur fidélité
avérée au pouvoir en place, se sont vus bombardés
hauts responsables syndicaux : ils arborent depuis le mois de juillet
1999 dernier les qualités ainsi usurpées de leaders des
deux centrales syndicales du pays, l'Union Démocratique du Travail
(UDT) et l'Union Générale des Travailleurs Djiboutiens
(UGTD).
Ce sont donc
ces quelques individus qui se sont manifestés sur la place du
travail l'autre jour. Non sans avoir racolé à travers
la ville une poignée de figurants pour les besoins de la mise
en scène.
Les véritables
travailleurs et responsables syndicaux authentiques s'attellent actuellement,
comme nous en avons rendu compte dans notre dernière édition,
au renouvellement démocratique des structures syndicales de base
pour les laver de l'ingérence gouvernementale et les rétablir
dans leur légitimité perdue. Etape nécessaire à
la tenue du ou des congrès de renouvellement des centrales syndicales
sous le contrôle vigilant des instances internationales du Travail.
Lesquelles veillent au grain depuis que le régime a été
mis en demeure de se retirer de la vie syndicale où ses ingérences
et autres agissements liberticides ne sont que notoires.
Encore une fois
donc, c'est la mise en scène qui s'est ridiculement affichée
ce 1er mai 2000, complaisamment retransmise par les média gouvernementaux,
c'est-à-dire par la voix du maître. Encore une fois, c'est
la grossière imitation qui s'est vautrée dans la boue
du méprisable, tentant risiblement de se faire passer pour ce
qu'elle n'est pas. Comme si elle avait quelque chance d'y arriver dans
ce petit pays où tout le monde connaît tout le monde, et
où aucune hyène ne peut passer pour une vache laitière.
N'était-ce
pas ridicule que ce 1er mai, notamment avec la lecture hésitante,
incertaine, embarrassée, d'une soi-disante allocution lue par
un soi-disant leader syndical du nom de Sikieh dont les mots sans saveur
sortaient péniblement, sucés de leur substance ? Ce personnage
serait sans doute plus utile à la société au volant
de sa motrice (il est conducteur de train de métier) qu'aux commandes
d'une centrale syndicale requérant d'autres qualités et
capacités.
Autant dire que
c'était un 1er mai volé.
COMMUNICATION
LA
JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE PRESSE
C'était
hier mercredi 3 mai 2000 que la Journée Mondiale de la Liberté
de presse a été célébrée à
travers le monde.
Cette journée
commémorative était l'occasion de faire le bilan et de
prendre de nouveau la mesure du combat à conduire. Pilier de
la démocratie, dont l'exercice est indissociable de l'existence
d'une presse libre et opérationnelle, la liberté de la
presse est d'une importance vitale. L'expérience montre abondamment
que partout où elle existe et s'exerce, elle contribue à
humaniser les rapports gouvernants-gouvernés comme les rapports
entre les autres acteurs de la société. Ce n'est d'ailleurs
pas un hasard si le niveau de développement de la presse reflète
généralement le niveau d'avancement du pays d'appartenance.
Il va de soi
que les adeptes (gouvernants et autres) de la loi de la jungle n'apprécient
pas la liberté de la presse et la musellent. C'est le cas chez
nous à Djibouti où la presse libre n'existe pratiquement
plus à force de répression. Le seul organe libre à
encore paraître est le Renouveau, dont le sort (que lui réserve
le régime) est des plus connus : confiscation de matériel,
suspension, emprisonnement de son directeur de publication, intimidations
de toutes sortes, etc. Ce qui ne l'empêche pas de tenir et d'être
régulier depuis sa naissance en octobre 1992. Avec des moyens
antiques, il est vrai.
Les exemples
de répression de cette précieuse liberté sont d'ailleurs
légion à travers ce monde dur, et l'on ne compte plus
le nombre de journalistes jetés en prison ou tués : 80
d'entre eux croupissent en détention et pas moins de 34 autres
ont trouvé la mort pour la seule année 1999. Des dirigeants
tels que les présidents Ben Ali de Tunisie et Dos Santos d'Angola,
le chef rebelle Fodé Sankoh de Sierra Leone, etc. pour ne citer
que les Africains, s'illustrent régulièrement par les
atteintes à la liberté de la presse dans leurs pays respectifs.
C'est dire si
ce combat pour la liberté de la presse est plus que jamais d'actualité.
APPEL
A VOUS QUI AIMEZ LA LIBERTE D'EXPRESSION
A l'occasion
de la journée mondiale de la presse, il nous a paru opportun
de nous adresser à nos lecteurs et lectrices et à tous
ceux et celles d'entre vous attachés à la liberté
d'expression et de presse, pour leur lancer un appel en faveur du Renouveau.
Cela fait plus de sept ans que cet organe existe et paraît chaque
semaine. Vous êtes très nombreux à nous dire votre
estime et votre attachement. Ce qui nous fait chaud au cur et
nous aide à tenir contre vents et marées.
Mais cela fait
aussi sept ans que le Renouveau uvre dans le dénuement
et demeure, au plan matériel, à un stade antique. Cela
pour des raisons essentiellement économiques liées à
la faiblesse du lectorat djiboutien (le taux d'analphabétisatisme
est chez nous très élevé et l'oralité encore
la règle), d'absence de publicité (les annonceurs craignent
les représailles du régime et se tournent uniquement vers
la presse officielle) et à la misère sociale (beaucoup
n'ont pas de quoi acheter de journal).
Le Renouveau,
qui fonctionne totalement selon le principe du bénévolat,
a donc besoin d'être soutenu. Il a besoin de votre soutien matériel
pour s'améliorer dans sa présentation comme dans son fonctionnement.
Vous pouvez le soutenir sous les formes les plus diverses, à
votre convenance : abonnement de soutien, don, legs...
Naturellement,
nous garantissons, à ceux et celles qui le souhaitent pour des
raisons que nous pouvons parfaitement comprendre ,l'anonymat et une
totale discrétion.
Le Renouveau,
c'est aussi votre journal. En l'aidant, vous l'aidez à mieux
porter la flamme de la liberté d'expression dans cet univers
de bâillonnement et de censure créé et entretenu
par un régime d'un autre âge
Nous vous remercions
infiniment de votre compréhension.
La Direction
ADMINISTRATION
LES
AGENTS OBOCKOIS DE L'ETAT ATTENDENT ENCORE
Les agents obckois de l'Etat, qui se plaignent de lenteurs dans le règlement
de leurs solde et autres allocations familiales, ont demandé
qu'il y soit remédié. Ils attendent encore que des mesures
concrètes soient prises pour que ces lenteurs cessent.
Aussi interpellent-ils
de nouveau le commissaire de la République chef du district d'Obock
qu'ils ont saisi de cette affaire.
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Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------
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LE
RENOUVEAU
N°
359 du Jeudi 18 Mai 2000
POLITIQUE REGIONALE
LETTRE OUVERTE
AUX SOMALIENS
par
Daher
Ahmed Farah
chers freres
et soeurs,
Ne pouvant nous
adresser directement à vous, sous le chapiteau d'Arta où,
selon le régime djiboutien, des personnalités coutumières
vous représentant débattent pour vous réconcilier
et dégager les voies et moyens de mettre fin au drame que traverse
votre cher pays depuis maintenant une dizaine d'années, ne pouvant
donc prendre la parole devant vous, en dépit de notre demande
expresse en ce sens, du fait du régime de Monsieur Ismaël
Omar Guelleh prompt à museler les opposants, nous nous permettons
de vous faire tenir cette lettre ouverte par voie de presse.
C'est volontairement
que nous nous exprimons en français pour prendre à témoin
l'opinion publique nationale et internationale.
Comme vous pouvez
aisément l'imaginer, nous souhaitons, comme tous vos frères
et voisins djiboutiens, la fin de vos malheurs. Nous le souhaitons vivement,
du plus profond de notre être. D'où l'irrépressible
cri du cur et de la raison que nous poussons à travers
ces quelques modestes lignes.
Ce que nous souhaitons
souligner, c'est l'impérieuse nécessité pour les
Somaliens de parvenir à leurs objectifs : réconcilier
le peuple somalien et lui fournir les moyens de restaurer son Etat et
de reconstruire son pays.
C'est là,
nous en convenons aisément, une vaste tâche qui ne peut
souffrir d'erreurs. Une tâche vitale dont le succès nous
semble déterminant, décisif, pour le destin de tout un
peuple et de la nation qu'il forme malgré tout.
