LA LIBERTÉ N° 37

Journal indépendant de tous les Djiboutiens de l'opposition.


La résidence personnelle de M. Guelleh à Djibouti.

Toutes les informations
que le régime dictatorial
de M. Ismaël Omar GUELLEH
cherche à vous cacher...

SOMMAIRE N° 37 du 3 au 9 juin 2000
- MULTIPICATION DES APPELS
POUR LOCALISER LES ENFANTS MINEURS,
- 'LA LIBERTE' COMMENCE A DIFFUSER DES ARTICLES EXTRAITS DANS : 'LE RENOUVEAU'
- M. GUELLEH CONTINUE A CONFISQUER DES PASSEPORTS : après ceux de Me Mohamed AREF, Moumin BAHDON, du Général Ali Meidal WAIS, etc.. il confisque celui de M. Aden ROBLEH...
- AMIR ADAWEH est emprisonné maintenant à la Gendarmerie de DJIBOUTI !!!

05/06 DEMANDE D'INTERVENTION HUMANITAIRE
POUR AMIR ADAWE
que les autorités ETHIOPIENNES refusent de soigner ...
(Communiqué du PND)
06/05 : LE RENOUVEAU
DIFFUSION D'UNE SELECTION D'ARTICLES PARUS DEPUIS MARS 2000
06/05 : LA FRANCE se préoccupe du sort des enfants récemment libérés...
08/06 : Nouvelle violation des Droits de l'Homme. Après ceux de Me AREF, de M Moumin Bahdon, etc.. M. GUELLEH confisque le passeprot de M. Aden ROBLEH, Président du PND. Vengeance mesquine, provocation ou besoin de prouver qu'il lui reste encore certains pouvoirs ?
(Communiqué du PND)
 
   
   
   
Sommaire de 'LA LIBERTÉ'
Tous les numéros depuis le N° 0

COURRIER DES LECTEURS
Nous reprenons de façon anonyme en général (pour garantir la sécurité des auteurs)
le contenu intégral des lettres qui nous sont adressées.
Pour éviter toute polémique nous avons volontairement choisi de ne pas répondre aux critiques.

Nous publierons en revanche les messages des lecteurs qui souhaitent répondre.
L'ARDHD n'assume aucune responsabilité quant au contenu des messages de cette rubrique.
L'ARDHD rappelle qu'elle ne soutient aucune action politique, ni aucun parti
et qu'elle milite exclusivement en faveur de la Paix et des Droits de l'Homme.

 

Monsieur Schaal,

Le gouvernement aux abois de Guelleh fait diversion face a la grogne des fonctionnaires non payes depuis des lustres.Dans une entrevue publiee par le site de l"homme aux deux bourses (d'etudes,

Samatar Miguil pour ne pas le nommer) et gendre du ministre de son etat, le dictateur de Djibouti annonce tout simplement la presence de petrole, de diamants dans le sol djiboutien.


Rien de moins

En attendant ni salaires, ni electricite, ni bourses d"etudes (sauf pour les beaux freres)

M.A.


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08/06 : Les enfants de couples bi-nationaux nés à Djibouti,
n'ont pas les mêmes droits que les autres enfants ...


Merci M Schaal pour vos campagnes courageuses et couronnees de succes. Je vous propose si vous le permettez une nouvelle cause.

Si vous reussissiez a mettre en branle l'opinion mondiale comme dans le cas des enfants ethiopiens, alors je vous garantis que beaucouip de monde vous seront reconnaissants.


Voici de quoi il s'agit :

Bien que nes a Djibouti et y ayant vecu toute leur vie, les enfants des couples etrangers ou dont l'un des parents n'est pas de nationalite djiboutienne est traité comme un étranger.


Chaque annee des nouveaux bacheliers ayant vecu toute leur vie a Djibouti se voient dans l'impossibilite de se porter candidat a une bourse d'etudes simplement parce que sa mere est ethiopienne, somalienne.

Et ce, que bien qu'ils soient ne a Djibouti, qu'ils y aient vecu toute leur vie.


Eclairez ma lanterne M Schaal, des cas de personnes apatrides comme cela existe-il dans le monde.Y a t-il une discrimination de ce type dans le monde. Je croyais que les apatrides n'existaient pas dans le monde.


Pendant ce temps, des gens comme Samatar Miguil beneficient de deux bourses parce que leur soeurs sont mariees a des ministres.

Je vous rappelle que du temps de l'administartion coloniale, le droit du sol s'appliquait bien evidemment




Merci








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REVUE DE PRESSE ET NOUVELLES BRÈVES

06/05 APPEL URGENT de Association France-Erythrée

Le conflit frontalier qui oppose l'Erythrée et l'Éthiopie depuis deux ans a , au cours des deux dernières semaines, totalement changé de nature. C'est à une véritable invasion de l'Erythrée que nous assistons aujourd'hui.

Après avoir envahi le sud-ouest érythréen, occupé la capitale provinciale Barentu et les villages des plaines du Gash , l'armée éthiopienne a envahi cette semaine les hauts plateaux du sud erythréen sur plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur et
tente maintenant de progresser vers Asmara.


Elle pousse devant elle des centaines de milliers de civils qui fuient le retour, neuf ans après l'accession à l'indépendance de l'Erythrée, des troupes éthiopiennes. Après Tukumbia, Barentu et Agordat , ce sont maintenant Tsorona, Senafe et Adi Caieh et les
nombreux villages de ces régions que leurs habitants sont désormais
forcés d'abandonner.

Selon les autorités érythréennes, près d'un million de déplacés ont été ainsi jetés en deux semaines sur les routes, tandis que l'aviation éthiopienne continue de bombarder des objectifs civils, comme aujourd'hui encore la centrale électrique de Massawa.

Parmi ces déplacés, plus de 200 000 le sont pour la seconde fois.

Lors de l' éclatement du conflit frontalier en 1998 , ces villageois avaient été déplacés dans des camps, situés en arrière de la frontière internationale, pour échapper aux bombardements éthiopiens.

Ils sont aujourd'hui contraints à un second exode. Parmi ces déplacés, plusieurs dizaines de milliers d'érythréens ou d'éthiopiens d'origine érythréennes, victimes d' un "nettoyage ethnique" en Éthiopie. Raflés ces deux dernières années dans les rues d'Addis Abeba, brutalement déportés malgré les protestations platoniques de la communauté internationale, et littéralement jetés aux frontières par les autorités éthiopiennes, après qu'on leur ait volé tous leurs biens.


Plusieurs dizaines de milliers d'érythréens ont pu trouver refuge au Soudan ou se sont massés aux frontières du Soudan . La grande majorité marche à pied vers les régions érythréennes non occupées.

Leur détresse est immense, leur dénuement total. Ils n'ont rien, ni eau , ni vivres, ni abris.

Cette catastrophe humanitaire est immense . Elle requiert une action d'urgence .Qu'elle soit provoquée par les ambitions guerrières de l'Éthiopie, qui préfère dépenser des centaines de millions de dollars dans cette invasion meurtrière plutôt que de nourrir la
population de ses propres ethnies minoritaires dans le sud de l'Éthiopie - rend évidemment urgente une action politique décidée de la Communauté internationale pour arrêter les envahisseurs et défendre l'indépendance de l'Erythrée dans ses frontières internationalement reconnues.

Mais elle requiert également notre solidarité immédiate avec les populations déplacées. Elles ont besoin de nous . L'Association France - Érythrée lance un appel pressant à toutes les organisations humanitaires et associations de solidarité internationales pour qu'elles apportent d'urgence - Elle appelle les autorités
françaises à sortir de leur indifférence, à envoyer des cette semaine des vivres et du matériel sanitaire en Érythrée.

- Elle lance un appel angoissé à l'Union Européenne pour qu' elle mobilise ses moyens au profit d'un petit peuple courageux, victime d'une catastrophe qui dépasse hélas très largement , par son ampleur en vies humaines anéanties ou brisées, celles survenues ces dernières années au Koweit, au Kossovo ou en Bosnie. Alors que l'Union Européenne ( et ses États membres) participe pour des montants importants à aider les populations éthiopiennes victimes de la disette, la non assistance aux populations érythréennes en danger serait, pour la France et l'Europe, un crime impardonnable.
28 mai 1999



Association France-Erythrée
5 rue Pierre Baudry
92140 Clamart .
Tel. : 02 43 92 23 52/
01 40 46 06 69/
01 46 45 55 72
______________________________________________________________


Jean-Christophe Goux
e-mail: Jeangoux@yahoo.fr


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BRUITS ET RUMEURS

Faites attention si vous recevez un message envoyé par M Samatar MIGUIL : il peut contenir un virus caché dans un fichier NAE7F.MME. En effet, le 8/06, il a tenté, en vain, d'infecter nos systèmes informatiques. Nous conseillons donc à tous les lecteurs la plus grande vigilance face à ces pratiques qui relèvent de la piraterie.

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URGENT

03/06 TOUJOURS AUCUNE NOUVELLE DES ENFANTS MINEURS LIBERES APRES CINQ MOIS DE DETENTION A GABODE.

La semaine dernière nous avons appris la libération des 29 enfants mineurs qui avaient été incarcérés à Gabode pendant 5 mois. Ces enfants d'origine somalienne et éthiopienne s'étaient réfugiés à Djibouti pour fuir la guerre entre l'Ethiopie et l'Eruthrée. Ils n'ont pas été pris en charge par les autorités djiboutiennes qui les ont laissé à l'abandon dans les rues de Djibouti.

En majorité, ces garçon sont âgés de 10 à 15 ans (on compte 3 jeunes de 18 ans parmi eux). Tout laisse penser que nombre d'entre eux sont des orphelins.

Incarcérés à 10 ans pour avoir 'Sniffé de la Colle' !

La dictature a décidé de les condamner fin 1999, pour avoir "Sniffé de la colle" et d'autres broutilles ... Ils ont été jugés illégalement, sans même l'assistance d'un avocat et ils ont été condamnés à 6 mois de prison ferme, sur réquisition du Procureur Général Ali Mohamed ABDOU, avec la Bénédiction du Ministre de la Justice : Ibrahim Idriss DJIBRIL.

Ne disposant pas d'un centre spécialisé pour les accueillir le directeur de la Prison de Gabode les a 'installé' dans le quartier des adultes où ils ont subi les pires sévices, y compris des sévices sexuels.

Ces enfants ont été libérés le 24 ou le 25 mai, à la suite d'un importante mobilisation internationale déclenchée par LA LIBERTE à la suite des propos de M Kadamy sur leur situation carcérale dramatique.

Une indispensable prise en charge matérielle et psychologique

Mais ils ont été conduits vers une destination inconnue (hors la frontière de Djibouti ??). Ces enfants ont besoin d'un soutien matériel et psychologique évident et nous avions proposé qu'ils soient pris en charge par une ONG. Pour éviter un scandale, le Gouvernement djiboutien, qui méprise la vie et les citoyens, a préféré les abandonner nul ne sait où....

Nous ne pouvons pas tolérer cela et nous lançons un appel pour qu'ils soient retrouvés dans les meilleurs délais et pris en charge par des professionnels. Plusieurs Associations, dont l'Organisation Mondiale contre la Torture ont déjà relayé cet appel et des hommes politiques français se joignent à notre intervention.

MERCI DE VOTRE AIDE POUR LES LOCALISER

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05/06 COMMUNIQUE DU PARTI NATIONAL DEMOCRATIQUE (P.N.D.)
-République de Djibouti-


Paris le 4 Juin 2000,

 

DEMANDE D'INTERVENTION HUMANITAIRE
POUR AMIR ADAWE
que les autorités ETHIOPIENNES refusent de soigner ...


Suite au précedent Communiqué du 1er Juin 2000, nous faisons un APPEL URGENT et international concernant le Journaliste AMIR ADAWE: Son état de santé est grave et nécéssite l'intervention de services médicaux adaptés.

Rappel : M.AMIR avait recu, pendant son incarcération dans un trou à HARRARE (Ethiopie), une balle dans une jambe par la police ethiopienne.

Le service médical de l'Hopital de Police voulait le transferer dans un hopital mieux équipé d'ADDIS ABEBA(Ethiopie) pour une opération de la jambe. Malheureusement les autorités éthiopiennes ont refusé ce transfert, sans donner aucune raison.

Nous demandons une intervention urgente et humanitaire pour que M. AMIR ADAWE soit soigné le plus rapidement possible, afin que sa jambe et sa vie soient sauvés.

Nous demandons l'aide de toutes les associations, états et gouvernements.

Je vous remercie de votre soutien à cet appel au secours et vous demande de me contacter rapidement.


SAIDA BARREH FOURREH


Représentante du Parti National Démocratique en France et en Europe - Paris

Telephone: + 33 (0)1 56 08 12 48
Courriel: flc1@club-internet.fr




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LE RENOUVEAU
Organe du PRD - Parti pour le Renouveau Démocratique -

A compter du Numéro 37, LA LIBERTE diffusera les articles parus
dans LE RENOUVEAU.
La sélection, cette semaine, a été effectuée par
son Directeur Daher Ahmed FARAH,
à partir des numéros publiés depuis le 15 mars 2000.

Cela explique l'importance exceptionnelle de la rubrique.....

Ensuite, LA LIBERTE publiera chaque semaine
les nouveaux articles qui lui seront adressés par 'LE RENOUVEAU'.

A noter que l'ARDHD diffusera, dans les mêmes conditions,
tous les articles et tous les communiqués
qui lui sont envoyés par les organisations et/ou les personnalités
se réclamant de la Défense des Droits de l'Homme et/ou de l'Opposition à Djibouti.
(Voir conditions techniques)

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N° 351 DU MERCREDI 15 MARS 2000

- DE RETOUR, LE RENOUVEAU VOUS SOUHAITE BONNE FÊTE.
- Opposition Armée-Gouvernement : Un Accord inscrit dans l'ordre des choses.
- AFFAIRE ABDOULFATAH MOUSSA AHMED : A travers le fils, atteindre le père.
N° 355 du Jeudi 13 Avril 2000


- LE PRESIDENT DINI AU NORD DU PAYS
- ABDOULFATAH MOUSSA AHMED LIBERE
- LES DIX PRISONNIERS DU FRUD DU SUD LIBERES
- Une mise à la retraite sélective
N° 358 du Jeudi 4 Mai 2000
-
NOUS L'AVONS ECHAPPE BELLE

- MONSIEUR GUELLEH OUVRE " SA " CONFERENCE SOMALIENNE A ARTA
- UN 1er MAI VOLE
- LA JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE PRESSE
- APPEL A VOUS QUI AIMEZ LA LIBERTE D'EXPRESSION
- LES AGENTS OBOCKOIS DE L'ETAT ATTENDENT ENCORE
N° 352 DU JEUDI 23 MARS 2000
- retour au PAYS DU président DU FRUD AHMED Dini AHMED A LA TETE D'UNE FORTE DELEGATION
N° 356 du Jeudi 20 Avril 2000
- djibouti-SOMALILAND :Le pouvoir djiboutien Tel qu'en lui-même

- SOMALIE : LA CRISE COMPLEXE,CREDIBILITE ET CLAIRVOYANCE
-
Les élèves de 3ème en grève
- Les suppléants subissent des retenues de solde
- L
es agents Obockois de l'Etat se plaignent
-
Les média gouvernementaux égaux à eux-mêmes
- Ce pédophile expatrié qui sévissait sous nos cieux.

- Soutien à l'opposant guinéen Alpha Condé

- Soutien au peuple tchetchène
N° 359 du Jeudi 18 Mai 2000
- LETTRE OUVERTE AUX SOMALIENS
par Daher Ahmed Farah

- LA QUESTION VITALE DE L'EAU
par N. S
- Comment se présente-t-elle la problématique de l'eau à Djibouti-ville ?
- LA POPULATION DU PK 12 SE PLAINT

- LE PORT PASSE AUX MAINS DU PRIVE

- DDP CONTRE ETS SOUGUEH

- DAALO AIRLINES INTERDITE DE VOL
-
PLACE HARBI DEVENUE UNE DECHARGE A CIEL OUVERT
- DE FAUX BILLETS A DJIBOUTI

- L'UNION EUROPEENNE FETE SES 50 ANS
N° 353 DU DIMANCHE 02 AVRIL 2000
- LE PEUPLE DJIBOUTIEN RESERVE UN ACCUEIL CHALEUREUX ET MASSIF AU PRESIDENT DINI
- ZOOM SUR L'ADMINISTRATION DJIBOUTIENNE A TRAVERS LE SORT RESERVE AU PERSONNEL DE L'ONAC
N° 357 du Jeudi 27 Avril 2000
- CES EAUX DE LA MORT

- LES BOULANGERIES FRAPPEES PAR LA CRISE

- LA PEUR HANTE LES QUARTIERS 1 ET 2
N° 360 du Jeudi 25 Mai 2000
- ISMAEL OMAR GUELLEH
: " L'Etat, c'est moi !
- "
LE PRIX DU CARBURANT MONTE
- DEBUT DE PANIQUE SUR LA VILLE
- LA SOMALIE
- REPRISE DE LA GUERRE ETHIO-ERYTHREENNE
- LE YEMEN FETE LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DE SA REUNIFICATION
- LA QUESTION VITALE DE L'EAU par N. S (suite et fin)
- ISRAEL SE RETIRE DU SUD-LIBAN
N° 354 DU DIMANCHE 09 AVRIL - 2000
- Si le ridicule tuait...
- LA CONTREBANDE S'AMPLIFIE A NOS FRONTIERES
- SOMMET AFRIQUE-EUROPE: LA DEMOCRATIE ET LES DROITS DE L'HOMME AU CŒUR DES TRAVAUX
- L'eau potable inégalement repartie
   

LE RENOUVEAU

N° 351 DU MERCREDI 15 MARS 2000


EDITORIAL



DE RETOUR, LE RENOUVEAU VOUS SOUHAITE BONNE FÊTE



Ca y est, le Renouveau, votre fidèle hebdomadaire, qui depuis sa création au début d'octobre 1992 (sa première édition date du 7 octobre 1992 ) a été toujours présent au rendez-vous du jeudi matin avec ses aimables lecteurs et lectrices que vous êtes, votre journal préféré donc vous revient. Il sort de longs mois de silence forcé, suspendu d'abord pour douze mois puis pour six mois par la justice du régime en place dans ce pays.


Souvenez-vous, c'était le 28 août, par une après-midi caniculaire, le directeur de publication du Renouveau et président du Parti Renouveau Démocratique (PRD), Monsieur Daher Ahmed Farah, était arrêté par la gendarmerie, placé en garde à vue dans les locaux poussiéreux et pesants de chaleur de la fameuse Section de Recherches et de Documentation (SRD). En même temps que le Général à la retraite Ali Mehidal Waiss, co-directeur de publication du mensuel le Temps. Dès le lendemain, il s'entendait signifier le tarif : 12 mois d'emprisonnement ferme, un million de nos francs d'amende pour DAF et 12 mois de suspension pour le Renouveau. Ali Mehidal Waiss, lui, écope de huit mois d'emprisonnement ferme, un million de nos francs d'amende et huit mois de suspension du mensuel le Temps.

Mêmes chefs d'accusation contre les deux directeurs de publication et les deux publications : diffusion de fausses nouvelles et atteinte au moral des forces armées. Directement en cause : des articles parus dans les dernières éditions des deux journaux qui rendaient compte des derniers combats au nord entre le Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD) dirigé par le président Ahmed Dini Ahmed et les troupes gouvernementales. Ils évoquaient surtout la destruction d'un hélicoptère militaire et la mort de ses équipage et passagers, publiant la version du FRUD qui affirmait avoir abattu l'appareil et celle du gouvernement qui concluait à l'accident technique avant même les résultats de l'enquête par lui diligentée.

Le jugement rendu par la chambre correctionnelle du tribunal de première instance restera comme un chef d'œuvre du genre dans les annales judiciaires. Il condamnera sans convaincre. Il mordra en mugissant, sans motiver le moins du monde. Un coup de maître, comme on l'aime bien dans les venelles enkhatées du pouvoir .

Le très fort Maître Djammen Nzepa du barreau de Toulouse (il est d'origine camerounaise) , venu défendre le Renouveau et le Temps au titre d'Avocats Sans Frontières, ne se privera point , en audience d'appel, de dire sa stupeur. Au cours de sa brillante plaidoirie, il démontrera qu'aucun des deux chefs d'accusation n'est établi du point de vue du droit et demandera la relaxe. Il ne sera pas pour autant suivi : le silence forcé du Renouveau et du Temps ne sera écourté que de quelques mois pour se fixer à six mois. Triste jour pour le droit et la liberté. Autres cieux, autres pratiques.

Au terme de trois mois et demi de triste détention dans la sinistre prison de Gabode, les directeurs de publication du Renouveau et du Temps " bénéficieront " d'une remise de peines et recouvreront la liberté. Pas les journaux, qui eux savoureront jusqu'à la dernière seconde le séjour au sanctuaire du silence forcé si apprécié d'un système suceur qui n'a rien à envier à la plus avide des sangsues.

Vous l'avez deviné, le régime, sous des prétextes éloquemment grossiers, cherchait seulement à museler, à bâillonner la presse d'opposition. Il n'aime point la plume, surtout si elle est libre. Pas plus qu'il n'apprécie la cloche qui ne s'avise pas d'émettre le bon son. A l'aune de ses standards, s'entend. Hors du culte du prince, point de salut.

Aura-t-il la réussi ? Rien n'est moins sûr. Car, d'abord, la période de silence aura brui de mille sons, grâce notamment à Internet dont la magie aura enfanté notre confrère le bien nommé Liberté. Un empêcheur que cet Internet ! Qui trouble tant nos tyranneaux, et fait enrager nos roitelets. C'est, transposé dans l'ordre de la liberté d'expression, l 'arme nucléaire qui brutalement relègue dans la nuit des temps l'arsenal conventionnel des tyranneaux de tout poil.

En outre, le Renouveau ne se laisse pas impressionner par les agissements moyenâgeux du régime. Il reprend le flambeau de la lutte et vous promet de faire honneur à votre confiance. Dans la mesure de ses maigres moyens et au rythme de sa pastorale persévérance.

De nouveau, bonne fête de l'Aïd-El-Adha donc, et bienvenus à bord...


POLITIQUE



Opposition Armée-Gouvernement :


Un Accord inscrit dans l'ordre des choses


Un accord de paix est intervenu entre le Front pour Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD) dirigé par le président Ahmed Dini Ahmed et le gouvernement de Monsieur Ismaël Omar Guelleh. C'était le 7 février dernier que le texte de cet "accord cadre de reforme et de concorde civile " était signé entre les deux parties à Paris en France.


Cet accord, qui a peut-être surpris tous ceux et toutes celles que la rhétorique moyenâgeuse du régime avait habitués à des prises de position radicales au sujet de la guerre civile au nord et au sud ouest du pays, où le pouvoir claironnait avoir rétabli la paix depuis les accords d'Ab'a du 26 décembre 1994, cet accord donc ne pouvait aucunement étonner l'observeur averti de la situation nationale. Il s'inscrit en réalité dans l'ordre des choses.

La situation de notre pays, n'en déplaise aux thuriféraires du régime et autres courtisans de bas étage, ne fait qu'empirer à tous points de vue. Politiquement, avec la logique du tout verrouillage et du tout répressif qui a trouvé ses limites. L'on ne peut en effet continuer, sans dommages majeurs, à bâillonner indéfiniment tout un peuple, entretenir la discorde nationale et cultiver le langage des armes au détriment du nécessaire dialogue. A la guerre civile, le régime a opposé quelques arrangements avec une faction alimentaire du FRUD, ce qui a donné lieu aux prétendus accords d'Ab'a ; il a éliminé les partis politiques d'opposition (Parti du Renouveau Démocratique et Parti National Démocratique) et a fait de même avec les syndicats de base et les deux centrales syndicales (l'Union Démocratique du travail et l'Union Générale des Travailleurs Djiboutiens), il a mis au pas la justice et les avocats, éliminé les défenseurs des droits de l'homme ; il a pratiqué à outrance l'emprisonnement et l'arbitraire, réprimé dans le sang (pas plus tard qu'au mois dernier un jeune homme tombait sous les balles des sbires du régime à Ali-Sabieh )... Economiquement, sa mal-gestion n'a abouti qu'à aggraver la situation. Les finances publiques asséchées pas la prédation, condamnent à la faillite des pans entiers de l'économie. Les entreprises travaillant pour l'administration disparaissent ; les salariés de l'Etat, de loin les plus nombreux, deviennent insolvables du fait des retards de solde atteignant les sept mois ; les investisseurs sont découragés par l'incertitude politique et le non-droit. Le paysage économique du pays s'en trouve défiguré. Quant à la situation sociale, elle se présente sous le signe éloquent de la misère : dans un pays qui vit du salariat et où l'Etat est le premier employeur et le premier agent économique, cela n'est d'ailleurs guère étonnant. Les relations extérieures, enfin, ne sont guère mieux loties: la fuite en avant exaspère les voisins et chaque jour qu'Allah fait apporte son pesant de doute quant à ce que le fils de Omar Guelleh appelle son plan de paix pour la Somalie.

Vous le constatez, le pouvoir autocratique aura tout essayé, tout expérimenté, pour durer et perdurer. Sans parvenir à ses fins Il ne pouvait d'ailleurs en être autrement à l'ère de l'Internet et du village planétaire où aucun pays ne peut vivre en marge du monde : la résistance nationale est grande, portée par la détermination populaire et le soutien international qu'elle suscite.

Les atteintes aux droits de l'homme, le lourd déficit démocratique, la mal-gestion des deniers publics et la mal gouvernance, une guerre civile aux lourdes conséquences qu'entretient l'intransigeance d'un pouvoir qui rejette le dialogue, tout a été désigné du doigt, péremptoirement dénoncé, preuves à l'appui. Condamnations et mises en garde se sont mises à pleuvoir. Le plan d'ajustement structurel s'est violemment heurté à la logique alimentariste qui préside au système gouvernemental. A L'ère où se traquent anciens dictateurs et autres tyrans en place, du " Pinochisme " décrié et d'affaires en tout genre, l'avenir se parait de sombres habits.

La politique de la facilité et du pouvoir confisqué s'est révélée sans issue. L'impasse s'installait.

Il fallait se rendre à l'évidence : le mode de gouvernement anachronique en cours depuis l'Indépendance avait vécu.

Il fallait donc réagir, cesser de faire les choses à contre-courant. Il fallait se résoudre au dialogue. D'où cet " accord-cadre " qui, comme son nom l'indique, se contente de jeter les bases du nécessaire dialogue national sans lequel, le régime le sait maintenant assez, il ne peut y avoir de salut. D'où également la reprise des relations rompues par le gouvernement djiboutien avec l'Erythrée, car là aussi la logique de la tension avait échoué qui devait faire place à l'apaisement...

Cet accord résulte donc de l'évolution des choses qui fait que le régime s'est affaibli et l'opposition renforcée par son unité et sa combativité.

Pour notre part, nous prenons bonne note de cette évolution, saluons l'accord de Paris, sans pour autant nous départir de notre vigilance...


JUSTICE


AFFAIRE ABDOULFATAH MOUSSA AHMED :

A travers le fils, atteindre le père.

Après neuf mois de détention préventive (il a été arrêté le 21 juin 1999 et la durée légale maximale de dépôt est de quatre mois en l'espèce) sous le chef d'accusation fallacieux de détournements de fonds, après maintes demandes de mise en liberté restées lettres mortes, après deux ou trois auditions seulement par le juge d'instruction, Monsieur Abdoulfatah Moussa Ahmed, fils aîné de Moussa Ahmed Idriss, a été condamné le 6 mars 2000 par la chambre correctionnelle du tribunal de première instance à trois ans d'emprisonnement ferme et à une somme de vingt trois millions de nos francs à payer à l'Etat de Djibouti.

Il lui était accusé d'avoir, dans la gestion du projet d'habitat social dit Barwaqo de Balbala ( 1000 parcelles de terrain à bâtir),gestion à laquelle il a été associé en sa qualité de chef de service des Domaines, détourné la somme de trente sept millions cinq cent trente sept mille deux cent quarante huit francs (37 537 248FD). Or, il parvenait sans peine, en grande partie dès sa garde à vue, à justifier ces fonds, preuves à l'appui. En clair, il démontrait qu' en ce qui le concerne ces deniers publics avaient servi, non à des fins personnelles comme il le lui était reproché, mais bien à la réalisation du projet. Il devenait donc rapidement clair qu'il n'y avait pas eu de détournements de fonds dans cette affaire.

Fort de cette évidence, son avocat, Maître Alain Martinet du barreau de Djibouti, adressait le 28 novembre 1999 une lettre démonstrative au juge d'instruction en charge du dossier, Madame Leila. Lettre que nous publions en fin de journal pour l'information de nos lectrices et lecteurs. Nous faisons de même, et dans le même souci, pour une note d'information de Monsieur Abdoulfatah Moussa Ahmed lui même ainsi que pour le communiqué de presse que l'Opposition Djiboutienne l'Unifiée (ODU) a publié après le verdict du 6 mars dernier.

Il va de soi, pour qui s'intéresse un tant soit peu à cette affaire, qu'au delà de ce prétexte au demeurant mal choisi puisqu'il ne tient pas, d'autres considérations sous-tendent l'acharnement du pouvoir contre ce jeune fonctionnaire diplômé en économie de l'université de Grenoble et inspecteur du trésor formé en France. A travers sa personne, c'est, lâchons-le, son père que le régime vise. Un père coupable d'être une figure indépendantiste et, surtout, de sa candidature à l'élection présidentielle du 9 avril 1999 dernier où toute l'opposition (armée comme civile) l'a soutenu. Un père coupable d'avoir remporté haut la main cette élection (qu'il ait été spolié de sa victoire n'enlève rien à son mérite) et de présider l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU). Ce forum très populaire qui regroupe partis (PRD, PND), mouvements (FUOD, GDR) et personnalités politiques, donne des sueurs froides à un régime en mal de légitimité.

Telle est la vérité dans ce procès.

Mais que le pouvoir autocratique en place le sache :ses manoeuvres de pression à l'encontre du président de l'ODU et de sa famille sont vouées à l'échec. Comme elles le sont à l'encontre des autres leaders de l'opposition. Car, comme toujours, à l'agitation paniquée du fauve, nous opposons la force de nos convictions.

Le PRD condamne donc ce verdict politicard et exige la libération immédiate et sans condition de Monsieur Abdoulfatah Moussa Ahmed Idriss et de tous les autres prisonniers politiques encore détenus à la sinistre prison de Gabode.


Le président du parti, Monsieur Daher Ahmed Farah, et le Bureau National souhaitent une bonne fête de l'Aïd-El-Adha aux militants et sympathisants du PRD et de l'opposition ainsi qu'à l'ensemble des Djiboutiens et Djiboutiennes et des membres et de la communauté musulmane étrangère résidant à Djibouti.


Puisse la prochaine Aïd-El-Adha nous trouver en paix et réconciliés. Amin.



------------------------------------------------- Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------

 

LE RENOUVEAU

N° 352 DU JEUDI 23 MARS 2000



POLITIQUE


retour au PAYS DU président DU FRUD AHMED Dini AHMED A LA TETE D'UNE FORTE DELEGATION


ui, chose encore impensable voilà quelques mois, le président du FRUD Ahmed Dini Ahmed rentre au pays mardi prochain 28 mars 2000 dans la matinée, après une longue absence de neuf ans pour cause de résistance armée au régime en place et à son système de verrouillage musclé de la vie publique et de confiscation de l'Etat. Ce retour, très attendu par l'ensemble de la famille de l'opposition djiboutienne comme par le peuple qui, ce n'est un secret pour personne, se reconnaît massivement en elle, s'inscrit dans le cadre de " l'accord-cadre de Reforme et de Concorde civile " signé le 7 février 2000 dernier à Paris entre le Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD) et le gouvernement de Monsieur Ismaël Omar Guelleh. Accord dont nous avons publié le texte dans notre dernière édition et qui, comme son nom l'indique, fixe le cadre du nécessaire règlement politique de la situation nationale, de manière à rétablir la paix civile et la concorde nationale dans le renouveau démocratique. Accord aussi, faut-il le rappeler, que le PRD, tout comme l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU) dont il est membre, a salué comme une heureuse initiative.

Le président Ahmed Dini Ahmed rentre donc à la tête d'une forte délégation composée de hauts dirigeants du FRUD dont notamment le vice-président du mouvement d'opposition armée, Chehem Daoud Chehem.

Il va de soi que ces fils du pays seront accueillis comme il se doit par leurs compatriotes qui communient dans le même désir ardent de changement. Changement de mode de gestion des affaires publiques mais aussi de la manière de penser la chose publique. Car c'est la perception qu'ont les acteurs publics de la chose publique qui sous-tend leur action publique.

Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD), son président, Monsieur Daher Ahmed Farah, son Bureau National ainsi que ses militants et sympathisants et son journal le Renouveau souhaitent donc la bienvenue au président Ahmed Dini Ahmed et à sa délégation. Le PRD invite ses militants et sympathisants à se mobiliser pour réserver aux dirigeants du FRUD l'accueil populaire, chaleureux et massif qu'ils méritent.

Il en est de même pour l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU) qui, par la voix de son président Monsieur Moussa Ahmed Idriss et son Haut Conseil National, adresse son souhait de bienvenue au président Ahmed Dini Ahmed et à sa délégation, qu'elle entend accueillir comme il se doit.

Lire ci-après le texte du communiqué de l'ODU :

" Le Haut Conseil National de l'ODU souhaite bon retour au pays au président du FRUD Ahmed Dini Ahmed et à la forte délégation qui l'accompagne dont l'arrivée est prévue pour le mardi 28 mars 2000 dans la matinée. Retour qui s'inscrit dans le cadre de l'accord signé le 7 février dernier entre le FRUD et le gouvernement et que l'ODU a salué comme une initiative heureuse.

Le Haut Conseil invite ses militants et sympathisants et appelle l'ensemble du peuple djiboutien à réserver un accueil chaleureux et massif au président Ahmed Dini Ahmed et à sa délégation ".

Profitons, pour finir cet article, de l'occasion pour rappeler que, contrairement à une certaine rumeur, le FRUD était bien présent au Sud du pays où il a mené des opérations contre les troupes du gouvernement. Le président du FRUD a d'ailleurs toujours revendiqué les actions du FRUD comme en temoigne le communiqué que nous publions en fin de journal. De même, les 11 prisonniers du FRUD encore détenus à Gabode, capturés en 1998 au Sud du pays, appartiennent bien au FRUD commandement Sud.

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LE RENOUVEAU

N° 353 DU DIMANCHE 02 AVRIL 2000


POLITIQUE



LE PEUPLE DJIBOUTIEN RESERVE UN ACCUEIL CHALEUREUX ET MASSIF AU PRESIDENT DINI


Début février 2000. La situation nationale est à tous égards préoccupante. La guerre civile se révèle bien difficile à éradiquer : les combattants du FRUD malmènent les troupes gouvernementales auxquelles ils infligent régulièrement pertes humaines et dégâts matériels.

Le pays est politiquement verrouillé comme au plus fort de la guerre froide : les droits de l'Homme, les libertés publiques et les règles démocratiques sont foulés au pied, l'opposition civile (regroupée au sein de l'Opposition Djiboutienne Unifiée : ODU) muselée et systématiquement réprimée à coups d'exactions et d'emprisonnements. Ce qui n'empêche d'ailleurs pas cette opposition d'être au fait de sa popularité.

L'économie djiboutienne se trouve aux prises avec une crise qui n'en finit point dont les racines résident dans la mal-gestion des affaires publiques et la défiance que manifestent les investisseurs crédibles face à un environnement national d'incertitude politique et de non-droit. Les graves difficultés financières de l'Etat, dont l'impact sur la vie économique nationale est à la mesure de son poids de premier agent économique et de plus gros employeur du pays, affectent des pans entiers de l'activité économique sous nos cieux. L'Etat insolvable ne contamine pas que ses agents, envers lesquels il accumule les arriérés de solde, mais aussi ses fournisseurs locaux et autres entrepreneurs travaillant pour le compte de l'administration. Le circuit économique propage les difficultés étatiques et les amplifie même par son effet multiplicateur. Le paysage économique s'en trouve singulièrement atrophié.

Or, les conséquences sociales d'un tel mal économique ne peuvent qu'être lourdes. Aux agents de l'Etat en situation de survie difficile du fait d'une solde à la fois drastiquement diminuée et en retard chronique de plusieurs mois (sept mois actuellement), s'ajoutent des cohortes de nouveaux chômeurs et autres entrepreneurs en faillite. Ce qui est des plus graves dans un pays où le chômage sévit à l'état endémique et où la solidarité (chaque salaire fait vivre du monde) n'est pas un vain mot.

En ce début du mois de février 2000, le pays vit donc une situation peu réjouissante. Une situation si préoccupante que le régime, ainsi pris au piège de sa propre logique fossoyeuse, s'attire la réprobation générale au niveau international. Les signaux rouges s'allument en effet dans tous les domaines : violations des droits de l'Homme, absence de démocratie, prisons emplies de détenus d'opinion, opacité de la gestion des deniers publics, tensions aux frontières, un plan de paix controversé pour la Somalie (lire notre article sur le sujet dans notre dernière édition)... bref la confiscation de l'Etat est clairement dénoncée et condamnée comme telle par la plupart de nos partenaires au développement. Tous expriment leur indignation à l'égard d'un régime dont l'anachronisme, à l'ère du village planétaire, d'Internet et d'une opinion publique mondiale sans cesse plus vigilante, ne peut que heurter les consciences. D'autant que le système sécrété par le régime djiboutien produit ses effets jusqu'à l'extérieur des frontières nationales où il ajoute à l'instabilité régionale.

Voilà, brossé à grands traits, dans quel contexte national survient l'accord-cadre du 7 février 2000 (salué par l'ODU comme une heureuse initiative) signé à Paris entre le gouvernement en place et le Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD) dirigé par Ahmed Dini Ahmed, grande figure indépendantiste et ancien Premier Ministre de la République. Un homme d'Etat qui a une haute idée de la politique.

Surprise au pays où le commun des mortels n'a enregistré que durcissement dans le discours comme dans l'action du régime depuis que Monsieur Ismaël Omar Guelleh a succédé à Monsieur Hassan Gouled Aptidon. Soulagement surtout tant il est vrai que les Djiboutiens et Djiboutiennes sont plus que las de la guerre civile et des difficultés généralisées. Une lueur d'espoir s'allume à l'horizon, pense-t-on, avec cet accord-cadre qui correspond dans ses grandes lignes aux aspirations populaires. Cessation des hostilités, libération des prisonniers politiques, réhabilitations-indemnisations des victimes, réformes, démocratiques, décentralisation, création d'une cour de compte, sont autant de points majeurs pour le règlement de la situation de crise que traverse le pays. D'où également l'enthousiasme national qui se manifeste à l'annonce du retour du président Ahmed Dini Ahmed au pays.

A l'appel de l'ODU, dont le FRUD fait d'ailleurs partie à travers le FUOD, la capitale est donc en effervescence les jours précédant le retour, finalement fixé au mercredi 29 mars 2000, du président Ahmed Dini Ahmed. Les Djiboutiens se mobilisent sur l'ensemble du territoire national et convergent vers la capitale où les habitants vibrent à l'idée de pouvoir enfin s'exprimer sans avoir à subir, pensent-ils, les réflexes répressifs des forces de l'ordre. Mobilisation que le régime, l'on s'en doute, ne voit guère d'un bon œil. La perspective d'une expression nationale massive fait monter en lui l'adrénaline. Laisser déferler une marrée humaine sur les grandes artères de la capitale, laisser le peuple manifester dans la rue son ardent désir de changement, laisser accueillir aussi massivement que chaleureusement le leader de l'opposition armée (par ailleurs fort de l'unité de l'opposition), voilà qui ne peut que hérisser les poils chez les tenants du pouvoir autocratique.

La machine de propagande se met alors en branle. Tandis que la Radio Télévision de Djibouti (RTD), si prompte à chanter les vertus de la paix (pourvu qu'elle relève de la mise en scène) brille par son silence assourdissant, les agents de propagande distillent les mises en garde. " Le président Dini sera accueilli par le seul RPP, parti au pouvoir ", " L'on ne vous laissera pas sortir mercredi pour accueillir Dini", " Les forces de l'ordre sont en état d'alerte pour vous barrer le chemin "... les petites phrases intimidantes abondent. Elles vont crescendo à mesure que le retour tant attendu approche. De sorte que, joignant les actes aux paroles, le régime place ses forces de répression en état d'alerte dès mardi soir. " Nous avons ordre d'agir demain ", s'empresse de prévenir tel officier manieur de matraque, voyant les opposants parachever sereinement les préparatifs d'accueil.

Mais les opposants n'en ont cure. Ils ne se soucient pas outre mesure de l'attitude du régime. Ils sont sûrs de leur bon droit et foncent. Après tout, ils connaissent bien les agissements moyenâgeux du pouvoir pour les avoir subis tant et tant de fois.

C'est ainsi que, dès les premières lueurs du jour, les Djiboutiens jaillissent en masse de leurs habitations pour se jeter sur les axes menant à l'itinéraire routier emprunté par le président du FRUD et sa délégation : Route de l'Aéroport - Boulevard de Gaulle- Boulevard de la République- Avenue Maréchal Luyautey. Une véritable marée humaine se met en marche, slogans tout de maturité politique à la bouche et sur les banderoles : " Bienvenue au président Dini, un grand homme d'Etat " ; " Dini, l'homme de la paix et de l'unité, tu portes l'espoir de tout un peuple ", " Nous attendons des réformes démocratiques " ; " Sans paix civile, point de concorde ni développement " ; " Pour un Etat de droit et une société juste et fraternelle, démocratique et prospère ", etc. C'est toute la capitale qui s'anime d'un mouvement dont la majesté ramène l'auteur de ces lignes en arrière, en ces années 1975 et 1976 où, alors jeune homme, il ne manquait aucune manifestation pour une Indépendance qu'il ne pouvait se représenter autrement que porteuse de lendemains radieux. Un grand jour que ce mercredi.

Panique du côté du pouvoir. La propagande intimidante, en action à longueur de semaines et de jours, n'a pas produit ses effets. La dissuasion puérilement escomptée ne s'est pas réalisée. Que faire ? L'imagination étant ce qu'elle est en ces venelles poussiéreuses du pouvoir, l'on s'en remet à l'appareil répressif. Les forces de l'ordre entrent alors en action. " Chassez le naturel, il revient au galop ", n'est-ce pas ce que dit joliment le proverbe ?

Les voies de communication empruntées par la masse d'accueillants sont alors fermées. Le siège du PRD à l'Avenue Nasser, un des hauts lieux de la résistance civile, d'où le président Daher Ahmed Farah (DAF) n'a cessé de mobiliser pour l'accueil populaire, est assiégé, les accès des domiciles des président du FUOD Mahdi Ibrahim A. God et de l'ODU, Moussa Ahmed Idriss, interdits.

Déterminée, la marée populaire parvient quand même à ruser et passe à travers les mailles du filet gendarmo-policier. Se retrouvant massivement sur le lieu de rendez-vous. L'entrée de l'aéroport est noire de monde et la Route de l'Aéroport s'emplit progressivement en dépit de l'hostilité policière. Les accueillants vont jusqu'à feinter les forces de l'ordre en se transportant massivement sur la route de la Siesta aux lieu et place des Boulevards de Gaulle et de la République jugés par trop exposés aux coups de matraque et autres grenades lacrymogènes des détachements gendarmo-policiers. La jonction se fait ainsi avec les accueillants de l'Avenue Luyautey.

La mobilisation populaire est telle que gendarmes et policiers prennent à partie les accueillants à l'entrée de l'aéroport, les dispersant à coups de grenades lacrymogènes. Une ménagère du coin, au retour du marché, se retrouve à terre, son panier volatilisé, des mères de familles blessées dont les mères du président DAF, Amina Iyeh Doubad, et de Mohamed Houssein Ali, membre de la délégation du président Dini. Plusieurs accueillants sont interpellés par les gendarmes commandés par le jeune chef d'escadron Zakaria (récemment promu) dont l'ascension donne la mesure de sa fidélité au pouvoir. Ils ne seront relâchés que plusieurs heures plus tard pour certains, le lendemain pour d'autres.

Il n'empêche que les rangs des accueillants se reforment aussitôt, preuve de leur pugnacité. Si bien que le président Ahmed Dini Ahmed, que le Haut Conseil de l'ODU n'a pu accueillir à sa descente d'avion pour cause d'interdiction à l'aéroport, peut aisément noter la très grande mobilisation populaire et la chaleur de l'accueil réservé par un peuple assoiffé de paix, de concorde et de renouveau démocratique. Il salue de sa voiture cette marée humaine massée jusqu'à son domicile de la Siesta. Qui est littéralement inondé par une foule en liesse. A l'intérieur de sa demeure, il prend juste le temps de saluer membres de sa famille, du Haut Conseil de l'ODU et autres amis djiboutiens. Car il est très attendu dehors où a été installée une estrade. Il ressort et prend alors la parole pour remercier toutes et tous de leur accueil. Parlant de son retour au pays, après neuf ans d'absence, il déclare qu'il est venu pour l'application des termes de l'accord-cadre de Paris. Ce qui suppose la poursuite des négociations avec le pouvoir, le respect des premières dispositions de l'accord telles que la libération des prisonniers politiques encore détenus à la sinistre prison de Gabode et la levée de toutes entraves à la libre circulation des biens et des personnes au nord du pays. Ce qui implique également un dialogue politique national auquel doit participer l'opposition civile. Afin qu'enfin, pour reprendre la jolie formule du président Dini, la politique s'exerce de manière citoyenne dans ce pays.

Cette journée d'accueil s'achève par un déjeuner de retrouvailles à la ferme pionnière du premier vice-président du PRD, Mohamed Ahmed Kassim dit Haïssama, dont la générosité et la disponibilité ont été particulièrement utiles pour restaurer un nombre de Djiboutiens et Djiboutiennes bien plus grand que prévu. Car beaucoup, sans être invités, se sont laissés aller à la joie du jour, gonflant plus que de raison les rangs des convives. C'est en fait l'atmosphère de liesse populaire de la rue qui s'est transportée dans l'espace privé (et abondamment fleuri) du premier chef de corps et artisan de la gendarmerie nationale.

Grand jour donc que ce mercredi 29 mars 2000. Grand jour pour la paix, la concorde, la démocratie et le développement. Grand jour pour le pays. Il s'agit maintenant de ne pas manquer ce rendez-vous avec l'histoire : un pays, un peuple, un projet.

Le monde comme la nation regardent les décideurs. Et les jugeront. Sans complaisance.


ADMINISTRATION



ZOOM SUR L'ADMINISTRATION DJIBOUTIENNE A TRAVERS LE SORT RESERVE AU PERSONNEL DE L'ONAC



La liquidation, prononcée par décret présidentiel en date du 14 août 1999, de l'Office National d'Approvisionnement et de Commercialisation (ONAC), établissement public dont la mission était pourtant vitale dans un pays comme le nôtre qui importe la quasi-totalité des produits nécessaires à ses besoins, y compris les besoins élémentaires, cette disparition officialisée donc de l'ONAC plongeait son personnel (de plus de trente personnes) dans la détresse. Outre que cette mise en liquidation créait un grand vide, livrant les consommateurs que nous sommes à la merci des commerçants locaux dont la propension aux marges bénéficiaires excessives n'est que trop connue (situation facilitée par l'état quasiment monopolistique des marchés des produits de consommation courante où quelques importateurs se partagent les principales marchandises), elle s'abattait comme une épée de Démoclès sur le personnel. L'espoir caressé durant toutes ces années où l'ONAC agonisait par suite d'un mal appelé mauvaise gestion, s'est soudain brisé sous le choc de la terrible nouvelle. D'un instant à l'autre, des hommes et des femmes, de toutes catégories socio-professionnelles, pour la plupart en service depuis longtemps, se sont retrouvés sans ressources.


Par réflexe de survie, ils se sont adressés aux membres du gouvernement par un courrier en date du 8 septembre 1999 aux Ministre des Finances et de l'Economie nationale, chargé de la Privatisation, avec copie aux Premier Ministre, Ministre de Affaires présidentielles, Ministre de l'Emploi, Ministre du Commerce.

Ils exposaient leur situation et sollicitaient de l'attention. Ils pensaient que le gouvernement devait assumer ses responsabilités et trouver une solution. Dans le même mouvement, ils ont demandé de l'aide alimentaire au Ministre de l'Intérieur sous l'autorité duquel est placé " l'Office National d'Assistance aux Réfugiés et Sinistrés (ONARS) ". En vain. Aucune de ces démarches n'a pu aboutir :seule réponse, le liquidateur de l'ONAC, Monsieur Mohamed Sikieh Kayad, directeur des Affaires économiques au Ministère des Finances et de l'Economie, les informe de l'impossibilité du règlement de leurs indemnités, subordonné à la vente des actifs de l'ONAC qui, écrit-il, est en cours : au moment où nous publions cet article, la vente des actifs de l'ONAC est toujours en cours, les entrepôts sont utilisés par l'UNFD et certains de ses véhicules toujours en circulation.

Les agents de l'ONAC saisissent alors la Présidence de la République en écrivant directement à Monsieur Ismaël Omar Guelleh par courrier daté du 8 novembre 1999. Devant le silence, ils le relancent par une autre lettre, rappelant leur sort peu enviable. C'est alors que, le 27 janvier 2000, leur répond le Ministre des Affaires présidentielles, qui leur apprend que " le chef de l'Etat a expressément chargé le Ministre des Finances du règlement de la question ".

Fort de ces assurances, les employés de l'ONAC prennent de nouveau la direction du Ministère des Finances et de l'Economie, chargé de la Privatisation. Ils se heurtent à l'attitude qu'ils jugent peu apaisante du Ministre qui ne cache pas son agacement. Osent-ils insister qu'il s'en prend à leur représentant. Celui-ci y laisse d'ailleurs ses lunettes de vue, brisées au cours de l'empoignade ministérielle. Ne comprenant plus rien, ils se retournent vers le Chef de l'Etat, Ismaël Omar Guelleh, en lui écrivant de nouveau une lettre datée du 10 février 2000 où ils font état de leur déception, liée notamment à l'attitude du Ministre des Finances et de l'Economie nationale. Mention est même faite dans ce courrier du bris des lunettes du délégué du personnel de l'ONAC Monsieur Ali Hassan Aïnan. Cette correspondance est restée sans effet.