Comme le dit
si joliment le dicton, " Arine aan la rogrogin rag ma heline (d'une
affaire non examinée, l'on ne peut dire que des hommes s'y sont
penchés) ", avant de songer aux remèdes, il faut
diagnostiquer le mal, déterminer sa nature. Car à chaque
mal correspondent ses remèdes.
D'où la
nécessité, dans toute entreprise de réconciliation
somalienne, d'examiner sérieusement la situation, de la considérer
dans toute sa complexité, de ne négliger aucun aspect
essentiel. Il faut se donner le temps de s'interroger ensemble, pour
mieux appréhender les problèmes et mieux entrevoir les
solutions. Un bon diagnostic, c'est 50% du traitement, disent les praticiens.
S'interroger
sur les causes profondes de la tragédie somalienne mais aussi
sur les raisons de son insoutenable persistance. Pourquoi et comment
l'un des pays phares de l'Afrique indépendante, fascinant à
plus d'un titre, en est-il arrivé à s'effondrer du sommet
de ses succès ? Par quelle funeste alchimie le sort somalien
s'est-il scellé ? Pourquoi et comment le drame perdure-t-il depuis
dix ans ? Pourquoi toutes les tentatives de réconciliations,
d'où qu'elles viennent, ont-elles échoué... ?
Nous souhaiterions
pour notre part, dans le cadre de notre modeste intervention, nous attarder
un instant sur cette dernière question de la réconciliation,
car elle concerne l'objet de l'initiative que le chef du pouvoir djiboutien
affirme avoir prise au nom du peuple djiboutien et qu'il s'agit d'une
entreprise trop importante pour être laissée entre les
mains d'un seul homme. N'est-ce pas précisément l'exercice
autocratique du pouvoir d'Etat qui a fait de la Somalie ce qu'elle est
et qui justifie cette réconciliation nationale si vitale ? Laquelle,
on ne le soulignera jamais assez, ne pouvant en aucune façon
faire l'économie d'un examen approfondi autour des questions
essentielles, du pourquoi et du comment.
Nous ne pouvons
nous retenir de rappeler que pas moins de douze conférences de
réconciliation ont échoué depuis les débuts
de la crise somalienne. La première était organisée
par la République de Djibouti en juillet 1991 sous le régime
du président Hassan Gouled Aptidon dont Monsieur Ismaël
Omar Guelleh était le bras sécuritaire et l'un des tout
proches collaborateurs.
Le point commun
de toutes ces conférences de réconciliation était
leur organisation par des pays tiers. Des pays certes frères
ou amis, interpellés sans doute par le drame somalien, mais des
pays tiers tout de même. Toutes ces conférences ont donc
été conçues et mises en oeuvre par des Etats tiers,
souvent avec la complicité active de certains acteurs somaliens.
Or, ces Etats
organisateurs, si liés soient-ils à la Somalie, n'ont
pas forcément les mêmes intérêts que les malheureux
Somaliens livrés à l'enfer sur terre. Un Etat digne de
ce nom, disait un homme d'Etat célèbre, n'a point d'amis,
il n'a que des intérêts.
Du reste, il
nous est donné de constater que les régions somaliennes
où la paix est revenue sont celles où les Somaliens ont
eux-mêmes pris les choses en main, discutant sans intermédiaire
de leurs problèmes et trouvant entre eux une formule de vie collective.
L'exemple du Somaliland, suivi quelques années plus tard du Puntland,
nous semble éloquent .
Cela n'a d'ailleurs
rien d'étonnant pour qui connaît la société
somalienne et sa culture. Comme tous les Somalis (nous pouvons dire
la même chose des Afars, autre peuple de pasteurs nomades frère
des Somalis), les Somaliens sont les héritiers d'une riche culture
de dialogue (de démocratie pastorale, diraient les spécialistes)
où les différends internes se règlent par le verbe
sous l'arbre à palabres. De mémoire de pasteur nomade,
il n'est pas de conflit interne, de différend, qui n'ait fini
par connaître un heureux dénouement sous l'arbre à
palabres. Les guerres inter-claniques les plus meurtrières ont
toujours fini par cesser lorsque les protagonistes, l'explosion passionnelle
passée, ont repris langue. La paix retrouvée se scellant
souvent par des mariages entre jeunes gens et jeunes filles des deux
groupes réconciliés. Une façon de consolider la
paix civile par un resserrement des liens du sang.
N'est-ce pas,
du reste, au nom de cette culture que le régime de Monsieur Ismaël
Omar vient d'engager directement le dialogue avec l'opposition armée
djiboutienne (alliée à l'opposition civile) du FRUD présidée
par Monsieur Ahmed Dini Ahmed en terre djiboutienne ?
Voilà
pourquoi nous pensons que seuls les Somaliens, en prenant véritablement
leurs affaires en main, peuvent parvenir à une authentique réconciliation
qui débouche sur une réelle renaissance somalienne. Nous
le pensons d'autant plus fort que de nombreux indices nous amènent
à douter de la sincérité de l'initiative de paix
de Monsieur Ismaël Omar Guelleh, un Djiboutien que nous autres
Djiboutiens connaissons tout de même mieux que nos frères
somaliens.
En mal de légitimité
à l'intérieur des frontières nationales où
il a usurpé le pouvoir d'Etat, Monsieur Guelleh a certainement
cru trouver dans la tragédie somalienne matière à
acquérir quelque crédit international et à capter
de l'aide financière. Il a alors entrepris de prôner pour
les Somaliens une réconciliation nationale, celle-là même
qu'il fuyait dans son propre pays et avec ses propres concitoyens, massivement
opposés à sa prise du pouvoir.
L'initiative
de paix de Monsieur Ismaël Omar est en effet survenue au lendemain
de l'élection présidentielle djiboutienne qui a donné
lieu à un véritable hold up électoral au profit
de ce dernier et aux dépens de son adversaire unique, Monsieur
Moussa Ahmed Idriss, figure historique soutenue par l'ensemble des forces
de l'opposition, y compris le FRUD du président Ahmed Dini Ahmed.
C'est au moment
même où Monsieur Ismaël Omar Guelleh annonçait
son " plan de paix pour la Somalie " de la tribune des Nations
Unies, que son appareil répressif, en un dispositif des plus
impressionnants, donnait l'assaut contre le domicile du paisible Moussa
Ahmed Idriss, faisant un mort en la personne de son fils adoptif, Youssouf
Ismaël, et plusieurs blessés dont ses propres épouse
Saada Elmi et fille Aicha Moussa Ahmed Idriss.
La tonalité
du " message de paix " du fils de Omar Guelleh n'était
pas de nature à rassembler et trahissait, dans sa formulation
du moins, cette arrogance instinctive des disciples issus du moule de
la facilité.
Bientôt,
il apparaissait clairement que son " initiative de paix "
n'avait pas été précédée des efforts
et contacts de terrain préparatoires. Sahan n'avait été
effectué : sahan, ce mot somali, signifie la mission de reconnaissance
qu'effectue le pasteur nomade avant de décamper, soucieux de
s'assurer de l'hospitalité de la zone de transhumance pressentie
pour le déplacement pastoral du campement.
C'est à
posteriori que Monsieur Ismaël Omar courra à gauche et à
droite vers les pays, régions et organisations du monde intéressés
par la question de la réconciliation somalienne. Tandis que les
premiers intéressés, les Somaliens, apprendront l'entreprise
de paix dont ils font l'objet par voie de presse. C'est à quelques
jours seulement de la date du 20 avril 2000, date retenue par le pouvoir
djiboutien pour le début de la conférence de réconciliation,
que s'envoleront de Djibouti vers les régions somaliennes, c'est-à-dire
vers le véritable terrain à traiter, les premières
délégations de Monsieur Ismaël Omar. Provoquant de
vives réactions de rejet de la part des principales régions
somaliennes : Somaliland, Puntland, des secteurs importants de Mogadiscio
et de sa région Benadir, etc.(lire à ce sujet notre article
sur la question au Renouveau n°356 du 20 avril ), notamment ceux
contrôlés par les chefs de factions Houssein Aïdid,
Omar Ato, Ganyareh Afrah, etc.
Il faut dire
que l'opinion publique somalienne, hormis quelques voix complaisantes,
se montrait sceptique dès l'annonce d'un " plan de paix
" auquel rien ne l'avait préparée et dont elle ignorait
les tenants et les aboutissants.
Quant au peuple
djiboutien, au nom duquel Monsieur Ismaël Omar affirme entreprendre
ses démarches, il est tenu dans l'ignorance la plus totale de
" l'initiative de paix ". Il doit se contenter de la propagande
éculée puant le culte de la personnalité de Monsieur
Guelleh, que relaient certains journalistes du service somali de la
BBC connus sous nos cieux pour leurs relations privilégiées
avec le régime djiboutien.