Devant cette situation, le personnel, désespéré, n'a pu s'empêcher de saisir à nouveau le Chef de l'Etat dans un courrier en date du 18 mars 2000 (lire en fin de journal). Dans cette énième lettre, il lui rappelle son sort déplorable. " Tous nos efforts et démarches, écrivent les employés de l'ONAC, pour faire valoir nos droits sont restés vains. Par conséquent, nos familles sombrent et vivent dans une misère et un dénuement indescriptibles ; nous sommes dans l'impossibilité de leur procurer jusqu'à la nourriture. Nos enfants connaissent une scolarité perturbée car affamés et en haillons ". Ils espèrent encore, sans trop d'illusions, une suite.

Voilà où en sont les agents de l'ONAC près d'un an après la mise en liquidation de l'établissement public qui les employait. Les difficultés rencontrées et le sort où ils ont été précipités témoignent de l'état de délabrement avancé de notre administration. Une administration et des décideurs devenus si prédateurs, si avides, que les malheurs des administrés leur indiffèrent. Tout le pays peut périr, cela leur importe peu. L'essentiel, c'est leur ventre. Se servir, non servir, voilà le mobile, visiblement le seul, qui les anime.

Les résultats n'en sont que catastrophiques. Comme nous les voyons au quotidien. Comme nous les subissons tous les jours. Comme l'illustre jusqu'à l'absurde la situation peu enviable du personnel de l'ONAC. Tel un arrêt sur image.

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LE RENOUVEAU


N° 354 DU DIMANCHE 09 AVRIL 2000


Information

Si le ridicule tuait...

Fin mars 2000. Le pays entre en effervescence à l'annonce du retour du président du Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD), signataire de " l'accord-cadre de réforme et de concorde " du 7 février à Paris.

Le président Dini et sa délégation reviennent donc au pays, après une longue absence de neuf ans pour cause de résistance armée à l'autocratie régnante. Ils rentrent en parfait accord avec les autorités en place.

Le journaliste Ali Barkad Siradj, qui assure alors par intérim les fonctions de rédacteur en chef du journal gouvernemental la Nation, juge tout à fait de son devoir d'annoncer cet événement national. Il passe à l'acte et rédige un entrefilet, pour l'édition du lundi 27 mars 2000, où il informe lecteurs et lectrices du retour du président Ahmed Dini Ahmed et de sa délégation.

L'article, très bref, est intitulé " La paix des braves ".Objectif, il se borne à inscrire cet événement dans l'accord-cadre du 7 février 2000 à Paris et à rappeler fort sommairement quelques éléments d'information sur le parcours politique du président Ahmed Dini Ahmed et de son vice-président Chehem Daoud Chehem. Rien de tendancieux ni même de laudatif donc.

Pourtant, cela déplaît instantanément au Secrétaire Général à l'Information, par ailleurs directeur de publication du journal la Nation, qui sort de ses gonds. Prévenu en pleine nuit (par quelque âme fidèle, semble-t-il), il débarque sur les lieux de travail en deux temps, trois mouvements, et vide sa colère sur la journaliste en chef auteur de l'article. Que le journaliste ait pris l'initiative (des plus professionnelles) d'annoncer cet événement imminent dans une édition à paraître la veille (en réalité l'avant-veille en raison d'un changement de dernière minute), sans lui en référer et en soumettre ensuite (en cas de feu vert, s'entend) chaque phrase ainsi que chaque mot à sa censure, voilà qui est grave, très grave même, à ses yeux. Cela dénote, c'est clair pour le chef hiérarchique, un parti-pris pour l'opposition de la part du journaliste. Ce que, selon nos informations, il ne se prive point de le crier sur le champ. Avant de faire retirer l'entrefilet de l'édition à paraître, ne soufflant ainsi mot sur le retour du président Ahmed Dini Ahmed et de sa délégation. Heureusement qu'il y à Le Renouveau et les communiqués de l'ODU pour s'en charger.

Stupéfait, le journaliste, l'un des meilleurs de la maison, s'est donc exécuté et a ôté du journal l'article en question. Mais il n'est pas, pour autant, au bout de ses surprises. Dès le 29 mars 2000, c'est-à-dire dès le jour du retour de la délégation du FRUD, il se voit remettre une " demande d'explication " du Rédacteur en chef en titre de la Nation qui lui demande de s'expliquer sur " son acte"

Il lui demande de lui expliquer " les raisons pour lesquelles il a tenté de publier un article tendancieux de nature à nuire aux accords de paix auxquels le gouvernement est parvenu. De plus, écrit-il, votre acte est aggravé par la terminologie utilisée dans votre article, lequel ne comportait pas votre signature, était sensé semer le doute dans l'esprit de nos lecteurs et ainsi jeter les discrédit sur le journal "

Devant de telles affirmations, l'on ne peut que rester coi de stupéfaction. A moins d'être anormalement constitué, l'on ne voit pas en effet en quoi ce bref article pourrait nuire aux " accords de paix auxquels le gouvernement est parvenu ". Lisez-le plutôt dans son intégralité et jugez-en:

" Le président et le vice-président du FRUD M .Ahmed Dini et M. Chehem Daoud sont attendus à Djibouti le 28 mars 2000, c'est-à-dire demain. Ce retour au pays des dirigeants du mouvement armé fait suite à l'accord-cadre de cessation des hostilités signé à Paris avec le Gouvernement le 7 février 2000.

Monsieur Ahmed Dini, qui fut dans les années 70 l'un des principaux acteurs de la lutte pour l'indépendance, a occupé en 1977 le poste de premier ministre dont il a démissionné avec panache six mois seulement après sa nomination. Il est à la tête du FRUD depuis 1992.

Quant à M. Chehem Daoud ancien ministre de la Santé du gouvernement Aref, il est numéro deux du FRUD depuis 1994.

Cet accord de paix ouvre donc la voie à un règlement définitif du conflit interne déclenché en 1991 ".

L'on a beau lire et relire cet article, rien n'apparaît qui soit susceptible de " nuire aux accords de paix ", ni de" semer le doute dans l'esprit des lecteurs ", encore moins de " jeter le discrédit sur le journal ". Tout ce qui y est écrit est vrai, y compris la date du retour qui, au moment où l'article est écrit, n'a pas encore changé pour se fixer au mercredi 29 mars 2000.

Monsieur Dini et son vice-président n'étaient-ils pas attendus à Djibouti ? Leur retour n'était-il pas officiel, annoncé notamment par l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU) et par le journal le Renouveau ? Ce retour au pays ne fait-il pas suite à l'accord-cadre de concorde et de réforme signé à Paris le 7 février 2000 entre le gouvernement et le FRUD représenté par ces mêmes Ahmed Dini et Chehem Daoud ? M. Dini n'a-t-il pas été dans les années 1970 l'un des principaux acteurs de la lutte pour l'indépendance, aux côtés de M. Hassan Gouled Aptidon ? N'était-il pas en première ligne en ces temps-là dans le combat pour l'indépendance ? N'était-il pas avec Gouled à la tête de la LPAI ? N'était-ce pas lui que nous applaudissions abondamment dans les manifestations et autres meetigs de la LPAI ? Ne criions-nous pas :" Waa Dini iyo Dinta : c'est Dini et Dinta (la réligion en somali) " ? Avec tout ce que cela comporte de connotation positive. N'a-t-il pas été en 1977 et pendant six mois, le premier Premier Ministre de la République ? N'a-t-il pas, avec courage, démissionné de ce poste dès qu'il perçu les prémices de la future confiscation autocratique de l'Etat ?

Quant à Chehem Daoud, n'a-t-il pas été membre du gouvernement Aref avec le portefeuille de la Santé ? N'est-il pas vice-président du FRUD depuis plusieurs années maintenant ?

Et cet accord-cadre, n'a-t-il pas pour raison d'être même de mettre fin au conflit armé en restaurant la paix civile, la concorde nationale et la démocratie sans lesquelles il ne peut y avoir de développement ? Ne sont-ce pas là ses objectif clairement affirmés ?

Décidément, l'auteur de la " demande d'explication " est à mille lieues de convaincre du bien fondé de sa réaction. Il donne l'impression de se gargariser de mots sans prise aucune sur la réalité ?

Mais au fait, qui est derrière cette sortie contre l'accord-cadre de Paris, car ce n'est point le journaliste culpabilisé, qui n'a fait que son travail, mais ceux qui le lui reprochent qui nuisent aux " accords de paix auxquels le gouvernement est parvenu " ? S'agit-il là de la simple exécution d'une instruction venue du sommet de l'Etat ou de l'initiative de quelque chefaillon craignant pour ses petits privilèges ?

Ce sont là des questions qui méritent réponses de la part de qui droit.

A suivre.




ECONOMIE



LA CONTREBANDE S'AMPLIFIE A NOS FRONTIERES



La contrebande apparaît où l'économie va mal. C'est l'un des symptômes d'un Etat malade où les agents économiques trouvent plus avantageux de tourner la loi pour toutes sortes de raisons. Symptôme, elle est aussi alerte et doit comme telle interpeller les décideurs.


Dans notre pays, la contrebande a toujours été un phénomène insignifiant. Elle s'opérait plutôt, quand elle apparaissait, depuis le territoire national vers les pays limitrophes. Signe que nos produits et nos prix étaient jugés intéressants par les ressortissants voisins qui leur faisaient franchir les frontières en contrebande pour éviter la taxation.

Depuis quelques temps maintenant, précisément depuis que notre économie est en crise et nos produits chers du fait de l'inflation fiscale, le phénomène s'est inversé. C'est vers nous que viennent les marchandises de contrebande. Du Somaliland voisin mais aussi d'Ethiopie.

La contrebande a pris une telle ampleur que le gouvernement a fini par en reconnaître l'existence, allant jusqu'à mettre en place un dispositif de lutte contre cette pratique. Dispositif regroupant les ministères de l'Economie et des Finances, de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice. Le ministre de l'Intéreur s'est même transporté récemment à la frontière avec le Somaliland, où la contrebande s'est très développée ces temps-ci. Toutes sortes de marchandises nous proviennent de l'Etat auto-proclamé, depuis les cigarettes jusqu'au carburant en passant par les produits de beauté. Et l'on ne compte plus les accrochages violents (à l'arme à feu) entre les contrebandiers et les forces de police chargées de la réprimer. Pas plus tard qu'il y a quelques jours, un véritable combat a opposé policiers et contrebandiers armés du côté de Chabelley.

Face au problème, le ministre de l'Intérieur, nous apprend la Nation du 5 avril 2000, a exhorté la population de la région frontalière côtière du Sud (Doudah-Damerjog-Atar-Loyada) à faire preuve de vigilance et de civisme. Il s'est contenté de cette exhortation, aurait dû écrire la Nation, car le problème est trop grave pour être traité par le seul verbe. Si le ministre s'imagine qu'il suffit d'aller prêcher la bonne parole, au volant de sa rutilante grosse cylindrée et dans une mise luxueuse, à une population à bout de souffle à force de misère, il se fourvoie lourdement.

Interrogé par Le Renouveau, un habitant de la région a eu ces mots : " Ils viennent, puant l'argent public, oser nous donner des leçons de civisme, à nous autres que leur mauvaise gestion accable de misère. Comme le dit le proverbe djiboutien, ce n'est pas par hasard si la marmite vient à ébullition ".

La contrebande n'est pas tombée du ciel ni sortie de terre, elle a des causes objectives qu'il faut avoir le courage d'admettre et de traiter. Il y a contrebande parce qu'il y a demande. Le corps social -paupérisé à force de chômage, de baisses et de retards de salaires (surtout dans le secteur public)- n'arrive plus à acquérir sur le marché local des produits sans cesse plus chers du fait de la hausse des taxes. Il cherche alors d'autres sources, accessibles à ses maigres ressources, d'où la contrebande. La contrebande vient du Somaliland parce que dans cet Etat auto-proclamé, la pression fiscale est faible et les marchandises d'autant moins chères. Comme aux Emirats Arabes Unis où nombre de nos commerçants vont s'approvisionner.

Elle vient également d'Ethiopie, avec ou sans la complicité des routiers éthiopiens en provenance des Hauts Plateaux. Des produits tels que le carburant, l'alcool populaire éthiopien, le café ou le têf (servant à préparer la célèbre galette éthiopienne " anjero " franchissent clandestinement la frontière éthio-djiboutienne et s'écoulent à bon prix sur le marché national, quand ils ne repartent pas pour d'autres destinations.

La contrebande offre ce que n'offre plus l'économie officielle à un pouvoir d'achat social fortement réduit : un bon rapport qualité-prix.

Voilà pourquoi il devient tentant, pour des particuliers mûs par l'appât du gain, de se lancer dans le commerce illicite. Et que cela marche...

Mais il n'y pas que les contrebandiers individuels qui opèrent, mais aussi et surtout les gros importateurs qui trouvent dans la contrebande une nouvelle source d'approvisionnement. Selon nos informations, moyennant bakchich à qui convient, des tonnes de marchandises de toutes natures franchissent de nuit la frontière pour garnir les rayons et autres stocks de la place. Il faut dire que lorsque ceux-là mêmes (civils ou en uniforme) censés combattre la contrebande, ne sont pas payés depuis sept mois, l'argument sonnant et trébuchant peut permettre des prouesses pour les inconditionnels du profit substantiel.

Comment alors soigner ce symptôme ? En soignant la maladie, c'est-à-dire en l'attaquant aux racines. Et l'attaquer aux racines, c'est mettre fin à la crise économique et à l'inflation fiscale. Or, une crise économique telle que la nôtre puise ses causes dans le système de gouvernement créé et entretenu par le régime en place. Elle est liée à la logique de prédation, de pouvoir personnel et de dépenses injustifiées. Elle est liée à l'environnement d'incertitude politique, de non-droit et de guerre civile.

Le redressement économique ne peut donc s'opérer sans paix civile et sans concorde nationale, sans démocratie et sans droits de l'Homme, ni sans bonne gouvernance. Toutes conditions élémentaires nécessaires au renouveau démocratique et à la reconquête de la crédibilité internationale.

Loin d'être un phénomène superficiel, la contrebande galopante dont nous gratifient nos frontières est un symptôme sérieux du mal profond qui secoue notre pays. Et pas seulement un symptôme de plus...


MONDE


SOMMET AFRIQUE-EUROPE: LA DEMOCRATIE ET LES DROITS DE L'HOMME AU CŒUR DES TRAVAUX


Au cœur des travaux du premier sommet Afrique-Europe qui s'est tenu au Caire en Egypte lundi 27 et mardi 28 mars 2000 derniers, la démocratie et les droits de l'Homme ont été au centre des discussions. Encore une fois, les débats ont fait ressortir le caractère vital de l'enracinement démocratique et du respect des droits de l'Homme ainsi que de la bonne gouvernance pour les peuples. Il ne peut en effet y avoir véritable développement sans liberté, c'est-à-dire sans protection des droits sacrés de la personne humaine. Le développement étant, faut-il le rappeler, pour et par la personne humaine.


Dans un pays démocratique, où la liberté est garantie sous toutes ses formes (pensée, conscience, opinion, expression, réunion, association, etc.), l'exercice du pouvoir d'Etat ne peut se faire comme le veut celui ou celle qui le détient à un moment donné. Il est soumis à la vigilance nationale et au contrôle démocratique. Qu'il s'éloigne du droit chemin, du programme pour lequel il a été élu, et la sanction populaire tombera. L'opposition démocratique, la presse libre, la société civile... sont autant de forces, ne l'oublions pas, qui participent à l'exercice démocratique. D'où découle l'exercice citoyen de la politique.

La bonne gouvernance elle-même, qui commande que l'on mette l'homme qu'il faut à la place qu'il faut et que l'on respecte les règles et critères républicains, cette bonne gouvernance n'est réellement possible que grâce au contrôlé démocratique. L'homme est ainsi fait qu'il a besoin d'être encadré et contrôlé pour agir positivement. C'est pourquoi la démocratie a été inventée par l'homme et que la séparation des pouvoirs y a été organisée. Le pouvoir doit arrêter le pouvoir, écrivait Montesquieu, grand philosophe français du XVIII ème siècle.

Voilà pourquoi, au grand dam des derniers autocrates encore au pouvoir en Afrique, d'ailleurs tous en difficultés, la démocratie et les droits de l'Homme et leur corollaire la bonne gouvernance ont encore ravi la vedette aux autres sujets.

Bien sûr, la question de la dette a également été évoquée et son allégement promis, mais non sans que le lien étroit entre le niveau de l'endettement et le déficit de démocratie et de bonne gouvernance ait été clairement établi. En effet, et ce n'est un secret pour personne, le fardeau de la dette tant mis en avant par les autocrates africains, est la conséquence de la mal-gouvernance et du déficit démocratique. S'il y avait eu un véritable contrôle démocratique, l'avenir des peuples d'Afrique (et d'ailleurs dans le reste du monde en développement) n'aurait pas été hypothéqué par un endettement douteux qui a trop souvent servi à entretenir le train de vie scandaleux des régimes autocratiques et à enrichir leurs dignitaires. Que d'" éléphants blancs " coûteux gisent à travers la terre d'Afrique ! Que des milliards se sont volatilisés aux dépens des peuples en survie difficile !

L'on comprend, dès lors, que devant l'échec cinglant de la pensée unique et du parti unique, le monde développé, qui sait de quoi il parle pour avoir su tirer le plus grand profit de la démocratie et des droits de l'Homme, nous rappelle à l'évidence.

Alors vive la démocratie, protectrice des droits de l'Homme et garante de la bonne gouvernance et du développement.

HYDRAULIQUE

L'eau potable inégalement repartie

L'eau est une ressource renouvelable (via le cycle de l'eau, soit 1 385 985 km³) mais ses réserves ne sont pas pour autant illimitées. Les experts prédisent que toutes les eaux de surface seront consommées d'ici 2100 et que toute l'eau disponible dans le cycle de l'eau de la terre sera entièrement épuisée d'ici 2230"

L'eau est un problème posé à l'échelle du globe et dont la résolution commande le devenir des sociétés : sans elle, pas de vie ni développement.

Sans céder au catastrophisme, il faut pourtant constater que les ressources se raréfient en maintes régions, que le niveaux des réserves baisse, que la population est largement répandue et que la désertification avance.

Si la population du globe a été multipliée par trois au cours de ce siècle, la demande en eau, elle, a été multipliée par sept et la surface des terres irriguée par six.

Au cours des cinquante dernières années, la pollution des nappes aquifères a réduit les réserves.

L'eau est une source finie, inégalement répartie dans le temps et l'espace. Un habitant des Etats-Unis utilise 700 litres d'eau par jour, un Africain doit se contenter de 30 litres, contre 200 litres par jour pour un Européen et 20 litres pour un Haïtien.


En moyenne, un Israélien consomme quatre fois plus qu'un Palestinien, conformément aux accords de Taba (dit Oslo II) signé à Washington le 28 septembre 1995 entre l'Autorité Palestinienne et l'Etat hébreu. Cet accord officialise le partage léonin des aquifères de Cisjordanie : 82% aux Israéliens et 18% seulement aux Palestiniens, soit 260 litres pour un Israélien et 70 litres pour un Palestinien. Lors des négociations, Israël refusa d'attribuer plus d'eau aux Palestiniens, arguant qu'ils pouvaient être alimentés par le Nil.


Cette suggestion a été considérée comme une provocation belliqueuse par les Egyptiens.

Le gouvernement de l'Afrique du Sud s'est fixé comme première priorité la fourniture d'au moins 25 litres d'eau par jour (pour les besoins de l'hygiène) à chacun de ces citoyens en abordant la question sous l'angle de la dignité et de l'équité.

L'agriculture absorbe les deux tiers de la consommation mondiale d'eau, mais elle doit compter avec l'intense concurrence des activités des villes, plus particulièrement dans les pays émergents.

Les problèmes de l'eau ne sauraient être traités isolément : ils doivent être intégrés dans les schémas de développement économiques et sociaux, afin d'assurer les besoins humains fondamentaux et de préserver les écosystèmes.

Ce qui est en jeu, c'est la sécurité alimentaire, la santé des populations, la paix et la stabilité du monde. L'ONU recense environ 300 zones potentielles de conflits.

Pour ne prendre que des exemples des sphères régionales, tels que le conflit Israëlo-Arabe, vieux d'une cinquantaine d'années, la question s'éclaire d'elle-même.

L'argument de début du mouvement sioniste était de reconquérir la terre promise (Galilée, Judée et Samarie). A partir de 1967, est apparu l'argument de la sécurité (contrôler le terrain pour empêcher les attaques.). Et à l'aube du 3éme millénaire, vient l'argument de l'eau. Shimon Perès le résumais ainsi : " Nous avons deux mers : l'une est morte ( Mer Morte), et si nous abandonnons l'autre ( Mer de Galilée), c'est du suicide ". Dans une de ses dernières déclarations, Yitzahak Rabin avait affirmé, à propos du Golan, qu'Israël avait besoin de garanties les plus solides " car pour le peuple israëlien, l'eau est beaucoup plus importante que la paix".

L'autre guerre majeure de l'eau dans la région, mais cette fois en Afrique, est celui du Sud-Soudan qui oppose les rebelles sudistes au pouvoir de Khartoum. La toile de fond de cette guerre est le conflit entre l'Ethiopie et l'Egypte à propos du partage des eaux du Nil. L'Ethiopie apporte son soutien aux rebelles du Sud-Soudan et singulièrement dans l'attaque du chantier du Canal de Jonglai, un projet egypto-soudanais, qui consiste en la constitution d'un canal sur le Nil près de la frontière soudano-éthiopienne.

L'interaction entre conflits de l'eau et conflits géostratégiques accroît le risque d'affrontement armé dans la mesure où les intérêts vitaux des pays sont en jeu. Mais à terme, elle peut aussi contribuer à démilitariser les conflits par le biais de solutions techniques. Des solutions techniques qui du reste s'avèrent limitées dans un avenir proche :

- faible quantité d'eau récupérée par le traitement des eaux usagées. Un litre d'eau d'une rivière française est recyclé jusqu'à six fois. Dans les pays du Sud, il sert une fois ;

- coût prohibitif du dessalement de l'eau de mer.

Cette dernière entreprise suppose évidemment qu'on invente un système économiquement compétitif de dessalement de l'eau.

Pour le moment, il n'y a que l'Arabie Saoudite et le Koweït qui sont partis le plus loin dans l'expérimentation du dessalement vu que l'énergie est très bon marché. Certes, séparer le sel de l'eau ne pose pas de problème. Ce qui est difficile, c'est, après les avoir séparés, de retenir l'eau et non le sel. Il semble ridicule que nous soyons encore incapables de séparer à bas prix le sel de l'eau de la mer. Mais, nous diriez-vous, pour diminuer le coût actuel de telles opérations, pourquoi ne pas essayer la solution écologique : il s'agirait d'utiliser l'énergie solaire puisque la région Mer Rouge se prête idéalement au captage de l'énergie solaire. L'utilisation de l'énergie solaire reste pour l'heure limitée et dépend de découvertes scientifiques encore aléatoires.

Force est de constater qu'aussi bien la Turquie et le Golan syrien pour le Proche Orient que l'Ethiopie pour les pays du Nord-Est Africain, représentent de véritables châteaux d'eau .Alors pourquoi se concentrer sur le dessalement de l'eau de mer plutôt que sur la redistribution des eaux disponibles à l'échelle des pays de la région ?

Ce qui est particulièrement inquiétant, c'est que dans cette région, l'interaction entre questions hydropolitiques et les facteurs géopolitiques (impératif politique de l'autosuffisance agricole, absence de marché commun et d'approche commune du développement) empêche la recherche de nouvelles sources d'eau potable.

L'adoption d'une coopération régionale pour exploiter les ressources existantes, nous évitera le pire des scénarios, qui peut se produire si l'on considère l'équation croissance démographique-tarissement des sources. La population de la région aura doublé d'ici vingt ans, les sources aquifères ne sont pas renouvelables, le niveau pluviométrique diminue et l'évaporation s'intensifie, alors que l'agriculture, qui consomme entre 75 et 90% de l'eau disponible, est soit trop archaïque et dispendieuse, soit trop ambitieuse, soit d'une préservation défectueuse (pollution, mauvais entretien des infrastructures, etc.).

Les solutions sont donc autant politiques que développementales. La communauté internationale ayant un grand rôle à jouer dans la sauvegarde et la préservation des ressources hydrauliques.

Dès lors, il semble que l'implication des acteurs internationaux : O.N.U., Union Européenne, Etats-Unis, Banque mondiale, devient nécessaire à l'instauration de dynamiques régionales de paix et de coopération. Sans pour autant renoncer à rêver d'un organisme qui régulerait la gestion mondiale de l'Eau.