Aucun intellectuel
djiboutien indépendant, aucun responsable politique de l'opposition,
aucune autorité morale respectée, ne sont associés.
En dehors de quelques courtisans bassement alimentaires, c'est la solitude
qui, comme d'ordinaire, prévaut autour de cette entreprise du
régime, dans un pays pourtant connu pour sa proximité
du peuple somalien auquel il est d'ailleurs reconnaissant de son soutien
décisif à la lutte nationale pour l'Indépendance.
Interrogé
sur les ondes du service somali de la BBC, où un journaliste
relèvera l'impréparation et le calendrier trop court de
la réconciliation, Monsieur Ismaël Omar Guelleh répondra
qu'il va justement vite pour éviter les palabres, les difficultés,
les résistances...
Curieuse conception
de la réconciliation qui nous a laissés stupéfaits,
mais qui n'a finalement guère étonné sous nos yeux
où l'on connaît bien l'homme.
Tous ces facteurs
ont fait que la conférence débute sous de mauvaises auspices
: report in extremis de la conférence initialement prévue
pour le 20 avril 2000 au 2 mai 2000 ; difficultés liées
à l'impréparation dont les divergences entre les participants
somaliens ; dépassement du délai de 15 jours fixé
pour la conférence ; soutien peu visible de la communauté
internationale ; faible participation des Somaliens (le Somaliland est
absent, le Puntland est défiant, le Benadir en grande partie
hostile, les Rahanwene se tiennent sur leurs grades) ; les appels incessants
de Monsieur Guelleh à la communauté internationale pour
un soutien financier ne semblent pas suivis d'effets...
C'est pour toutes
ces raisons que nous autres Djiboutiens doutons de la sincérité
de Monsieur Ismaël Omar Guelleh.
Or, les Somaliens
nous sont, pour nous autres Djiboutiens, très chers et ne souhaitons
en aucune manière voir exploiter leurs malheurs à des
fins inavouables. Nous voulons les voir sortir définitivement
de la situation insoutenable où ils ont sombré. Et nous
savons que c'est chose possible, d'autant plus possible que dix ans
de souffrances sans nom ont épuisé le peuple somalien,
rendant ardente son aspiration à la paix et à la réconciliation.
Paix véritable et réconciliation réelle. Non quelque
simulacre que ce soit.
Les chances de
la paix et de la réconciliation somaliennes sont donc réelles
et elles ne doivent en aucune manière être gaspillées.
Nul n'en a le droit.
Voilà
pourquoi nous lançons un appel pressant, un appel du cur
et de la raison, aux Somaliens où qu'ils soient. Nous les appelons
à voir la réalité en face et à prendre leurs
responsabilités. Nous les appelons à reprendre l'initiative
et à se réapproprier le débat sur leur propre destin.
Vous pouvez prendre Monsieur Ismaël Omar Guelleh au mot (officiellement,
Djibouti se contente de vous offrir l'hospitalité pour permettre
vos retrouvailles) et vous emparer de son initiative pour la repenser
et la faire vôtre. Qu'elle ait permis aux chefs traditionnels
de reprendre langue à Arta ou non, cette réunion ne vous
empêchera pas d'aller plus loin et d'enclencher une authentique
dynamique de paix et de réconciliation adaptée à
vos rythmes et à vos réalités concrètes.
Quitte à prolonger les palabres (shirs) chez vous sur le terrain,
comme au Somaliland.
La communauté
internationale vous soutiendra si vous le méritez. En d'autres
termes, aidez-vous et le monde vous aidera.
C'est de vous
tous, et de vous seuls, qu'il dépend que cette énième
occasion, quelles que soient les motivations inavouables de Monsieur
Guelleh, ne soit pas qu'une réunion de plus. Ou un prétexte
pour vous satelliser et piller. Vous pouvez la transformer en une véritable
réconciliation...
Notre modeste
soutien et celui du peuple frère djiboutien vous sont acquis.
Pour vous aider de manière sincère et désintéressée
.
Par avance, merci
de votre attention.
Très fraternellement
à vous.
Hydraulique
LA
QUESTION VITALE DE L'EAU par
N. S
Pour affronter
la complexité et la gravité des problèmes posés
par la pénurie d'eau, les acteurs internationaux (Banque Mondiale
pour la Construction et le Développement) proposent aux Etats
en conflit de tenir un congrès international pour débattre
du problème de l'eau, suggèrent, dans un mémorandum,
de mettre sur pied une nouvelle stratégie visant à répondre
aux besoins résultant du manque d'eau dans certains pays . Pour
la Banque Mondiale, la solution réside dans la recherche de nouvelles
sources, l'adoption d'une politique rationnelle concernant la consommation
et l'instauration d'une coopération régionale pour exploiter
les ressources existantes.
Aujourd'hui,
il n'existe pas de droit fluvial international, les litiges se gèrent
par des traités locaux quand la géopolitique locale le
permet et ce ne sont que des palliatifs, aucune solution durable ne
peut être envisagée, sans résolution des conflits,
par des traités internationaux sur les ressources hydrauliques.
Aussi, si l'on
veut assurer la durabilité des ressources en eau sur le long
terme, est-il primordial de lever la confusion entre valeur et prix
de l'eau et promouvoir " une Ethique de l'eau ".
Pour ce faire
et pour beaucoup de pays du sud, l'équivoque doit être
levé : l'eau ne devrait pas être perçue, au même
titre que l'air, comme un don de dieu ou de la nature. C'est encore
particulièrement vrai pour les pays de la région, par
exemple, que le conquérant arabe de l'Egypte Amr Ibn ll Ass,
surnommait voici douze siècles " le don du Nil ". S'il
est vrai que l'eau est une ressource unique, particulière, de
nature différente des autres ressources, il faut aussi la produire,
la traiter. Elle est coûteuse à transporter et à
distribuer, elle a un coût. Il faut admettre également
que l'absence de vigilance sur le " juste prix " du précieux
et irremplaçable liquide conduit au gaspillage, exacerbe les
problèmes d'assainissement et provoque la dégradation
des sols par hydromorphisme et salinisation.
Si bien que,
lors de la conférence tenue à Paris du 19 au 21 mars 1998,
le coup d'envoi du débat sur la valeur commerciale ou sociale
de l'eau a été donné lors de l'ouverture de la
dite conférence par le président Jacques Chirac qui a
déclaré que " l'eau a un prix " et qu'il faut
mettre un terme " aux oppositions stériles entre le marché
et l'Etat, entre la gratuité et la tarification, entre la souveraineté
sur les ressources et la nécessaire solidarité ".
Et par son premier ministre qui a clôturé la conférence
en disant que " l'eau n'est pas un produit comme les autres. Elle
ne peut entrer dans une logique de marché, régulée
seulement par le jeux de l'offre et de la demande ". Absolument,
l'économie de marché enrichit les uns et appauvrit les
autres. C'est pourquoi il est inconcevable de soumettre l'eau à
la loi du marché sans accompagner cette démarché
d'éléments compensateurs, d'un coefficient modérateur,
en particulier de subventions pour les plus démunis. Un litre
d'eau n'a pas la même valeur et coûte plus cher pour celui
qui achète au jerrycan et au camion citerne que celui qui le
prend au robinet. La logique du marché n'est pas en mesure de
changer les pratiques et les usages, elle vise rarement ceux qui ont
les moyens de gaspiller et frappe de manière disproportionnée
les plus démunis. D'où notre retour sur la question longuement
débattue à la conférence de Paris de mars 1998
: faut-il que l'homme s'adapte aux conditions de plus en plus contraignantes
de l'utilisation de l'eau, ou l'eau aux exigences sans cesse croissantes
de l'homme ? Pour notre part, nous nous en tiendrons aux recommandations
de l'organisation syndicale internationale qu'ils soient publics, privés
ou mixtes, les services de l'eau doivent être obligés de
fournir ce bien et d'appliquer des tarifs acceptables socialement. La
meilleure solution est de confier leur mise en place et leur exploitation
aux services publics (ISP) ".
Comment se présente-t-elle la problématique
de l'eau à Djibouti-ville ?
Avant d'aborder
le mode de gestion de l'eau, que ce soit sa mise en place (production)
ou son exploitation (distribution), il est utile de faire un aperçu
de l'état technique de la nappe phréatique ravitaillant
la ville. On a du mal à entendre un spécialiste ou à
lire un rapport sur l'eau à Djibouti qui ne soient pas pessimistes
et n'expriment pas leur inquiétude sur la quantité et
la qualité comme sur la gestion aussi bien administrative que
technique de l'eau potable. Pourtant, l'un des facteurs déterminants
pour la création de la ville de Djibouti voilà 105 ans
était sa bonne rade pour les bateaux mais aussi sa réserve
hydrographique par la présence d'une nappe d'eau souterraine
facilement exploitable située seulement à quelques kilomètres
de la rade : Douda. C'est le prolongement de cette nappe aquifère
qui est exploité jusqu'à nos jours et qui continue d'alimenter
la ville pour environ 37000 m3 /j et ce n'est qu'une estimation. En
effet, la ville de Djibouti est alimentée en eau potable à
partir d'une nappe phréatique située au sud-est de la
capitale, près de la frontière avec l'actuel Somaliland.
Au fur à mesure que la demande en eau potable augmente, la question
de la quantité et de la qualité de l'eau disponible pour
la population se pose de façon cruciale. L'exploitation massive
de la nappe aquifère oblige les exploitants de celle-ci à
abandonner des puits près de la capitale pour en forer d'autres
plus loin, parce que le taux de salinité est en évolution
continue et se fait menaçant. En d'autre termes, l'absence de
statistiques crédibles des relevés et de suivi de la production
d'eau, nous laisse supposer que le taux de prélèvement
est supérieur au taux de remplissage, que cette ressource se
renouvelle très lentement, qu'il y a surexploitation de la nappe
souterraine d'eau douce puisque le niveau se réduit parfois de
plusieurs mètres par an. Aussi bien la qualité comme la
quantité d'eau distribuée nous indique que la nappe phréatique
située au sud-est de la capitale est proche de l'épuisement.
Devant une telle
situation, il ne reste plus qu'à trouver une autre zone de captage
(c'est ce qu'il y a de plus facile). Alors il a été recommandé
par les spécialistes qui viennent de faire des études
sur les potentialités des nappes phréatiques autour de
la ville de Djibouti, de se diriger vers une autre zone de captage située
à environ 30 kilomètre au nord-ouest de la ville de chaque
côté de la route menant vers Arta, c'est la zone dite PK
2O- Golfe de Tadjourah. A notre connaissance et à la lumière
des informations disponibles, les études préliminaires
montrent que la zone de PK 20- Golfe de Tadjourah pourrait être
une ressource non négligeable et pourrait constituer un nouveau
champs de captage d'eau douce pour la ville sous réserve que
des études complémentaires soient faites pour évaluer
et quantifier avec précision les ressources renouvelables de
cette nappe aquifère. En effet, l'identification seule des structures
favorables produisant des débits importants n'est pas suffisant,
encore faut-il pouvoir fixer le volume annuel des ressources renouvelables.
Cette estimation se base sur des données climatiques, essentiellement
les précipitations hydrographiques (débit des crues) et
les données piézometriques (niveau d'eau des forages).
C'est pourquoi nous disons que les recherches et les études qui
ont été conduites sur les nappes phréatiques autour
de la ville de Djibouti et en particulier sur la nappe aquifère
de la zone dite PK20 ne sont que des études à caractère
scientifique, d'où la médiocrité des résultats
des forages d'exploitation.
Par conséquent
le redéploiement vers des ressources d'eau douce à l'intérieur
du pays est-il inéluctable ?
A suivre
EN BREF - EN BREF
LA POPULATION
DU PK 12 SE PLAINT
Au PK 12, quartier déshérité rejeté loin
de la ville, la population se plaint amèrement. Elle se plaint
de ce que la fontaine publique est fermée depuis plusieurs jours
pour cause de hausse du prix du fût d'eau qui est passé
de 30 à 50 FD : les habitants s'y sont opposés. Elle se
plaint aussi de ce que le seul chantier du quartier ( construction d'un
groupe scolaire primaire) n'embauche que les seuls militants du parti
au pouvoir, le RPP : il faut, nous rapportent-ils, présenter
la carte d'adhérent au RPP pour espérer une embauche.
Les chefs des quartiers, les responsables de l'annexe locale du RPP
ainsi que l'administration de la circonscription y veillent de concert.
Elle se plaint également de la pénurie de médicaments
au dispensaire local qui n'offre plus rien aux malades. Elle se plaint
enfin de ce que les décasés d'Arhiba II ne soient toujours
pas normalement réinstallés, comme promis, et demeurent
sur des parcelles provisoires, ce qui les place à la merci de
l'arbitraire administratif : ils paieraient, selon eux, 5000 FD à
la fin de chaque mois pour ne pas être délogés.
LE PORT PASSE
AUX MAINS DU PRIVE
C'est officiel,
le Port Autonome International de Djibouti, dont les activités
ont considérablement crû depuis l'éclatement du
conflit éthio-erythéen, passe aux mains du secteur privé
étranger. Cela fait suite à un accord que vient de signer
le gouvernement de Monsieur Ismaël Omar Guelleh avec l'Autorité
du port de Djebel Ali de Dubai aux Emirats Arabes Unis. Selon les déclarations
du régime, il semble qu'en vertu de cet engagement, qui est qualifié
d'accord de gestion, le Port de Dubai se voit confier la gestion de
celui de Djibouti. Le premier se serait engagé à accroître
le chiffre d'affaires du second, à partir de son niveau actuel
(environ 9 milliard de nos francs), ce surcroît d'activités
servant de base au calcul du partage des bénéfices additionnel
entre l'Etat de Djibouti et le port de Dubai.
Cette affaire,
sur laquelle nous reviendrons plus longuement dans nos prochaines éditions,
n'est pas sans soulever des questions importantes.
Le port de Djibouti
étant un élément du patrimoine national, les décisions
concernant son avenir sont censées se prendre dans la transparence
et conformément aux règles en vigueur. Pourquoi n'y a-t-il
pas eu de diagnostic sérieux ? Qu'a-t-on fait de la publicité
légale : cahier des charges, procédure d'appel d'offres
internationale, sélection transparente des offres ainsi recueillies,
consultation des partenaires sociaux et économiques, etc. ? Que
deviendront les 1200 agents du Port ainsi que les dockers ? Qu'adviendra-t-il
des équipements en termes de responsabilité ? Monsieur
Ismaël Omar est-il habilité à décider comme
bon lui semble de notre patrimoine national... ?
Ce sont là
quelques-unes des questions que se posent les Djiboutiens et Djiboutiennes
depuis que le fils de Omar Guelleh leur a assené de curieuses
images télévisuelles où, assis au milieu des signataires,
tel un apporteur d'affaires satisfait de ses services, il assistait
à la conclusion d'un accord dit de gestion entre le ministre
djiboutien du Port et l'Autorité du port de Dubai. Voilà
quelque jours, lors de l'une de ces visites incessantes dignes d'un
commis voyageur dont il a le secret.
DDP CONTRE
ETS SOUGUEH
Des informations
concordantes recueillies par le Renouveau font état de ce qu'un
différend oppose la société Djibouti Dry Port (DDP)
et Ets Sougueh Aluminium au sujet d'une parcelle de terrain sise aux
Salines Ouest à Djibouti-ville dont Ets Sougueh serait légalement
titulaire et que les Domaines auraient attribuée à la
DDP.
L'affaire, qui
a failli dégénérer à la bataille rangée,
aurait été arbitrée par le Palais Présidentiel
: DDP garderait la parcelle pour la construction de ses entrepôts
et Ets Sougueh se verrait attribuer une nouvelle parcelle dans le même
site, du côté du terrain FNP (Route de Venise).
DAALO AIRLINES
INTERDITE DE VOL
Voilà
quelques jours, la compagnie aérienne Daalo Airlines s'est vue
interdite de vol à destination du Somaliland depuis l'aéroport
de Djibouti. Cette mesure à l'encontre de Daalo Airlines semble
avoir été prise en représailles au Somaliland qui
aurait interdit sur son sol la compagnie aérienne Air Djibouti,
soupçonnée " d'activités de transport à
caractère politique au profit du régime djiboutien "
engagé, comme on le sait, dans une curieuse opération
politico-médiatique qu'il appelle " conférence de
réconciliation somalienne ".
Le pouvoir djiboutien
joue-t-il là un jeu claniste : Daalo Airlines appartient à
des contribules du président Mohamed Hadj Ibrahim Egal ?
Il semble, en
tout cas, que le Somaliland ait, depuis lors, levé l'interdiction
frappant Air Djibouti. Ce qui n'est pas encore le cas pour Daalo Airlines
A suivre.
PLACE
HARBI DEVENUE UNE DECHARGE A CIEL OUVERT
La très
animée Place Mohamoud Harbi où se bousculent bus, mini-bus,
passants et marchands en tous genres, a été dotée,
voilà quelques temps, d'un bac à ordures. Lequel s'est
révélé vite défaillant faute de service
adéquat : le bac non vidé, les ordres s'accumulent alentour,
puant et polluant la place. Ce qui donne aux lieux les allures d'une
véritable décharge publique à ciel ouvert.