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LE RENOUVEAU

N° 355 du Jeudi 13 Avril 2000

POLITIQUE


LE PRESIDENT DINI AU NORD DU PAYS


Le président du FRUD, Ahmed Dini Ahmed, s'est rendu au nord du pays la semaine dernière à la tête d'une forte délégation de son mouvement. Parti de la capitale mercredi 5 avril 2000, par voie maritime, il a d'abord gagné Obock, chef-lieu de son district natal , dévasté par la guerre et vidé de sa population qui revient progressivement. Là, l'accueil a été franc, massif et chaleureux. Les Obockois, n'en déplaise aux sbires du régime, se sont massés, y compris les chefs coutumiers, au port de la ville pour accueillir le fils du pays. Une vingtaine d'embarcations de pêche, soit l'ensemble de la flottille de pêche locale, sont même venues à sa rencontre en pleine mer. C'était la liesse populaire.

S'adressant aux Obockois, le président Dini les a remerciés de l'accueil et salué leur courage dans la résistance pour la liberté et la dignité. Il leur a rappelé que son retour au pays s'inscrivait dans le cadre et pour l'application de l'accord de paix signé le 7 février 2000 à Paris entre le FRUD et le gouvernement.

D'Obock, il a pu s'enfoncer à l'intérieur des terres, se rendre compte de l'atmosphère y régnant et de l'état de la circulation des biens et des personnes. Il a revu, à cette occasion, ses combattants du maquis qui l'ont accueilli par une grandiose prise d'armes. Il a ainsi pu passer en revue la troupe et discuté avec le commandement militaire. C'était un moment fort.

C'est samedi 8 avril 2000 que le président Dini et sa délégation se sont transportés à Tadjourah. Où, là aussi, l'accueil a été populaire, massif et chaleureux. De quoi faire bleuir de jalousie les dignitaires grassouillets du régime qui peinent à rassembler quelques dizaines de personnes lors de leurs déplacements. Remerciant la population comme les chefs coutumiers, vêtus de leur tenue d'apparat, il a exprimé sa joie de retrouver Tadjourah la Blanche, où l'attendait pour l'occasion son vice-président Chehem Daoud Chehem. Comme à Obock, il a rappelé les objectifs de son retour et la teneur de l'accord du 7 février 2000 à Paris. Objectifs qui ont pour noms : paix, reconstruction-réparation, concorde nationale, démocratie, décentralisation et développement. Comme à Obock, il aura pris un grand bain de foule et partagé avec les Tadjourains la joie des retrouvailles.

Notons également que l'assemblée générale des khourouj (religieux en sortie de sensibilisation) l'aura à son tour accueilli, trouvant en lui un homme averti de la chose spirituelle.

Retour à Djibouti ville lundi matin.


JUSTICE



ABDOULFATAH MOUSSA AHMED LIBERE



Le fils du président Moussa Ahmed Idriss de l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU), qui croupissait à la sinistre prison de Gabode depuis le 21 juin 1999 sous le chef d'accusation fallacieux de détournements de fonds, a été libéré hier mercredi 12 avril 2000 par la Cour d'appel du Tribunal de Djibouti.


Initialement condamné à trois ans d'emprisonnement ferme et au paiement d'une somme de vingt trois millions de nos francs, Abdoulfath Moussa a interjeté appel auprès de la cour d'appel du jugement de première instance. Appel auquel il a été finalement fait droit, puisque de trois ans fermes, la peine privative de liberté est passée à deux ans avec sursis. Ce qui lui a permis de recouvrer la liberté.

Cette décision confirme, si besoin est, que le chef d'accusation retenu contre Abdoulfath, n'en était pas un , comme le démontrait d'ailleurs clairement le dossier (lire le Renouveau n°351), et que sa détention obéissait à d'autres considérations, politicardes celles-là, visant à faire pression sur le père du haut fonctionnaire.

Ce verdict, c'est clair, se veut apaisant, en rapport avec le récent accord de paix de Paris qui doit ouvrir la voie à la concorde nationale et au renouveau démocratique.

Bon retour à la liberté à Abdoulfath

Rappelons qu'il reste encore quelques prisonniers de type politique à Gabode comme l'écrit le communiqué de la LDDH (rendu public avant la libération de Abdoulfatah Moussa) que nous publions en fin de journal.


LES DIX PRISONNIERS DU FRUD DU SUD LIBERES

Les dix prisonniers du FRUD Commandement Sud, arrêtés en 1998 à une cinquantaine de kilométrés de Djibouti, au sud du pays, ont été relâchés samedi 8 avril 2000 dans la matinée. Il leur était reproché les mêmes faits de résistance que leurs camarades du nord, libérés peu après l'accord de paix signé à Paris le 7 février entre le Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie (FRUD) et le gouvernement, et salué comme une initiative heureuse par l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU).

Cette libération s'inscrit donc dans le cadre de cet accord et intervient en son application. Que le régime ait tergiversé, avant de se résoudre à cette relaxe, ne change rien à la réalité têtue et à l'ordre des choses.

L'Opposition Djiboutienne se réjouit donc de ce geste qui va dans le bon sens et souhaite aux camarades combattants libérés, hier (29) au titre du FRUD Commandement Nord et aujourd'hui (10) au titre du FRUD Commandement Sud, bon retour à la liberté.




Administration


Une mise à la retraite sélective

Par décision n° 2000-0250/MESN du 17 mars, le Gouvernement a mis à la retraite une cinquantaine de fonctionnaires de toutes catégories.

" Les fonctionnaires dont les noms suivent, écrit le premier article de la décision , ayant remplis les conditions pour limite d'âge ou atteint les maximums d'annuités de service, sont admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite selon les dates et les modalités ci-après indiquées. "

Quant au second et dernier article, il dispose que " la présente décision, sera enregistrée, communiquée et exécutée partout où besoin sera ".

Cette décision appelle observation de notre part . A la fois sur la forme et sur le fond.

Il faut d'abord dire que cette décision ne brille pas par la qualité de sa rédaction qui laisse à désirer. Le premier article que nous venons de reproduire tel quel est truffé de fautes si grossières que nous ne pouvons résister à l'envie de conseiller à son rédacteur de revoir ses règles de base de cette langue de travail et de culture qu'est pour nous le français.

Mais plus grave est le fond. En effet, les critères qui ont présidé à la sélection de ces cinquante personnes admises à la retraite ne sont pas si objectifs qu'ils en ont l'air. Ils nous semblent même à cent lieues d'une décision administrative de type républicain.

Ce qui nous paraît avoir présidé à la confection de la liste des retraitables, ce ne sont point les textes républicains en matière de retraite des fonctionnaires. Lesquels sont généraux et impersonnels et s'imposent à tous. Au nom du principe de l'égalité devant la loi.

Il nous semble au contraire que, au-delà des textes, ce sont des considérations d'ordre politicard qui ont joué, admettant certains à la retraite et non d'autres. En d'autres termes, à situation professionnelle similaire (nombre d'annuités maximum réuni, limite d'âge atteinte), le sort réservé paraît bien différent. Certains, bien jugés parce que proches du régime ou soutenus où il faut, sont maintenus en activité, quand d'autres sont définitivement désignés pour le départ en retraite.

D'où le bruit que soulève cette décision un peu partout. Sévèrement jugée par l'opinion publique qui la considère sélective et s'indigne à l'idée que beaucoup aient pu, encore une fois, passer à travers les mailles de la loi, cette décision n'honore pas le régime. Partielle et partiale eu égard à la réalité, elle présente les carences habituelles des mauvaises décisions du pouvoir. Qui instrumentalise la loi pour s'en servir lorsqu'elle l'arrange et la fouler au pied dans le cas inverse. " La loi, ce n'est pas le Coran " a-t-on coutume de répéter à l'envi dans les venelles vénales du pouvoir où la culture républicaine fait cruellement défaut. Le parallèle a d'ailleurs de quoi faire sourire. D'abord parce que ceux et celles qui l'avancent ne sont pas les plus respectueux du Saint Coran, loin s'en faut. Ensuite parce qu'il est stupide en ce qu'il tente de justifier une violation de la loi et des principes républicains.

" Et ces nombreux autres rétraitables ? ", s'insurge un futur retraité figurant sur la liste, pointant du doigt nombre de courtisans et autres petits dignitaires du régime toujours accrochés, telles des sangsues, à des situations prises pour définitivement acquises. Sa question reflète le sentiment général au sujet de cette décision.

Loin donc d'appliquer objectivement et sereinement la loi, le régime n'a fait, à travers cette décision de mise à la retraite ( qui, semble-t-il, sera suivie d'autres, notamment pour les militaires et policiers), que remuer encore une fois le coutelas dans la grande plaie béante de l'injustice sociale...

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LE RENOUVEAU

N° 356 du Jeudi 20 Avril 2000

politique exterieure


djibouti-SOMALILAND :Le pouvoir djiboutien Tel qu'en lui-même


Comme nous en avons rendu compte dans notre dernière édition, une affaire curieuse a éclaté entre le Somaliland voisin et le régime djiboutien au sujet du " plan de paix de Monsieur Ismaël Omar Guelleh pour la Somalie ". L'Etat auto-proclamé du Somaliland, peuple et autorités confondus, s'est invariablement montré hostile à l'initiative du régime djiboutien. En dehors de quelques rares voix isolées, qui semblent liées au pouvoir djiboutien (du moins selon les dirigeants somalilandais), l'ancienne colonie britannique en Somalie ne s'est pas reconnue dans le plan de Monsieur Ismael Omar Guelleh. Il faut croire que les Somalilandais restent très majoritairement attachés à ce qu'ils considèrent comme la liberté retrouvée : en 1960, ils se sont massivement, pour ne pas dire unanimement, enthousiasmés pour l'unification avec le nord-est et le sud somaliens colonisés eux par l'Italie, fondant la République de Somalie où la dictature du général Mohamed Siad Barreh les a gravement saignés.

Le pouvoir djiboutien, qui n'a pas brillé par sa cohérence dans la question somalienne, les a d'ailleurs confortés dans leur position indépendantiste en adoptant une politique ambiguë à leur égard. Que ce soit au niveau protocolaire ou dans le contenu des rapports politiques, Djibouti a suivi une attitude hypocrite qui relevait de la séduction-encouragement, tranchant avec le discours officiel réunificateur tenu à l'occasion sur la scène internationale. Comme le rappelait à la télévision gouvernementale vendredi le vice-président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Idriss Harbi Farah, les officiels somalilandais (ministres et autres hauts administrateurs) étaient reçus comme tels par leurs homologues djiboutiens avec lesquels ils évoquaient d'égal à égal les relations entre les deux pays et les questions d'intérêt commun. Un Bureau de représentation était même ouvert au nom du Somaliland et le représentant dûment mandaté par les autorités de Hargueissa était traité avec des égards dignes d'un responsable diplomatique d'un pays reconnu. Par exemple, le véhicule de service du représentant somalilandais, qui n'était certes pas immatriculé CD (Corps Diplomatique), n'en bénéficiait pas moins du régime d'exonération fiscale grâce à une immatriculation TT.

Ainsi, même si le jeu de séduction-encouragement du pouvoir djiboutien a connu parfois quelques ratés comme la mémorable colère du Monsieur Mohamed Hadji Ibrahim Egal, président de l'Etat auto-proclamé, refusé au sommet de l'IGAD de 1998 à Djibouti-ville où il était spécialement venu y assister en qualité d'observateur (fort, semble-t-il, des assurances de certains milieux politiques djiboutiens influents), les relations entre les deux parties s'entretenaient sous de bonnes auspices. De sorte que les Somalilandais y ont vu un soutien dans leur recherche éperdue de reconnaissance internationale. Ils y ont tellement cru qu'ils ont pris fait et cause pour Monsieur Ismaël Omar Guelleh dans la succession à la tête de l'Etat djiboutien. Le Rassemblement Populaire pour le Progrès (RPP), parti au pouvoir en République de Djibouti depuis l'Indépendance de 1977, a ainsi pu ouvrir avec une facilité déconcertante des antennes dans les villes somalilandaises (Hargueissa, Borama, Gabiley, Barbara, etc.), sous la houlette d'un certain Said Abdillahi Ahmed dit Nalatour, ressortissant djiboutien patron de Hôtel de Djibouti dans la capitale djiboutienne. Inutile de dire que la campagne en faveur du neveu du président sortant, Monsieur Ismaël Omar Guelleh, faisait rage dans l'Etat auto-proclamé la veille du scrutin du 9 avril 2000 qui allait tourner au hold up électoral au profit de Monsieur Ismael Omar. C'est par un véritable pont aérien entre Hargueissa et Djibouti-ville que les Somalilandais sont d'ailleurs venus à la rescousse du " candidat officiel ".Tout l'Etat auto-proclamé s'est mobilisé en faveur de Monsieur Ismaël Omar , et le représentant spécial de ce dernier n'a pas hésité à remercier officiellement, par voie de presse (communiqué publié dans le journal somalilandais Al Jamhurya), les principaux dirigeants locaux qui n'avaient ménagé ni leur temps ni leur énergie pour " faire passer " le neveu de Monsieur Hassan Gouled Aptidon : les ministres de l'Intérieur, de la Justice, des Transports, les directeurs de l'Aéroport de Hargueissa et de la Compagnie aérienne Air Djibouti, la Présidence, etc.

Il va de soi qu'une telle mobilisation locale en faveur du " candidat officiel " et une telle sollicitude à l'endroit du pouvoir djiboutien n'étaient pas sans mobile et visaient à obtenir quelque geste en retour. En réalité, tout cela n'aurait pu s'envisager sans assurances de la part de Djibouti.. " Un service de ce type et de ce niveau, nous confiait à l'époque un observateur averti des relations entre les deux pays, suppose récompense ".

La suite, nous la connaissons. Aussitôt le pouvoir usurpé, Monsieur Israël Omar, loin de se soucier de ses alliés de circonstance, opère un revirement de 180 degrés. Il tire de son keffieh, comme d'autres de leur chapeau, ce qu'il appelle son " plan de paix pour la Somalie ". Fini les yeux doux au Somaliland. Oublié le jeu de la séduction à l'Etat auto-proclamé. Le Somaliland n'est plus, pour celui qui se découvre une vocation de pacificateur réunificateur de la Somalie, qu'une portion somalienne certes en paix mais comme une autre. Donc à intégrer dans le puzzle de sa reconstitution, qu'il croit avoir savamment imaginée.

Incrédules, les Somalilandais s'informent et s'entendent confirmer les nouvelles intentions de Monsieur Guelleh :la réunification somalienne.

Les considérations de politique intérieure qui sous-tendaient hier les ambiguïtés du régime djiboutien (et particulièrement d'un certain chef de cabinet du nom de Ismaël Omar Guelleh), semblent encore motiver aujourd'hui l'initiative de l'occupant de l'ancien Béit-El-Wali, nom local du palais du gouverneur du temps colonial. Il s'agissait hier de réussir son hold up électoral et, de par ses pseudo-bonnes relations avec le Somaliland, de sécuriser les frontières sud : l'opposition armée avait démontré qu'elle pouvait frapper au sud comme au nord et qu'Ali-Addé (au sud) n'était pas plus à l'abri de ses attaques que Médého au nord Il s'agit aujourd'hui pour Ismaël Omar de tenter une grande opération de politique extérieure dans l'espoir puéril de trouver à l'extérieur des frontières une légitimité qu'il n'a pu obtenir à l'intérieur.

Les Somalilandais n'ont plus alors qu'à se rendre à l'évidence : Ismaël Omar Guelleh et son régime les ont floués. Le ressentiment s'installe, alimentant la réaction dont l'on devine la virulence.

Mais Ismaël Omar Guelleh n'en a cure. Il fonce comme si de rien n'était. Fidèle à lui-même, il continue à ignorer, officiellement du moins, l'hostilité du Somaliland à son " plan de paix ".

Voilà dans quel contexte surviennent les derniers rebondissements auxquels nous assistons depuis samedi 8 avril 2000.

A cette date, le pouvoir djiboutien invente de toutes pièces (il est plutôt coutumier du fait) une invitation du Sénat somalilandais et dépêche à Hargueissa une délégation conduite par un certain Idriss Harbi Farah, vice-président de l'Assemblée Nationale, tiré de son hibernation pour la circonstance. La réaction somalilandaise est immédiate qui bloque la délégation de Monsieur Ismaël Omar à l'aéroport de Djibouti. Déballage sur les ondes de la BBC par les autorités somalilandaises qui oblige le régime Guelleh à avouer n'avoir jamais reçu d'invitation. Non sans ajouter qu'il n'abandonnera pas son projet de délégation au Somaliland.

Aussitôt dit, aussitôt fait : la délégation de Monsieur Ismaël Omar retourne à la charge, parvenant cette fois jusqu'à la l'aéroport de Hargueissa. Il semble que l'avion de Daalo Airlines ait pratiquement été réquisitionné, ce qui donne une idée de l'acharnement djiboutien. Qui n'en échoue pas moins : la délégation (plutôt forte puisqu'elle compte plusieurs dignitaires, petits et grands) est invitée à ne pas fouler le sol somalilandais ; elle reste donc à bord de l'avion la transportant avant de devoir rebrousser chemin, visiblement sous le choc. A croire qu'elle s'imaginait pouvoir passer en force !

Le sieur Idriss Farah, de retour à Djibouti, doit dare-dare donner le change au Somaliland qui, dans l'intervalle, a tout révélé sur la BBC. Le régime djiboutien n'a pas fière allure. Ismaël Omar Guelleh, formé à l'école de la facilité, doit enrager dans sa résidence cossue de Haramous. Du moins, la nouvelle sortie du pouvoir djiboutien n'indique-t-elle pas le contraire : le représentant du Somaliland à Djibouti, hier encore " amicalement traité ", est déclaré persona non gratta et expulsé aussitôt. Sans bagages, il est conduit à la frontière terrestre de Loyada aussitôt que lui est notifiée la décision d'expulsion. Il n'a donc même pas le temps de faire ses valises. Ni en son bureau ni à son domicile. Et il ne se gêne pas pour le dire sur la BBC Service Somali qui ces jours-ci trouve là un feuilleton d'un genre nouveau à diffuser. Et pour boucler la boucle, l'on apprend que les frontières (Terre, Air, Mer) sont menacées d'être fermées avec le Somaliland, et que les moyens de communication en phonie restent suspendus. La rumeur parle même de mesures économiques contre des commerçants djiboutiens opérant au Somaliliand. Bref c'est la totale...

Belle tournure pour le " plan de paix " du régime. D'autant plus belle que le Puntland, Etat régional du Nord-Est somalien, bruit de mêmes sons hostiles. Et cela à quelques jours seulement du début de la conférence de réconciliation dont les préparatifs se poursuivent péniblement à Arta à quarante kilomètres de la capitale. Petite localité sans infrastructure d'accueil où tout doit être mis en place. Les participants à la réunion doivent d'ailleurs palabrer sous une tente...

Tournure lamentable confirmée par le report sine die (hier mercredi 19 avril) de la conférence de réconciliation prévue pour le 20 avril. Officiellement : à la demande du peuple somalien. En réalité, pour des raisons profondes liées au déficit de crédibilité de l'initiative et du régime djiboutien, à la représentativité insuffisante des participants, à l'impréparation, à la gestion autoritaire du " plan de paix " par le pouvoir djiboutien, etc.

Ne voila-t-il pas qui confirme nos doutes contenus dans un articule publié en mars 2000 ? Relisez-le plutôt.


SOMALIE : A CRISE COMPLEXE,CREDIBILITE ET CLAIRVOYANCE

La Somalie traverse depuis bientôt dix ans une tragédie sans précédent dans son histoire contemporaine. Avec la chute du régime sanguinaire du dictateur Mohamed Siad Barreh, l'Etat somalien s'est effondré. Le spectacle de la mort et de la destruction s'est installé, plongeant les Somaliens dans une guerre civile d'un autre âge. Les effets cumulés de vingt ans de siadisme fossoyeur se sont effroyablement manifestés au détriment de la paix civile, de la concorde nationale et de l'Etat. Le monde assistait, incrédule, à l'implosion de l'un des pays phares de l'Afrique post-coloniale, l'un des tout premiers où l'alternance démocratique avait pu fonctionner à plein, avec le départ du président Aden Abdullah Hassan des affaires à la suite des élections de 1967 qu'il perdait. Ce pays fascinant et fort de son homogénéité ethnique, culturelle et historique, s'écroulait avec une incroyable brutalité.

C'est un gigantesque feu, dont les tisons étaient d'autant plus ardents qu'ils étaient allumés de longue date, qui se déclarait. La bombe laissée par un régime dictatorial, corrompu, diviseur au possible, qui avait exploité, pour perdurer, la moindre contradiction d'une société qu'il connaissait mieux que quiconque pour en être issu, cette bombe infernale explosait donc dès la chute du vieux pyromane galonné.

Le Nord-Ouest faisait sécession et s'auto-proclamait Etat indépendant, sous la direction du Mouvement National Somalien (MNS), tandis que le reste s'embrasait sans que les mouvements d'opposition armée tels que le United Somali Congress (USC) du Général Mohamed Farah Aïdid, père de Houssein Mohamed Aïdid, le Somali Patriotic Mouvement (SPM) du Colonel Omar Ges ou le Somali Salvation démocratique Front (SSDF) du général Abdillahi Youssouf ne pussent contrôler la situation.

La première tentative de réconciliation viendra de la petite République de Djibouti, pays frère dont la Somalie avait beaucoup œuvré pour l'Indépendance. Mais en vain. Le Général Mohamed Aïdid aura boudé Djibouti où son rival civil Ali Mahdi Mohamed, issu de ce que l'on appelait alors le Groupe Manifesto, jouait les vedettes ; le MNS aura manqué à l'appel qui contrôlait déjà le Somaliland (appellation coloniale du Nord-Ouest somalien durant son occupation par la Grande Bretagne). Les résultats de la conférence dite de réconciliation somalienne de juillet 1991 à Djibouti (mise en place d'un président, d'un gouvernement ainsi que d'une assemblée de transition) étaient voués à l'échec.

Il en ira de même pour toutes les autres tentatives de réconciliation d'où qu'elles viennent : du Kenya, d'Ethiopie, du Yémen, d'Egypte, etc.

C'est dans ce contexte d'impasse que Monsieur Ismaël Omar Guelleh, dont le pouvoir est issu du hold up électoral du 9 avril 1999, lance ce qu'il a appelé son plan de paix pour la Somalie. Il annonce son initiative de la tribune des Nations Unies à New York par un jeudi 23 septembre 1999 au moment même où ses forces de l'ordre arrêtent à son domicile djiboutois et à coups de balles réelles (qui font un mort et plusieurs blessés) le président de l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU), son unique adversaire (victorieux mais spolié) à l'élection présidentielle du 9 avril 1999, Monsieur Moussa Ahmed Idriss, incroyablement accusé d'un délit de presse. Délit qui n'existe que dans l'imagination du régime et pour lequel le général Ali Mehidal Waïss , co-directeur de publication du mensuel Le Temps (en raison de l'immunité parlementaire du directeur de publication Moussa Ahmed Idriss), est, de toute façon, déjà emprisonné à la sinistre prison de Gabode, aux côtés du président du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et directeur de publication de l'hebdomadaire le Renouveau Daher Ahmed Farah (DAF) accusé lui aussi " d'atteinte au moral des forces armées et de diffusion de fausses nouvelles ".

Promu à grand renfort d'opérations publicitaires, où prédomine le culte de la personnalité de son initiateur, gérée de manière à masquer une situation intérieure djiboutienne explosive, à laquelle l'ancien chef de cabinet ne répond que par le tout répressif, le " plan de paix " de Monsieur Guelleh obéit en réalité à des considérations politicardes de politique intérieure : perdurer au pouvoir grâce à l'extérieur. Il ne fait pas l'unanimité parmi les Somaliens. Il rencontre même au fil des semaines et des mois de fortes oppositions. De sorte que les interrogations ne tardent pas à se faire entendre sur son issue. Le choix des participants à la conférence, l'établissement du calendrier, la conduite des concertations et autres consultations, les implications sous-régionales, et jusqu'à la crédibilité de l'initiateur et principal acteur du plan de paix, nombreux sont les points où cristallise la critique. Qu'elle soit publique, ou faite en privé.

L'Etat auto-proclamé du Somaliland a déjà fait connaître son rejet de l'initiative du fils de Omar Guelleh et l'on a pu observer ici ou là des manifestations populaires hostiles au " plan de paix ", Messieurs Abdillahi Youssouf et Houssein Aïdid, respectivement président de l'Etat régional auto-baptisé Puntland et chef de la principale faction armée du Sud de la Somalie, martèlent leur hostilité et annoncent même la tenue d'une conférence parallèle de réconciliation à Tripoli en Libye, sans être aussitôt démentis par la Jamahirya. Tripoli dont Monsieur Ismaël Omar Guelleh ne cesse pourtant de s'enorgueillir du soutien dans ses " efforts de réconciliation somalienne ". D'autres voix hostiles s'élèvent un peu partout, comme par exemple dans les régions du Sud où l'on signale même des affrontements entre " opposants au plan de paix et partisans. " De sorte qu'une personnalité de ce Sud s'indigne voilà peu sur les ondes de la BBC : " Monsieur Ismaël Omar Guelleh, avec son plan de paix, ne contribue pas à la paix sur le terrain ".