DE
FAUX BILLETS A DJIBOUTI
Des informations
concordantes recueillies par le Renouveau font état de l'existence
de faux billets de 10000 FD. A l'effigie de l'ancien président
de la République, Monsieur Hassan Gouled, ces billets sont une
contrefaçon du billet de 10000 FD récemment mis en circulation
par la Banque Nationale en signe de reconnaissance de la part de Monsieur
Guelleh à Monsieur Gouled qui l'a coopté et fait Chef
de l'Etat.
Une enquête
de police serait en cours pour identifier les auteurs et mettre fin
à leurs dangereuses activités.
Nous appelons
donc le public à la vigilance à l'endroit de ces billets.
L'UNION
EUROPEENNE FETE SES 50 ANS
L'Union Européenne
a fêté mardi dernier le cinquantième anniversaire
de son acte fondateur qui intervenait en mai 1950. C'était en
effet le traité du charbon et de l'acier qui allait ouvrir la
voie à l'intégration européenne telle qu'elle existe
aujourd'hui. Elle regroupe pas moins d'une quinzaine de pays et les
candidats se bousculent au portillon. Elle est tout simplement, avec
les Etats Unis d'Amérique, une Supergrande.
A Djibouti, la
Délégation Européenne a organisé mardi soir
10 mai 2000 une réception au Centre Culturel Français
Athur Rimbo pour marquer l'événement.
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'Le Renouveau' ----------------------
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LE
RENOUVEAU
N°
360 du
Jeudi 25 Mai 2000
POLITIQUE NATIONALE
ISMAEL OMAR
GUELLEH : " L'Etat, c'est moi ! "
" Les enseignants
se comportent en mercenaires ; l'évasion fiscale s'explique par
la corruption des agents des recettes ; c'est volontairement que nous
avons suscité des conflits entre les ministres et les directeurs
en ce qui concerne la gestion des établissements publics, l'opposition
doit être indépendante de l'Etat... " ; rires à
la question sur les douloureux retards de solde des agents de l'Etat,
etc. Telles sont quelques-unes des perles, pour ne pas dire des bourdes,
de Monsieur Ismaël Omar Guelleh à l'occasion du one man
show télévisé qu'il s'est offert en commémoration
du premier anniversaire de sa prise du pouvoir. Eh oui, il faut le savoir,
le fils de Omar Guelleh entend célébrer l'anniversaire
et de son usurpation du pouvoir d'Etat, le 9 avril 1999, et de son intronisation
par son proche oncle Hassan Gouled Aptidon , le 9 mai 1999.
Souvenez-vous,
le 9 avril 2000 dernier, une soirée dansante (cela en dit long
sur les goûts de Monsieur Guelleh) marquait le premier anniversaire
du hold up électoral du 9 avril 1999. Soirée organisée,
semble-t-il, par le RENAD (REseau National des Associations Djiboutiennes).
Comme si toutes les associations du pays étaient acquises au
régime : ce sigle vide de substance est un signe patent de la
volonté de verrouillage systématique qui anime le pouvoir
de Monsieur Ismaël Omar qui ne reconnaît que ce qui lui est
docile. Quand il n'en crée pas de toutes pièces.
De la même
manière, le 9 mai 2000, Monsieur Guelleh s'exprimait donc ainsi
au micro du journaliste Mohamed Daher de la Radio Télévision
de Djibouti (RTD), visiblement gêné de jouer les ridicules
devant son patron. Un patron qu'il devait d'ailleurs souvent soutenir
d'un oui embarrassé à ses nombreux " N'est-ce pas
? ", suscités sans doute par la difficulté d'un argumentaire
trop simpliste pour rendre compte de la réalité.
Très "
intelligent " que cet homme passé sans transition des ruelles
du Quartier Quatre aux sommets de l'Etat djiboutien par la grâce
d'un vieil oncle claniste : il distribue comme cela des leçons,
à toutes les adresses, l'air de tout savoir sur tout, d'avoir
percé les secrets de toutes choses. Il s'époumone à
nous persuader qu'il est le meilleur des Djiboutiens, qu'il est l'enfant
prodige du pays, qu'il est né pour nous guider, nous autres incultes...
Et le voilà,
tout à ses démonstrations qu'il sait savantes, qui nous
assène : " Les enseignants se comportent en mercenaires
" ! Parce qu'ils osent réclamer leur solde, seul moyen de
subsistance dont ils disposent, mettant à exécution leur
menace de grève lorsqu'ils n'obtiennent pas satisfaction, ils
s'attirent les foudres d'un pouvoir dont le chef n'hésite pas
à les traiter de mercenaires ! Nous serions curieux de savoir
comment réagirait Monsieur Guelleh, s'il était privé
de ressources, de ces ressources de l'Etat dont il use et abuse...Au
fait, combien dépense-t-il par jour, par semaine, par mois ?
Quel pourcentage infime de ses dépenses somptueuses représente
le salaire moyen d'un enseignant qui doit faire réussir pas moins
de cinquante élèves dans des conditions de travail d'un
autre âge ? Sait-il, notre grand Monsieur, que dans certains établissements
primaires, les enfants n'ont pas de bancs et qu'ils s'asseyent sur des
boîtes métalliques récupérées à
la décharge publique ? Sait-il quelle charge de travail cela
représente que de tenir une classe, entre la préparation
des cours, les cours eux-mêmes, la correction des travaux des
élèves, l'évaluation, le suivi, la discipline à
faire respecter d'enfants affectés par la dégradation
générale de l'environnement socio-économique...
? Lui est-il jamais arrivé d'enseigner ? Que connaît, au
fait, notre bonhomme à l'enseignement en dehors des on-dit mabraziens
et autres souvenirs lointains d'ancien et éphémère
élève ? Décidément...
" Les conflits
de compétence liés à la réforme des établissements
publics, nous les avons voulus... ", voilà une autre lumineuse
phrase lâchée par Monsieur Guelleh. Convenez qu'il y a
là une curieuse conception de la notion de réforme. Réforme-t-on
pour améliorer ou pour aggraver une situation ? Pour régler
des problèmes ou pour en susciter ?
Décidément...
Quant à
ces agents des recettes que l'on soupçonne de corruption, est-ce
là la meilleure manière de les préserver de la
tentation ? La corruption n'est du reste pas une nouveauté dans
l'administration djiboutienne. Ce qu'il faut, c'est d'y remédier.
Or, pour y remédier, il faut en avoir la volonté, rechercher
les sources du fléau. Entre nous, la corruption ne vient-elle
pas plutôt d'en haut, ne représente-t-elle pas l'une de
ce ces pratiques sur lesquelles repose le régime ? Pourquoi vouloir
la rejeter sur les pauvres petits agents seulement ? Si, d'aventure,
l'on peut se prévaloir ne serait-ce qu'une d'une once de transparence
et d'intégrité, pourquoi toujours vouloir faire les choses
dans l'opacité ? Pourquoi avoir privatisé les Shératon
Hôtel, Laiterie de Djibouti, Port de Pêche, les Eaux minérales
de Tadjourah ou l'Usine des Aliments du bétail, et dernièrement
le Port de Djibouti, dans l'opacité ? Pourquoi ne pas avoir ouvert
un débat public, national, sur la question essentielle de l'avenir
de ces éléments importants du patrimoine national dont
certains grèveront longtemps encore les maigres ressources nationales
en termes de dettes à rembourser !
Décidément,
Beyleh...
Non satisfait
de nous seriner ses leçons, Monsieur nous a par ailleurs gratifié
de ces rires fort sonores (dont il a le secret) à la question
sur la fin des retards de solde. Comme si le sort de ces milliers de
malheureux agents de l'Etat, condamnés à la misère,
prêtait à rire ! A croire que ce Monsieur jouit de nos
malheurs, comme le ferait un certain empereur Hailé Sélassié,
versé, semble-t-il, dans l'art morbide de gouverner par la misère
populaire. Si convaincu qu'il était qu'un peuple maintenu dans
la misère ne songe qu'à sa survie, laissant à jamais
son destin entre les mains de l'empereur. Primitive vision qui lui a
valu la fin que l'on connaît.
" Habituez-vous
à la misère et contentez-vous de mes promesses démagogiques
", semble d'ailleurs nous dire le petit-fils de Guelleh Betel.
Et des promesses, il en fait . Il en fait à semer le paradis
partout sur le territoire national. Il nous découvre du pétrole,
de l'or et bien d'autres précieuses ressources. Il nous fait
miroiter des dizaines de millions de dollars américains, des
centaines de salles de classes, des universités... Qu'il est
diaboliquement " intelligent ", l'ancien du Quartier Quatre.
Je ne sais plus qui l'a qualifié un jour de Génie des
Carpates, pardon, du Quartier Quatre, " ébloui par son érudition
incommensurable "
A le voir occuper
la télévision et la radio à longueur de journée,
à entendre son nom en chaque phrase prononcée par un officiel
ou quiconque accède à la RTD (C'est, semble-t-il, l'une
des conditions d'accès), à l'écouter surtout confondre
allègrement " Etat et Gouvernement ", l'on constate
que le qualificatif de " génial " n'est pas excessif.
N'est-ce pas
génial ce qu'il nous a assené l'autre jour au micro du
pauvre Mohamed Daher au sujet de l'opposition ? " L'opposition,
a-t-il lâché sans sourciller, doit être indépendante
de l'Etat si elle entend survivre comme telle et jouer normalement son
rôle de contre-pouvoir ". C'est dire si, dans son esprit
" génial ", l'Etat se réduit au gouvernement
qui se retrouve à sa tête à un moment donné.
C'est dire si Monsieur Ismaël Omar se prend pour l'Etat, qu'il
se considère comme son incarnation, sa personnification ! Il
est si " génial " qu'il a essayé d'illustrer
son propos par l'exemple de Maître Abdoulaye Wade, célèbre
avocat et opposant sénégalais qui, à force de lutte
pour la démocratie, a fini par triompher, démocratiquement
élu voilà peu à la présidence de la République
du Sénégal. Pour Ismaël Omar, Abdoulaye, tour à
tour professeur de droit à l'Université d'Etat du Sénégal
et avocat au Barreau de Dakar, a été un opposant exemplaire
parce qu'il a été indépendant de l'Etat du Sénégal.
Nous laissons aux lecteurs et lectrices le soin de mesurer l'ampleur
de la clairvoyance de Monsieur Guelleh et l'étendue de sa culture
politique. Nous nous contenterons, pour notre part, de signaler à
Monsieur Ismaël Omar Guelleh que l'Etat n'est pas le Gouvernement,
que l'Etat prévaut entre tous, que les citoyens sont égaux
devant l'Etat, c'est-à-dire qu'ils ont les mêmes droits
et les mêmes devoirs. Et que c'est ce principe fondamental, fondateur
même, qui justifie que, en dépit de ses convictions politiques,
Maître Wade, ait pu exercer son talent de juriste à l'Université
d'Etat du Sénégal comme au Barreau du Sénégal.
Sans compter qu'il a participé, tout en restant fidèle
à ses convictions d'opposant, à des gouvernements d'ouverture
sous la présidence de son adversaire Abdou Diouf. Une façon
de rappeler, à qui (comme Monsieur Guelleh qui envoie se adversaires
en prison et verse le sang des leurs) en a encore besoin, que l'Etat
n'est pas la propriété de son chef du moment.
Décidément,
Beyleh...
Au cours de cet
entretien prétendument bilan, rien n'a naturellement été
dit sur les atteintes aux droits de l'homme qui ont abondé sous
Monsieur Guelleh : syndicats muselés et éliminés,
opposants emprisonnés ou envoyés à la mort, presse
libre réduite au silence, blocus alimentaire et sanitaire au
nord du pays, défenseurs des droits de l'Homme harcelés
ou jetés en prison, etc.
Rien non plus
sur la terrible gabegie qui a conduit pas moins de 100000 Djiboutiens,
selon les propres chiffres du gouvernement, à la famine.
Mais il faut
nous arrêter là parce que l'on peut commenter à
l'infini cette " sortie-bilan " de l'occupant de Béit
El Wali...
Nous avons juste
envie de nous exclamer avant de clore: "Quel one man show juste
pour nous dire : " L'Etat, c'est moi !" ! "
COUT DE LA VIE
LE
PRIX DU CARBURANT MONTE
Contrairement aux déclarations de Monsieur Ismaël Omar Guelleh
qui, dans son entretien télévisé avec sa presse,
affirmait récemment que son gouvernement avait pris des mesures
pour combattre la cherté de la vie, le ministre de l'Economie
et des Finances, vient de donner son accord pour des hausses significatives
des prix au détail des carburants usuels. Ainsi le litre de super
augmente de 5 FD et celui de gasoil et de pétrole lampant de
12 FD. Ce qui donne à la pompe : 166 FD le litre de super, et
83 FD le litre de gasoil et de pétrole lampant.
Le pouvoir semble
lier ces hausses au mouvement du marché mondial du carburant.
Or, un mécanisme
national de stabilisation des prix existe qui est censé préserver
les consommateurs des variations de ce type des cours mondiaux. C'est
d'ailleurs l'un des principaux buts assignés à l'Etablissement
Public des Hydrocarbures (EPH), devenu depuis peu Société
d'Etat.
Il faut dire
que la très forte pression fiscale qui frappe les importations
de carburant et qui explique la cherté du prix au détail
du carburant en terre djiboutienne, alimente en principe les caisses
de l'EPH qui doit gérer cette manne et l'utiliser à l'occasion
pour intervenir sur le marché national du carburant afin de stabiliser
les prix au détail.
Alors où
sont passés les millions, pour ne pas dire les milliards, tombés
dans les caisses de l'EPH ?
Où est,
Monsieur Guelleh, votre lutte contre la cherté de la vie ?
Déjà,
les chauffeurs de bus, mini-bus et autres boulangers parlent de répercuter
ces hausses sur les consommateurs et d'augmenter leurs tarifs !
Est-ce cela la
politique sociale de Monsieur Ismaël Omar ?
OBOCK
DEBUT
DE PANIQUE SUR LA VILLE
Un début
de panique s'est emparé de la ville d'Obock, chef lieu du district
du même nom, mardi 23 mai 2000 dans la matinée.
Motif : l'explosion
d'une mine anti-personnel aux abords du camp militaire abritant le commandement
du groupement d'Obock des troupes gouvernementales. L'engin a fait une
blessée en la personne d'une fillette d'à peine 13 ans,
Ifrah Ismaël Ladieh, dont le pied droit a été déchiqueté
. Elle a sauté sur la mine vers 8 heures du matin en passant
dans les parages.
Il aura fallu
deux heures de temps (incroyable mai vrai !) avant que la blessée
ne soit retirée du lieu de l'explosion. Et ce pour cause d'absence
du poseur de mines du camp !
Evacuée
au centre médico-social d'Obock, elle n'a pu être soignée
par le dynamique infirmier local, faute de moyens...
C'est finalement
sur un hélicoptère militaire français que la petite
Ifrah Ismaël Ladieh a été évacuée sur
la capitale Djibouti-ville.
REGIONALE
LA
SOMALIE
Le drame somalien
que le régime de Monsieur Guelleh semble soudain découvrir,
nous interpelle depuis une décennie. Sensible aux souffrances
de nos frères, nous avons toujours poussé un cri du cur
et de la raison. Cri toujours d'actualité. Lire en fin de journal
notre article intitulé " Et si l'on y regardait de près
? " publié dans l'édition de juillet 1994 du mensuel
Ensemble (fondé en 1994 par nous même Daher Ahmed Farah).
REPRISE
DE LA GUERRE ETHIO-ERYTHREENNE
Après
huit mois d'accalmie, la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée
voisines, a repris voilà plusieurs jours. Elle a déjà
provoqué pertes humaines et dégâts matériels.
Il semble que
les troupes éthiopiennes, en position offensive, aient enregistré
des victoires, notamment près de la frontière avec le
Soudan et au front du centre dans la région de Salembesa. Mais
la résistance erythréenne paraît forte, ce qui n'augure
point d'une issue militaire prochaine quant au différend frontalier
opposant les deux pays.
De nouveau, le
sang coule donc abondamment entre peuples frères.
Le Parti du Renouveau
Démocratique (PRD) et l'Opposition Djiboutienne Unifiée
(ODU) dont il fait partie appellent au cessez-le-feu et à la
reprise du dialogue pour le règlement du problème frontalier.
Notre région
a trop souffert de la guerre pour en voir une autre perdurer.
Puisse la raison
l'emporter sur les passions.
LE
YEMEN FETE LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DE SA REUNIFICATION
Le Yémen
a fêté lundi 22 mai 2000 le dixième anniversaire
de la réunification entre le Sud et le Nord.
L'événement
a donnée lieu à des festivités populaires au pays
ainsi qu'à une parade militaire des plus imposantes.