Il va de soi que le dossier somalien n'est pas une mince affaire. C'est une situation complexe où s'enchevêtrent les contradictions, interagissent les intérêts (parfois extérieurs au peuple somalien lui-même ) et sont à l'oeuvre les passions. Et s'il est vrai qu'après plus de neuf ans de guerre civile dramatique, de morts, de destructions, de famines, de maladies, bref de régressions en tout genre, les Somaliens, dans leur immense majorité, aspirent à la paix et à revivre normalement, cela n'autorise aucun aventurisme prétendument pacificateur, aucuns calculs politicards, aucune solution extérieure avec ou sans visage somali ou somalien. Cela exclut la précipitation, le placage de réponses toutes faites sur des réalités concrètes promptes à réagir à tout ce qui lui semble douteux. La situation somalienne requiert beaucoup de sagesse pastorale, de luicidité, d'humilité, de crédibilité. Pour espérer agir positivement, il faut inspirer confiance : " Ninkaad kabo ka tolani kabihiissa ayaa la eega " - avant de se faire chausser chez quelqu'un, il faut regarder l'état de ses chaussures - dit le dicton somali. " Ninka tiisa daryeela ayaa takalana ku dara - avant de vouloir arranger les affaires d'autrui, il faut régler ses propres problèmes ", précise un autre dicton.

Mais si inspirer confiance est une condition nécessaire, tant le pasteur nomade est méfiant et jaloux de sa liberté, elle n'est pas suffisante. Il faut aussi savoir observer le terrain, parler aux hommes et aux femmes, les écouter, bien cerner les racines du mal avant d'esquisser le moindre début de solution.

Parallèlement, et afin de renforcer la dynamique d'apaisement général, il faut pouvoir rappeler à ces pasteurs nomades, perturbés par l'intrusion de la ville coloniale, la douceur inégalable du lait de la paix (comme le dit si bien le diction somali), en obtenant de la communauté internationale que soient aidées économiquement et socialement les régions ayant su rétablir la paix localement.

Le pasteur nomade aime bien voir les bienfaits d'une chose avant de l'adopter : ne dit-il pas " Dhamaan gartaa "- littéralement : " je saurai après l'avoir bu "- en réponse à la question de savoir ce qu'il pense du lait qu'on lui offre ? D'où la nécessité de prêcher par le concret et le pertinent.

Enfin, et c'est capital, il faut toujours garder à l'esprit qu'il n'y aura solution qui vaille que celle des Somaliens eux-mêmes. C'est à eux qu'il appartient de savoir ce qui est bon pour eux et ce qui ne l'est pas. On peut les aider à s'aider, les soutenir dans la direction où ils s'engagent pour se réconcilier. Jamais se substituer à eux , chercher à leur imposer quoi que soit, à les soumettre à ses intérêts. Ils savent repousser l'ennemi avec cette même fureur -décuplée par la technologie moderne, il est vrai- avec laquelle ils s'entre-déchirent.

Il faut donc y aller humblement ; avec la démarche éprouvée du sage somali connu et reconnu. A petits pas, en donnant bien pastoralement du temps au temps.

A bon entendeur...

Education

Les élèves de 3ème en grève

Depuis lundi dernier, les élèves de 3ème des collèges manifestent leur mécontentement, descendant même dans la rue. Parti du collège d'enseignement secondaire le plus récent, que le ministère de l'Education a installé dans certains des locaux du camp militaire Omar Aline de Boulaos, dont l'autre partie abrite le Bataillon Artillerie de l'Armée Nationale, le mouvement de grève tend à se généraliser. Nombreux sont les collégiens qui bravent la chape de plomb du pouvoir en place et crient leur colère dans les grandes artères de la capitale : Boulevard de Gaulle, Boulevard de la République...

Bien sûr, les forces de l'ordre chargent les manifestants, usant comme d'ordinaire de gaz lacrymogène et de coups de matraque, mais cela n'affecte en rien la détermination des collégiens. Ils savent ce qu'ils font et persévèrent.

Motif : protester contre une mesure ministérielle de fraîche date qui durcit les critères d'admission de la 3ème à la classe de Seconde déjà réputée être un terrible goulot d'étranglement. En effet, loin de démocratiser ce passage du premier cycle secondaire au deuxième, le ministère subordonne désormais l'admission en Seconde à l'obtention du Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC) : suivant cette mesure, les notes du BEPC compteront pour 60%, contre seulement 40% pour le contrôle continu, dans l'évaluation de la moyenne finale sur laquelle reposera la sélection pour l'admission en Seconde.

Les élèves jugent injuste que les résultats du BEPC, c'est-à-dire ponctuels et pas toujours probants, soient prépondérants par rapport au travail de toute l'année scolaire de l'élève. " D'autant que, ajoutent-ils, la crédibilité des examens nationaux tels que le BEPC ou l'entrée en 6ème, a été entachée de fuites d'épreuves ces dernières années au profit des enfants des dignitaires du pouvoir ".

Il y a là, on le voit, un sérieux problème dont les élèves ne se trompent pas sur la portée.

A suivre.


Les suppléants subissent des retenues de solde


Les instituteurs suppléants en service dans les écoles primaires publiques se sont vu opérer des retenues sur leur solde au titre des jours de grève observés depuis le début de l'année scolaire. Des retenues parfois si importantes qu'il n'est pratiquement rien resté d'une solde déjà réduite à la portion trop congrue par les coupes salariales successives décidées au fil des ans par le régime prédateur en place.


Ces retenues ne concernent pour l'heure que les suppléants, la catégorie statutairement la plus fragile du corps enseignant qui ne bénéficie pas de la sécurité de l'emploi que garantit (sur le papier) le fonctionnariat.

Pourquoi donc ces retenues sélectives ? Certainement, cette mesure vise à briser la cohésion du mouvement enseignant en s'attaquant d'abord aux plus vulnérables, pour ensuite jeter son poison sur l'ensemble de la profession.

Il appartient donc aux enseignants d'en tirer les conséquences en rappelant comme un seul homme que les jours de grève résultent de la non-observation par l'Etat de ses engagements en matière de solde : le travail régulier des agents de l'Etat suppose le règlement régulier de la solde à la fin du mois pour assurer à l'employé les moyens de sa subsistance. Et que de ce fait, si faute il y a (jours de grève), elle est imputable à l'Etat et non aux grévistes qui n'ont fait que réclamer leur dû à un régime peu enclin au dialogue civilisé. Ce qui fonde les victimes à exiger le remboursement des sommes retenues.

A suivre.

 

Administration

Les agents Obockois de l'Etat se plaignent


Les agents de l'Etat au district d'Obock se plaignent de retards par trop prolongés dans le paiement de leur solde par l'administration du district. Une situation qui, selon eux, dure depuis 1993.


Dans une lettre adressée au Commissaire de la République Chef du district le 5 février 2000 dernier sur le sujet, les délégués des agents du district écrivent que leur district est toujours payé le dernier et que, de plus, la période de règlement de la solde n'excède pas quelques jours, ce qui ne permet pas aux salariés éloignés de venir percevoir leurs émoluments. Dans le même courrier, ils font également état de ce qu'ils appellent " la confusion totale " concernant les prestations familiales : certains agents les percevraient, d'autres non, et le montant varierait parfois d'un mois à l'autre.

Les agents de l'Etat au district d'Obock, région sinistrée par la guerre s'il en est, lancent maintenant par voie de presse un appel à qui de droit pour voir cette situation pénible cesser.

Ils profitent d'ailleurs de l'occasion, pour rappeler que copie a été adressée (de leur correspondance du 5 février 2000 au chef du district d'Obock) aux ministres des Finances, de l'Intérieur, de l'Emploi, de la Justice et de la Jeunesse-Sports-Loisirs.

A suivre.

 

Information

Les média gouvernementaux égaux à eux-mêmes

Décidément, il est des plus difficiles aux média gouvernementaux de revenir à la mission fondamentale qui est la leur, à savoir informer en toute objectivité et en toute sérénité. Depuis longtemps habitués à danser pour le prince dont ils ont appris à traduire jusqu'aux moindres désirs, au point que d'aucuns les traitent d'albums officiels, les médias publics, qui ne sont devenus gouvernementaux que dans les faits, peinent à se normaliser. Déconsidérés du fait de leur flagrante inféodation, ils ont du mal à reconquérir un minimum de crédibilité auprès du lectorat.

Difficile de se défaire de réflexes vieux de décennies entières. Difficile de faire de l'information quand on a toujours été la voix du maître. Difficile de songer à la liberté lorsque l'on a toujours vécu dans la servilité. Difficile de se relever pour qui a toujours été couché.

Ces jours-ci ne sont donc pas aisés pour le petit monde de la presse officielle. Il est livré aux affres de l'interrogation, du doute même, sans pouvoir y voir clair, se frayer une ligne. Tandis que le pays s'achemine inexorablement vers le changement, entraîné par l'air libérateur du temps et la volonté profonde d'un peuple qui a sacrifié jusqu'à son sang (ce qu'il a de plus précieux au monde), les média officiels jouent encore sur le mode désuet du plaire, s'abîmant dans une partition odieusement rétrograde.

C'est ainsi que la couverture du retour du président du FRUD, Ahmed Dini Ahmed, et de sa délégation, ceux-là mêmes qui ont signé " l'accord cadre de reforme et de concorde " du 7 février à Paris, a été escamotée. Que le seul journaliste, Ali Barkat Siradj de la Nation, qui a tenté de faire droit à la dignité professionnelle, a subi les foudres de la hiérarchie.

C'est ainsi également que le compte rendu de la visite de condoléances, au Palais présidentiel le 12 avril 2000, de l'opposition djiboutienne, civilisée et responsable, à Monsieur Ismaël Omar Guelleh dont le père venait de disparaître, laisse à désirer. La RTD a avalé des images et la Nation des noms. Comme ils ont toujours avalé leur dignité professionnelle. Outre les vues générales de la rencontre, la télévision a avalé les images de M Mahdi Ibrahim Ahmed God, président du FUOD, et de Kamil Mohamed Ahmed dit Kebir, membre dirigeant du FRUD, récemment sorti de Gabode. Quant au journal la Nation (édition du jeudi 13 avril 2000) et à la radio, ils ont ingurgité trop de noms et de choses.

Rappelons donc, pour rétablir la vérité pour les lecteurs et lectrices ainsi que pour les auditeurs et auditrices et autres téléspectateurs et téléspectatrices, que nous autres savons respecter, la composition de la délégation de l'opposition :

FRUD
-Ahmed Dini Ahmed, président
-Chehem Daoud Chehem, vice-président
-Dabale Ahmed Kassim, membre dirigeant
-Hassan Moukbel, membre dirigeant
-Kamil Mohamed Ahmed dit Kebir,membre dirigeant

Haut Conseil National de l'ODU

Au titre des partis et mouvements :
-Mahdi Ibrahim Ahmed God, président du FUOD
-Daher Ahmed Farah, président du PRD
-Aden Robleh Awaleh, président du PND
-Moumin Bahdon Farah et Ahmed Boulaleh Barreh, GDR

Au titre des personnalités :
-Ali Mehidal Waîss
-Farah Ali Waberi
-Ahmed Walieh Samatar


Société


Ce pédophile expatrié qui sévissait sous nos cieux.

Un pédophile de plus de cinquante ans qui sévissait dans la capitale où il travaillait et résidait, a été arrêté et écroué à la prison centrale de Gabode voilà plusieurs semaines, au courant du mois de mars 2000.

Répondant au nom de Jules Marciles, cet expatrié canadien était en poste à l'autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD) à Djibouti, organisme auquel le liait un contrat de six mois renouvelé peu avant son arrestation. Spécialiste de la documentation, il avait été engagé pour la restructuration du centre de documentation de l'organisation.

Bien que marié et père de deux enfants, cet individu vivait en célibataire dans une belle villa de la cité de l'aviation où il se livrait à ses déviations sexuelles. Appâtant les jeunes garçons (certains avaient à peine quelques années) à coups de bakchich et autres petits cadeaux, il les prenait dans ses rets pour assouvir ses désirs de pervers sexuel. La police, alertée par des voisins, aurait d'ailleurs mis la main, au moment de son arrestation, sur des cassettes vidéo fort compromettantes dont certaines auraient été tournées au Kenya.

En effet, ce quinquagénaire avait été en poste au Kenya où il avait passé quatre ans avant de regagner le Canada d'où il était venu à Djibouti.

Il s'agissait donc d'agissements anciens et avérés, faisant peser de véritables dangers sur la société.

Selon nos informations, sous nos cieux, ses petites victimes sont nombreuses. Beaucoup vivant à Ambouli et dans les environs du lieu de résidence du pédophile.

Concernant son sort judiciaire, le coupable semble pour l'heure sous le coup d'un mandat de dépôt à la prison de Gabode et son procès suivrait son cours.

Espérons qu'il sera puni dans toutes les rigueurs de la loi et que ses innocentes victimes ne seront pas oubliées.

A suivre.

 

Droits de l'Homme

Soutien à l'opposant guinéen Alpha Condé

Le président du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), Daher Ahmed Farah, le Bureau National du Parti ainsi que son journal le Renouveau, seul organe de presse libre à encore paraître en terre djiboutienne, expriment leur total soutien à l'opposant guinéen Alpha Condé, principal adversaire politique du président-général Lanzana Conté. Jeté en prison en décembre 1998, au lendemain d'une élection présidentielle très controversée où le chef l'Etat sortant, le général Lanzana Conté, avait visiblement recouru à la fraude, Monsieur Condé comparaît ces jours-ci devant la Cour de Sûreté de l'Etat, juridiction d'exception dont l'anachronisme en ce XXIème siècle naissant n'est que patent.

Universitaire de renom (il a notamment enseigné le droit international dans les universités parisiennes), et brillant intellectuel, Alpha Condé appartient à la génération de politiciens dont l'Afrique a tant besoin pour relever les défis du millénaire. Son emprisonnement arbitraire par l'autocratie galonnée qui mal-gouverne son pays s'inscrit dans les derniers soubresauts de l'alimentarisme politique dans un continent qui n'en a que trop souffert. Son combat est aussi le nôtre car c'est un combat contre l'obscurantisme fossoyeur et pour la démocratie libératrice.

Aussi demandons-nous la fin de la parodie de procès mise en scène à son encontre et sa libération immédiate.


Soutien au peuple tchetchène

Le Haut Conseil National de l'Opposition Djiboutienne (ODU) et son président Moussa Ahmed Idriss ainsi que le président du Parti du Renouveau Démocratique, Daher Ahmed Farah, et le Bureau National du PRD expriment leur solidarité avec le peuple tchetchène soumis à une violence féroce, et à des fins de politique politicarde intérieure, par le régime russe.

Ils exigent la fin de l'enfer que subit ce peuple martyr et lancent un appel à la communauté internationale pour intensifier les pressions sur le pouvoir russe afin de sauver les enfants, les femmes, les vieillards... tchetchènes du déluge de malheurs que leur impose Moscou.


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Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------

LE RENOUVEAU

N° 357 du Jeudi 27 Avril 2000


ENVIRONNEMENT - SANTE


CES EAUX DE LA MORT


Elles sont là immobiles, stagnantes, nauséabondes et de couleur indescriptible à force de dégradation. Elles serpentent à travers les artères de la capitale ou, plutôt, des quartiers populaires et populeux. Il y en a tout au long de l'Avenue Nasser, de l'Avenue Guelleh Betel, de la route longeant le cimetière pour relier Guelleh Betel à la Route d'Arta. Elles traversent le boulevard de Gaulle et la route de la Siesta pour approcher la mer sans y jeter. En de nombreux endroits, elles sont bien visibles parce qu'à ciel ouvert et sont encore plus chargées qu'ailleurs. Chargées de toutes sortes de matières et de liquides.


Elles, vous les avez certainement devinées tant elles meublent vos mauvais rêves, ce sont les eaux dites pluviales. Elles infectent l'environnement urbain et populaire depuis déjà quelques années. Exactement depuis qu'une certaine société du nom de SADE a couché des canalisations (dont la qualité est d'ailleurs controversée) un peu partout dans la basse ville dans le cadre de ce que l'on appelle le Projet de Développement Urbain de Djibouti (PDUD). Moyennant des centaines de millions de nos francs, bien sûr.

" Il s'agit, nous expliquait-on l'époque, de mettre en place le réseau d'évacuation des eaux pluviales qui fait cruellement défaut à la capitale ", non sans une forte dose de fierté dans la parole comme dans le geste. Et sincèrement, nous en éprouvions un immense soulagement à l'idée de ne plus avoir à patauger dans la boue et l'eau trouble à chaque saison des pluies. " Enfin, nous réjouissions-nous, nous ne subirons plus le spectacle insoutenable de cloaque immense auquel nous a habitués la capitale aux lendemains des précipitations ".

C'était crier victoire trop tôt. C'était oublier l'incurie de nos gouvernants. C'était prendre nos rêves pour la réalité.

En effet, les travaux se sont un jour arrêtés. Comme cela, brutalement. L'entreprise a attendu quelques temps, puis plié bagages. Pourquoi ? Nous apprenons que c'est pour une sordide histoire de contrepartie budgétaire (20% du projet) que le gouvernement n'a pu ou voulu honorer pour que le projet aille à son terme. Les bailleurs de fonds ont alors suspendu leurs décaissements (versements de fonds) par mesure de rétorsion à l'Etat de Djibouti qui n'a pas honoré ses engagements (la fameuse contrepartie) dans ce projet.

La joie populaire aura été de courte durée, car ce qui devait soulager les habitants des quartiers populaires et populeux, ce qui devait les sauver des inondations boueuses et nauséeuses, a vite tourné au cauchemar, puis à l'enfer.

Au cauchemar d'abord, du fait de ces conduites qui captent les eaux pluviales et les conservent indéfiniment en leur sein. Recevant en sus partout où elles n'ont pas été refermées, eaux usées et autres rebuts urbains. De sorte qu'elles finissent par former un véritable réservoir d'agents pathogènes en tous genres qui ne se privent pas du plaisir de partir à l'assaut de la Cité-Etat.

Mais, comme un malheur n'arrive pas seul, par une perversion rppienne (du RPP, parti au pouvoir) des choses, la période des pluies, où le réseau en question devait initialement jouer son rôle évacuateur et ainsi soulager la ville de ces eaux du ciel tombées, est devenue synonyme de massacre et d'enfer. Surtout pour les enfants que la mort happe. En se mouvant dans les flaques d'eau, les petits tombent dans les conduites à ciel ouvert où ils ne se noient à mort. Chaque saison des pluies emporte ainsi, à jamais, plusieurs êtres innocents. Tragique...

Voilà comment les eaux du salut sont devenues les eaux de la mort. Par la magie morbide de la mal-gouvernance. Sans que, dans l'état actuel des choses, l'espoir d'y échapper ne se profile à l'horizon...


ECONOMIE SOCIALE



LES BOULANGERIES FRAPPEES PAR LA CRISE

Les boulangeries du pays subissent de plein fouet la crise de mal-gestion qui affecte le pays. Activité sociale par excellence, puisque le pain est une denrée de première nécessité dont le prix (20 FD la baguette) doit être à l'abri de la spéculation et de l'inflation, la boulangerie est pourtant censée bénéficier de l'attention des pouvoirs publics. Elle doit, en effet, être subventionnée, dans une certaine mesure, pour l'aider à maîtriser ses coûts de revient et à respecter la sacro-sainte stabilité du prix de la baguette dont les Djiboutiens, saignés par la situation, ne sauraient supporter la moindre hausse.

C'était d'ailleurs le cas jusqu'il y a quelques années avec la vente d'une farine subventionnée aux boulangers du pays par l'Office National d'Approvisionnement et de Commercialisation (ONAC). Organisme dont la mission et la raison d'être étaient de réguler le marché des denrées de première nécessité dans la jeune République. Ce faisant, rappelons-le, l'ONAC reprenait et adaptait aux besoins d'un pays à édifier le rôle dévolu aux magasins témoins de la période coloniale.

Cette farine subventionnée, en maintenant le prix d'achat de la farine à 45 FD le kg, permettait donc à nos boulangers de nous offrir la bonne vieille baguette à nos non moins bons vieux vingt francs. Ce soutien des pouvoirs publics rendait au demeurant l'activité viable et contribuait à une meilleure implantation des boulangeries dans la capitale et dans les districts de l'intérieur.

Jusqu'à ce que, à son tour, avec la dégradation de la situation nationale, le secteur de la boulangerie se détériorât. L'ONAC, confronté à des difficultés de mauvaise gestion et à la prédation des dignitaires de tout poil qui se substituaient à lui, notamment dans la commercialisation de l'aide alimentaire, n'a pu continuer à approvisionner les boulangers en farine subventionnée. D'où l'augmentation du prix de revient chez ces artisans. Tenus de respecter le prix homologué de 20 FD la baguette, mais sans plus bénéficier d'une farine subventionnée puisqu'il leur fallait acheter le produit au prix du marché (parfois à 60 FD le kg, soit 3000 FD le sac de 50 kg), les boulangers ont vu surgir les difficultés. Beaucoup n'ont pu tenir et fermé boutique. Ainsi des boulangeries Mahdi à Einguela, Ananoug à la Rue de Zeila, de Farah Had à Balbala, de Garned à la cité Progrès ,Abdillahi Q 7 Sud, du 8 mai à Ambouli, du Double coin au Quartier 7, de Saleh au quartier 1-2, etc. Ce sont des affaires anciennes qui ont ainsi disparu du paysage économique, apportant son lot de chômeurs et de misère sociale.

Et si certaines boulangeries, appartenant à des proches du régime et qui ont donc d'autres possibilités, ont vu le jour sur les ruines des défuntes, le secteur n'en demeure pas moins moribond.

Les professionnels n'en finissent pas de se lamenter, sans la moindre réaction du régime qui vient de prononcer la liquidation de l'ONAC comme pour signifier la fin de l'approvisionnement social.

D'où ce mot amer d'un boulanger de longue date :" C'en est fait de notre activité ".

Triste sort. Un de plus, qui nous frappe au plus vulnérable.


SECURITE URBAINE


LA PEUR HANTE LES QUARTIERS 1 ET 2

L'insécurité urbaine est un problème réel dans la capitale djiboutienne. Celle-ci ploie sous le poids des réfugiés économiques de la sous-région et est en proie à la délinquance juvénile nationale, ce qui accroît d'autant les risques sur la tranquillité publique.

Cependant, le phénomène n'affecte pas de la même manière les différentes zones de la ville. Certains quartiers sont plus touchés que d'autres. Ainsi des quartiers 1 et 2, qui sont situés à la lisière de la basse ville. Ce sont en fait des quartiers à grande activité où une tradition commerciale ancienne (elle remonte aux débuts de la ville, du temps où ces premiers quartiers de la basse ville s'appelaient Bender Djedid), rythme la vie. Cette particularité produit ses effets secondaires et attire des groupes de clandestins, de marginaux et autres asociaux qui sévissent aux dépens de la population locale. Ils font régner la peur et sèment la mort. Régulièrement, les délinquants (jeunes Djiboutiens et clandestins de la sous-région) s'illustrent par des actes de violence : blessures à l'arme blanche, crimes crapuleux, vols à main armée, cambriolages, etc.

Les habitants, apeurés, terrifiés même, se réfugient dans le silence. Un silence de peur et de désespoir. " C'est une chape infernale qui s'abat sur nous ", murmure d'indignation un épicier local, établi là depuis plusieurs générations. " Les autorités ne font rien pour nous ", renchérit un autre habitant.

Les victimes, c'est-à-dire les habitants des quartiers en question, se plaignent de l'absence de police. Il n'existe pas en effet de poste de police qui assure une présence de proximité et atténue d'autant l'insécurité. Compte tenu de l'importance démographique (forte densité) et de la particularité économique (forte tradition commerciale), un effort de maintien de la tranquillité publique ne serait vraiment pas de trop.

" Il y avait une légère présence policière sous la forme d'un poste temporaire de police durant quelques temps ", nous rappelle-t-on. Mais elle a été supprimée sans que l'on sache pourquoi : Ce n'était pas d'une grande efficacité, semble-t-il, en raison de son faible effectif et de la mobilité réduite des agents. Il n'empêche qu'elle exerçait une dissuasion, surtout dans le périmètre de son implantation.

Depuis lors, inexplicablement, ces deux vieux quartiers de la basse ville sont plongés dans la peur. Entièrement livrés à la loi des bandes et autres gangs.

Tristes sort...

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LE RENOUVEAU



N° 358
du Jeudi 4 Mai 2000




ENVIRONNEMENT- SANTE



NOUS L'AVONS ECHAPPE BELLE


Mardi 2 mai 2000. En ce début du mois humide de mai, les Djiboutiens s'attendent à une journée lourde comme une autre. Ils s'attendent, sans gaieté de cœur, à étouffer et à transpirer dans leurs habits pourtant légers d'été. Il s'attendent à supporter encore une fois un singulier silence céleste. Autant dire que, le mois de mai se mêlant à la morosité ambiante, rien d'excitant ne se profile à l'horizon...

Erreur, car le ciel, d'ordinaire serein et si avare de surprise, nous en réserve une. Comme pour nous convaincre de son vouloir, il nous donne d'ailleurs un avant-goût de son don à travers quelques gouttes qu'il précipite sur la terre torturée et nos têtes troublées. La poussière, si prompte à se soulever au moindre courant d'air, commence à se tasser sous ces fines boulettes d'eau pure. Elle ne doit pas être enchantée d'être ainsi contrariée dans ses assauts incessants contre nous autres nomades sédentarisés sans vent à la semelle. D'avoir à subir, pour quelque temps du moins, nos souliers lourds n'a rien pour réjouir une poussière qui sait si bien prospérer de nos pesanteurs pastorales.