A Djibouti, l'ambassade
du Yémen a organisé à la résidence de l'ambassade
Al Wahabi une grande réception à laquelle elle a convié
du monde : résidents yémenites et étrangers mais
aussi Djiboutiens, responsables comme gens simples.
C'était
très sympathique.
Hydraulique
LA QUESTION
VITALE DE L'EAU par
N. S (suite et fin)
La question vitale
de l'eau est d'une brûlante actualité sous nos cieux. Des
émeutes se sont produites à Balbala pas plus tard qu'hier
mercredi pour protester contre la pénurie d'eau. Rappelons que
Balbala et Djebel sont les deux zones populeuses de la capitale les
plus touchées par la pénurie d'eau.
Sur ce sujet
préoccupant de l'eau, voici la dernière partie de notre
dossier.
Il semble d'après les études préliminaires (à
confirmer), qu'il existe au sud-ouest de la capitale, à environ
200 km, à la plaine de Hanlé, une gigantesque nappe phréatique
d'eau douce et le débit supposé provenir des forages est
fixé au plus bas à 600 m3/h soit 15000m3/j, de quoi à
fournir de l'eau en abondance non seulement à la capitale mais
arroser les deux centres urbains du sud que sont Dikhil et Ali-Sabieh
et pourquoi pas au passage faire pousser des vergers aux Grand et Petit
Bara. De toute façon, cette idée de faire venir l'eau
douce du Hanlé n'est pas innocente dans la mesure où au
forum mondial de l'eau de La Haye au mois de mars 2000 on a prévu
une augmentation substantielle des investissements pour faire face aux
besoins de l'ordre de 180 milliards de dollars par an, au lieu de 75
aujourd'hui. Sur le besoin urgent d'une politique de gestion et de la
protection des ressources en eau, se greffe la politique institutionnelle
de l'eau. C'est pourquoi un recentrage de la politique de l'eau nous
semble impérative, si nous voulons éviter le pire scénario
pour le futur.
Pour l'heure
à Djibouti, les institutions intervenant dans le domaine de l'eau
potable sont :
Le Génie Rural, auquel reviennent la prospection et la mise en
place de la production (forage) sur tout le territoire national.
L'ONED gère la distribution de l'eau pour la ville de Djibouti
et les quatre centres urbains.
Ces deux organismes
sont sous la tutelle du même ministère qui est celui de
l'Agriculture de l'Elevage et des Pêches " chargé
des Ressources hydrauliques ". Quant aux relations de ces deux
directions, elles sont conflictuelles.
Et puis il y
a l'ISERST qui a compétence sur l'eau.
L'enchevêtrement
des compétences et la complexité des relations entre les
organismes chargés de l'eau, ont conduit probablement les bailleurs
des fonds à les contourner ces dernière années.
Tel fut le cas
notamment pour les projets dit P K 20 Golfe de Tadjourah : dans la confusion,
l'ensemble des opérations, des forages aux équipements,
a été réalisé par des entreprises privées
sans que le Génie Rural ne soit impliqué, l'ISERST consulté.
L'ONED, organisme de distribution de l'eau potable a reçu les
projets clé en main.
Signe des temps,
les intervenants dans le domaine de l'Eau Potable prolifèrent
et le dernier à se théâtraliser est le P.N.U.D par
le biais d'une Commission Nationale de Réhabilitation.
Le temps est
désormais compté pour une autre approche de l'Eau Potable.
Il est impératif d'imaginer, d'inventer, de concevoir une instance
supérieure qui regroupe les différents intervenants dans
le domaine de l'eau, cette autorité dotée de pouvoirs
propres au-dessus des directions des ministères, dégagera
des orientations vraiment nouvelles et formulera la politique de l'eau.
Quant au statut
de cet organisme chargé de la recherche, de la mise en place
et de la distribution d'eau, il nous paraît que le modèle
de gestion semi-public (comme pour le modèle français)
est plus approprié pour Djibouti. Bien entendu, l'Etat aura sa
place et son rôle à jouer en introduisant la dimension
sociale, par l'application d'un cahier des charges, par la définition
de l'élément compensateur et d'un coefficient modérateur
du prix de l'eau et en fixant le taux de rentabilité (Le taux
de rentabilité nette hors de la France est de 15% à 25%
contre seulement 3% à 6% dans l'Hexagone).
Dans le modèle
français, une relation de long terme se noue entre l'autorité
publique et un grand groupe opérateur, l'Etat négocie
le prix avec le groupe, lui délègue l'exécution
du service mais en demeure responsable.
En tout état
de cause, d'énormes investissements seront nécessaires
étant donné qu'à Djibouti, comme pour tous les
pays du Sud, les réseaux de distribution sont rarement aux normes
de potabilité, quand ils ne sont pas inexistants. Mais ce n'est
pas pour autant qu'il faut réduire l'eau uniquement à
sa dimension économique et d'ailleurs on estime que seulement
5% des ressources en eau sont aujourd'hui gérées par le
secteur privé dans le monde.
Au forum de La
Haye au mois de mars 2000, écologistes et syndicalistes sont
d'accord pour reconnaître que le prix de vente de l'eau doit intégrer
les frais de traitement de distribution et de dépollution dans
son coût total.
Le débat
conceptuel s'est focalisé aujourd'hui sur le rôle et la
place de l'Etat, il est encore au niveau du balbutiement. Le corollaire
du dilemme, c'est la définition de l'eau comme un " droit
", comme il est proposé par plusieurs organisations non
gouvernementales, parmi lesquelles on retrouve des animateurs de la
contestation anti-O.M.C. à Seattle en novembre 1999, ou alors
l'eau comme un " besoin", selon la formule proposée
par le Conseil Mondial, la querelle n'est pas que sémantique.
Pour ce dernier,
l'approche a besoin de recadrage puisque selon Monsieur Ismaël
Serageldin qui est à la fois président de la commission
mondiale de l'eau (émanation du Conseil mondial de l'eau) et
vice-président de la Banque Mondiale : " Les Etats se retireront
de leur rôle de fournisseurs de service " avant de poursuivre
" Par dessus tout, ils seront responsables de la création
d'un environnement dans lequel les incitations aux innovateurs seront
assurées et dans lesquelles les intérêts du public
seront sécurisés ".
Quant à
la question qui consiste à dire que " la corruption est
un phénomène économique étroitement lié
aux puissantes tentations qui sont créées par la privatisation
", Monsieur Ismaël Serageldin répond : " nous
ne plaidons pas seulement pour l'implication du secteur privé,
mais tout autant pour la participation des usagers et des communautés
locales ".
Beaucoup d'eau
couleront sous les ponts avant qu'on puisse résoudre l'équation
suivante : assurer la rentabilité de la gestion, mais garantir
le droit des pauvres à l'eau !
Parce que "
l'eau est une ressource unique, particulière, de nature différente
des autres ressources ".
MONDE ARABE
ISRAEL
SE RETIRE DU SUD-LIBAN
L'Armée
de l'Etat hébreux s'est retirée des positions qu'elle
occupait depuis vingt deux ans sous la pression de la communauté
internationale et de la résistance libanaise dont le Hezbo Allah
est le fer de lance.
Ce retrait ne
règle pas pour autant le lourd contentieux opposant les deux
pays en particulier et le Monde arabe et l'Etat hébreux en général.
En effet, la machine de guerre israélienne n'a fait que se retirer
des positions occupées en 1978 alors que le Liban demande le
respect des frontières héritées du colonialisme
ainsi que de ses côtes maritimes et de son espace aérien.
Sans compter le règlement de la question des réparations
des dégâts causés durant l'occupation, la libération
des prisonniers libanais et arabes capturés au Sud-Liban. Tout
comme celui du problème des réfugiés palestiniens
qui est à l'origine de l'invasion israélienne.
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L'HOMME
OU LA FEMME DE LA SEMAINE.
Dans
cette rubrique nous signalons à l'opinion internationale, celle
ou celui qui s'est distingué(e) soit pour soutenir la dictature,
soit en violant les Droits de l'Homme : cruauté, tortures, exécutions
sommaires, emprisonnements arbitraires, viols, assassinats, destruction
de cheptels ou de point d'eau, destruction d'écoles ou de centres
de soins, etc..
Rappel
des personnages déjà élus :
N°
17 - Mme Leila, juge d'instruction
N°
19 - Omar FARAH, gendarmerie d'Ali Sabieh
N°
29 - Le général Yacin YABIEH,
N°
32 - Le directeur de la Prison de Gabode,
N°
33 - Ali Mohamed ABDOU, procureur général
N°
35 - Mme Hawa Ahmed Youssouf Ministre déléguée conjointement
avec M. Le Représentant de l'UNICEF à Djibouti.
N°
36 - M Ibrahim Idriss DJIBRIL, MInistre de la Justice, conjointement avec
M Mohame Ali ABDOU, procureur général de Djibouti (2ème
nomination)
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06/05
LA FRANCE SE PREOCCUPE AUSSI DU SORT DES ENFANTS RECEMMENT LIBERES PAR
DJIBOUTI.
MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES
LE
MINISTRE
Paris,
le 2 juin 2000
Monsieur
Maxime GREMETZ
Député de la Somme
Monsieur
le Député,
Votre lettre
du 11 avril dernier concernant le sort d'enfants oromo emprisonnés
à Djibouti a retenu toute mon attention.
Une vingtaine
de ces enfants, d'origine éthiopienne ou somalienne, se trouvent
effectivement à la prison de Gabode. Ils ont été
condamnés, à la suite d'une rafle de police, à
une peine d'un an de prison pour des délits mineurs et doivent
être libérés le 13 juin prochain.
Ces jeunes enfants,
auxquels des représentants d'organisations humanitaires ont pu
rendre visite, sont incarcérés dans des conditions de
précarité relative, mais dorment dans des cellules séparées
de celles des adultes et ne semblent pas faire l'objet de sévices.
Dans ce contexte,
la France, qui suit attentivement ce dossier et demeure sur ce sujet
en relation avec le CICR et l'UNICEF, entend relayer auprès des
autorités djiboutiennes le souhait que ces enfants soient bien
traités.
Elle estime également
utile, ainsi que ces organisations le suggèrent, que puisse être
réformé le code pénal et créée une
juridiction spécifique pour enfants délinquants.
Elle compte,
par ailleurs, faire valoir à ses interlocuteurs djiboutiens la
nécessité de publier le décret portant création
d'une commission consultative des droits de l'homme, chargée
notamment de visiter les prisons et dont le projet avait été
approuvé à l'automne.
Je vous prie,
Monsieur le Député, d'agréer l'expression de ma
considération distinguée.
Hubert Védrine
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08/06
Vengeance mesquine de la part de M. Guelleh,
provocation ou besoin de se prouver qu'il lui reste encore
certains pouvoirs et surtout celui de nuisance ?
PND
PARTI NATIONAL DEMOCRATIQUE
------------
LIBERTE - RESPONSABILITE - SOLIDARITE
------------
Représentation en France et en Europe
------------
COMMUNIQUE DE PRESSE
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
Le Président du PARTI NATIONAL DEMOCRATIQUE (PND), Monsieur ADEN
ROBLEH AWALEH, vient de faire l'objet d'une mesure de confiscation de
passeport.
Pour cette raison,
M. ADEN ROBLEH AWALEH n'a pu prendre part à la réunion
de AFRICA LEADERSHIP FORUM à laquelle il était invité.
Celle-ci s'est tenue à Abuja (Nigéria) du 1er au 2 juin
2000. M. ROBLEH avait participé à cette même conférence
en juillet 1997 à Gaborone (Botswana).
Le héros
de l'indépendance nationale, l'ancien compagnon de lutte des
prestigieux combattants africains de la liberté se voit ainsi
refuser de jouir de sa liberté la plus élémentaire
: celle d'aller et de venir. Ses compagnons de lutte s'appellent, entre
autres, docteur NETO d'Angola, Amilcar CABRAL de Guinée Bissau,
Samora MACHEL du Mozambique, Tabo MBEKI d'Afrique du Sud, Sam NUJOMA
de Namibie, du président actuel du Mozambique, CHISSANO et de
bien d'autres non moins célèbres.
En agissant
de la sorte, le régime dictatorial en place à Djibouti
a dévoilé au monde son vrai visage. Les dictatures les
plus décriées du continent n'oseraient pas s'aventurer
sur ce chemin !.
L'ire de la dictature djiboutienne n'épagne même pas la
famille de cette personnalité que le peuple djiboutien considère
comme un véritable monument historique. Sa fille IDIL ADEN ROBLEH
s'est vu refuser une bourse d'études alors qu'elle a été,
l'année dernière, parmi les cinq premièrs lauréats
du lycée d'Etat. Elle poursuit aujourd'hui en France des études
universitaires avec des ressources de misère. Le fils aîné
est, quant à lui, interdit de travail dans son pays.
L'ombre du héros
semble terrifier les tenants du régime.
L'auteur du
livre autobiographique " Djibouti, Clef de la Mer Rouge "
est décidé à poursuivre ce qu'il appelle très
justement son " deuxième grand combat " à savoir
l'instauration de la démocratie dans le pays. Aucune pression
de quelque nature que ce soit ne pourra l'empêcher de poursuivre
cette voie. Pour cette lutte il a déjà passé six
ans d'exil en France, de 1986 à 1992.
Le régime
djiboutien devrait balayer devant sa porte avant de demander aux somaliens
de se réconcilier. Ce régime est mal placé pour
donner aux somaliens des leçons de dialogue, de tolérance
et de démocratie.
M. ADEN ROBLEH
AWALEH est un spécialiste de la Somalie. C'est de là qu'il
a dirigé, durant 12 ans, le Front de Libération de la
Côte des Somalis (F.L.C.S.), mouvement artisan de l'indépendance
de Djibouti. Toute la classe politique somalienne fait montre d'une
grande estime à son égard. Ceux qui sont réunis
à Djibouti pour la conférence de réconciliation
inter-somalienne ne cachent pas leur malaise en apprenant l'attitude
du régime djiboutien à l'égard d'ADEN ROBLEH AWALEH.
Pourtant, ce dernier, en dépit de sa situation, ne cesse de prôner
la réconciliation auprès des conférenciers somaliens
qui viennent le voir chez lui (il n'est pas associé à
l'organisation de la conférence). Il leur demande instamment
de mettre un terme à la guerre fratricide qui les oppose.
Pour le soutien
de M. ADEN ROBLEH AWALEH, je fais appel :
- aux associations des droits de l'homme ;
- au président en exercice de l'OUA, S.E. M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA,
- au secrétaire général de l'OUA, S.E. M. SALIM
AHMED SALIM ;
- à la Ligue Arabe ;
- au Président du Nigéria, S.E. M. OBASANJO, Président
de AFRICA LEADERSHIP FORUM ;
- au secrétaire général des Nations Unies ;
- à M. SAHNOUN, secrétaire général adjoint
de l'ONU ;
- à tous les anciens compagnons de la lutte de libération
africaine.
- à la Commission Africaine des Droits de l'Homme ;
- à Amnistie Internationale.
Fait à Paris, le 5 juin 2000
SAÏDA BARREH
FOURREH
Représentante du PND en France
et en Europe.
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Note de l'ARDHD
:
Depuis plusieurs
mois, nous attirons l'attention de l'opinion internationale sur les
atteintes à la Liberté de déplacement dont sont
victimes de nombreuses personnalités djiboutiennes (En
particulier, Me Mohamed AREF, M Moumin BAHDON, M. Moussa IDRISS, M Aden
Robleh AWALEH et bien d'autres encore sont interdits de voyager. Ces
pratiques sont condamnées par toutes les instances internationales
et sont en contradiction avec les accords et traités internationaux
signés par Djibouti)
La semaine,
nous avons publié une alerte pour demander à M. Guelleh
de rendre tous les passeports confisqués illégalement
par son régime.
Ce nouveau
geste est-il une réponse ou une provocation ?
En tout cas
M. GUELLEH persiste et montre par ce nouveau geste qu'il n'a aucune
intention d'ouvrir son régime à la démocratie.
L'Accord-Cadre, dans ces conditions, semble 'bien mal engagé'
.....
Nous allons
lancer une information à destination du Gouvernement français,
de la Communauté européenne et de toutes les Associations
internationales qui interviennent en faveur des Droits de l'Homme.
On peut d'ailleurs
se demander l'objectif stratégique de M. Guelleh, s'il y en a
un. Chaque confiscation de passeport empêche une personnalité
de se rendre à une conférence ou à un congrés
international : (Me AREF - Commémoration du Cinquanternaire de
la Déclaration des D.H., conférence préparatoire
à la réunion Europe-Afrique, M. ROBLEH : réunion
AFRICA LEADERSHIP FORUM). A chaque fois les organisateurs sont informés
des raisons de l'absence du délégué djiboutien
et ils publient un communiqué international pour condamner les
pratiques du régime ... Djibouti se retrouve un peu plus isolé
à chaque fois ... pour toutes les violations des D.H. qui y sont
commises. Cela sert-il la cause du peuple djiboutien ??
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