Erreur donc que de songer qu'il s'agit de ces gouttes sans suite par lesquelles notre ciel nous rappelle de temps à autre qu'il recèle encore des ressources régénérantes.

En effet, comme pour moquer nos impressions, le ciel s'assombrit soudain, semant un supplément de fraîcheur. Dès 9 heures, dans une atmosphère digne de décembre, de grosses gouttes s'écrasent sur le sol assoiffé. Elles se succèdent à une cadence accélérée. Il pleut bel et bien. Il pleut abondamment.

C'est une pluie de Dirac (" début de saison chaude " en parler pastoral somali) qui arrose la capitale. L'accueil populaire est favorable, chaleureux même. La douceur qui en découle nous dompte.

Pas pour longtemps car l'eau, qui ruisselle et monte sans cesse dans son mouvement majestueux, commence à nous inquiéter. Devant nos masures, dans nos venelles défoncées, sur nos voies victimes de la vénalité officielle, le précieux liquide limpide cesse d'être sympathique. Il se trouble, menaçant de se mouvoir où il ne faut pas.

Le voilà qui maintenant nous envahit, véloce dans sa vigueur. Il pénètre partout. Nos abris s'en inondent. Nos ruelles s'en recouvrent rageusement. Les bas quartiers, sans réseau évacuateur, sont tout en eau.

Les égouts des eaux usées, bouchés au possible, rendent gorge, les vraies fausses conduites pluviales connaissent leur crue précoce, les détritus de toutes sortes (qui traînent ça et là faute de système efficient d'enlèvement des ordures ménagères) déteignent et déterrent leur hache d'hostilité... Nos dignes quartiers se parent de tous les dangers...

Déjà, l'affolement s'empare de nous. Les travailleurs rentrent en catastrophe et les enfants sont récupérés d'urgence de l'école. Les entrées de nos masures s'ouvrent, des chaînes humaines se forment de nos pièces inondées jusqu'aux portes. Seaux et autres boîtes entrent en action pour évacuer un liquide devenu loup. Dans la panique, nous peinons pour bouter l'envahisseur hors de nos frontières. Toutes les maisonnées se mobilisent pour des résultats peu réjouissants. Le combat est inégal...

Pendant ce temps, Radio Djibouti grésille de nouvelles officielles. Le régime se rengorge à Arta devant quelques dizaines de Somaliens précipitamment rassemblés et auxquels, de remontrances en recommandations impératives, l'on exige des exploits. Avec célérité, il faut à ces Somaliens majoritairement vêtus de neuf pour l'occasion aux frais du contribuable djiboutien, arrêter des solutions sans appel. Non sans être aidés en cela par la science infuse de nos grands gouvernants...

Ismaël Omar est intarissable de leçons, la voix tonitruante, le geste injonctif, dans le style qui est le sien. Non sans ajouter de temps à autre, comme pour la forme, que les participants sont libres de réfléchir et de décider.

Puisque, selon Monsieur Ismaël Omar, la conférence de réconciliation somalienne d'Arta est libre d'entendre qui elle veut sur la crise complexe qu'elle " doit "régler, je, moi Daher Ahmed Farah, ressortissant et responsable djiboutien, souhaiterais y prendre la parole pour m'adresser quelques instants aux participants somaliens sur le sujet grave qui les préoccupe.

Je compte sur l'esprit de fraternité et de coopération des uns et des autres pour obtenir cette prise de parole.

C'est par souci de transparence que je formule ma demande par voie de presse. Par avance, merci.

Ahmed Nadji, l'artiste somalien si habile à arpenter les ruelles du régime djiboutien, n'est pas en reste. Il ne se lasse pas d'encenser le petit-fils de Guelleh Betel, de chanter à sa gloire. Nous l'entendons encore enfourchant sa luth pour entonner : " Guellow Ismaël (Ismaël le Chamelier)... ". Cela n'est pas sans nous rappeler d'autres sonorités entendues en d'autres temps du type : " Goul wadé Siad (Siad le Victorieux)... ".

Rien donc à attendre de nos " réconciliateurs " d'Arta. Il nous faut négocier comme nous pouvons avec ces eaux subitement inamicales.

Fort heureusement, les précipitations, soudain attendries, s'arrêtent en début d'après-midi. Notre soulagement est immense. Nous remercions Allah d'avoir ainsi modéré les ardeurs célestes. Nous l'avons échappé belle.

Aussi lâchons-nous, unanimes et les pieds dans l'eau : " Djibouti aussi a besoin d'une Arta nationale avant qu'il ne soit trop tard... "


POLITIQUE REGIONALE


MONSIEUR GUELLEH OUVRE " SA " CONFERENCE SOMALIENNE A ARTA

Après son report in extremis voilà près de deux semaines, la fameuse conférence de réconciliation somalienne, la 13ème du genre, convoquée par Monsieur Ismaël Omar Guelleh dans le cadre de ce qu'il a appelé son " plan de paix pour la Somalie ", s'est enfin ouverte à Arta mardi 2 mai au matin sous un chapiteau installé à cet effet sur un terrain de football de la ville d'Arta.

C'est Monsieur Ismaël Omar qui, sous bonne escorte armée comme d'ordinaire, a inauguré la réunion où, il faut le dire , il n'y avait pas foule. L'on ne se bousculait pas au portillon, en effet, et les balayages de la caméra de la télévision gouvernementale, faisaient apparaître presque autant de Djiboutiens que de Somaliens en cette séance inaugurale. Les visages potelés des dignitaires du régime, petits et grands confondus, et l'éclat à l'éclaircissant d'une certaine gent féminine étaient omniprésents.

Monsieur Ali Abdi Farah, Ministre des Affaires Etrangères et président du comité d'organisation, avouait d'ailleurs dans la journée au micro de Ghislaine Dupond de Radio France Internationale (RFI) que le nombre des participants approchait les 250 personnes. Loin donc des 1500 à 3000 participants attendus avant le report in extremis (mercredi 19 avril dernier) de la réunion. Loin aussi des 450 participants annoncés dans les journaux d'une RTD décidément fâchée avec les chiffres. Le journaliste Mohamed Daher (de la RTD), dans l'édition spéciale qu'il devait consacrer à l'ouverture de la réunion , édition retransmise par satellite vers la diaspora somalienne au prix fort (cette conférence est aussi une opération de marketing pour son initiateur), rectifiait d'ailleurs de lui-même, retenant le chiffre de 250 participants fourni par le ministre responsable de l'organisation.

Ce sont essentiellement, pour reprendre la formule gouvernementale, des membres de la société civile qui étaient présents à la réunion, à l'exclusion des chefs de guerre et autres personnalités politiques en vue. Et de fait, de nombreux visages marqués du sceau de l'âge étaient visibles, que le pouvoir présentait comme des chefs coutumiers, chose que nous ne pouvons vérifier, ce qui n'exclut point pour autant la question de la représentativité effective qui ne se confond pas avec le titre porté (réel ou usurpé).

Contrairement aux allégations fracassantes du pouvoir djiboutien, la communauté internationale n'a pas brillé par sa présence. Seuls ont fait le déplacement un représentant du Secrétaire Général de la Ligue des Etats Arabes et l'envoyé spécial du Secrétaire Général Kofi Annan des Nations Unies pour les affaires somaliennes. Aucune présence de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), ni de son président en exercice, de la Conférence Islamique, de l'Union Européenne. Pas même les pays de l'IGAD n'ont daigné honorer de leur présence la conférence. Seuls l'Ethiopie, représentée non par son ministre des Affaires étrangères comme annoncé initialement par la RTD, mais par celui de la Coopération internationale, et le Soudan, qui a dépêché son ministre des Affaires Etrangères, étaient là. Le Kenya (pourtant annoncé par la RTD), l'Ouganda, l'Erythrée étaient absents. Même constat pour l'Egypte, pourtant vivement intéressé par les affaires somaliennes comme chacun le sait, et pour la Libye, deux pays dont le régime se prévaut régulièrement du soutien. La RTD n'avait-elle pas annoncé voilà peu que l'Egypte serait représentée à la conférence par un envoyé officiel ?

Au plan de l'atmosphère inaugurale, remarquons que l'air débonnaire et souriant perceptible du côté djiboutien de la tribune officielle tranchait avec la gravité affichée par les rares représentants étrangers (non somaliens) présents, comme avec la solennité relative des participants et autres invités. Le ridicule surgira lorsque, un artiste somalien du surnom de Yam Yam, invité à la conférence par le gouvernement djiboutien, aura cru bien faire en traitant de " dromadaires à dompter par le chamelier Guelleh " les participants somaliens à la conférence. Ajoutant que le grand-père de Monsieur Ismaël Omar était une grande figure régionale très respectée du gouverneur colonial français qui, selon lui, se précipitait à sa rencontre dès qu'il descendait de Diré-Dawa. Ce que l'initiateur du " plan de paix pour la somalie " n'a pas jugé utile de démentir...

Il faut dire que nous en avons vu d'autres sous ce régime... N'avons-nous pas lu, par exemple, voilà quelques années, dans un manuel d'histoire pour élèves de l'enseignement primaire, un stupéfiant passage présentant Monsieur Guelleh Betel comme un Ougas ? Ce qui naturellement est rigoureusement faux...

Côté discours, se sont succédé au micro les rares représentants étrangers qui ont exhorté les participants à réussir leurs travaux. Parmi eux, un imam (en poste à Djibouti) de l'Université Al Azhar d'Egypte qui, pour y avoir séjourné, aime la Somalie, a su bien jouer sur le registre de l'émotion sincère.

Prenant à son tour la parole, Monsieur Ismaël Omar, dans son allocution inaugurale, s'est montré directif à l'adresse des participants. Répétant notamment que " sa " conférence était celle de la dernière chance pour la Somalie et qu'il était mandaté par l'ensemble de la communauté internationale : son appel pour la création d'un fond pour la reconstruction de la Somalie ne s'adresse pourtant qu'au monde arabe. Démagogue, il n'omet pas de rappeler les critères auxquels doit satisfaire un bon gouvernant : son régime répond-il à ces critères ?

C'est vers treize heures que la séance s'est achevée.

Les participants se seraient ensuite organisés en cinq groupes de travail pour la suite de la conférence. Les chefs traditionnels se réunissant entre eux les deux premiers jours dans la résidence secondaire de l'ancien chef de l'Etat djiboutien, Hassan Gouled, ce que ne semblent pas apprécier les participants " politiques " qui jugent trop forte la préférence du pouvoir djiboutien pour ces " sages ".

A suivre.


MONDE DU TRAVAIL


UN 1er MAI VOLE

La fête du 1er mai 2000 est tombée sur un lundi cette année. C'était donc lundi dernier que l'événement était célébré. A Djibouti comme ailleurs dans le monde.

Seulement à Djibouti, les véritables travailleurs n'ont pas été de la fête. Ils l'ont boudée, restant tranquillement chez eux.

C'est que les locaux, le matériel et les titres de la représentation syndicale sont encore détenus par des gens dont la seule légitimité est d'avoir été désignés par le régime. Ces individus, triés en raison de leur fidélité avérée au pouvoir en place, se sont vus bombardés hauts responsables syndicaux : ils arborent depuis le mois de juillet 1999 dernier les qualités ainsi usurpées de leaders des deux centrales syndicales du pays, l'Union Démocratique du Travail (UDT) et l'Union Générale des Travailleurs Djiboutiens (UGTD).

Ce sont donc ces quelques individus qui se sont manifestés sur la place du travail l'autre jour. Non sans avoir racolé à travers la ville une poignée de figurants pour les besoins de la mise en scène.

Les véritables travailleurs et responsables syndicaux authentiques s'attellent actuellement, comme nous en avons rendu compte dans notre dernière édition, au renouvellement démocratique des structures syndicales de base pour les laver de l'ingérence gouvernementale et les rétablir dans leur légitimité perdue. Etape nécessaire à la tenue du ou des congrès de renouvellement des centrales syndicales sous le contrôle vigilant des instances internationales du Travail. Lesquelles veillent au grain depuis que le régime a été mis en demeure de se retirer de la vie syndicale où ses ingérences et autres agissements liberticides ne sont que notoires.

Encore une fois donc, c'est la mise en scène qui s'est ridiculement affichée ce 1er mai 2000, complaisamment retransmise par les média gouvernementaux, c'est-à-dire par la voix du maître. Encore une fois, c'est la grossière imitation qui s'est vautrée dans la boue du méprisable, tentant risiblement de se faire passer pour ce qu'elle n'est pas. Comme si elle avait quelque chance d'y arriver dans ce petit pays où tout le monde connaît tout le monde, et où aucune hyène ne peut passer pour une vache laitière.

N'était-ce pas ridicule que ce 1er mai, notamment avec la lecture hésitante, incertaine, embarrassée, d'une soi-disante allocution lue par un soi-disant leader syndical du nom de Sikieh dont les mots sans saveur sortaient péniblement, sucés de leur substance ? Ce personnage serait sans doute plus utile à la société au volant de sa motrice (il est conducteur de train de métier) qu'aux commandes d'une centrale syndicale requérant d'autres qualités et capacités.

Autant dire que c'était un 1er mai volé.


COMMUNICATION



LA JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE PRESSE

C'était hier mercredi 3 mai 2000 que la Journée Mondiale de la Liberté de presse a été célébrée à travers le monde.

Cette journée commémorative était l'occasion de faire le bilan et de prendre de nouveau la mesure du combat à conduire. Pilier de la démocratie, dont l'exercice est indissociable de l'existence d'une presse libre et opérationnelle, la liberté de la presse est d'une importance vitale. L'expérience montre abondamment que partout où elle existe et s'exerce, elle contribue à humaniser les rapports gouvernants-gouvernés comme les rapports entre les autres acteurs de la société. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le niveau de développement de la presse reflète généralement le niveau d'avancement du pays d'appartenance.

Il va de soi que les adeptes (gouvernants et autres) de la loi de la jungle n'apprécient pas la liberté de la presse et la musellent. C'est le cas chez nous à Djibouti où la presse libre n'existe pratiquement plus à force de répression. Le seul organe libre à encore paraître est le Renouveau, dont le sort (que lui réserve le régime) est des plus connus : confiscation de matériel, suspension, emprisonnement de son directeur de publication, intimidations de toutes sortes, etc. Ce qui ne l'empêche pas de tenir et d'être régulier depuis sa naissance en octobre 1992. Avec des moyens antiques, il est vrai.

Les exemples de répression de cette précieuse liberté sont d'ailleurs légion à travers ce monde dur, et l'on ne compte plus le nombre de journalistes jetés en prison ou tués : 80 d'entre eux croupissent en détention et pas moins de 34 autres ont trouvé la mort pour la seule année 1999. Des dirigeants tels que les présidents Ben Ali de Tunisie et Dos Santos d'Angola, le chef rebelle Fodé Sankoh de Sierra Leone, etc. pour ne citer que les Africains, s'illustrent régulièrement par les atteintes à la liberté de la presse dans leurs pays respectifs.

C'est dire si ce combat pour la liberté de la presse est plus que jamais d'actualité.

 

APPEL A VOUS QUI AIMEZ LA LIBERTE D'EXPRESSION

A l'occasion de la journée mondiale de la presse, il nous a paru opportun de nous adresser à nos lecteurs et lectrices et à tous ceux et celles d'entre vous attachés à la liberté d'expression et de presse, pour leur lancer un appel en faveur du Renouveau.


Cela fait plus de sept ans que cet organe existe et paraît chaque semaine. Vous êtes très nombreux à nous dire votre estime et votre attachement. Ce qui nous fait chaud au cœur et nous aide à tenir contre vents et marées.


Mais cela fait aussi sept ans que le Renouveau œuvre dans le dénuement et demeure, au plan matériel, à un stade antique. Cela pour des raisons essentiellement économiques liées à la faiblesse du lectorat djiboutien (le taux d'analphabétisatisme est chez nous très élevé et l'oralité encore la règle), d'absence de publicité (les annonceurs craignent les représailles du régime et se tournent uniquement vers la presse officielle) et à la misère sociale (beaucoup n'ont pas de quoi acheter de journal).

Le Renouveau, qui fonctionne totalement selon le principe du bénévolat, a donc besoin d'être soutenu. Il a besoin de votre soutien matériel pour s'améliorer dans sa présentation comme dans son fonctionnement. Vous pouvez le soutenir sous les formes les plus diverses, à votre convenance : abonnement de soutien, don, legs...

Naturellement, nous garantissons, à ceux et celles qui le souhaitent pour des raisons que nous pouvons parfaitement comprendre ,l'anonymat et une totale discrétion.

Le Renouveau, c'est aussi votre journal. En l'aidant, vous l'aidez à mieux porter la flamme de la liberté d'expression dans cet univers de bâillonnement et de censure créé et entretenu par un régime d'un autre âge

Nous vous remercions infiniment de votre compréhension.

La Direction


ADMINISTRATION



LES AGENTS OBOCKOIS DE L'ETAT ATTENDENT ENCORE


Les agents obckois de l'Etat, qui se plaignent de lenteurs dans le règlement de leurs solde et autres allocations familiales, ont demandé qu'il y soit remédié. Ils attendent encore que des mesures concrètes soient prises pour que ces lenteurs cessent.


Aussi interpellent-ils de nouveau le commissaire de la République chef du district d'Obock qu'ils ont saisi de cette affaire.

------------------------------------------------- Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------

LE RENOUVEAU

N° 359 du Jeudi 18 Mai 2000


POLITIQUE REGIONALE


LETTRE OUVERTE AUX SOMALIENS
par Daher Ahmed Farah

chers freres et soeurs,

Ne pouvant nous adresser directement à vous, sous le chapiteau d'Arta où, selon le régime djiboutien, des personnalités coutumières vous représentant débattent pour vous réconcilier et dégager les voies et moyens de mettre fin au drame que traverse votre cher pays depuis maintenant une dizaine d'années, ne pouvant donc prendre la parole devant vous, en dépit de notre demande expresse en ce sens, du fait du régime de Monsieur Ismaël Omar Guelleh prompt à museler les opposants, nous nous permettons de vous faire tenir cette lettre ouverte par voie de presse.

C'est volontairement que nous nous exprimons en français pour prendre à témoin l'opinion publique nationale et internationale.

Comme vous pouvez aisément l'imaginer, nous souhaitons, comme tous vos frères et voisins djiboutiens, la fin de vos malheurs. Nous le souhaitons vivement, du plus profond de notre être. D'où l'irrépressible cri du cœur et de la raison que nous poussons à travers ces quelques modestes lignes.

Ce que nous souhaitons souligner, c'est l'impérieuse nécessité pour les Somaliens de parvenir à leurs objectifs : réconcilier le peuple somalien et lui fournir les moyens de restaurer son Etat et de reconstruire son pays.

C'est là, nous en convenons aisément, une vaste tâche qui ne peut souffrir d'erreurs. Une tâche vitale dont le succès nous semble déterminant, décisif, pour le destin de tout un peuple et de la nation qu'il forme malgré tout.

Comme le dit si joliment le dicton, " Arine aan la rogrogin rag ma heline (d'une affaire non examinée, l'on ne peut dire que des hommes s'y sont penchés) ", avant de songer aux remèdes, il faut diagnostiquer le mal, déterminer sa nature. Car à chaque mal correspondent ses remèdes.

D'où la nécessité, dans toute entreprise de réconciliation somalienne, d'examiner sérieusement la situation, de la considérer dans toute sa complexité, de ne négliger aucun aspect essentiel. Il faut se donner le temps de s'interroger ensemble, pour mieux appréhender les problèmes et mieux entrevoir les solutions. Un bon diagnostic, c'est 50% du traitement, disent les praticiens.

S'interroger sur les causes profondes de la tragédie somalienne mais aussi sur les raisons de son insoutenable persistance. Pourquoi et comment l'un des pays phares de l'Afrique indépendante, fascinant à plus d'un titre, en est-il arrivé à s'effondrer du sommet de ses succès ? Par quelle funeste alchimie le sort somalien s'est-il scellé ? Pourquoi et comment le drame perdure-t-il depuis dix ans ? Pourquoi toutes les tentatives de réconciliations, d'où qu'elles viennent, ont-elles échoué... ?

Nous souhaiterions pour notre part, dans le cadre de notre modeste intervention, nous attarder un instant sur cette dernière question de la réconciliation, car elle concerne l'objet de l'initiative que le chef du pouvoir djiboutien affirme avoir prise au nom du peuple djiboutien et qu'il s'agit d'une entreprise trop importante pour être laissée entre les mains d'un seul homme. N'est-ce pas précisément l'exercice autocratique du pouvoir d'Etat qui a fait de la Somalie ce qu'elle est et qui justifie cette réconciliation nationale si vitale ? Laquelle, on ne le soulignera jamais assez, ne pouvant en aucune façon faire l'économie d'un examen approfondi autour des questions essentielles, du pourquoi et du comment.

Nous ne pouvons nous retenir de rappeler que pas moins de douze conférences de réconciliation ont échoué depuis les débuts de la crise somalienne. La première était organisée par la République de Djibouti en juillet 1991 sous le régime du président Hassan Gouled Aptidon dont Monsieur Ismaël Omar Guelleh était le bras sécuritaire et l'un des tout proches collaborateurs.

Le point commun de toutes ces conférences de réconciliation était leur organisation par des pays tiers. Des pays certes frères ou amis, interpellés sans doute par le drame somalien, mais des pays tiers tout de même. Toutes ces conférences ont donc été conçues et mises en oeuvre par des Etats tiers, souvent avec la complicité active de certains acteurs somaliens.

Or, ces Etats organisateurs, si liés soient-ils à la Somalie, n'ont pas forcément les mêmes intérêts que les malheureux Somaliens livrés à l'enfer sur terre. Un Etat digne de ce nom, disait un homme d'Etat célèbre, n'a point d'amis, il n'a que des intérêts.

Du reste, il nous est donné de constater que les régions somaliennes où la paix est revenue sont celles où les Somaliens ont eux-mêmes pris les choses en main, discutant sans intermédiaire de leurs problèmes et trouvant entre eux une formule de vie collective. L'exemple du Somaliland, suivi quelques années plus tard du Puntland, nous semble éloquent .

Cela n'a d'ailleurs rien d'étonnant pour qui connaît la société somalienne et sa culture. Comme tous les Somalis (nous pouvons dire la même chose des Afars, autre peuple de pasteurs nomades frère des Somalis), les Somaliens sont les héritiers d'une riche culture de dialogue (de démocratie pastorale, diraient les spécialistes) où les différends internes se règlent par le verbe sous l'arbre à palabres. De mémoire de pasteur nomade, il n'est pas de conflit interne, de différend, qui n'ait fini par connaître un heureux dénouement sous l'arbre à palabres. Les guerres inter-claniques les plus meurtrières ont toujours fini par cesser lorsque les protagonistes, l'explosion passionnelle passée, ont repris langue. La paix retrouvée se scellant souvent par des mariages entre jeunes gens et jeunes filles des deux groupes réconciliés. Une façon de consolider la paix civile par un resserrement des liens du sang.

N'est-ce pas, du reste, au nom de cette culture que le régime de Monsieur Ismaël Omar vient d'engager directement le dialogue avec l'opposition armée djiboutienne (alliée à l'opposition civile) du FRUD présidée par Monsieur Ahmed Dini Ahmed en terre djiboutienne ?

Voilà pourquoi nous pensons que seuls les Somaliens, en prenant véritablement leurs affaires en main, peuvent parvenir à une authentique réconciliation qui débouche sur une réelle renaissance somalienne. Nous le pensons d'autant plus fort que de nombreux indices nous amènent à douter de la sincérité de l'initiative de paix de Monsieur Ismaël Omar Guelleh, un Djiboutien que nous autres Djiboutiens connaissons tout de même mieux que nos frères somaliens.

En mal de légitimité à l'intérieur des frontières nationales où il a usurpé le pouvoir d'Etat, Monsieur Guelleh a certainement cru trouver dans la tragédie somalienne matière à acquérir quelque crédit international et à capter de l'aide financière. Il a alors entrepris de prôner pour les Somaliens une réconciliation nationale, celle-là même qu'il fuyait dans son propre pays et avec ses propres concitoyens, massivement opposés à sa prise du pouvoir.

L'initiative de paix de Monsieur Ismaël Omar est en effet survenue au lendemain de l'élection présidentielle djiboutienne qui a donné lieu à un véritable hold up électoral au profit de ce dernier et aux dépens de son adversaire unique, Monsieur Moussa Ahmed Idriss, figure historique soutenue par l'ensemble des forces de l'opposition, y compris le FRUD du président Ahmed Dini Ahmed.

C'est au moment même où Monsieur Ismaël Omar Guelleh annonçait son " plan de paix pour la Somalie " de la tribune des Nations Unies, que son appareil répressif, en un dispositif des plus impressionnants, donnait l'assaut contre le domicile du paisible Moussa Ahmed Idriss, faisant un mort en la personne de son fils adoptif, Youssouf Ismaël, et plusieurs blessés dont ses propres épouse Saada Elmi et fille Aicha Moussa Ahmed Idriss.

La tonalité du " message de paix " du fils de Omar Guelleh n'était pas de nature à rassembler et trahissait, dans sa formulation du moins, cette arrogance instinctive des disciples issus du moule de la facilité.

Bientôt, il apparaissait clairement que son " initiative de paix " n'avait pas été précédée des efforts et contacts de terrain préparatoires. Sahan n'avait été effectué : sahan, ce mot somali, signifie la mission de reconnaissance qu'effectue le pasteur nomade avant de décamper, soucieux de s'assurer de l'hospitalité de la zone de transhumance pressentie pour le déplacement pastoral du campement.

C'est à posteriori que Monsieur Ismaël Omar courra à gauche et à droite vers les pays, régions et organisations du monde intéressés par la question de la réconciliation somalienne. Tandis que les premiers intéressés, les Somaliens, apprendront l'entreprise de paix dont ils font l'objet par voie de presse. C'est à quelques jours seulement de la date du 20 avril 2000, date retenue par le pouvoir djiboutien pour le début de la conférence de réconciliation, que s'envoleront de Djibouti vers les régions somaliennes, c'est-à-dire vers le véritable terrain à traiter, les premières délégations de Monsieur Ismaël Omar. Provoquant de vives réactions de rejet de la part des principales régions somaliennes : Somaliland, Puntland, des secteurs importants de Mogadiscio et de sa région Benadir, etc.(lire à ce sujet notre article sur la question au Renouveau n°356 du 20 avril ), notamment ceux contrôlés par les chefs de factions Houssein Aïdid, Omar Ato, Ganyareh Afrah, etc.

Il faut dire que l'opinion publique somalienne, hormis quelques voix complaisantes, se montrait sceptique dès l'annonce d'un " plan de paix " auquel rien ne l'avait préparée et dont elle ignorait les tenants et les aboutissants.

Quant au peuple djiboutien, au nom duquel Monsieur Ismaël Omar affirme entreprendre ses démarches, il est tenu dans l'ignorance la plus totale de " l'initiative de paix ". Il doit se contenter de la propagande éculée puant le culte de la personnalité de Monsieur Guelleh, que relaient certains journalistes du service somali de la BBC connus sous nos cieux pour leurs relations privilégiées avec le régime djiboutien.

Aucun intellectuel djiboutien indépendant, aucun responsable politique de l'opposition, aucune autorité morale respectée, ne sont associés. En dehors de quelques courtisans bassement alimentaires, c'est la solitude qui, comme d'ordinaire, prévaut autour de cette entreprise du régime, dans un pays pourtant connu pour sa proximité du peuple somalien auquel il est d'ailleurs reconnaissant de son soutien décisif à la lutte nationale pour l'Indépendance.

Interrogé sur les ondes du service somali de la BBC, où un journaliste relèvera l'impréparation et le calendrier trop court de la réconciliation, Monsieur Ismaël Omar Guelleh répondra qu'il va justement vite pour éviter les palabres, les difficultés, les résistances...

Curieuse conception de la réconciliation qui nous a laissés stupéfaits, mais qui n'a finalement guère étonné sous nos yeux où l'on connaît bien l'homme.

Tous ces facteurs ont fait que la conférence débute sous de mauvaises auspices : report in extremis de la conférence initialement prévue pour le 20 avril 2000 au 2 mai 2000 ; difficultés liées à l'impréparation dont les divergences entre les participants somaliens ; dépassement du délai de 15 jours fixé pour la conférence ; soutien peu visible de la communauté internationale ; faible participation des Somaliens (le Somaliland est absent, le Puntland est défiant, le Benadir en grande partie hostile, les Rahanwene se tiennent sur leurs grades) ; les appels incessants de Monsieur Guelleh à la communauté internationale pour un soutien financier ne semblent pas suivis d'effets...

C'est pour toutes ces raisons que nous autres Djiboutiens doutons de la sincérité de Monsieur Ismaël Omar Guelleh.

Or, les Somaliens nous sont, pour nous autres Djiboutiens, très chers et ne souhaitons en aucune manière voir exploiter leurs malheurs à des fins inavouables. Nous voulons les voir sortir définitivement de la situation insoutenable où ils ont sombré. Et nous savons que c'est chose possible, d'autant plus possible que dix ans de souffrances sans nom ont épuisé le peuple somalien, rendant ardente son aspiration à la paix et à la réconciliation. Paix véritable et réconciliation réelle. Non quelque simulacre que ce soit.

Les chances de la paix et de la réconciliation somaliennes sont donc réelles et elles ne doivent en aucune manière être gaspillées. Nul n'en a le droit.

Voilà pourquoi nous lançons un appel pressant, un appel du cœur et de la raison, aux Somaliens où qu'ils soient. Nous les appelons à voir la réalité en face et à prendre leurs responsabilités. Nous les appelons à reprendre l'initiative et à se réapproprier le débat sur leur propre destin. Vous pouvez prendre Monsieur Ismaël Omar Guelleh au mot (officiellement, Djibouti se contente de vous offrir l'hospitalité pour permettre vos retrouvailles) et vous emparer de son initiative pour la repenser et la faire vôtre. Qu'elle ait permis aux chefs traditionnels de reprendre langue à Arta ou non, cette réunion ne vous empêchera pas d'aller plus loin et d'enclencher une authentique dynamique de paix et de réconciliation adaptée à vos rythmes et à vos réalités concrètes. Quitte à prolonger les palabres (shirs) chez vous sur le terrain, comme au Somaliland.

La communauté internationale vous soutiendra si vous le méritez. En d'autres termes, aidez-vous et le monde vous aidera.

C'est de vous tous, et de vous seuls, qu'il dépend que cette énième occasion, quelles que soient les motivations inavouables de Monsieur Guelleh, ne soit pas qu'une réunion de plus. Ou un prétexte pour vous satelliser et piller. Vous pouvez la transformer en une véritable réconciliation...

Notre modeste soutien et celui du peuple frère djiboutien vous sont acquis. Pour vous aider de manière sincère et désintéressée .

Par avance, merci de votre attention.

Très fraternellement à vous.


Hydraulique


LA QUESTION VITALE DE L'EAU par N. S

Pour affronter la complexité et la gravité des problèmes posés par la pénurie d'eau, les acteurs internationaux (Banque Mondiale pour la Construction et le Développement) proposent aux Etats en conflit de tenir un congrès international pour débattre du problème de l'eau, suggèrent, dans un mémorandum, de mettre sur pied une nouvelle stratégie visant à répondre aux besoins résultant du manque d'eau dans certains pays . Pour la Banque Mondiale, la solution réside dans la recherche de nouvelles sources, l'adoption d'une politique rationnelle concernant la consommation et l'instauration d'une coopération régionale pour exploiter les ressources existantes.

Aujourd'hui, il n'existe pas de droit fluvial international, les litiges se gèrent par des traités locaux quand la géopolitique locale le permet et ce ne sont que des palliatifs, aucune solution durable ne peut être envisagée, sans résolution des conflits, par des traités internationaux sur les ressources hydrauliques.

Aussi, si l'on veut assurer la durabilité des ressources en eau sur le long terme, est-il primordial de lever la confusion entre valeur et prix de l'eau et promouvoir " une Ethique de l'eau ".

Pour ce faire et pour beaucoup de pays du sud, l'équivoque doit être levé : l'eau ne devrait pas être perçue, au même titre que l'air, comme un don de dieu ou de la nature. C'est encore particulièrement vrai pour les pays de la région, par exemple, que le conquérant arabe de l'Egypte Amr Ibn ll Ass, surnommait voici douze siècles " le don du Nil ". S'il est vrai que l'eau est une ressource unique, particulière, de nature différente des autres ressources, il faut aussi la produire, la traiter. Elle est coûteuse à transporter et à distribuer, elle a un coût. Il faut admettre également que l'absence de vigilance sur le " juste prix " du précieux et irremplaçable liquide conduit au gaspillage, exacerbe les problèmes d'assainissement et provoque la dégradation des sols par hydromorphisme et salinisation.

Si bien que, lors de la conférence tenue à Paris du 19 au 21 mars 1998, le coup d'envoi du débat sur la valeur commerciale ou sociale de l'eau a été donné lors de l'ouverture de la dite conférence par le président Jacques Chirac qui a déclaré que " l'eau a un prix " et qu'il faut mettre un terme " aux oppositions stériles entre le marché et l'Etat, entre la gratuité et la tarification, entre la souveraineté sur les ressources et la nécessaire solidarité ". Et par son premier ministre qui a clôturé la conférence en disant que " l'eau n'est pas un produit comme les autres. Elle ne peut entrer dans une logique de marché, régulée seulement par le jeux de l'offre et de la demande ". Absolument, l'économie de marché enrichit les uns et appauvrit les autres. C'est pourquoi il est inconcevable de soumettre l'eau à la loi du marché sans accompagner cette démarché d'éléments compensateurs, d'un coefficient modérateur, en particulier de subventions pour les plus démunis. Un litre d'eau n'a pas la même valeur et coûte plus cher pour celui qui achète au jerrycan et au camion citerne que celui qui le prend au robinet. La logique du marché n'est pas en mesure de changer les pratiques et les usages, elle vise rarement ceux qui ont les moyens de gaspiller et frappe de manière disproportionnée les plus démunis. D'où notre retour sur la question longuement débattue à la conférence de Paris de mars 1998 : faut-il que l'homme s'adapte aux conditions de plus en plus contraignantes de l'utilisation de l'eau, ou l'eau aux exigences sans cesse croissantes de l'homme ? Pour notre part, nous nous en tiendrons aux recommandations de l'organisation syndicale internationale qu'ils soient publics, privés ou mixtes, les services de l'eau doivent être obligés de fournir ce bien et d'appliquer des tarifs acceptables socialement. La meilleure solution est de confier leur mise en place et leur exploitation aux services publics (ISP) ".


Comment se présente-t-elle la problématique de l'eau à Djibouti-ville ?


Avant d'aborder le mode de gestion de l'eau, que ce soit sa mise en place (production) ou son exploitation (distribution), il est utile de faire un aperçu de l'état technique de la nappe phréatique ravitaillant la ville. On a du mal à entendre un spécialiste ou à lire un rapport sur l'eau à Djibouti qui ne soient pas pessimistes et n'expriment pas leur inquiétude sur la quantité et la qualité comme sur la gestion aussi bien administrative que technique de l'eau potable. Pourtant, l'un des facteurs déterminants pour la création de la ville de Djibouti voilà 105 ans était sa bonne rade pour les bateaux mais aussi sa réserve hydrographique par la présence d'une nappe d'eau souterraine facilement exploitable située seulement à quelques kilomètres de la rade : Douda. C'est le prolongement de cette nappe aquifère qui est exploité jusqu'à nos jours et qui continue d'alimenter la ville pour environ 37000 m3 /j et ce n'est qu'une estimation. En effet, la ville de Djibouti est alimentée en eau potable à partir d'une nappe phréatique située au sud-est de la capitale, près de la frontière avec l'actuel Somaliland. Au fur à mesure que la demande en eau potable augmente, la question de la quantité et de la qualité de l'eau disponible pour la population se pose de façon cruciale. L'exploitation massive de la nappe aquifère oblige les exploitants de celle-ci à abandonner des puits près de la capitale pour en forer d'autres plus loin, parce que le taux de salinité est en évolution continue et se fait menaçant. En d'autre termes, l'absence de statistiques crédibles des relevés et de suivi de la production d'eau, nous laisse supposer que le taux de prélèvement est supérieur au taux de remplissage, que cette ressource se renouvelle très lentement, qu'il y a surexploitation de la nappe souterraine d'eau douce puisque le niveau se réduit parfois de plusieurs mètres par an. Aussi bien la qualité comme la quantité d'eau distribuée nous indique que la nappe phréatique située au sud-est de la capitale est proche de l'épuisement.

Devant une telle situation, il ne reste plus qu'à trouver une autre zone de captage (c'est ce qu'il y a de plus facile). Alors il a été recommandé par les spécialistes qui viennent de faire des études sur les potentialités des nappes phréatiques autour de la ville de Djibouti, de se diriger vers une autre zone de captage située à environ 30 kilomètre au nord-ouest de la ville de chaque côté de la route menant vers Arta, c'est la zone dite PK 2O- Golfe de Tadjourah. A notre connaissance et à la lumière des informations disponibles, les études préliminaires montrent que la zone de PK 20- Golfe de Tadjourah pourrait être une ressource non négligeable et pourrait constituer un nouveau champs de captage d'eau douce pour la ville sous réserve que des études complémentaires soient faites pour évaluer et quantifier avec précision les ressources renouvelables de cette nappe aquifère. En effet, l'identification seule des structures favorables produisant des débits importants n'est pas suffisant, encore faut-il pouvoir fixer le volume annuel des ressources renouvelables. Cette estimation se base sur des données climatiques, essentiellement les précipitations hydrographiques (débit des crues) et les données piézometriques (niveau d'eau des forages). C'est pourquoi nous disons que les recherches et les études qui ont été conduites sur les nappes phréatiques autour de la ville de Djibouti et en particulier sur la nappe aquifère de la zone dite PK20 ne sont que des études à caractère scientifique, d'où la médiocrité des résultats des forages d'exploitation.

Par conséquent le redéploiement vers des ressources d'eau douce à l'intérieur du pays est-il inéluctable ?

A suivre


EN BREF - EN BREF


LA POPULATION DU PK 12 SE PLAINT


Au PK 12, quartier déshérité rejeté loin de la ville, la population se plaint amèrement. Elle se plaint de ce que la fontaine publique est fermée depuis plusieurs jours pour cause de hausse du prix du fût d'eau qui est passé de 30 à 50 FD : les habitants s'y sont opposés. Elle se plaint aussi de ce que le seul chantier du quartier ( construction d'un groupe scolaire primaire) n'embauche que les seuls militants du parti au pouvoir, le RPP : il faut, nous rapportent-ils, présenter la carte d'adhérent au RPP pour espérer une embauche. Les chefs des quartiers, les responsables de l'annexe locale du RPP ainsi que l'administration de la circonscription y veillent de concert. Elle se plaint également de la pénurie de médicaments au dispensaire local qui n'offre plus rien aux malades. Elle se plaint enfin de ce que les décasés d'Arhiba II ne soient toujours pas normalement réinstallés, comme promis, et demeurent sur des parcelles provisoires, ce qui les place à la merci de l'arbitraire administratif : ils paieraient, selon eux, 5000 FD à la fin de chaque mois pour ne pas être délogés.


LE PORT PASSE AUX MAINS DU PRIVE

C'est officiel, le Port Autonome International de Djibouti, dont les activités ont considérablement crû depuis l'éclatement du conflit éthio-erythéen, passe aux mains du secteur privé étranger. Cela fait suite à un accord que vient de signer le gouvernement de Monsieur Ismaël Omar Guelleh avec l'Autorité du port de Djebel Ali de Dubai aux Emirats Arabes Unis. Selon les déclarations du régime, il semble qu'en vertu de cet engagement, qui est qualifié d'accord de gestion, le Port de Dubai se voit confier la gestion de celui de Djibouti. Le premier se serait engagé à accroître le chiffre d'affaires du second, à partir de son niveau actuel (environ 9 milliard de nos francs), ce surcroît d'activités servant de base au calcul du partage des bénéfices additionnel entre l'Etat de Djibouti et le port de Dubai.

Cette affaire, sur laquelle nous reviendrons plus longuement dans nos prochaines éditions, n'est pas sans soulever des questions importantes.

Le port de Djibouti étant un élément du patrimoine national, les décisions concernant son avenir sont censées se prendre dans la transparence et conformément aux règles en vigueur. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de diagnostic sérieux ? Qu'a-t-on fait de la publicité légale : cahier des charges, procédure d'appel d'offres internationale, sélection transparente des offres ainsi recueillies, consultation des partenaires sociaux et économiques, etc. ? Que deviendront les 1200 agents du Port ainsi que les dockers ? Qu'adviendra-t-il des équipements en termes de responsabilité ? Monsieur Ismaël Omar est-il habilité à décider comme bon lui semble de notre patrimoine national... ?

Ce sont là quelques-unes des questions que se posent les Djiboutiens et Djiboutiennes depuis que le fils de Omar Guelleh leur a assené de curieuses images télévisuelles où, assis au milieu des signataires, tel un apporteur d'affaires satisfait de ses services, il assistait à la conclusion d'un accord dit de gestion entre le ministre djiboutien du Port et l'Autorité du port de Dubai. Voilà quelque jours, lors de l'une de ces visites incessantes dignes d'un commis voyageur dont il a le secret.


DDP CONTRE ETS SOUGUEH

Des informations concordantes recueillies par le Renouveau font état de ce qu'un différend oppose la société Djibouti Dry Port (DDP) et Ets Sougueh Aluminium au sujet d'une parcelle de terrain sise aux Salines Ouest à Djibouti-ville dont Ets Sougueh serait légalement titulaire et que les Domaines auraient attribuée à la DDP.

L'affaire, qui a failli dégénérer à la bataille rangée, aurait été arbitrée par le Palais Présidentiel : DDP garderait la parcelle pour la construction de ses entrepôts et Ets Sougueh se verrait attribuer une nouvelle parcelle dans le même site, du côté du terrain FNP (Route de Venise).


DAALO AIRLINES INTERDITE DE VOL

Voilà quelques jours, la compagnie aérienne Daalo Airlines s'est vue interdite de vol à destination du Somaliland depuis l'aéroport de Djibouti. Cette mesure à l'encontre de Daalo Airlines semble avoir été prise en représailles au Somaliland qui aurait interdit sur son sol la compagnie aérienne Air Djibouti, soupçonnée " d'activités de transport à caractère politique au profit du régime djiboutien " engagé, comme on le sait, dans une curieuse opération politico-médiatique qu'il appelle " conférence de réconciliation somalienne ".

Le pouvoir djiboutien joue-t-il là un jeu claniste : Daalo Airlines appartient à des contribules du président Mohamed Hadj Ibrahim Egal ?

Il semble, en tout cas, que le Somaliland ait, depuis lors, levé l'interdiction frappant Air Djibouti. Ce qui n'est pas encore le cas pour Daalo Airlines

A suivre.


PLACE HARBI DEVENUE UNE DECHARGE A CIEL OUVERT

La très animée Place Mohamoud Harbi où se bousculent bus, mini-bus, passants et marchands en tous genres, a été dotée, voilà quelques temps, d'un bac à ordures. Lequel s'est révélé vite défaillant faute de service adéquat : le bac non vidé, les ordres s'accumulent alentour, puant et polluant la place. Ce qui donne aux lieux les allures d'une véritable décharge publique à ciel ouvert.


DE FAUX BILLETS A DJIBOUTI

Des informations concordantes recueillies par le Renouveau font état de l'existence de faux billets de 10000 FD. A l'effigie de l'ancien président de la République, Monsieur Hassan Gouled, ces billets sont une contrefaçon du billet de 10000 FD récemment mis en circulation par la Banque Nationale en signe de reconnaissance de la part de Monsieur Guelleh à Monsieur Gouled qui l'a coopté et fait Chef de l'Etat.

Une enquête de police serait en cours pour identifier les auteurs et mettre fin à leurs dangereuses activités.

Nous appelons donc le public à la vigilance à l'endroit de ces billets.


L'UNION EUROPEENNE FETE SES 50 ANS

L'Union Européenne a fêté mardi dernier le cinquantième anniversaire de son acte fondateur qui intervenait en mai 1950. C'était en effet le traité du charbon et de l'acier qui allait ouvrir la voie à l'intégration européenne telle qu'elle existe aujourd'hui. Elle regroupe pas moins d'une quinzaine de pays et les candidats se bousculent au portillon. Elle est tout simplement, avec les Etats Unis d'Amérique, une Supergrande.

A Djibouti, la Délégation Européenne a organisé mardi soir 10 mai 2000 une réception au Centre Culturel Français Athur Rimbo pour marquer l'événement.


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Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------

LE RENOUVEAU

N° 360 du Jeudi 25 Mai 2000




POLITIQUE NATIONALE


ISMAEL OMAR GUELLEH : " L'Etat, c'est moi ! "

" Les enseignants se comportent en mercenaires ; l'évasion fiscale s'explique par la corruption des agents des recettes ; c'est volontairement que nous avons suscité des conflits entre les ministres et les directeurs en ce qui concerne la gestion des établissements publics, l'opposition doit être indépendante de l'Etat... " ; rires à la question sur les douloureux retards de solde des agents de l'Etat, etc. Telles sont quelques-unes des perles, pour ne pas dire des bourdes, de Monsieur Ismaël Omar Guelleh à l'occasion du one man show télévisé qu'il s'est offert en commémoration du premier anniversaire de sa prise du pouvoir. Eh oui, il faut le savoir, le fils de Omar Guelleh entend célébrer l'anniversaire et de son usurpation du pouvoir d'Etat, le 9 avril 1999, et de son intronisation par son proche oncle Hassan Gouled Aptidon , le 9 mai 1999.

Souvenez-vous, le 9 avril 2000 dernier, une soirée dansante (cela en dit long sur les goûts de Monsieur Guelleh) marquait le premier anniversaire du hold up électoral du 9 avril 1999. Soirée organisée, semble-t-il, par le RENAD (REseau National des Associations Djiboutiennes). Comme si toutes les associations du pays étaient acquises au régime : ce sigle vide de substance est un signe patent de la volonté de verrouillage systématique qui anime le pouvoir de Monsieur Ismaël Omar qui ne reconnaît que ce qui lui est docile. Quand il n'en crée pas de toutes pièces.

De la même manière, le 9 mai 2000, Monsieur Guelleh s'exprimait donc ainsi au micro du journaliste Mohamed Daher de la Radio Télévision de Djibouti (RTD), visiblement gêné de jouer les ridicules devant son patron. Un patron qu'il devait d'ailleurs souvent soutenir d'un oui embarrassé à ses nombreux " N'est-ce pas ? ", suscités sans doute par la difficulté d'un argumentaire trop simpliste pour rendre compte de la réalité.

Très " intelligent " que cet homme passé sans transition des ruelles du Quartier Quatre aux sommets de l'Etat djiboutien par la grâce d'un vieil oncle claniste : il distribue comme cela des leçons, à toutes les adresses, l'air de tout savoir sur tout, d'avoir percé les secrets de toutes choses. Il s'époumone à nous persuader qu'il est le meilleur des Djiboutiens, qu'il est l'enfant prodige du pays, qu'il est né pour nous guider, nous autres incultes...

Et le voilà, tout à ses démonstrations qu'il sait savantes, qui nous assène : " Les enseignants se comportent en mercenaires " ! Parce qu'ils osent réclamer leur solde, seul moyen de subsistance dont ils disposent, mettant à exécution leur menace de grève lorsqu'ils n'obtiennent pas satisfaction, ils s'attirent les foudres d'un pouvoir dont le chef n'hésite pas à les traiter de mercenaires ! Nous serions curieux de savoir comment réagirait Monsieur Guelleh, s'il était privé de ressources, de ces ressources de l'Etat dont il use et abuse...Au fait, combien dépense-t-il par jour, par semaine, par mois ? Quel pourcentage infime de ses dépenses somptueuses représente le salaire moyen d'un enseignant qui doit faire réussir pas moins de cinquante élèves dans des conditions de travail d'un autre âge ? Sait-il, notre grand Monsieur, que dans certains établissements primaires, les enfants n'ont pas de bancs et qu'ils s'asseyent sur des boîtes métalliques récupérées à la décharge publique ? Sait-il quelle charge de travail cela représente que de tenir une classe, entre la préparation des cours, les cours eux-mêmes, la correction des travaux des élèves, l'évaluation, le suivi, la discipline à faire respecter d'enfants affectés par la dégradation générale de l'environnement socio-économique... ? Lui est-il jamais arrivé d'enseigner ? Que connaît, au fait, notre bonhomme à l'enseignement en dehors des on-dit mabraziens et autres souvenirs lointains d'ancien et éphémère élève ? Décidément...

" Les conflits de compétence liés à la réforme des établissements publics, nous les avons voulus... ", voilà une autre lumineuse phrase lâchée par Monsieur Guelleh. Convenez qu'il y a là une curieuse conception de la notion de réforme. Réforme-t-on pour améliorer ou pour aggraver une situation ? Pour régler des problèmes ou pour en susciter ?

Décidément...

Quant à ces agents des recettes que l'on soupçonne de corruption, est-ce là la meilleure manière de les préserver de la tentation ? La corruption n'est du reste pas une nouveauté dans l'administration djiboutienne. Ce qu'il faut, c'est d'y remédier. Or, pour y remédier, il faut en avoir la volonté, rechercher les sources du fléau. Entre nous, la corruption ne vient-elle pas plutôt d'en haut, ne représente-t-elle pas l'une de ce ces pratiques sur lesquelles repose le régime ? Pourquoi vouloir la rejeter sur les pauvres petits agents seulement ? Si, d'aventure, l'on peut se prévaloir ne serait-ce qu'une d'une once de transparence et d'intégrité, pourquoi toujours vouloir faire les choses dans l'opacité ? Pourquoi avoir privatisé les Shératon Hôtel, Laiterie de Djibouti, Port de Pêche, les Eaux minérales de Tadjourah ou l'Usine des Aliments du bétail, et dernièrement le Port de Djibouti, dans l'opacité ? Pourquoi ne pas avoir ouvert un débat public, national, sur la question essentielle de l'avenir de ces éléments importants du patrimoine national dont certains grèveront longtemps encore les maigres ressources nationales en termes de dettes à rembourser !

Décidément, Beyleh...

Non satisfait de nous seriner ses leçons, Monsieur nous a par ailleurs gratifié de ces rires fort sonores (dont il a le secret) à la question sur la fin des retards de solde. Comme si le sort de ces milliers de malheureux agents de l'Etat, condamnés à la misère, prêtait à rire ! A croire que ce Monsieur jouit de nos malheurs, comme le ferait un certain empereur Hailé Sélassié, versé, semble-t-il, dans l'art morbide de gouverner par la misère populaire. Si convaincu qu'il était qu'un peuple maintenu dans la misère ne songe qu'à sa survie, laissant à jamais son destin entre les mains de l'empereur. Primitive vision qui lui a valu la fin que l'on connaît.

" Habituez-vous à la misère et contentez-vous de mes promesses démagogiques ", semble d'ailleurs nous dire le petit-fils de Guelleh Betel. Et des promesses, il en fait . Il en fait à semer le paradis partout sur le territoire national. Il nous découvre du pétrole, de l'or et bien d'autres précieuses ressources. Il nous fait miroiter des dizaines de millions de dollars américains, des centaines de salles de classes, des universités... Qu'il est diaboliquement " intelligent ", l'ancien du Quartier Quatre. Je ne sais plus qui l'a qualifié un jour de Génie des Carpates, pardon, du Quartier Quatre, " ébloui par son érudition incommensurable "

A le voir occuper la télévision et la radio à longueur de journée, à entendre son nom en chaque phrase prononcée par un officiel ou quiconque accède à la RTD (C'est, semble-t-il, l'une des conditions d'accès), à l'écouter surtout confondre allègrement " Etat et Gouvernement ", l'on constate que le qualificatif de " génial " n'est pas excessif.

N'est-ce pas génial ce qu'il nous a assené l'autre jour au micro du pauvre Mohamed Daher au sujet de l'opposition ? " L'opposition, a-t-il lâché sans sourciller, doit être indépendante de l'Etat si elle entend survivre comme telle et jouer normalement son rôle de contre-pouvoir ". C'est dire si, dans son esprit " génial ", l'Etat se réduit au gouvernement qui se retrouve à sa tête à un moment donné. C'est dire si Monsieur Ismaël Omar se prend pour l'Etat, qu'il se considère comme son incarnation, sa personnification ! Il est si " génial " qu'il a essayé d'illustrer son propos par l'exemple de Maître Abdoulaye Wade, célèbre avocat et opposant sénégalais qui, à force de lutte pour la démocratie, a fini par triompher, démocratiquement élu voilà peu à la présidence de la République du Sénégal. Pour Ismaël Omar, Abdoulaye, tour à tour professeur de droit à l'Université d'Etat du Sénégal et avocat au Barreau de Dakar, a été un opposant exemplaire parce qu'il a été indépendant de l'Etat du Sénégal. Nous laissons aux lecteurs et lectrices le soin de mesurer l'ampleur de la clairvoyance de Monsieur Guelleh et l'étendue de sa culture politique. Nous nous contenterons, pour notre part, de signaler à Monsieur Ismaël Omar Guelleh que l'Etat n'est pas le Gouvernement, que l'Etat prévaut entre tous, que les citoyens sont égaux devant l'Etat, c'est-à-dire qu'ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Et que c'est ce principe fondamental, fondateur même, qui justifie que, en dépit de ses convictions politiques, Maître Wade, ait pu exercer son talent de juriste à l'Université d'Etat du Sénégal comme au Barreau du Sénégal. Sans compter qu'il a participé, tout en restant fidèle à ses convictions d'opposant, à des gouvernements d'ouverture sous la présidence de son adversaire Abdou Diouf. Une façon de rappeler, à qui (comme Monsieur Guelleh qui envoie se adversaires en prison et verse le sang des leurs) en a encore besoin, que l'Etat n'est pas la propriété de son chef du moment.

Décidément, Beyleh...

Au cours de cet entretien prétendument bilan, rien n'a naturellement été dit sur les atteintes aux droits de l'homme qui ont abondé sous Monsieur Guelleh : syndicats muselés et éliminés, opposants emprisonnés ou envoyés à la mort, presse libre réduite au silence, blocus alimentaire et sanitaire au nord du pays, défenseurs des droits de l'Homme harcelés ou jetés en prison, etc.

Rien non plus sur la terrible gabegie qui a conduit pas moins de 100000 Djiboutiens, selon les propres chiffres du gouvernement, à la famine.

Mais il faut nous arrêter là parce que l'on peut commenter à l'infini cette " sortie-bilan " de l'occupant de Béit El Wali...

Nous avons juste envie de nous exclamer avant de clore: "Quel one man show juste pour nous dire : " L'Etat, c'est moi !" ! "


COUT DE LA VIE



LE PRIX DU CARBURANT MONTE


Contrairement aux déclarations de Monsieur Ismaël Omar Guelleh qui, dans son entretien télévisé avec sa presse, affirmait récemment que son gouvernement avait pris des mesures pour combattre la cherté de la vie, le ministre de l'Economie et des Finances, vient de donner son accord pour des hausses significatives des prix au détail des carburants usuels. Ainsi le litre de super augmente de 5 FD et celui de gasoil et de pétrole lampant de 12 FD. Ce qui donne à la pompe : 166 FD le litre de super, et 83 FD le litre de gasoil et de pétrole lampant.


Le pouvoir semble lier ces hausses au mouvement du marché mondial du carburant.

Or, un mécanisme national de stabilisation des prix existe qui est censé préserver les consommateurs des variations de ce type des cours mondiaux. C'est d'ailleurs l'un des principaux buts assignés à l'Etablissement Public des Hydrocarbures (EPH), devenu depuis peu Société d'Etat.

Il faut dire que la très forte pression fiscale qui frappe les importations de carburant et qui explique la cherté du prix au détail du carburant en terre djiboutienne, alimente en principe les caisses de l'EPH qui doit gérer cette manne et l'utiliser à l'occasion pour intervenir sur le marché national du carburant afin de stabiliser les prix au détail.

Alors où sont passés les millions, pour ne pas dire les milliards, tombés dans les caisses de l'EPH ?

Où est, Monsieur Guelleh, votre lutte contre la cherté de la vie ?

Déjà, les chauffeurs de bus, mini-bus et autres boulangers parlent de répercuter ces hausses sur les consommateurs et d'augmenter leurs tarifs !

Est-ce cela la politique sociale de Monsieur Ismaël Omar ?



OBOCK


DEBUT DE PANIQUE SUR LA VILLE

Un début de panique s'est emparé de la ville d'Obock, chef lieu du district du même nom, mardi 23 mai 2000 dans la matinée.

Motif : l'explosion d'une mine anti-personnel aux abords du camp militaire abritant le commandement du groupement d'Obock des troupes gouvernementales. L'engin a fait une blessée en la personne d'une fillette d'à peine 13 ans, Ifrah Ismaël Ladieh, dont le pied droit a été déchiqueté . Elle a sauté sur la mine vers 8 heures du matin en passant dans les parages.

Il aura fallu deux heures de temps (incroyable mai vrai !) avant que la blessée ne soit retirée du lieu de l'explosion. Et ce pour cause d'absence du poseur de mines du camp !

Evacuée au centre médico-social d'Obock, elle n'a pu être soignée par le dynamique infirmier local, faute de moyens...

C'est finalement sur un hélicoptère militaire français que la petite Ifrah Ismaël Ladieh a été évacuée sur la capitale Djibouti-ville.



REGIONALE


LA SOMALIE

Le drame somalien que le régime de Monsieur Guelleh semble soudain découvrir, nous interpelle depuis une décennie. Sensible aux souffrances de nos frères, nous avons toujours poussé un cri du cœur et de la raison. Cri toujours d'actualité. Lire en fin de journal notre article intitulé " Et si l'on y regardait de près ? " publié dans l'édition de juillet 1994 du mensuel Ensemble (fondé en 1994 par nous même Daher Ahmed Farah).


REPRISE DE LA GUERRE ETHIO-ERYTHREENNE

Après huit mois d'accalmie, la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée voisines, a repris voilà plusieurs jours. Elle a déjà provoqué pertes humaines et dégâts matériels.

Il semble que les troupes éthiopiennes, en position offensive, aient enregistré des victoires, notamment près de la frontière avec le Soudan et au front du centre dans la région de Salembesa. Mais la résistance erythréenne paraît forte, ce qui n'augure point d'une issue militaire prochaine quant au différend frontalier opposant les deux pays.

De nouveau, le sang coule donc abondamment entre peuples frères.

Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU) dont il fait partie appellent au cessez-le-feu et à la reprise du dialogue pour le règlement du problème frontalier.

Notre région a trop souffert de la guerre pour en voir une autre perdurer.

Puisse la raison l'emporter sur les passions.




LE YEMEN FETE LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DE SA REUNIFICATION

Le Yémen a fêté lundi 22 mai 2000 le dixième anniversaire de la réunification entre le Sud et le Nord.

L'événement a donnée lieu à des festivités populaires au pays ainsi qu'à une parade militaire des plus imposantes.

A Djibouti, l'ambassade du Yémen a organisé à la résidence de l'ambassade Al Wahabi une grande réception à laquelle elle a convié du monde : résidents yémenites et étrangers mais aussi Djiboutiens, responsables comme gens simples.

C'était très sympathique.



Hydraulique


LA QUESTION VITALE DE L'EAU par N. S (suite et fin)

La question vitale de l'eau est d'une brûlante actualité sous nos cieux. Des émeutes se sont produites à Balbala pas plus tard qu'hier mercredi pour protester contre la pénurie d'eau. Rappelons que Balbala et Djebel sont les deux zones populeuses de la capitale les plus touchées par la pénurie d'eau.

Sur ce sujet préoccupant de l'eau, voici la dernière partie de notre dossier.


Il semble d'après les études préliminaires (à confirmer), qu'il existe au sud-ouest de la capitale, à environ 200 km, à la plaine de Hanlé, une gigantesque nappe phréatique d'eau douce et le débit supposé provenir des forages est fixé au plus bas à 600 m3/h soit 15000m3/j, de quoi à fournir de l'eau en abondance non seulement à la capitale mais arroser les deux centres urbains du sud que sont Dikhil et Ali-Sabieh et pourquoi pas au passage faire pousser des vergers aux Grand et Petit Bara. De toute façon, cette idée de faire venir l'eau douce du Hanlé n'est pas innocente dans la mesure où au forum mondial de l'eau de La Haye au mois de mars 2000 on a prévu une augmentation substantielle des investissements pour faire face aux besoins de l'ordre de 180 milliards de dollars par an, au lieu de 75 aujourd'hui. Sur le besoin urgent d'une politique de gestion et de la protection des ressources en eau, se greffe la politique institutionnelle de l'eau. C'est pourquoi un recentrage de la politique de l'eau nous semble impérative, si nous voulons éviter le pire scénario pour le futur.


Pour l'heure à Djibouti, les institutions intervenant dans le domaine de l'eau potable sont :


Le Génie Rural, auquel reviennent la prospection et la mise en place de la production (forage) sur tout le territoire national.



L'ONED gère la distribution de l'eau pour la ville de Djibouti et les quatre centres urbains.


Ces deux organismes sont sous la tutelle du même ministère qui est celui de l'Agriculture de l'Elevage et des Pêches " chargé des Ressources hydrauliques ". Quant aux relations de ces deux directions, elles sont conflictuelles.

Et puis il y a l'ISERST qui a compétence sur l'eau.

L'enchevêtrement des compétences et la complexité des relations entre les organismes chargés de l'eau, ont conduit probablement les bailleurs des fonds à les contourner ces dernière années.

Tel fut le cas notamment pour les projets dit P K 20 Golfe de Tadjourah : dans la confusion, l'ensemble des opérations, des forages aux équipements, a été réalisé par des entreprises privées sans que le Génie Rural ne soit impliqué, l'ISERST consulté. L'ONED, organisme de distribution de l'eau potable a reçu les projets clé en main.

Signe des temps, les intervenants dans le domaine de l'Eau Potable prolifèrent et le dernier à se théâtraliser est le P.N.U.D par le biais d'une Commission Nationale de Réhabilitation.

Le temps est désormais compté pour une autre approche de l'Eau Potable. Il est impératif d'imaginer, d'inventer, de concevoir une instance supérieure qui regroupe les différents intervenants dans le domaine de l'eau, cette autorité dotée de pouvoirs propres au-dessus des directions des ministères, dégagera des orientations vraiment nouvelles et formulera la politique de l'eau.

Quant au statut de cet organisme chargé de la recherche, de la mise en place et de la distribution d'eau, il nous paraît que le modèle de gestion semi-public (comme pour le modèle français) est plus approprié pour Djibouti. Bien entendu, l'Etat aura sa place et son rôle à jouer en introduisant la dimension sociale, par l'application d'un cahier des charges, par la définition de l'élément compensateur et d'un coefficient modérateur du prix de l'eau et en fixant le taux de rentabilité (Le taux de rentabilité nette hors de la France est de 15% à 25% contre seulement 3% à 6% dans l'Hexagone).

Dans le modèle français, une relation de long terme se noue entre l'autorité publique et un grand groupe opérateur, l'Etat négocie le prix avec le groupe, lui délègue l'exécution du service mais en demeure responsable.

En tout état de cause, d'énormes investissements seront nécessaires étant donné qu'à Djibouti, comme pour tous les pays du Sud, les réseaux de distribution sont rarement aux normes de potabilité, quand ils ne sont pas inexistants. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut réduire l'eau uniquement à sa dimension économique et d'ailleurs on estime que seulement 5% des ressources en eau sont aujourd'hui gérées par le secteur privé dans le monde.

Au forum de La Haye au mois de mars 2000, écologistes et syndicalistes sont d'accord pour reconnaître que le prix de vente de l'eau doit intégrer les frais de traitement de distribution et de dépollution dans son coût total.

Le débat conceptuel s'est focalisé aujourd'hui sur le rôle et la place de l'Etat, il est encore au niveau du balbutiement. Le corollaire du dilemme, c'est la définition de l'eau comme un " droit ", comme il est proposé par plusieurs organisations non gouvernementales, parmi lesquelles on retrouve des animateurs de la contestation anti-O.M.C. à Seattle en novembre 1999, ou alors l'eau comme un " besoin", selon la formule proposée par le Conseil Mondial, la querelle n'est pas que sémantique.

Pour ce dernier, l'approche a besoin de recadrage puisque selon Monsieur Ismaël Serageldin qui est à la fois président de la commission mondiale de l'eau (émanation du Conseil mondial de l'eau) et vice-président de la Banque Mondiale : " Les Etats se retireront de leur rôle de fournisseurs de service " avant de poursuivre " Par dessus tout, ils seront responsables de la création d'un environnement dans lequel les incitations aux innovateurs seront assurées et dans lesquelles les intérêts du public seront sécurisés ".

Quant à la question qui consiste à dire que " la corruption est un phénomène économique étroitement lié aux puissantes tentations qui sont créées par la privatisation ", Monsieur Ismaël Serageldin répond : " nous ne plaidons pas seulement pour l'implication du secteur privé, mais tout autant pour la participation des usagers et des communautés locales ".

Beaucoup d'eau couleront sous les ponts avant qu'on puisse résoudre l'équation suivante : assurer la rentabilité de la gestion, mais garantir le droit des pauvres à l'eau !

Parce que " l'eau est une ressource unique, particulière, de nature différente des autres ressources ".



MONDE ARABE


ISRAEL SE RETIRE DU SUD-LIBAN

L'Armée de l'Etat hébreux s'est retirée des positions qu'elle occupait depuis vingt deux ans sous la pression de la communauté internationale et de la résistance libanaise dont le Hezbo Allah est le fer de lance.

Ce retrait ne règle pas pour autant le lourd contentieux opposant les deux pays en particulier et le Monde arabe et l'Etat hébreux en général. En effet, la machine de guerre israélienne n'a fait que se retirer des positions occupées en 1978 alors que le Liban demande le respect des frontières héritées du colonialisme ainsi que de ses côtes maritimes et de son espace aérien. Sans compter le règlement de la question des réparations des dégâts causés durant l'occupation, la libération des prisonniers libanais et arabes capturés au Sud-Liban. Tout comme celui du problème des réfugiés palestiniens qui est à l'origine de l'invasion israélienne.



------------------------------------------------- Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------


L'HOMME OU LA FEMME DE LA SEMAINE.

Dans cette rubrique nous signalons à l'opinion internationale, celle ou celui qui s'est distingué(e) soit pour soutenir la dictature, soit en violant les Droits de l'Homme : cruauté, tortures, exécutions sommaires, emprisonnements arbitraires, viols, assassinats, destruction de cheptels ou de point d'eau, destruction d'écoles ou de centres de soins, etc..

 

 

Rappel des personnages déjà élus :

N° 17 - Mme Leila, juge d'instruction

N° 19 - Omar FARAH, gendarmerie d'Ali Sabieh

N° 29 - Le général Yacin YABIEH,

N° 32 - Le directeur de la Prison de Gabode,

N° 33 - Ali Mohamed ABDOU, procureur général

N° 35 - Mme Hawa Ahmed Youssouf Ministre déléguée conjointement avec M. Le Représentant de l'UNICEF à Djibouti.

N° 36 - M Ibrahim Idriss DJIBRIL, MInistre de la Justice, conjointement avec M Mohame Ali ABDOU, procureur général de Djibouti (2ème nomination)

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06/05 LA FRANCE SE PREOCCUPE AUSSI DU SORT DES ENFANTS RECEMMENT LIBERES PAR DJIBOUTI.


MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES
LE MINISTRE

Paris, le 2 juin 2000

 

Monsieur Maxime GREMETZ
Député de la Somme

Monsieur le Député,

Votre lettre du 11 avril dernier concernant le sort d'enfants oromo emprisonnés à Djibouti a retenu toute mon attention.

Une vingtaine de ces enfants, d'origine éthiopienne ou somalienne, se trouvent effectivement à la prison de Gabode. Ils ont été condamnés, à la suite d'une rafle de police, à une peine d'un an de prison pour des délits mineurs et doivent être libérés le 13 juin prochain.

Ces jeunes enfants, auxquels des représentants d'organisations humanitaires ont pu rendre visite, sont incarcérés dans des conditions de précarité relative, mais dorment dans des cellules séparées de celles des adultes et ne semblent pas faire l'objet de sévices.

Dans ce contexte, la France, qui suit attentivement ce dossier et demeure sur ce sujet en relation avec le CICR et l'UNICEF, entend relayer auprès des autorités djiboutiennes le souhait que ces enfants soient bien traités.

Elle estime également utile, ainsi que ces organisations le suggèrent, que puisse être réformé le code pénal et créée une juridiction spécifique pour enfants délinquants.

Elle compte, par ailleurs, faire valoir à ses interlocuteurs djiboutiens la nécessité de publier le décret portant création d'une commission consultative des droits de l'homme, chargée notamment de visiter les prisons et dont le projet avait été approuvé à l'automne.

Je vous prie, Monsieur le Député, d'agréer l'expression de ma considération distinguée.


Hubert Védrine

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08/06 Vengeance mesquine de la part de M. Guelleh,
provocation ou besoin de se prouver qu'il lui reste encore
certains pouvoirs et surtout celui de nuisance ?

PND
PARTI NATIONAL DEMOCRATIQUE
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LIBERTE - RESPONSABILITE - SOLIDARITE
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Représentation en France et en Europe
------------


COMMUNIQUE DE PRESSE


-=-=-=-=-=-=-=-=-=-


Le Président du PARTI NATIONAL DEMOCRATIQUE (PND), Monsieur ADEN ROBLEH AWALEH, vient de faire l'objet d'une mesure de confiscation de passeport.


Pour cette raison, M. ADEN ROBLEH AWALEH n'a pu prendre part à la réunion de AFRICA LEADERSHIP FORUM à laquelle il était invité. Celle-ci s'est tenue à Abuja (Nigéria) du 1er au 2 juin 2000. M. ROBLEH avait participé à cette même conférence en juillet 1997 à Gaborone (Botswana).

Le héros de l'indépendance nationale, l'ancien compagnon de lutte des prestigieux combattants africains de la liberté se voit ainsi refuser de jouir de sa liberté la plus élémentaire : celle d'aller et de venir. Ses compagnons de lutte s'appellent, entre autres, docteur NETO d'Angola, Amilcar CABRAL de Guinée Bissau, Samora MACHEL du Mozambique, Tabo MBEKI d'Afrique du Sud, Sam NUJOMA de Namibie, du président actuel du Mozambique, CHISSANO et de bien d'autres non moins célèbres.

En agissant de la sorte, le régime dictatorial en place à Djibouti a dévoilé au monde son vrai visage. Les dictatures les plus décriées du continent n'oseraient pas s'aventurer sur ce chemin !.

L'ire de la dictature djiboutienne n'épagne même pas la famille de cette personnalité que le peuple djiboutien considère comme un véritable monument historique. Sa fille IDIL ADEN ROBLEH s'est vu refuser une bourse d'études alors qu'elle a été, l'année dernière, parmi les cinq premièrs lauréats du lycée d'Etat. Elle poursuit aujourd'hui en France des études universitaires avec des ressources de misère. Le fils aîné est, quant à lui, interdit de travail dans son pays.


L'ombre du héros semble terrifier les tenants du régime.

L'auteur du livre autobiographique " Djibouti, Clef de la Mer Rouge " est décidé à poursuivre ce qu'il appelle très justement son " deuxième grand combat " à savoir l'instauration de la démocratie dans le pays. Aucune pression de quelque nature que ce soit ne pourra l'empêcher de poursuivre cette voie. Pour cette lutte il a déjà passé six ans d'exil en France, de 1986 à 1992.

Le régime djiboutien devrait balayer devant sa porte avant de demander aux somaliens de se réconcilier. Ce régime est mal placé pour donner aux somaliens des leçons de dialogue, de tolérance et de démocratie.

M. ADEN ROBLEH AWALEH est un spécialiste de la Somalie. C'est de là qu'il a dirigé, durant 12 ans, le Front de Libération de la Côte des Somalis (F.L.C.S.), mouvement artisan de l'indépendance de Djibouti. Toute la classe politique somalienne fait montre d'une grande estime à son égard. Ceux qui sont réunis à Djibouti pour la conférence de réconciliation inter-somalienne ne cachent pas leur malaise en apprenant l'attitude du régime djiboutien à l'égard d'ADEN ROBLEH AWALEH. Pourtant, ce dernier, en dépit de sa situation, ne cesse de prôner la réconciliation auprès des conférenciers somaliens qui viennent le voir chez lui (il n'est pas associé à l'organisation de la conférence). Il leur demande instamment de mettre un terme à la guerre fratricide qui les oppose.

Pour le soutien de M. ADEN ROBLEH AWALEH, je fais appel :
- aux associations des droits de l'homme ;
- au président en exercice de l'OUA, S.E. M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA,
- au secrétaire général de l'OUA, S.E. M. SALIM AHMED SALIM ;
- à la Ligue Arabe ;
- au Président du Nigéria, S.E. M. OBASANJO, Président de AFRICA LEADERSHIP FORUM ;
- au secrétaire général des Nations Unies ;
- à M. SAHNOUN, secrétaire général adjoint de l'ONU ;
- à tous les anciens compagnons de la lutte de libération africaine.
- à la Commission Africaine des Droits de l'Homme ;
- à Amnistie Internationale.



Fait à Paris, le 5 juin 2000


SAÏDA BARREH FOURREH
Représentante du PND en France
et en Europe.


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Note de l'ARDHD :

Depuis plusieurs mois, nous attirons l'attention de l'opinion internationale sur les atteintes à la Liberté de déplacement dont sont victimes de nombreuses personnalités djiboutiennes (En particulier, Me Mohamed AREF, M Moumin BAHDON, M. Moussa IDRISS, M Aden Robleh AWALEH et bien d'autres encore sont interdits de voyager. Ces pratiques sont condamnées par toutes les instances internationales et sont en contradiction avec les accords et traités internationaux signés par Djibouti)

La semaine, nous avons publié une alerte pour demander à M. Guelleh de rendre tous les passeports confisqués illégalement par son régime.

Ce nouveau geste est-il une réponse ou une provocation ?


En tout cas M. GUELLEH persiste et montre par ce nouveau geste qu'il n'a aucune intention d'ouvrir son régime à la démocratie. L'Accord-Cadre, dans ces conditions, semble 'bien mal engagé' .....

Nous allons lancer une information à destination du Gouvernement français, de la Communauté européenne et de toutes les Associations internationales qui interviennent en faveur des Droits de l'Homme.

On peut d'ailleurs se demander l'objectif stratégique de M. Guelleh, s'il y en a un. Chaque confiscation de passeport empêche une personnalité de se rendre à une conférence ou à un congrés international : (Me AREF - Commémoration du Cinquanternaire de la Déclaration des D.H., conférence préparatoire à la réunion Europe-Afrique, M. ROBLEH : réunion AFRICA LEADERSHIP FORUM). A chaque fois les organisateurs sont informés des raisons de l'absence du délégué djiboutien et ils publient un communiqué international pour condamner les pratiques du régime ... Djibouti se retrouve un peu plus isolé à chaque fois ... pour toutes les violations des D.H. qui y sont commises. Cela sert-il la cause du peuple djiboutien ??











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